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ERU
aime mieox favoir que douter, d'erre
décidé
par le cri-
tique.
_
11 Y a dans In critique deux exccs
a
fuir égalemen!,
trop d'indulgence,
&
trop de (évérité. On peut - etre
trel-bon chrétien (ans alOUter foi
a
une grande quauti–
té de faux aaes des M artyrs, de fauOes vi"s des Saints,
d'évangiJes
&
d'é pltrt' apocryphes,
a
la legende dotée
de Jaeques de V oragillc ,
a
la fab le de la donarion de
ConOantin,
a
celle de la papene Jeallne,
a
plulieurs
meme des m iracles rapport és par Grégoire de Tours
&
par d'autres écrivains crédules,
&e.
mais on ne pour–
roit etre chrétien en tejertant les prodiges, les révéla–
tions
&
les autres faits extraordinaires que rapporren!
S . Irenée , S. Cyprien, S . l\uguflin,
&e.
autems re–
fpeaables, qu'il n'elt pas permis de regarder comme
des v¡¡ionnaires .
Un autre exccs de critique di de donner tr<;>p
3UX
conjeaures : Erafme, par exemple, a rejelté téméraire–
moti!, feIon M . Fleury, quelgues écrits de
1:';01
Au–
gullin, don! le flyl e lui a paru diflerer de celui des
aUlres ouvrages de ce pere; d'autres om corrigé des
m ots qu'ils n'entendoient pas, ou nié des faits, paree
qu'ils ne pouvoien t pas les accorder avee d'amres d'u–
ne égale ou d'une moindre amorité, ou parce qu'ils ne
pOll voient les concilier avec la ehronologie dans laquel–
Je i1s fe trompoiene .
00
a voulu tout (avoir
&
IOUt
deviner ; ehacuo a rafiné fur les critiques précédens ,
pour Óter quelque fait aux hiaoires re<;urs,
&
quelqoe
oovrage aox aoteurs connus: critique dangereo(c
&
dé–
daigneu(e , gui éloign e la vérité en paroillaOl la cher–
cher.
/7?)'n
F !eory,
prrmitr di[courJ [lIr I'hifl . eecl.
ch.
iij.
&
'U.
N ous en avons eIlrail ces regles de cri–
tiq ue, qui y Cool tres ·bicn développées,
&
aUlquelles
noos ren Voyons le lcaeor.
-
L '
érudie;on
e a un genre de connoiffanee ou les mo·
dernes fe (ool di flingoés par deux raiCons : plus le mon–
de " iei llit, plus la matiere de
\'Ir"dition
augmeOle,
&
plus pa r con(équent il doir
y
avoir d' érudits; comme
il
doi!
y
avoir plos de forr enes lor(qu' jJ y a plus d'ar–
genr. D 'ail leurs I'ancienne Greee ne fai(oit eas que de
ton hirloire
&
de fa laogue,
&
les R omains n' étoient
qu'oratem,
&
politiques: ainl;
!'ér"dition
propremeot di–
te n'éloit pas extrememellt cultivée par les aneiens.
JI
fe trou va néanmoins a R ome, Cur la fin de la républi–
que,
&
enCuite du teml des empereurs, un petit nom–
bre d'é rudils , tels q.u'Qn Varron, un Pline le Natura–
Jilte,
&
quelques autres .
La uans latio n de l'empire
a
C onflautinople,
&
en–
fuite la dellruaion de I'empire d' Occident anéantirenr
bien-IÓI roote elpece de connoiOances dans cetre partic
du monde: el te fut ,barbare juCqu'
a
la fin du xv. (je–
ele; l'OrieOl (e [outinl un peu plus long-tems ; la Gre–
ce cut des hommes (avans dans la connlliffatlce des L i–
vres
&
dans I'Hilt oire . A la vérité ces hommes Cavans
ne lifoien t
&
ne eonnoilfoient que les ollvrages grecs ,
ils avoient hérité du m épris de leurs and,tres pOllf roU t
ce qui n'étoil pas éerít en leur Iangue : m ais eomme
fous les empereurs romains,
&
, m eme long- tems aupa–
ravant, plul;eurs auleurs grees , tels que P olybe, D ion,
Diodore de S ieilc, Denis
d'H~liearnafTe,
&e.
avoien!
