EQU
., nous
en
tirons aujourd'hui , foit pour le voyage, foie
" pour la guerre " .
Telle en la pro¡:o{irion qui fair le fuj er de fa dilfer–
ration : elle en remplie de recherches c urieufes
&.
fa–
vances, mais qui, toutes prifes dans leur vérirable fens,
l'euvent [ervir
iI
prouver le concraire de ce qu 'il a–
'\lance.
Apres avoir érabli po ur principe qu'Homere ne par–
le en aucuo eodroir de fes poemes , de ca valiers, oi
de cavalerie,
iI
prérend que ce pocre, quoiqu'il écrivie
daos un rems ou
1',,¡lIitaÚon
éroil connue, s'en néan–
m oins abnenu d'en parler.,
PQur
ne pas choquer fes le–
deurs par un anachronifme conrre le conume, qui eüt
¿ré remarqué de roul le mo nde. Cel argumen r négarif
ert la baCe de tous Ces raifon nemens;
&
M. Freret
n'oublie ríen pour lui donner d'ailleurs une force qu'il
ne fauroil avoir de fa namre.
Pour cel elfer,
1 0.
il examine
&
combar tous les
~é
moignages des écrivains po rtérieurs ;,. Homere que l'on
peur lui oppoCer:
2,0 .
il diCcure dans quel tems. "nI éré
élevés les plus anciens mOllumens de la Grece, fu r leC–
quels on voyoit repréfentés des cnvaliers ou des hom–
mes
a
cheval, pour montrer qu'ils font rous poflérieurs
a
l'érabl ilfe~ent
de la courfe des che\'áux dans les jeux
olympiques;
3°.
iI
cherche • preuver que la fa ble
des Centaures n'avoil dans fon origine aucun rapp'orr
a
l'/quitation:
4°.
i! rermíne fes recherchts. par quelques
conjeaures fur le tems OU i! 'croir que I'an de monter
:1
cheval a commeocé
d'~rre
eonnu des Grees. .
Examen du texte d'Homere.
Puifque Homere ert
regardé , pour ain{i dite, comme le juge de la quefl ion,
voyons d'aDord fi fon filence ert rée!,
&
fi
nous ne
pouvons pas rrouv er dan s Ces ouvrages des rémoiglla–
ges po(i lifs en faveur de
l'éqllitatiun .
Dans le Mnombrement (
lIiad. l.
Il.
)
des G recs
qui Cuivirent Agame onon au Ilége de Troye , il eCl dil
de
Minejlhée,
le chef des A lhéniens, " gu'il o',\voit
" pas Con égal dans l'are de menre en baraille toute
" f"ne de rroupes , foir de cavalerie, ..foil d'infan re–
" rie " . Sur quoi il en bon d'obrerver que les A rhé–
niens habitoienl un pays eoupé, momueu", rr1:s-d iffi–
cile,
&
cans lequel l'urage des ehars éfoil bien peu
pr'liqu.ble.
On IrOuve p.rmi les troupes troyennes /"
belli'l'u"x
efcadron, de> C ico";e,,,;
&
l'on voil dans r 00y tfée
(
livre
IX.
pate
262 .
¿dit .
1741. )
que ces Ciconiens
favo ienr tres-bien comballre
a
eheval,
&
qu'ils fe dé–
feudoieo r aum
i\
pié, quand il le faHt'lil . Quoi de plus
clair que I'oppo(i rion de combaure
a
pi;
&
de .com–
hame
¡¡
cbeval"
I/J !toient en
piJIJ
grand n.mbre;
;oi–
la
done beaueoup de gens de cheral . Mada me D ader
le
dil de meme dans ia rraduaion : elle penCoir done
aurremenr qlland eUe compofa la préfaee de fa tradu–
a ino de 1·l liade.
Quaod N ertor conCeil le (
lIiad. l.
V Il.
)
au! Grees
de retraneher leur eam'p : " nous ferons, leur dir-il,
" Ull folfé large
&
profond, que les hom¡nes
&
les
" chevaux oe puiaenl franchi r ". Que peur-on enren–
dre par ces mOlS,
fi
ce n'ert des chevaux de cav.liers?
