ECS
Deot de la dépenfe; mais les contributions qu'eile im–
pofe au loin, les vi vres, les fourrages qu' elle en tire,
]a
Sil
reté des convois qu'elle procure,
&
tant d' autres
Cervices qu'elle feule en en état de rendre, ne dédom–
magent-ils pas bien avamageufemenr de
la
dc:'penfe qu'
elle occafionne? D'ailleurs la eavalerie étanr d'une \lti–
lité plus générale pour les opérarions de la ¡¡uerre , on
ne fauroir dire qu'elle foir plus 11 charge 11
l' érar que
l'infanterie, puifque la levée d'un
e{eadron
n'eCl pas d'u–
De dépenfe plus grande que celle d'un baraillon,
&
que
l'entretien de eelui-ci en bien plus confidérable.
Enfio fi
1'00
s'eo rapporre aux plus grands capitai–
Des, on fera forcé de convenir que I'avanrage fera tou–
jours le plus grand pour eelui des deox ennemis qui
fera fu péricur en cavalerie .
Cyrus, Alexandre, Annibal, Scipion, joüilTcnt de–
puis plus de vingt fiecles d'une réputation qu' ils doi–
veor au! fueees que leur a procuré leur eavalerie. Cy–
IUS
&
Annibal avoient un cavalerie rres - nombreufe ;
Akxandre en celui. des Grees qui, 3 proponion de fes
forces, cn a eu le plus;
&
l' on ne voit pas que les
Grees fous ce prinee; non plus que les Perfes
&
les
Canhaginois du tems de Cyrus, ayent été fur Icur dé–
elin;
il
fembleroir, au comraire, que la vie de ces
grands hommes pourroit erre regarMe comme l'époque
la plus f!oriOante dc leur nation .
Si les R omains, apres avoir été vaineus par
la
ca·
valerie des Canhaginois , triomphenr entin d' eux " e'en
que eeux-ei furenr abandonnés de leur eavalerie, que
leur en leva Seipion par fes allianees
&
fes eenquctes;
&
ceue guerre qui avoit commencé par etre hon teufe
au peuple romain, tinit par 1 'époque
la
plus f!orilTante
pour lui .
Les futfrages des auteurs modernes qui onr le mieux
écrir de l'an militaire , fe réunilfell t avec I',u torité des
plus grands capitaines
&
des meilleurs écrivaios de I'an–
tiquité _
11
fembloir au brave la N oue, que fl1r quarre
mille lances
iI
fuffifoir de
2)00
hommes d' infanterie:
" Perronne
De
contredira, aJoare
cet auteur,,, qu'il ue
" fai lle tOllj ours eutretenir bon nombre de gelldarme–
" ríe; mais
d'
infaoterie, aucuns
eniOlent
qu'
00
s' en
" peut palTe r en tems de paix ". Mais on doir confi–
dérer que la N oue écri voit dans un tems (
1587)
ou
]'infanterie é,toir comptée pour peu de chofe ; parce que
les principaks aaions de guerce contifloicnr muins a–
)ors 3 prendre des places, qu'en des affaires de plaine
campagne, ou l'infanterie ne renoir pas conrre la cava–
lerie. Sa réflexion ne peur manquer de tomber fur la
nécemré qu 'it y a d'cxercer pendanr la paix la eavale–
rie. qui ne peur
~ tre
bonne
ir
la guerre
Ii
elle eCl nou–
vellement levée .
Un auteur forr eClimé
&
en meme tems grand offi–
cier ( M. le maréchal de Puyfegur ), qui connoilloir
fans doute en quoi confille la force des armées, doO[
il avoir rempli les premiers emplois pendant cinqu3l1 re–
Jix 3ns, propofe dans fes projets de g uerre plus de moi–
tié de cavalerie fur une fois auranr d'infanterie .
