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778

ERU

aime mieox favoir que douter, d'erre

décidé

par le cri-

tique.

_

11 Y a dans In critique deux exccs

a

fuir égalemen!,

trop d'indulgence,

&

trop de (évérité. On peut - etre

trel-bon chrétien (ans alOUter foi

a

une grande quauti–

té de faux aaes des M artyrs, de fauOes vi"s des Saints,

d'évangiJes

&

d'é pltrt' apocryphes,

a

la legende dotée

de Jaeques de V oragillc ,

a

la fab le de la donarion de

ConOantin,

a

celle de la papene Jeallne,

a

plulieurs

meme des m iracles rapport és par Grégoire de Tours

&

par d'autres écrivains crédules,

&e.

mais on ne pour–

roit etre chrétien en tejertant les prodiges, les révéla–

tions

&

les autres faits extraordinaires que rapporren!

S . Irenée , S. Cyprien, S . l\uguflin,

&e.

autems re–

fpeaables, qu'il n'elt pas permis de regarder comme

des v¡¡ionnaires .

Un autre exccs de critique di de donner tr<;>p

3UX

conjeaures : Erafme, par exemple, a rejelté téméraire–

moti!, feIon M . Fleury, quelgues écrits de

1:';01

Au–

gullin, don! le flyl e lui a paru diflerer de celui des

aUlres ouvrages de ce pere; d'autres om corrigé des

m ots qu'ils n'entendoient pas, ou nié des faits, paree

qu'ils ne pouvoien t pas les accorder avee d'amres d'u–

ne égale ou d'une moindre amorité, ou parce qu'ils ne

pOll voient les concilier avec la ehronologie dans laquel–

Je i1s fe trompoiene .

00

a voulu tout (avoir

&

IOUt

deviner ; ehacuo a rafiné fur les critiques précédens ,

pour Óter quelque fait aux hiaoires re<;urs,

&

quelqoe

oovrage aox aoteurs connus: critique dangereo(c

&

dé–

daigneu(e , gui éloign e la vérité en paroillaOl la cher–

cher.

/7?)'n

F !eory,

prrmitr di[courJ [lIr I'hifl . eecl.

ch.

iij.

&

'U.

N ous en avons eIlrail ces regles de cri–

tiq ue, qui y Cool tres ·bicn développées,

&

aUlquelles

noos ren Voyons le lcaeor.

-

L '

érudie;on

e a un genre de connoiffanee ou les mo·

dernes fe (ool di flingoés par deux raiCons : plus le mon–

de " iei llit, plus la matiere de

\'Ir"dition

augmeOle,

&

plus pa r con(équent il doir

y

avoir d' érudits; comme

il

doi!

y

avoir plos de forr enes lor(qu' jJ y a plus d'ar–

genr. D 'ail leurs I'ancienne Greee ne fai(oit eas que de

ton hirloire

&

de fa laogue,

&

les R omains n' étoient

qu'oratem,

&

politiques: ainl;

!'ér"dition

propremeot di–

te n'éloit pas extrememellt cultivée par les aneiens.

JI

fe trou va néanmoins a R ome, Cur la fin de la républi–

que,

&

enCuite du teml des empereurs, un petit nom–

bre d'é rudils , tels q.u'Qn Varron, un Pline le Natura–

Jilte,

&

quelques autres .

La uans latio n de l'empire

a

C onflautinople,

&

en–

fuite la dellruaion de I'empire d' Occident anéantirenr

bien-IÓI roote elpece de connoiOances dans cetre partic

du monde: el te fut ,barbare juCqu'

a

la fin du xv. (je–

ele; l'OrieOl (e [outinl un peu plus long-tems ; la Gre–

ce cut des hommes (avans dans la connlliffatlce des L i–

vres

&

dans I'Hilt oire . A la vérité ces hommes Cavans

ne lifoien t

&

ne eonnoilfoient que les ollvrages grecs ,

ils avoient hérité du m épris de leurs and,tres pOllf roU t

ce qui n'étoil pas éerít en leur Iangue : m ais eomme

fous les empereurs romains,

&

, m eme long- tems aupa–

ravant, plul;eurs auleurs grees , tels que P olybe, D ion,

Diodore de S ieilc, Denis

d'H~liearnafTe,

&e.

avoien!