Les Grecs avoiem-i1s natureUcment a craindre que des
chars .rrelés de deux, lreis nu quatre chevaux franchif–
fene des foHes ?
U lylfe
&
D iomede (
lIiad.
l. X.
)
s'éram ehargés
d'aller reconnoitre
pend~or
la nu;r la poririoo
&
les deC–
feios des Tro)'ens, reneoOlrerent Dolon, que les Tro–
yeos eovoyoienl au camp des Grecs dans le
m~me
deC–
fein,
&
ils apprirenc de lui que Rhéfus, arrivé nou–
veUemenr
a
la rere des Thraees, campoit dans un quar–
tier féparé du refle de I'armée. Sur cer avis les deux
h éros coupenr la rere de D olon, prelfenl leur marche ,
&
arriveO[ dans le camp des Thraces , qu'ils rrpuve–
reO[ tous endormis, chacun d'eux .yam aupres de
Coi
fes armes
a
rerre
&
Ces ehevaux . l is étoienr couchés
fur rrois ligues; au m ilieu dormoil Rhérl1s leur chef,
d onl les
ehev.uxélOielll aum lOur-pres de lui, ana–
c\¡és
a
fon char.
Diomede fe jerre aUm-rlll Cur les Thraces, en égor–
ge
plufiel1rs,
&
le roi lui·meme: apres quo; ; pcndaO[
qu'Ulyfle va déracher les chevaux de R hérus,
iI
crr.1ye
d 'en enlever le ehar; mais Minerve lui ordonne d'ab.n–
dooner eetre eotreprire . Il obéir, rcjoim Ulylfe,
&
m oorant ainti que lui fur l'uo des chevaux de R hérus,
jls ronell! du eamp
&
voleO[ vers leu rs
v~ifTcaux
, pC;>uf–
fam les chevaux, qu'ils foiierreor avec UJl are . Arnvés
dans I'endroil uu ils avoient lailfé le corps de D olon,
D iomede
f~ure
legeremem
!
rerre, prcnd les 'r mes de
¡'e[pion troyen, remonte prompremem
a
cheval ,
&
U-
Tome
V.
EQU
755
Iylfe
&
luí conrinuent de poulfeF
~
roure bride ces fo u–
gueux courfiers, qui fecondenr merveilleu remelll leur
imparience . N ertor emend le bruir,
&
dir :
i/
me fcm–
bIt
'1,,',m
br/út r."rd, comme d',me marche de che–
vaux a frappé
m<J
or.iI/a.Tour leaeur no n prévenu yerra Cans doure dans cer–
re épirode une preuve de la connoilfance que les
Gre~s,
ainli que les Thraees, avoiem de
1'''qu;tatiOl1.
Lés
cavaliers rhraces, couehés fur rrois raogs ',
0 01
leurs
chovaux
&
leurs armes aupres d'eux; mais les che–
vaux de Rhérus fOIlL anachés
a
fon char , fur lequel
éroien r fes armeS:
&
c'ert-Ia le feul char 'lu'ou ap–
per~oive
dans cerre tr0Upe. . D 'ou I'on doit conclure
que les chefs des efeadroos étoiem feuls fur des chars .
Q uelW ert l'oeeuparion d'UlyfTe, pend:lIlr que D io –
m ede ' égorge les principaux d'ellrrc les Thraces ? C 'ef1
d'en
r~rirer
les eorps de cllré, afin que le pa!l'Jg e ne
mr point embarrafTé.
11
l'eul élé bien davanrage par
des chars: eepeodant
omere n'en dir rien.
Penfe-r-on d'arlleurs qu'il .eu r éré poffible .\ ce s prin–
ces Grecs , de monrer,
&
¡,
poi!, des eunrfie, fou–
gueu! , de les galoper
a
lou re bride , de dereendre
&
de remomer kgerement fur eUK,
(j
les hommes
&
les
chevauK n'avoient pas éré de longlle main a,ecoürumés
:1
cer exercice? Trouve,iolls-nous aujourd 'hui des ea–
valier.s plus lenes
&
plus adroirs? C'eli aum Cur cela
q ue madame Dacier fe fonde, pou croire qu'il y avoil
des gens de cheval daos les tournois, pour fe ferv ir de
fa me me expremon.
