(
756
EQU
de crainte que quclque dieu ne revcille enfin les Tro–
yens. D iomede reconnoilfanr la " oix de Pallas , mon–
te Rufli-tÓr
i\
cheval,
&
pan fuivi d'Uly lfe . Jufque-Ia
Homere a marqué cxaélemenr topres les circon!lances
de l'enrrepriCe dans lefquelles la déelfe .prcta fo n fe–
COurs aux héros Grecs; il confl !le
a
los conduire
fa–
remem a-travcrs Je camp,
ii
favoriCer le marfacre des
Thraces
&
I'enlevemenr des chevaux;
¡,
Je~
obliger de
partir, lorfque l'appas d'avoir des armes d'or le retiem
m31-il-propos, mais nullemenr
iI
les placer Cur le¡¡ ehe–
vaux;
&
une fois Con is du cam po, elles les quine, quoi
qu'en air dir
M. F
rerer; cur dans Hom efe, elle n'ac–
compagne pas leur retour comme eer aeadé¡nicien I'a–
van ee gratuitcmenr . S 'il ' étoir vmi eependant, 9u'i 16
curfenr eu beCoin d'elle la premiere fois pour monrer
a
cheval,
Con
Cecours n'e8r pas été moins néeerfairc
a
D ioméde, quand
iJ
fur obJigé de fauter
3
terre pour
prendre les armes dc D olon,
&
de remonrer
tout
de
fuiJe;
&
Homere n'auroit' pas manqué de le faire . re–
m arquer, ear
iJ
ne devoit pas ignorer qu'on ne devient
pas
ti
vl,ee bon oavalier .
Difons donc que c'e!l uniquement parce qu'il étoie
trcs-ordinaire dans les (tems héroiques de
mon~r
a
che–
vlll , q,u'Homere ne f:tie poine intervenir le m íni!lere de
Rallas
o'l!1>
une aélion
Ji
conl'mune.
.
L e
XV.
livre de 1'lIiade nous olfre un exemple de
1" 1uita,tion,
dans lequel cee
a~t
a
porté
ii
un deg ré
de perfeélion bjl:n 'fupérieur
¡¡
ce que nous o Cerions
exiger auj burd'hui de nos plus habiles écuyers . •Le
poete gui veu e Mpelndre l:i force
&>
l'agilité d' Ajax qui
palfant rapidemerH d'un varfreau
a
I'autre , le qéfend
cous
a
,fa foís, fair la com¡ía.aiCo ) fqivam.
u
íRel
q 'un écuyer- habile, accoutum é
:l
Il,lan ier; plu–
" fi eurs ehevaux
a
la fois ; en
~
choili quarrt' des plus '
" vigbmeu
x
&
des plus vIces,
&
en préfence-de
COut
un
peuple qui le regaTde a"ec adm iratíon , lle poulre a
" toure bride , par un chemin publk, j uCqu'a ufle grall–
" de ville
011
I'on a liryiré fa courfe' : en feod anr les
)' airs , il pa lre legerement de l'uo
a
l'aune,
&
vole
avec eu". Tel Aj ax ,&c."
(a )
M.
Frerer veut q 'Homere, pour orncr fa nar–
ratloo,
&
la rendre plus c1aire, air ex pliqué en ce! en–
droit des eHoCes anc¡elllles par des images
familie~
..s
i\
foo (lede: tel
di,
ajoOee-t-il, le bU{ de fes comparai –
foos,
&
ell paniculier de celle-ci : " tout ce qu'on en
" peut conc lure, c' ea que I'art de
1'¡'{uiMtion
étoit
" commun de fon tems dalls l'lonie. Bes fGhol'ia!l es
d'H omere lui font un crime d'avoir emprunté des
" compataif0n s
de
l" 'luitation;
ils ,les o,lIe regarslé com-
me un anachronifme, tam ils é toient p'erfuadés que
" cet are éroit 'c:Jcore nouv!au dans la Grece du' rems
" d'H omere " . Nlllis ils om cru, fans exam n ,
&
íll\lS
avoir 6c1airci la que!lion . PuiCqu,:\ daos toute I' é–
c ono mie de fes poemes , H bll)ere
6ft
(j
exa&-, (l. Céve–
re obfervaecur des ufages
&
des tems , qu'il paro;t t08-
j o urs trallfporré dalls celui
mi
vivoient res héros,
&
qu'on De peut , fe lor;¡ les m emes Icholianes, lui r¡pro()–
eher aucun autre anachroniíhJe : par quel le" ra'iCon cro i–
ra-t- on qll'i l Ce foit permis celui-ci? D ira-tcon qu'il n'a- ,
" oir pas aUez de relfource dnns' fon génic pour varier
&
ranimer fes peintures? De plus, Homere rf'a vecu
que trois celHs. nns
e
b)
apres la guerre de Troye:
UI1
fi cou re iotervaIle eff-ir rumiant pour'Y placer
a
la Iois
la nailrancc
&
les progres de
I" 'lu;tation,
{YJ
o ur la
porter
a
un degré de perfcél¡l'>r. duq ut>1 nous ,
omm.es,encore (ore é Joig nés? Ceu e réftexio n tire du
'~f.y!le me
de
M.