écrit I'hifloire romaine

&

celle des aUlres peuplcs,

I'é–

Tltdition

hiflori\jue

&

la connoiffance des livres , m eme

purement grees, éroit des"lors un objet confidérable d'é–

tude pour les gens de lemes de l'Orient. Contlantino–

p ie'

&

Alexanárie avoieu t deux bibliotheques eonlí déra–

bIes; la premiere fUI détruite par ordre d' un ernpereur

infenCé, L éon l'

1

faurieo:

I~s

Cavans 'lui prélidoienr

a

cene bibliotheque s'étoient Melarés conlre le fanal ifme

avec lequel I'empereur perféculoit le eulle des images ;

ce prince imbécille

&

furieux lit eluourer de fa(eines la

bibliotheque,

&

la lit bruler- ave e le5 Cavans qui

y

é–

lOient

renfermé~ .

A l' égard de la bibliolheque d'Akxandrie, lOut le

m onde fait la manie re dont elle fut brldée par les S:ir–

raons en

640 ,

le beau rai fonnemenr Cur leque! le cali–

fe Ornar s'appuya pour celle expéd itioo,

&

l'uCage qu'

on lit des livres de cWe biblioth eque pour ehaufl<r pen–

dal1t

(j

x Inois quatre mille bains publics.

f/.

B I n

L

l

0 j

T

HEQ.UE

.

Photius qui vivoit fur la fin dn jx. oeele, lorfque

J'OccideOl étoit plongé dans l'ignorance

&

dans la bar–

barie

la

plus profonde, nous a laitré dans [a fameure bi–

bliotheque un monurn cnt immortel de fa valle

'rudi–

ti.,,:

on voit par le grand nombre d' ouvrages dont

il

juge, donr

iI

rapporre des fragmens ,

&

don! une gran–

de parlie elt aujourd'hui perdue) que la barbarie de Léotl

~

celle d' Ornar n' avoient pas encore tOUt délruit en

-ERU

Grece; ces

ouvr~ges

font au nombre d'enviroo l 80.

Quoique les (avans qui [uivlrent Photius n'ayem pas

eu autatit

d'lrlldition

que lui, cependant long-tems a–

pres Photius,

&

m eme. juCqu'a la prife Fe Conflalllino–

pie par les Tures, en 14)3, la Grece

e~H

IOOjours que l–

ques hommesI nllruits

&

"erCés (do moins pour lenr

lems) dans

l'~i floire

&

dans les Lenres, PCellus , Sui–

das, Euflalhe commenrateur d'Homere,

Tzel1.es,

Bo[–

farion, Gennadius,

&e.

On eroit eornmunément que la deflruaion de l'em.

pire d'Orien! fut la cauCe du renouvellemeOl des Let–

tres en Eorope; que les favans de la Grece , chalfés

de Conltanlinople par les Turcs,

&

appellés par les

Meaieis eu !talie, rapporlerent la lumiere en Oecident :

cela efl vrai jurqu'a un certain point ; m ais l'arrivée des

favans de la Grece avoit été préeédée de I'invemion de

1'1

mprimerie , f!li te quelques années auparavant, des on–

vragos du Dante, de Péltarque

&

de Bocaee , qui a–

voient ramené en Italie l' aurore du bon goQI; cnfin

d'un petit nombre de (avans qui avoient commencé

it

J ébrouiller

&

meme

a

eultiver avee fued:s la lilléraltl–

re laline, tels que le Pogge, Laurent Valla, Phileiphe

&

quelqucs autres. Les grecs de Conflantinople ne fu–

rem vraimenl utiles aux gens de leures d'Occidetlt, que

pOllr la eonnoilfance de la langue greque qu'ils leur ap

priren!

