Table of Contents Table of Contents
Previous Page  820 / 892 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 820 / 892 Next Page
Page Background

Ese

reter

a

loüer la folidité de res prineipes, paree que je ne

peux rien aJoíiter

a

fa gloire.

Tous les hommes naiaent libres; dans le commenee:

mcnt ils n'avoiell t qu'un nom, qu'une eondition; du

.cms de Saturne & de Rhée il n'y avoit ni maltres ni

cfclaves, dit Plutarque: la

o~ture

les avoit fai r touS

é–

gaux; mais on ne conCcrva pas long-tems cette égalité

n arurelle, on s'co écarta. peu-.-peu, la CervilUde s'iorro–

duior par degrés , & vrailfemblab lemeot elle a d'abord

c!lé fondée fur des cOllventiQns liures, quoique la nécef–

lité eu ait élé la· fource & I'origine.

LorCque par uoe Cuire néeelfaire de la multiplication du

geore humaio on eur commeocé par fe lalfer de la om–

p licilé des premiers oecles, 00 chereha de nouveaux m o–

y ens d'augmenter les aiCances de la vie, & d'aeql1érir

des biens [uperHus;

iI

Y a beaucoup d'apparenee que les,

gens riehes engageren! les

p~uvres

a

travailler pour eux,

moyennant un eenain Calaire. Cette relfouree ayant paru

tres-commode aUI uns & aUK autres , pluoeurs Ce réCo–

lurent

a

alTurer leur élat,

&

11

eUlrer pour toOjours Cur

le meme pié daos la familte de quelqu'un,

a

eondition

qulil leur fourn iroit la nnurrilure & toutes les autres

c hoCes néeelfaires

ii

la vie; ain!i la Cervitude a d'abord

éré formée par un libre eonCentement,

I!t

par un eon–

trat de faire atin que 1'00 nous doone:

40

ut fa,ial.

Cette fociété étoit eonditioonelle , ou feulement pour

cenaines ehoCes, lelon les lois de chaque pays, & les

c onveotions des iotérelTés; en un ma l, de tels eCclaves

n'éroienr propremenr que des ferviteurs ou des meree–

naire5 , alfez fembl ables

a

nos domerliques.

M ais 00 n'en dtmeura pas la; on trouva taot d'avan–

tages • faire faire par aotrui ce que

1'00

auroit été obli–

gé de faire Coi-meme , qu'a mefure qu'on voulut s'ag–

grandir les armes

¡,

la main, on établit la coa turne d'ae–

corder aUl( priCooniers de guerre , la vie & la liberté cor–

porelle,

a

coodilioo qu'ils ferviroicnr toOjours en quali–

té d'eCclaves eeux eotre/ les maios defquels ils éloieril

tombés.

Comme on conCervoit quelque rerle de reaentiment

d'eooemi eontre les malheureux que 1'00 réduiCoit en

efe/avage

par le droil des armes , on les trairoit ordinai–

rement avee beaucoup de rigueor; la eruauté paru I ex–

cufable en vers des gens de la par! de qui on avoit eou–

ru riCque d'éprouver le méme Cort; de forte qu'on s'i–

magina pouvoir impunémen t tuer de tels eCclaves, par

u n mouvement de eolere, ou pour la moiadre faute.

Ceue lieenee ayanr été une fois autoriCée, on I'élen·

dit fous uo prélexte encare moios plaufible,

11

ceu x qui

étoieor nés de tels efclaves , & meme

11

ceox que l'on

achetoit ou que I'on 2equéroit de quelque autre manie–

re que ce fU! . Ainfi la Cervitude vint

a

fe naturaliCer,

pour ainfi dire , par le rort de 1a guerre: eeux que la

fortuue favarira,

&

qu'elle lailTa dans I'érat on la nature

les avoit créés, fment appellés

librel ;

eeux nu cOlltrai–

re que la foiblelTe & l'infortune álTujettirenl aUI vain–

'l.ueurs, fureO! nommés

e(clavel;

& les, PhiloCophe¡ ju–

ges du mérite des naioos des hommes, regarderent eux–

memes COlT)me une charité, la conduire de ce vainqueur ,

qui de fOll vaineu en faifoit fo n eCclav e, nu líen de lui

arracher la vie .