Freret une' nou\'eIle force, en 'ce qu'¡¡
11e'
pla–
ce dans I' lonie
111
connoilrance de I'art de momer
a
chev'tl/,
que
1
f a .
ans apres la gueHe de TroyeJ.
H omere a (ilí vi.conffammem les anciellnes rraditions
de la Grece ; il d"peínt toujo urs res héros , rels qu'on
croyoit qu' il s avoient été. L eurs caraéleres , leurs paC–
fi OllS, leurs jeú x, lOut ell conforme
3ti
Couvenir q u'o n
eo co nfervoie en eore
q~
Con tems, C 'eft. ainl; qu'il filie
dire
a
H élene , " je ne vois
( lIiad. /iv.
111,)
pas mes
" del1x freres ",
Can.or(l celebre dans. les co mbats a
cheval,
h""ót..
p." ,
&
P oIlu x
(j
renommé daos les exer–
cices du cene. Ce pamtge ne fait aucune impreffion
Cur
M.
F reree.
L e
!!om de
dompUttr de ch,vattx,
I"",,~¡"p." ,
de
condrtét,,,r,
de
cavali'er ,
ou en core celui de
Ca)
Au
v,
liv. dc
I'OtlyJfée ,
'V.
366. un 'coup de vent
ay.ntbrifé ,rcrq\¡jf qui renoit
a
Ulyffe apros
la
tempete qu' il
cffu ya en fort.m de l'lle de Calypfo ,
i1
en f.iflt une plan–
che fur laquelle il Guta ,
&
s'y pofa comme un homllle
fe met fur un cheval de felle .
M .
Freret feroit fans dou-
EQU
1"!t.;(U,
'1r,C""'CfF"
;1TIf1:'O',
,o,..[cen{ores eqttorum
"
doqt fe fert ,
en pnrlane de ces memes Tyndarides, I'auteur des hr m–
nes nttribuées
a
H omere; tous ces ooms fom dOlJnés
quelquefois
11
des Grecs ou
a
des Troyens montés fut
des chars, donc ils ne lig nifiem jamais autre chofe dans
le langage de ce tems-Ia . Ce raiCo nnemenr e!l-il bien
ju!le?
iI
le feroie davantoge, (l I'on convenoit que ces
mots ont quc\ql1efois eu J'une
011
J'autre (jgniticalion:
mais en ce cas ,
M.
Freree ne ppurroit nier que le ci–
fre de
conduéfeur,
de
c4valier,
';,..M~G'
tr,ou"
que Ne–
!lor
(lIiad.
XI.
v ,
74f. )
don ne ao chef des E I¿ens .
ne veuille dire ce qu'i/ die efleélivemem. Parce q ue
ce
chef combattoit [ur un char, cela r;¡'e,mp,éche pas qu'ij
n'ait commandé des gens de
ch,v al.
00
peut dire la
m eme chofe d' Achille
&
de , Patroclc , 9u' Homere
( l/iad.
16,)
noml,De
des cava",,"s,
;"."..••
1,...&•.
Ple(lelHs autres parfagcs de 1'lIiade, femblenr défigner
des
~ens
de
,hcval.;
m ai,s ils, n'out rat)S doute
p~ru
.di–
gru:s
·d'aucuue cOnlldé¡atlon a
M.
Freret, ou bien 11
a
erainr qll'ils ne fu(fent aurant de
pretlve~
eOnlre fo n fen,
tiroem
( lIiad. Jiv .
XVl/I,).
On voyoie fur le bo uclier
d' Achille, une ville invellie,
par
les arméc! de deulC
peup le diflerens: I'un vouloir détrujte les aíTiégés
p~r
le fcr
,&
par
le'
feu; I'a utre élOie réColu de les rece–
,voir
i
.compo(jtion.
