•
78 0
ERU
{er
I'lrlldtl{ion?
nullemenl . C 'ell une raiCon de plus 'pour
_cngager 11 I'aequérir .
E nlin on auroil ,IOr! d'objeéler que
l'!rlldieion
rend
'I'efp,il t;oid , peíaO!, inCenlible auX gr.ees dc
l 'i m.g~n.lion L'érudilion prend le ear.élere des efpms qUI la
,eulti~en l ;
elle ell hériflée
d~
eeux-ci
, , ~gréabI7
dans
eeux-I., brule
&
fans ordre
ti.usles u!js , plelne de
,'(¡es , de goG!, de finelfe,
&
de
fag~~ilé
d."ns !es
.ulres:
l'ér/ldition ,
aino que h GéomeirJe, 1.llfe 1e–
fpril.daos l'élal ou elle le Irouve; ou pou r parler plus
cx ~él <m e nl
ell,e oe fai l d'eAel fenoble en mal, que fur
des cfprils 'que la nalUre y '\'Oil Mj:i préparés ; eeu!
que
I' !r/ldition
appefan lil, .uroieO! élé pefans avee l.'i–
gnor.nee meme ; ainri la perte ,
11
cel égard, o'efl Ja–
)'His
graode ;
00
y g'gne un fa van! , fan s y perdre un
éeriva in . gréable , Balzac appelloil l'érudi lion
le bngage
de }'(mt i'lrtité;
j'aimerois mieus l'appell er
le bnJ(nJ(e de
i'efp rit,
dans Je méme feos que le chancelier Baeoo
appelle les richelfes
le bagage de la vertrl:
en effe!,
1'/–
rttdiiion
efl :\ I'efpril, ce que le bagage efl auX armées;
ji
efl ulile dans uoe armée bieo commandée ,
&
nuil aux
opéralions des généraux médiocres.
O" vaOle beaucoup, en faveu r des fcienees ex"aéles ,
J'cfpril philofophique, 'qu'elIes OO! certaincmcO! cOl1lri–
hné
á
répaodre parmi oous; mais croil-on que cel efpril
rhilofo phiq ue ne trouve pas de ¡réquel1les ocealions de
s'exercer dans les matieres
d'ér"dition?
Combien n'en
faul-il pas dans
h
crilique, pour démeler le vrai d'avee
le faux ? Combien I'hifl oire oe fou rnil-elle pas de mo–
numeos de la fourberie , de l'imbéeillilé, de l'erreur,
&
de l'enra vagance des hommes ,
&
des philofophes me–
me? matiere de
ré ~exioos
aum immenCe qu'agréable pour
Ull
homme qui fail penfer , Les fciences exaéles, dira- t-on,
001,
a
cel égard beaueoup d'avamage; l'cfpril' philofophi–
que , que leur étude nourril, oe trouve daos celle élude
allcu n conlre.poids; I'élude de l'hilloire, au contraire, eo
a un pour .des efprils d'uoe trempe comrnune: uo érudil ,
a,'ide de fai ls , qui fOOl les .ceules eonooilranc;es qu'il re–
cherehe
&
donl il falfe cas ,
di
en danger de s'aeeoulumer
a
lroP d'indu lgenee fur eel aniele; lOue livre qui comient
des fails , ou qu i prélend en cOI)lenir, efl digne d'auemion
pom lui; plus ce liv re efl aneieo, plus il eil porté . lui
accorder de créanee:
il
ne fa ie pas réflexion que l'in–
certilude des hifloires modernes, dOIH uous fommes •
portée de vérilier les faits, doil nous rendre Ires-cir–
confpeéls daos le d. gré de confiance que nous doonons
aux hifl o¡res ancienoes; uo poele n'efl pour lui qu'un
hillorico qui dépoCe des ufages de Con tems; il ne eher–
Che dans Homere, comme feu
M.
I'abbé de L ongue–
rue, que la géographie
&
les meeurs "u tiques ; le grand
peiOlre
&
le grand homme lui échappen l . Mais en pre–
mier lieu,
iI
s'eoruivroil tOUI au plus de ceue objeélion ,
que
1'¡ruJition,
pou r etre vraiment eflimable, a beCoin
d'eere éclairée par l'efpril philofophique ,
&
nulIemenl
qu'on doi ve la méprifer en elle-meme. En
2 d
lieu, ne
fa il-on pa< aum quelqlle leproche
a
l' étude des Ccieoees
exaéles , celui d'éleindre ou d'a(foiblir l'imaginalion, de
lui donnor de la féchere(le, de ren dre infenlible aux
charmes des Bell es- Lomes
&
des
Am,
d'aeeo ulumer
3
une cenaine roideur d'el'pril qui exige des démonllra.–
tioos, quand les probabililés fu ffifent ,
&
qui cherche
a
traofporta la mérhode géométrique. des malieres aux–
quel les ¡:lle fe ¡cf" fe ?