L a loi du plus for! , le droit de la guerre iujurieux

a

la nature, l'ambition, la foif des eonqueres, l'amou r

de la dom inatioo & de la mollelfe, introduiorent

l'efe/a–

'Vage,

qui a la honte de I'humanité, a été

re~n

par pref–

que tous les peuples du monde. En effet, nous ue Cau–

rions jetter les yeuK rur I'H inoire fucrée, faos

y

décou–

vrir les horreurs de la Cervitude: I'Hirloire prophane, cel–

Je des Grecs, des R omains , & de touS les autres peu–

pies qui palTent pour les mieux policés , foOl autant de

monumeos d.c eette -aocienne injuniee exercée avee plus

ou moiDs de violenee rur toute la faee de la terre , fui–

vaO! les tems, les Iieux , & les natioos.

11

Y a deux fortes d'

e(e/avage

ou de fervitud e, la réelle

&

la perfonnelle: la fervitude réelle erl celle qui attache

• l'efelave au fonds de la terre; la fervitude perConnelle

regarde le m inirlere de la maiCon, & fe rapporte plus

il

la perfonoe du ma1tre. L'abus extreme de

I'efclavag~

erl 10rCqu'il fe trouve en meme tems perCoonel. & réel.

Telle étoit ehez les

J

uifs la fervitude des étrangers; ils

eseroroienr

a

leur égard les uailemens les plus rudes:

eovain Moy(e leul' críoit, " vous n'aurez poiO!

Cur

vos

" efe.laves d'empire rígoureux; vous ne les opprimerez

" pomt '"

il

ne pU! jamais venir

a

bout, par fes exhor–

tations, d'adoucir la dureté de fa nation féroee :

iI

tacha

I

done par fes lois d'y porter quelque remede.

II commen 9a par fixer un terme

11

1

'e(e/avage,

& par

ordonner qu'¡¡ ne dureroit tout-au-plus

~ue

jufqu'iI 1'3n-

Ese

uée du jubilé pour les étrangers ,

&

p3r rapport nux

Hébreux pendant I'efpaee de lix nos .

L év it . ,h. xxv.

. y.

39·

U

oe des prineípales

~aiCons

de fon inrlitution du lilb–

bar, fut de

procur.er

du relache aux Cervireurs & al'X

eCclaves.

Exode ,

,h.

xx.

&

xxiij. D meéronome, ,ha–

pitr. xvj.

11

établit cneore que perfonne ne pourroit vendre fa

liberté,

~ ' moins

qu' il ne fll t réduit • n'avoir plus ab–

folument ele quoi vivre .

11

preCerív it que quand les eCcla–

ves fe rnehcleroiem, 00 leur tiendroit compte de leur

ferviee, de la m eme maniere que les revenus déJ' tirés

d'une lerre vendue entroient en compeoCatioo dans le

prix du raehat, lorfque l'ancien propriétaire la reeou–

vroit .

Deut'ron.

,h.

xv. L é7Jiti'f. ,h. xxv.

Si un maltre avoit erevé uo ceil ou calfé une dent

¡¡

fon eCclave (& • plus forte rairon fans doute s'i1

lui avoir fait un mal plus eooodérable ), l'eCclave de–

voit avoir fa liberté, eo déqommagement de eeue

perte .

.

O

ne autre loi de ce législateur porte, que

fr

un

m al tre frappe fon efelave, & que l'eCclave meu,e Cons

le ba ton , le maltre doir étre puni comme coupable \

d'homicide:

iI

e!! vrai que. la loi ajollte que fi I'efcla–

ve vit un jour ou deux, le m:¡ltre erl exempt de la

peine . La raífon de cette loi étoit peut·etre que quand

l'efelave oe mouroit pas fur le ehamp,

00

prérumoir

que le maltre o'avoit pas eu delfein de le tuer ;

&

pour lors on le eroyoit alTez puni d'avoir perdu ce que

l'efclave lui avoit collté, ou le ferviee qu'il en auroit

tiré: c'erl du moios ce que donnent

ii

entendre les pa–

roles qui fuivenr le tex te,

(ar cee efel"ve efl

f on "r–

gene.

