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F'ON

fe

morrice au commencement du mcuverncnt , fuffit

pour f.1ire pnrcourir au corps un certain efpace, ou le

corps a befoin pour fe mou voir de

l'aélion cootiouée

de la caufe motrice.

Daos le premier cas, il ell vifible que l'cfpace par·

couru oe peut ette qu'une ligne droite décrite unifor–

mément par

lo corps mil : car (

hyp.

)

palfé le pre–

mier inllant, l'aélion de

In

ca

u

fe

m

ocrice n'exille plus,

&

le mouvement néanmoins fubfille encore :

il

fera

done nécelfairement uniforme, puifqu'u n corps ne peut

accélérer ni

retarde~

fon ¡nouvement de lui-meme. De

plus , il n'y a pas de raiton ponr que le corps s'écarte

a

droice piOtót qu'a gauche ; done daos ce premier

cas , ou l'on fuppofe qu'il foit capable do fe mouvoir

de lui-meme pendant un certain tems, indépcndamment

de la caufe m01rice, il

fe mouvra de

lui-meme pen–

dant ce rems unifor mément

&

en ligne droire.

Or un corps qui peuc fe mouvoir de

lui-mome uni–

formémeot

&

en ligne droite pendan! un certain tems,

doit continuer

perp~tuellerneot ~

fe mouvoir de

13

mé–

me maniere,

li deo ne

l'en empcche: car fuppofons

le corps panaut de

A

, (

fig.

32.

Michrm.)

&

capable

de parcourir de lui-meme uniformemeor la ligne

A B;

foient pris

fur la

li~nt

A B

<leux poinrs quelconques

e,

D,

entre

A

&

lil ;

le cnrps éranc en

D

eíl précifé–

ment daos le m€mc ét<ll que lorfqu'il cíl en

C,

li

ce

u'cíl qu'il fe trouvc dans un nutre lieu. Done il doit

arriver

a

ce corps

la

m~me

chofe que quand il efl en

C

.

Or étant en

e,

il peut

C

byp.

J

fe mouvoir de lui–

m~me

uniformémcnt JUfqu'co

B

.

Done érant en

D,

il

pourra fe mouvoir de

lui-m~me

uniformément jufqu'au

poim

G,

tel que

DG=CB,

&

ainG de fuite.

Done

fi

l'aélion premiere

&

iuílantanéc de la caufe

motriee ell capable de mouvoir le corps,

il

fera

mil

u–

niformément

&

en ligne droite, tant qu'une nouvelle

caufe ne l'en empéchera pas.

Dans le fecoud cas, puifqu'on fuppofe qu'aucuoe cau–

fe étrangere

&

ditférente de la caufe motrice n' agit

fur le corps, ríen ne détermine done

la eaufe motriee

ii

at1gmenter ni a diminuer; d'ou il

s'enfuit que fon

aélion continuée fera uniforme

&

conílante,

&

qu'ainfl

pendant le tems qu'elle agira,

le corps

fe mouvra en

ligo

e

droite

&

uniformémem. Or la meme raifoo qui

a fait agir la eaufe motríce confiamment

&

uniformé–

ment peodant un certain tems fubfiílnot toOjours tant

que rien ne

~·oppofe

ii

fon

a

élion, il eíl clair que cet·

te aélion doit demeurer continuellement la meme.

&

produire eonílamment le meme etfet. Done,

&c.

Done en général un corps mis en mouvemenr par

quelque caufe .que ce foit, y perfil!era tOiiJours unifor–

mémenr

&

en ligne droite, tant qu'aucune eaufe nou–

velle n'agira pa. fur lui.

La ligne droite qu'un eorps décrit ou teod a décrí–

rc, ell oommée

fa direélion. Voyn:.

D t

R E

e

T 1

o

N •

Nous nous fommes un peu ércndus fur la pteuve de

eette fecoode loi, paree qu'il

y

a

eu

&

qu'íl

y

a peut–

ctre encare quelques philofophes qui prétendcnr que le

mouvement d'un corps doit de lui-méme fe ra\entir peu–

a-peu, comme il

femble que l'e¡péríence le prouve.