Pendat~t
q'u'ils diCpulOicnt eOlr·eux.
•
c~ux
de la ville érant fort!s avcc bcauco up de . fecree,
fe m enen't en embuCcade,
&
ron¡:!em tOQt-a-coup for
les tfoupeaux des afliégcans : auffi-tul l'allarme
Ce
répand
dan s les deux armées '; rous prennem a la hate leurs ar–
mes;
&
leurs chevaux,
arma
&
e'luo! .propere ayyipitmt ,
&
I'o n marche a I'ennem i. L a célérité d'Qn tel mouve–
men t convient m ieux
11
de la cavarerie qu'a "des cmrs :
n'eO t-elle pas été bien ralemie p3r
le,
tems qu'i l au r0 it
fall u pour préparer ces chars,
&
les urer hors des deux
camps?
11
e!l dit dans le. combat particulier de M énelas con–
tre P aris
(.lliad. I;v. 111
),
que los troupes s'affireot
tou tes par terr e chocun ayaD! pre's de [oi fes armes
&
fes chevaux ,' D oir-on enlendre par ce dernier
mil!
des chevaux arrel és :. des ehars? Oelu,i qui les conduí–
[oit
&
celu i qui com banoit derfus, étoient I' un
&
I'au-.
tre d'un rang di!lingué,
&
o'étoient pas geos a .s'alfeoir
par terre , confondus avec les moindres foldats : d'ail–
leurs il s eulrent été mieux ams
d~ns
leurs chars; c'é–
lOi!, pendant ce combat, la fltuat ion la plus
avantageu~
fe, pour m ieu:.: remarquer ce qui s'y palfoit . Les gens
de
cheval,
2U
contraire , en defccndent fort fouvem
.poor fe délalfer, eux ,
&
leurs
chevaux.
D:I'Ils le comba!
d'
Ajax contre H eélor
e
lIiad. liv.
PII. )
o n trou ve encore une preuve. de
I""u;tat ion.
L e hé;os troyen dit
a
fon .dverraire:
j' fais manier la
lance ;
&
foit
ti
pié, foit
ti
cheval, je Jais pOllff,r mon
el¡nemi.
N e femble-t-íl pas dans plu(leurs combAts généraux ,
que
1'0 l!
voye manreuvrer de véritables troupes de ca–
valeri e?
Chacun fe' prépare au combat -(
liiad. liv .
Il.
Otl
bien X l .)
&
ordonne
a
ron écuyer de tenir fon char
tOUt prc t
,&
de le ranger fur le bord dn fo(fé: toure
I'armée fore des retranehemens en ba n o rdre : I'iufan–
terie fe met en bataille aux prc m iers rangs,
&
elle
e!l fo{)¡enue par la cavnlerle qui déploye fes alles
,
"dcrfiere les bataillo ns, . . . ... . Les Troyens de Icor
tÓté étendent leurs baeaillons
&
leurs eCcadrons fur
" la colline ".
.
Ici le mor
chac fm
ne doit s'appliquer qu'aux ehefs :
. pour p'eu qu'on /ifé H omere avec alte,ution, on " cn ..
<lu'il n'y avoie jamais que les prineipaux capitaines qui
furfene aans des
~hars.
Le no mbre de ces chars ne de–
voi~
pas etre bien eonfl dérable
~
puiCq u'ils peuveor c!tre
rangés fur le Dord du folfé . Q uan r
a
I'infaoreric
&
1.:\
cavalerie, la dírpo(jtion en e!l flm pJe,
&
ne pourrOlt
pas- erre au rremene rendue aujourd'hui, qu'il n'y a plus
dI!
chars dans les armées.
Si les Troyens n'eulrene eu que des efcad rons de
chars, ce n'erl pas fur une colline qu'i1s les eulfeot
placé~ ;
&
I'on doi't eneendre par
eJcadro?1S,
ce que les
Grecs ont ro8j ours eneendu,
&
ce que noos compre–
no ns fous cene déoomination .
L a
deCcription du cambat ne prouve pas moíos, que
1'0r-
te 11
cette comparaifon la meme réponfe qu'
¡¡
la précé–
dente, quoíque avec auffi peu de fon dement .
eb ) Selon les marbres d'Arondel , le P. Pétau place Home–
re deux cents ans apres la goerre de Traye.