V.
DE G R E'.
Si ce reproche oe
IOm be pas Cu r un .certain nombre de géometres, qui onl
su J(lindre aux eOl1lloi(fances profondes les agrémens de
l'efpril, oe s'ad rdTe- l-il pas au plus graod nombre des au–
Ires?
&
n'efl-il pas fon dé , du moios 11 quelques égards )
C ónvenons donc que de ce cÓlé IOU I efl
~-peu -pres
.égal eotre les rciences
&
l'érttdition,
pou r les incoové–
nie ns
&
les avamages.
O n fe plaint que la mulliplication des journaux
&
des
diélionnaires de loute eCpece,
a
porté parmi nous le
coup mon el
a
l'¿r"diti.n
&
éleindra peu,.-peu le gou t
de l' élude; nous eroyoos avoir fuffi ramment répon–
du
a
ce reproche dans le
DiJe."rs
préliminaire
"
pa–
ge xxxviij. ,
dans l'
/l vertiUemcnt
du lroilieme volume ,
&
a
l.
nn du
moe
DI
C T I O N N A I R E.
a
I'art,
D
1-
C T IO NN A I RESD ESS CIENCES&DESART S.
L es partiían, de
¡'éruJition
prélendenl qtl'i! eo rera de
nous eomme de nos pece' ,
a
qui les
pbrégls,
les
nna–
JyfeJ ,
les
rcettei" de fene,enee r,
fa ils par des moines
&
des eleres d. ns le, lie¡:les barbares, lirenl perdre iofeo–
fi blemenf I'amou r des Leores, la conooi ffance des ori–
ginau!,
&
Ju fqu 'all x originaux meme . N ous
Commes
daos un cas bieo dilréreOl; I'lmprimérie nous mel au
couverl du dallger de perdre aueun liore vmimen! uti–
Je : pli\l
a
D ieu qu'elIe n'eul pas l'inconvénielll de trop
ERU
111ultiplicr les mauvais ouv rages! Dans leS' ¡¡e¿les d'igna-–
ranee , les livres étoicnt li diJiiciles
a
fe proeurer, qu'on
étoil lrop hemeux d'en avoir des abregés
&
des eurails:
on étoil favan l
a
ce lilre; aujourd'hui
DO
De le Ceroil
plus .
11
efl vrai , graces aux traduélions qoi on'l été failes
en nolre Iangue d'u" tres-grand n(mlbre d>'au,tcurs,
6l
eo général,
gra~es
. u gmod nombre d'<>(fV(.ages publiés
en fran90i rur lOule Con e de matiere; il ,;fl vrai, dis–
je , qu'une perConoe uniqllemel1l bornée
a
la
l
connoifian –
ce de la lallgue
frao~ oife ,
pourroil deveoir
r~~s-Iavante
par la leélure de ces feuls
ouvr3ge~ .
Majs outre que
IOUl n'efl pas traduil , la leélure oes tradu&ións , meme
eo fa il
d'lrudition
pu re
&
fimple (car'
il
I\'e-f!' pas ici
queflioo des leélures de goa l ), lIe fu¡jpl ée jamais par·
failement
a
celle des originaux dans leur propre laogue.
Mille exemples nous GóllVaioquent
tOl1~
les jours de I'io–
fidélilé des Iraduaeurs ordinrures ,
&
de i'inadvertance
des traduaeurs les plus exaéls.
Eofin, car ce n'efl pas un avamage
a
palJ'er fous li–
lenee, J'élude des Sciences doil lirer oeaucollp de lu–
mieres de la leél ure des aocieos .
0 0
pe\ll h1ns doote
[avoir l'hill'oire des petlfées des hommes f1l{\S penfer Coi- ,
meme; muis un pl\ilofophe pelit lire . -vee beaueoup d'u–
li lité le délail des opiníons de Ces femblables; il
Y
troll–
vera Couvenl des germes d'idées précieuCés
a
dévelop–
per, des oconjeélures • vérifier, des faits
a
éelaircir, des
hypolhi:fes
á
confirmer. 11 n'y a preC4ue dans nOlre
ph-yoqoe moderne aueuns principes généraux , doo t l'é–
ooncé nu du moinvlé'fond ne fe lFOUVe ehn les ao –
ciens; on n'en fera po< furpris. li on ' eoolideYe qu'en' eel–
le maliere les hypolheres les pl us vrailfemblnbles fe pré–
fenlenl alfez oalllrellemenl
iI
l'efprir, que les eombinai–
fons d'idées géoérales doiveO!