JI

faut convenir au rcíle, que les preQves qu'on donne

ordinairement de la

force d'inrrtic,

en tata qu'ellc efl

le príncipe de

la coofervarion du mouvement, n'ont

point le degré d'évidence oécelfaire pour convaincre l'e–

fprit; elles font prefque tomes fondées, ou fur une

for–

ce

qu'on imagine daos la mariere, par laquelle elle ré–

!ifle

a

!OUt changement d'érat, OU fur l'indifierence de

la matiere au mouvement comme au repos. Le premier

de ces deux príncipes, cutre qu'il fuppofe daos la ma–

¡iere un etre dorlt on n'n point d'idée nette, ne peut

fuffire pour prouver la loi dont

il

ell qucllion: car lorf–

qu'un corps fe meut, meme uniformémenr, le mouve–

mcnt qu'il a dans un inflan! quelconquc, efi diflingué

&

cornme ifolé du m<>uvement qu'il a eu 011 qu'il au–

ra daos les inílans précédens ou fui vaos . Le corps eíl

done en quelque maniere

a

choque inflant dans un nou–

''el état;

il

ne fait , pour ainfi dire, continuellement

que commencer

a

fe mouvoir,

&

on pourroit croire qu'

il

tendroit fans ceiTe

a

retomber daos le repos.

(j

la

mi:

me caufe qui l'eu a tiré d'abord, ne con¡iouoit eo

quelque forre

~

l'eo tirer

totiJOUr~.

11.

l'égard de l'inditférence de la matiere au mouve–

meot ou au repos , tollt ce que ce príncipe préfente, ce

me ftrnble, de bien dillinél

a

l'efprit, c'ell qu'il n'eíl

pas •O:entiel

a

la matiere de fe mouvoir IOUJOUrS, ni d'é–

tr~

touJ,ours en repos; mais il

o

e s'enfuit pas de ce!le

lo•, qu ur1 corps e11 mouvernent oe puilfe

tendre con–

tinuellement :¡u repos, non que le repos loi foit plus

PON

93

elfenticl que le mouvement , mais paree qu'il pourroit

fembler qu'tl ne faudroit autre chofe

:i

un corps pour

érre en repos, que d'crre un corps,

&

que pour le mou–

vement il auroit be(oin de quelque chofe de plus,

&

qui devroit i'tre pour ainG dire conrinoellcmeot rcpro–

duit en tui.

La démonflration que j'ai donnéc de la confervation

du mouvemenr, a cela de paniculier, qu'clle a lieu é–

galement, ((>ir que la caufe motrice doive toitjous erre

appliquée au corps, ou non . Ce n'efi pas que Je ero–

y

e l'aélion conrinuée de ce!le caufe,

n~celfaire

pour

mouvoir le corps; car fi l'aélion inllanranée ne fuffifoit

pas, quel feroit alors l'efi'et· de cette aé\ion?

&

fi

l'a–

élio!l inílantanée n'avoit point d'efi'et, comment l'aétion

comln uée en auroit-ellc? Mais commc on doit cmplo–

yer a la folut ion d'une queílion le moins de principes

qu'il efl po(Jible, j'aí cru devoir me borner

:i

démon–

trer que la continuation du mouvemenr a licu égale–

ment daos les deux hyporhi:fes:

il

eíl vrai que notre

démonllration fuppofé l'e xiOence du mouvemen t,

&

a

plus forre raifon fa poffibiiJté; mais nier que le mou–

vement exifle, c'efl fe reiufer

a

un fait que perfoone

ne révoque en doute.