écrit I'hifloire romaine
&
celle des aUlres peuplcs,
I'é–
Tltdition
hiflori\jue
&
la connoiffance des livres , m eme
purement grees, éroit des"lors un objet confidérable d'é–
tude pour les gens de lemes de l'Orient. Contlantino–
p ie'
&
Alexanárie avoieu t deux bibliotheques eonlí déra–
bIes; la premiere fUI détruite par ordre d' un ernpereur
infenCé, L éon l'
1
faurieo:
I~s
Cavans 'lui prélidoienr
a
cene bibliotheque s'étoient Melarés conlre le fanal ifme
avec lequel I'empereur perféculoit le eulle des images ;
ce prince imbécille
&
furieux lit eluourer de fa(eines la
bibliotheque,
&
la lit bruler- ave e le5 Cavans qui
y
é–
lOient
renfermé~ .
A l' égard de la bibliolheque d'Akxandrie, lOut le
m onde fait la manie re dont elle fut brldée par les S:ir–
raons en
640 ,
le beau rai fonnemenr Cur leque! le cali–
fe Ornar s'appuya pour celle expéd itioo,
&
l'uCage qu'
on lit des livres de cWe biblioth eque pour ehaufl<r pen–
dal1t
(j
x Inois quatre mille bains publics.
f/.
B I n
L
l
0 j
T
HEQ.UE.
Photius qui vivoit fur la fin dn jx. oeele, lorfque
J'OccideOl étoit plongé dans l'ignorance
&
dans la bar–
barie
la
plus profonde, nous a laitré dans [a fameure bi–
bliotheque un monurn cnt immortel de fa valle
'rudi–
ti.,,:
on voit par le grand nombre d' ouvrages dont
il
juge, donr
iI
rapporre des fragmens ,
&
don! une gran–
de parlie elt aujourd'hui perdue) que la barbarie de Léotl
~
celle d' Ornar n' avoient pas encore tOUt délruit en
-ERU
Grece; ces
ouvr~ges
font au nombre d'enviroo l 80.
Quoique les (avans qui [uivlrent Photius n'ayem pas
eu autatit
d'lrlldition
que lui, cependant long-tems a–
pres Photius,
&
m eme. juCqu'a la prife Fe Conflalllino–
pie par les Tures, en 14)3, la Grece
e~H
IOOjours que l–
ques hommesI nllruits
&
"erCés (do moins pour lenr
lems) dans
l'~i floire
&
dans les Lenres, PCellus , Sui–
das, Euflalhe commenrateur d'Homere,
Tzel1.es,Bo[–
farion, Gennadius,
&e.
On eroit eornmunément que la deflruaion de l'em.
pire d'Orien! fut la cauCe du renouvellemeOl des Let–
tres en Eorope; que les favans de la Grece , chalfés
de Conltanlinople par les Turcs,
&
appellés par les
Meaieis eu !talie, rapporlerent la lumiere en Oecident :
cela efl vrai jurqu'a un certain point ; m ais l'arrivée des
favans de la Grece avoit été préeédée de I'invemion de
1'1
mprimerie , f!li te quelques années auparavant, des on–
vragos du Dante, de Péltarque
&
de Bocaee , qui a–
voient ramené en Italie l' aurore du bon goQI; cnfin
d'un petit nombre de (avans qui avoient commencé
it
J ébrouiller
&
meme
a
eultiver avee fued:s la lilléraltl–
re laline, tels que le Pogge, Laurent Valla, Phileiphe
&
quelqucs autres. Les grecs de Conflantinople ne fu–
rem vraimenl utiles aux gens de leures d'Occidetlt, que
pOllr la eonnoilfance de la langue greque qu'ils leur ap
priren!