Santa-Cru? veur qu'une armée foir rolijou rs compo–
fée d'une forte cavalerie , il fourienr meme qu'elle doir
erre une fois plus Dombreufe que l' infanterie, fuivanr
les circonClances : par exemple, fi les cnnemis la erai–
gneO! davantage, ou
(j
Votre nation en plus propre
¡¡
agir 11 cheval qu'. pié: la nature du pays 011 l' on fair
la guerre en une diClinaion qu' il a oublié de faire.
" Un pays plain, dir M . ,de Turenne, en tres -favo–
" rabie 3 la
~avalerie;
il lui lailTe toute la Iibené né–
" cerraire
ii
fon fervice,
&
lui donne benucoup d' a–
" vamage fur l'infanterie " . Ce grand général , dont
les maximes font des lois, avoir toüjours, eomme on
I'a déJ3 dit, dans fes armées
3U
moins aotanr de cava–
lerie que d'infamerie,
&
on l'a vu quelquefois avee un
plus graod nonibre de eavalerie.
Enfin M omécuccoli, le Vegece de nos jours, eClime
que la cavalerie pefante doit au moios faire la moitié
de l'infamerie,
&
la legere le quarr au plus de la pe–
fante: les fenrimens de ces grands généraux de narioos
ditféremes, ceux des anciens
&
des plus grands capi–
taines, la rai fon
&
I'expérieoee, les opérat iol1s les plus
importantes de la guerre ,
&
tous les befoins d'une ar–
mée, font autant de lémoignagcs de la néceflité de la
cavalerie.
e'ct1 fans doure 11 caufe de l'import3nce des fervices
de la eavalerie eu campagne, que de tou t tems on a
jugé que dans les occafions ou il fe trouve melange
des deux corps, I'officier de cavalerie commallderoit le
tout, parce que les opérations de la cavalerie exigcnt
une expérience paniculiere que ne peur avoir l' officier
Tome
1/.
ESC
d'infanterie;
&
I'on peut dire que ti celle - ci aBeod la
mort avec fermeré, l'aurre
y
vole Bvec imrépidité.
On a prouvé de tour rems que des cavalicrs épars
n'auroien! aueune folidiré; e' en ce qui a obligé d' en
joindrc plufieurs enfemble,
&
c'eCl ccUe union, com–
me on l'a déJa dir, qu'on nomme
e{eadron.
Bien des peuples formoiem leurs
efcadrom
en trian–
gle, en coin , en quarré de routes efpeces : ' le lofange
étoil I'ordonnanee la plus généralemenr
re~ue
, -mais
l'expérience n fair fentir qu' elle feroit vicieufe,
&
a
fair prendre 3 toutes les narions la forme des
eJ<adrons
quarrés. Les Turcs feuls fe fervem encore du lofange
&
du coin ; ils penfent, comme les anciens, que certe
forme eCl In plus propre pour meme la cavalerie en ba–
rail le fur toures fones de terrein,
&
la faire fervir avan–
rageufemcnt aux ditférenres opérations
<Le
la gueree d'au–
laor plus faci lemem, qu'i1
y
a un olñeier
¡\
chaeun de
fes angles: d'ailleurs comme cet
e¡eadro"
fe eréCenre
en pointc, ils eroyent qu' il lui en aifé de percer par
un moindre inrervalle; que n'occupant pas un grand e–
fpace, il a plus ele vivaciré dans res mouvemens,
&
qu'ellfin il n'eCl
pa~
fujer, lorfqu'il veul faire des con–
vertions, 3 tracer de grallds circuirs comme
l'eJ<adron
quarré, qui eCl contrainr dans ce cas de parcourir une
grande portian de cercle. Mais fi les
e¡",¿ron!
en
lo~
fange ont eft'eai vement ces avantages, ils onr aufli les
détaurs de ne préfen rer qu'un rres·perit nombre de com–
baBans; les parties in térieures en fonr inutiles,
&
la
gauche n'en peor combame avec avantage . Ce l
e¡ea–
dron,
pris par un aurre, formé fur un quarré long qui
fe reeourbe de dt't>ite
&
de gauche , en immanquable–
menr enveloppé fans avoit la liberté de fe défendre;
&
lorfqu'il ea une fois rompu, il ne lui en plus pofllble
de re reformer: ainCi il ne peut tour - au - plus etre bon
que pour une petite rroupe fervan! de garde,
&
plutót
fái te pour avertir
&
fe rerirer que pour combartre. Voi–
lci en deu" mots qu'e lles étoienr les différentes manie–
res de former ces
e[eadrom
en rriangle.