Voyn

M

o u vE M E N T •

Voila, fi

je ue me trompe, comment on peut prou–

ver la

loi de

la continuatiou du mouvement, d'uue

maniere qui (oit

ii

l'abri de toutc chicane. Daos le mou–

vemenr il femble, comme nons l'avons dé¡a obfervé,

qu'il

y

ait en quelquc forre un chaugement d'état eon–

tinuel;

&

cela efi vrai daos ce feul rens. que le mou–

vemclll do corps , daos un inf!ant quelconque, n'a rien

de commun avec fon mouvement daos l'inílant précé–

dent ou fuivant. Mais on auroit

tort

d'entcndre

par

chang•ment d'itat,

le

changemcnt de p/,u

c ou d

e

/:e

u

que le mouvement produit: cor quand on

e.am

:ne ce

prétendu changement d'érat avec des yeu

x philo

fophi–

ques, on n'y voir aurre chofe qu'un

chan~ement

de re–

lation, c'ell-a-dire un changement de dillanct du corp5

mil

aux corps environnans.

Nous fommes fort enclins

a

croire qu'il y a dans

un corps

~n

tnouvement un etforr

ou

énergie, qui n'efi

point daos un corps

en

repos. La raifon pour !aquel le

nous avons tant de peine

a

nous dé1acher de cette i–

déc, c'ell que nous fornmes toil¡ours portés

á

transfé–

rer aux corps inanimés les chofes que nou

obfervons

dgns norre propre corps. Ain6 nous voyons que quancj

notre corps

fe meut, ou frappc quelque obflacle, le

choe ou

Ir.

mou\'ement ell accompagné en nous d'une

fenfation qui nous donne l'idée d'une

force

plus ou moin5

grande; or en tranfpcnant aux autres corps ce me

m~

mot

force,

nous appercevrons avec une legere atten–

tion, que nous ne pouvons

y

anacher que trois ditférens

f<ns: 1°. celui de la fenfation que nous éprouvons,

&

que nous ne pouvoru pas fuppofer dans une

matier~

inanimée: 2°. celui d'un

~tre

métaphyJique, différent de

la fenf.1tion, mais qu'il nous ell impollible de conce–

voir,

&

par conféquent de détinir: 39. enfin (

&

c'efi

le feul feos raifonnable) celui de l'ettet méme, ou de

la propriété qui fe manifeíle par cet efiet, fans exami–

ner ni rechercher la

en

ure. Or en attachant au mot

for–

ce

ce dernkr !ens, nous ne

~oyoos

ríen de plus daos

le mouvement, que daos le repos,

&

nous pou vons re–

garder la continuation du mouHmen t, comme une loi

auffi elfemielle que celle de

la cominnation du

repos.

Mais, dira-t-on, un corps en repos ne mema ¡amais un

corps eo mouvemem; au \ieu qu'un corps en mouve–

ment meut un corps en repos .

]e

réponds que

fi

uq

corps en mouvemen t meut un corps en repos, c'efl en

perdant

lui-m~me

une partie de fon mouvement;

&

cet–

te pene vient de ls réflllance que fait le corps en re–

pos au changement d'érat. Un corps en repos n'a done

pas moins une

force

réelle pour conferver fon étar, qu•

un corps en mouvement, quelque idée qu'on anache

au mot

force

.

Voyez

e

o "

M

u

N 1

e

A T 1

o

11

de mowve–

mtnt,

&c.

Le príncipe de la

force d'intrtie

peut fe prouve¡ auffi

par l'expér ience . Nous voyons 1°.

'1'"

la cor¡JJ en re–

pos y dcmct<rent tant

'1'"

ritn

n~

ICJ

en ttre;

& fi

quelqucfois il arrive qu'un corps fon

mil

fans que nous

connoillions la caufe qui le meut, nous fommcs en droit

de

juger,

&

par l'annlogie,

&

par l'unifo_rmiré des loi&

de la nature,

&

por l'incapacué de la

ma~rere ~

fe mou–

voir d'elle-méme, que cette caufe, quotque non appa–

reme

n'en efl pas moins réelle. 2°. Quoiqu'il

o'y

ait

point, de corps qui conferve éternellement ron mouve–

ment, paree qu'il

y

a tou¡ours des caofes qui le ral–

lentilfent pcu-a-peo, comme le frotement

&

la ré6ílan–

ce de rair; cependant nous voyons qu'un corps e11

mou-