Quoi qu'iI en foit, e' étoit un peuple bien élrange ,

fu ivan t la remarque de M. de M ontefquieu, qu'un peu–

pIe

Ol!

il falloi r que la loi civile

Ce

relaeh3t de la loi

naturelle. Ce n'e!! pas aino que S. Paul pen (oir Cllr

cette matiere, quand , preehanr la lumiere de l'Eva!l–

gi le,

il

donna ce précepte de la nature

&

de la réli–

gion, qui devroit étre profondément gravé dans le

cceur de tous les hommes:

Ma,erel

(

Epi!. aux Co–

lolf.

j

V. l.),

rende:;;.

VOl efelavel

"

'f1« le droit

&

l'

é'fuité demapdent de VOUI, fMhant 'fue VOUI ave:/;

un maíere danl le , íel;

c'erl-.-dire uo maltre qui o'a

aueu n égard

ii

cette dirlinaioo de conditions , forgée

par I'orguei l

&

l'injurlice .

-

L es L aeédémonieos furent les premiers de la Greee

qui introduio rent l'ufage des efelaves, ou ql1i eommeo–

cerent • réduire en fervitude les Grees qu' ils avoiem

fai ts prifoooiers de guerre: ils allerent encore plus loio

(&

j'ai graod regret de oe pouvoir tirer le rideau

Cu~

cette partie de leur hinoire), i1s traiterent les 1I0tes!l–

vee la demiere barbarie. Ces peuples, habitans du ter–

ritoire de Sparte, ayant <'ré vaineus dans leur révolle

par les Spartiates , furent condamoés

a

un

ef,lavage

pcr–

pétuel, avee la défeofe auÍ< maltres de les aflranchir ni

de les vendre hors du pays: aino les ll otes fe vireD!

foOmis

it

touS les travaux hors de la maiCon , &

¡¡

IOU–

tes lo rtes d' inCultes dans la maiCon; l' exces de leur

malheur alloir au' poi ot qu'ils n'étoient pas Ceulemem

efclaves d'un cilOyen , mais eneore du public. Pluoeurs

peuples n'ont qu' uO

efelavage

réel, paree que leurs

femmes & leurs enfans fon t les travaux domerliques :

d'autres

00!

uo

efelavage

perfonnel, paree que le lu–

xe demande le fervice des eCclaves dans la maiCoo ;

mais iei 00 joignoit daos les memes perfoooes l'

ef,la-

vafe

récl &

I'efe/avage

perConnel.

.

1 o'to éloir pas de meme ehez les autres peuples de la

Greee;

I'efelavage

y étoit extremement adouci, & me–

me les e[claves u op rudement u aités par leu rs maltres

pouvoiem demander d'etre vendus

a

un autre. C'erl ce

que oous apprend Plutarque,

de fuperflieio/1e , p.

66.

t. l. Mit.

de /-rabel .

L es Athéniens en partieulier , au rapport de

X

éno–

phon, en agilTóient avec leurs efclaves avee beaucoup

de doueeur: i1s punilfoiem féverement, quelquefois

m~ me de morr, eelui qui avoit battu l'eCclave d'un autre.

L a loi d'Athenes, avee raiCon, ne vouloit pas ajoOter

la pene de la

filreté

a

eelle de la liberté; aum tle voit-

011 point que les eCclaves ayem troublé cette républi–

que , eomme i1s ébranlerent Lacédémooe .

11

erl aiCé de eomprendre que I'humanité exereée en–

vers les efclaves peur Ceule prévcnir, dans un gouver–

neme!l! modéré, les daogers que 1'011 pourroit craindre

de 1em trop grand nombre. L es hommes s' aecoutu–

ment 3 la fervitude, pourvíi que feur mal!re /le foit pas

plus dur que la fervitude : rien n'e!! plus propre 3 con-

.

tir-