a
étudier: ils formerem des éleves, qui bientÓt
égalerent ou [urpaaerent lems ma;"es . Aino ce fuI par
I'élude des langucs greque
&
latine que
l'ér"diÚo1J
re–
naquit: l'étude approfondie de ces langues
&
des au–
teurs qui les avoieOl parlées, prépara in[en(jblemenr les
e(prits au gout de la f.,ine lillératme; on
5'apper~ut
que
les
Démoflhenes
&
les Cicérons, les H omeres
&
les
V irgiles, ¡es Thueydides
&
les Tacites avoieOl fuivi les
m emes principes dans l'art d'éerire,
&
on en cone:ut
que ces prineipes t'loieOl les
fon~emens
de l' arl. Ce–
pendant, par les
r~ifons
que nous avons expo(ées d3ns
le Difcoms prélim inaire de eel Ouvrage, les vrais prin–
cipes du goul ne furent bien connus
&
bien dúelop–
pés que lorCqu'on
commen~a
:\ les appliquer aUl lan–
gues vivaOles.
M ais le premier avanlage que produiot l' érude des
Laogues fut la crilic::ue, dont nous avons déja
p~rJé
plus
haut: on purgea les anciens textes des faules que l'igllO–
rallee ou l'inalleOlion des copifles
y
avoicnr inuoduiles,
on y refl iroa ce que I'injure des toms avoit détiguré;
on expliqua par de favans commentaires les endroits ob–
feurs ; on fe forma des regles pour diflinguer les écrits
vra;s d'avec les écrils fuppofés , regles Jondées fur la
connoiffance de l'Hifloire, de la Chronologie, du Ityle
des auteurs, du gout
&
du caraacre des différens lie–
eles . Ces regles furent prineipalemem uliles' lorfque nos
f.1v3 ns, apres avoir eomme épui(é la littératute latine
&
greque, fe rournerent vers ces tems barbare s
&
té–
nébreux qu'on appelle
le
moyen
tige.
On fail combien
nolre nation s'crl diJlinguée dans ce genre d'é tude; les
noms
des
Pithou , des SaiOle-Marthe, des Ducange ,
des Valois, des M abillon,
&e.
fe
[001
immortalil,¿s
par elle.
,
Graees aUl< travaux de ces favaos hommes, l'antiqlli–
té
&
les tems poflérieurs ront non-feulement défrichés,
m ais pre(q ue elltierement eonnus,
0 U
du moins al1ffi
conous qu'i1 efl pomhle. d'apres les m onumens qui nous
reflent . Le
bOÚ I
d~s
ouvrages de be! efprit
&
l' érode
des fciences exnaes a (ueeédé parmi nous au gOU t de
nos
peres pour les matieres
d' /r" dition.
C eux de nos
co ntemporains qui cultivent eneore ce dernier geme d',,–
tud~,
[e plaignenl de la préférenee
exclu(jv~
&
injuriell–
fe que nous donnons á d'autres objets;
'IIo)'ez I'hifloire
de I'Acad. des B elleJ-L ettreJ , tome XVI.
Leurs plaiu–
les (one raifonnables
&
dignes d' etre appíly¿es; mais
qllelques-unes des rai(olls qu'ils apponen! de celle pré–
férenee ne paroiCrent pas aum ineonteflabl es . La cultu–
re des L omes , diCellt-i1s, Veut clre préparée par les é–
tu des ordinaires des colléges , préliminaire que l' érude
des Math¿ matiques
&
de la Phy6que ne demande pas _
Cela en " rai ; m ais le nombre de jeunes gens qui for–
tent tOUS les
~ns
des écoles publiques, étanr tres-con (j–
dúabJc, pourroit fouroir ehaque aooée
a
l'
IYIldition
des co!onies
&
des recrues tres- (uffi laOles, (j d'aurres
raiCons, bonoes ou mauvai(es, ne
lOurnoi~m
le. e(prilS
d'ull au tre dlté.
L~s
Mathématiques, a,ollte- t-on, foor
compoCées de partíes dillinguées les unes des autres,
&
dont on peut eultiver
ch~cune
Céparémenr; au lieu que
toutes les branches de
I'ir"dition
tieuneot emr'elles
&
demaudent
a
etre"embraOees
a
la fois. 11 elt airé de ré–
pondre.
10.
qu'il y a dans les M athématiques un grand
nombre de partie¡ qui fuppofent la connoiffance des au-
tres;