L es The(faliens, che? qui I'art de combattre 3 che–
val éroir connu bien avant la guerre de Troye, furenr
les premiers qui donnerenr
a
leurs
eJ<adron!
la forme
d'un 10Cange: on fait que parmi les Grecs cette cava–
leric therralienne étoit en fon grande réputation ; ce
fm lIéon le IhclTalien qui le premier établir
c~r
ordre,
&
donr il porte le nom
d'i". I/oyez Ja taéli,!ue d'E–
Jien.
Celui qui cornmandoir
I'efeadron
ou lofange s'appe!–
!oir
ilar'!ue,
il tenoir la poime de la rére; eeux qui
fermoient les droites
&
les gauches du rang du milieu
étoient les
gardes-flane! ,
&
celui de la queue fe nom–
moit le
¡u're-fiJe
_
JI
Y avoil quarre manieres de former l'
e¡eadron
en
10f.1nge; la premiere avee des files
-&
des raogs, la fe–
conde fans rangs
&
fans files, la !roifieme avec des
fi–
les, mais Cans rangs ,
&
la quarrieme avec des rangs
&
point de files.
, Les Macédoniens, les Scythes
&
les Thraces trou–
verenr les
eJ<adrom
én lofange trop pefaos; ils en re–
trancherent la queue
&
forinere"" moyennant certe ré–
forme ce qu'ils appelleren t
le
e.in.On aCsure que
Philipp~
fU l I'auteur de ceue ordonoance: quoi qu'il en
foil il ne parolt pas que ce fUr -
\:i
I'ordre qu' obrerve–
renr le plus eommunémenr les Macédoniens, puifque
Polybe
( l.
/7/.
ch. xij.)
nous apprend que leur cava le–
rie fe rangeoit pour l' ordinaire fur huir de hauteur ;
e' efl,
dit -
i1,
1"
me;l/eure méthode.
Tacire nous ap–
prend que les Germains formoiem aum en coin les dif–
férens corps de leur armée.
L es Sicilienl
&
la pi upart des. peuples de la G rece
formerent de leur cavalerie des
e¡e"drom
quarrés; ils
leur fcmbloienr plus faeiles
:i
fot mer,
&
devoir mar–
ch¿r plus unis
&
plus ferrés: d'ailleurs dans cel ordre;
le from fe trouve compofé d'officiers
&
de ce qu'il
y
a de meilleurs eavaliers,
&
le choc fe faifant tour en–
t'emble, a plus de force
&
d'impétOofiré . Le lofange
ou le eoin, au contraire , ne préCenre qu'un feul eom–
batranr, lequel étan t hors de combat cauCe infaillible–
meO! la pene de
l'efeadron.
L es Perfes fe fervirenr aum des formes quarrées pour
former leurs
e¡eadron!;
&
comrne ils
~voienr
une nom–
breufe cavalerie, ils donnerenr 3 ces
e¡eadrons
beau–
coup de profondeur: les files étoiem de dou?e , quel–
quefois de
rei~e
eavaliers; ce qui rendoir leurs
-fea–
drOnI
ii pefans , qu'ils fu rent prefque rOlllours banus.
malgré la fupériorité du nombre.
Les Romains formercm leurs
efeadron!
ou leurs tOr–
mes fur une autre efpece de quarré, les quarrés longs;
Ggggg
ils
\