a

étudier: ils formerem des éleves, qui bientÓt

égalerent ou [urpaaerent lems ma;"es . Aino ce fuI par

I'élude des langucs greque

&

latine que

l'ér"diÚo1J

re–

naquit: l'étude approfondie de ces langues

&

des au–

teurs qui les avoieOl parlées, prépara in[en(jblemenr les

e(prits au gout de la f.,ine lillératme; on

5'apper~ut

que

les

Démoflhenes

&

les Cicérons, les H omeres

&

les

V irgiles, ¡es Thueydides

&

les Tacites avoieOl fuivi les

m emes principes dans l'art d'éerire,

&

on en cone:ut

que ces prineipes t'loieOl les

fon~emens

de l' arl. Ce–

pendant, par les

r~ifons

que nous avons expo(ées d3ns

le Difcoms prélim inaire de eel Ouvrage, les vrais prin–

cipes du goul ne furent bien connus

&

bien dúelop–

pés que lorCqu'on

commen~a

:\ les appliquer aUl lan–

gues vivaOles.

M ais le premier avanlage que produiot l' érude des

Laogues fut la crilic::ue, dont nous avons déja

p~rJé

plus

haut: on purgea les anciens textes des faules que l'igllO–

rallee ou l'inalleOlion des copifles

y

avoicnr inuoduiles,

on y refl iroa ce que I'injure des toms avoit détiguré;

on expliqua par de favans commentaires les endroits ob–

feurs ; on fe forma des regles pour diflinguer les écrits

vra;s d'avec les écrils fuppofés , regles Jondées fur la

connoiffance de l'Hifloire, de la Chronologie, du Ityle

des auteurs, du gout

&

du caraacre des différens lie–

eles . Ces regles furent prineipalemem uliles' lorfque nos

f.1v3 ns, apres avoir eomme épui(é la littératute latine

&

greque, fe rournerent vers ces tems barbare s

&

té–

nébreux qu'on appelle

le

moyen

tige.

On fail combien

nolre nation s'crl diJlinguée dans ce genre d'é tude; les

noms

des

Pithou , des SaiOle-Marthe, des Ducange ,

des Valois, des M abillon,

&e.

fe

[001

immortalil,¿s

par elle.

,

Graees aUl< travaux de ces favaos hommes, l'antiqlli–

&

les tems poflérieurs ront non-feulement défrichés,

m ais pre(q ue elltierement eonnus,

0 U

du moins al1ffi

conous qu'i1 efl pomhle. d'apres les m onumens qui nous

reflent . Le

bOÚ I

d~s

ouvrages de be! efprit

&

l' érode

des fciences exnaes a (ueeédé parmi nous au gOU t de

nos

peres pour les matieres

d' /r" dition.

C eux de nos

co ntemporains qui cultivent eneore ce dernier geme d',,–

tud~,

[e plaignenl de la préférenee

exclu(jv~

&

injuriell–

fe que nous donnons á d'autres objets;

'IIo)'ez I'hifloire

de I'Acad. des B elleJ-L ettreJ , tome XVI.

Leurs plaiu–

les (one raifonnables

&

dignes d' etre appíly¿es; mais

qllelques-unes des rai(olls qu'ils apponen! de celle pré–

férenee ne paroiCrent pas aum ineonteflabl es . La cultu–

re des L omes , diCellt-i1s, Veut clre préparée par les é–

tu des ordinaires des colléges , préliminaire que l' érude

des Math¿ matiques

&

de la Phy6que ne demande pas _

Cela en " rai ; m ais le nombre de jeunes gens qui for–

tent tOUS les

~ns

des écoles publiques, étanr tres-con (j–

dúabJc, pourroit fouroir ehaque aooée

a

l'

IYIldition

des co!onies

&

des recrues tres- (uffi laOles, (j d'aurres

raiCons, bonoes ou mauvai(es, ne

lOurnoi~m

le. e(prilS

d'ull au tre dlté.

L~s

Mathématiques, a,ollte- t-on, foor

compoCées de partíes dillinguées les unes des autres,

&

dont on peut eultiver

ch~cune

Céparémenr; au lieu que

toutes les branches de

I'ir"dition

tieuneot emr'elles

&

demaudent

a

etre"embraOees

a

la fois. 11 elt airé de ré–

pondre.

10.

qu'il y a dans les M athématiques un grand

nombre de partie¡ qui fuppofent la connoiffance des au-

tres;