~tre
bien-I I)I
épuiCé~~,
&
par une efpece de révolution
foteée
"!re foecemvemene
remplaeées les lInes par les 'aulres .
f/oyez
E e
LE" T 1-
Q
u
E ,
C 'efl peUl-elre par celle raifon, pou r Je dire en
pallant, que
la
philoCophie moderoe s!ert rapprochée
CUT
plulieurs points .de ce qu'oo a penfé cans le premier 3-
ge
de la Philofophie, parce qu' il
lem~{e
que la premia–
re impremno de la tlalure efl de noós donller. des idées
jofl es, que
1'00
abaodoone bien-IÓI par ineettitude ou
par amour de la nouvea-u!é,
&
auxquelles en 6-0' en efl
fo rcé de reveoír.
Mais eo recommaodant
~ux
philofophes meme la le–
. élure de leurs prédécefTeurs, oe eheFcnoni poin!, eom–
me l'oo t fail quelques lavans,
a
déprimer les moder–
, nes Cous ce faux prétex le, que la pñilolophie 1I10d'eroc
,n'a rien découvert de plus que l'aneieone. Qu'irnpon e
a
la gloire de NeWroo , qoe Empedocle atl eu qOe'lqlles
iMes va/(ues
&
ioformes do Cyfleme de l:v gravitalion,
quand ces idées
00!
élé dénuéd des préuves néceffai–
res pour ¡es appuyer? Qll'importe
á
l'honneu r de Co–
pernie, que quelques ancicns
p~¡¡ofophes,
ay
cm
era le
mou vemenr de la terre,
ti
les 'preuves qu 'i!g en doo–
noieo t n'onl pas élé fuffi fanles pour elll¡Jeeher le plus
graod oombre de croire le mouV,emenl do Soleil? Toul
J'avamage
a
cel ,égard, quoi qu'oo en dire, efl du eÓlé
des modernes, fl oo paree qu' ils fon t fupéricurs en lu–
mieres
iJ
leurs prédécefleurs, mais paree qo'ils fon l ve–
nus depuis. La plapar! des opillioos
des
anciens Cur Je
fyfleme du monde,
&
fur preCque tons les objels de
la
Phyoque fom
Ii
vague,s &. fi mal
prouvée~,
qu'on
n'en pea! lirer aueone lomiere réelle . On
n'y
lrouve
poinl ces délai ls préeis, exaéls,
&
profondi qui foO! la
pierrc de lOuehe de la vérilé d' un fyflcme,
&
que quel–
ques auteurs a(feélenl d'en appeller
l'apparúl ,
mais qu'
Dn
en doil regarder cnmme le eorp,
&.
la IÍlbflanee, &
qui en fo nt par conféqoenl la diffi eullé
&
le mérile.
En vaio uo CavaO! illuflre , en revendiq uant oos hypo–
lhCfes
&
oos opinioos
a
rancienoe philoCophie , a crO
la veoger d'on mépris injufle , que les vrais favans
&
les boos efprils n'onl jamais eu pour elle; fa dilrena–
lioo fur ce fujel ( imprlmée dahs le lome
X\' 111.
des
Mém. de l'Aead. des Belles-Lettres,
pag.
97, ) ne fail ,
ce me Cemble , ni beaucoup dé IOn aux modernes , ni
beaucoup d'honoeur aUI anciens, mais fetJlemcnl beau–
coul>
•
l'émdieion
&
aux lumieres de fon aUleur,
;'\voüoos donc d'uo eÓté, eo faveur de
l'lrtldition ,
que la leélure des aneieos peu l fournir aux modernes
des germes de découvcnes; de l'autre, eo faveur des.
fa vans modernas, que eeux - ti one pOlllTé beaueoup
plus loin que les anciens les preu ves
&
les conCéquen–
ces des opinions heureuCes , que les anciens s'¿loient,
pour ainlí dire, con tentés de hafarder .
U
n fa vam de nos jours, connu par de médioeres lra–
duétiotls
&
de favaos eommctltaires , ne faiCoil aucun
cas