Le bru il fo urd qu'eore"nd N eClor. n'en poine un bruil
qu'¡¡ emende pour la pr.emiere fois ; il dillingue fon
. bien qu'il ell caufé par une m arche de che au x ,
&
n'ignoroir pas que le bruir des chars éroil dilférem.
Qu'oppofe M. Frerel a un récir qui parle d'une ma–
piere ti Rolirive en faveur de
l'équitati.,,?
"
L e dé–
" fau l d\ vraifTemblance, dit-i1, de plu(jeurs eirconLlan–
" ces de
~erl
épiCode, ert rauv ': dans le (y li cme d'Ho–
" mere, par la préfence
&
par la proreaion de lYl i–
" nerve., qui aceompagne ces deux héro"
&
qui (e
" rend vilib le, non-feulement pour fouten ir leur eou-
rage, mais eneore pour les m e me en éral d'exéeu–
" rer
des
ehoCes qui, fans fon recours, leur auroielll
. " é,é impombles ,, : ainfi, fel on lui, le pani que pren–
nent U lylfe
&
D iomede, de monter fur les chcvaux
de Rhéfus, pour les emmener nu camp des Grees,
leur crt inCpiré par Millerve; cetre déelfe les at'com–
pagne dans léllr retour,
&
ne les abandonne que lorf–
qu'ils y COn! arrivés;
&
comme e'ert-l a, ajoure-I·il, le
feul exemple de
1'Iql/itation
qui fe trOuve dans les poc–
mes d'!iomere, on n'eíl poinr en droil d'en conelilre
qu' jl la regardh
comm~
un ufage dé)a érabli au temi
de la guerre de Troye.
1\
en
vrai qu'Homere " regarde quelquefois les hom–
" mes comme de s in nrumens doO! les dieux fe fer–
" vent p011 r exéeu rer les dcerets des
d~ninées
" ;
mais I'on doir convenir aum que ce poere, pour ne
poior HOIl s'éloigner. du-
vrailfemb!~ble,
ne les fai r ja–
mais iQrervenir,
&
prerer aux hommes I'appui de leur
¡n iniClere, que dans les aa ions qui paroifleol au-deffUi
des forees de l'hu maniré.
Le defir de fe procurer d'ex eellens chevaul<
&
des
armes couvertes d'or, fU I ce qui lenta D iomede
&
U –
lylfe ,
&
leur in[pira le delreio d'entrer daos le eamp
des Thraces,
&
de pénérrer jurqu" la lente de Rhé–
fu s. De.u x hommes, pour réuflir- dans une entreprife
fembl~ble ,
0111
cerrainemem befoio de l'.mnanee des
dieux. U lyac implore done ecUe de Pallas,
&
la fup–
plie de diriger elle-meme leurs pas jufqu'a l'endroir ou
étoieOl les
ehe~at1x .
le char,
&
les armes de Rhéfu s .
La pro reaion de la déefle Ce fair eien- rÓr femi r : les
héros grecs
arriven~
dans le camp des Thraees: un
Ií–
leuce profond y regne ; pain r de gardes fur les ave–
nues; [Qus les eaval icrs ér endus par terre pri:s de leurs
chevaux, (om nfcve\is dans le Commeil; le meme cal–
me
&
la meme féeuriré fOil I aurour de
la
reme du
chef. Alors Ul ylfe ue pou vant plus mécounolrre I'ef–
fel de
f..
pricre,
&
euhardi par le fu eci:s , propofe
i
fon cnmpagnon de tucr les prineipaux Thraces, -tand is
qu'il ira déracher les chevaux de Rhéfus ; voila uoe
cnoJonaure ou le feeours de la déelle devienr eoeore
rrcs· néceflaire; aum Homere dir qu'elle donna
a
D io–
mede uo accrniflemem de force
&
de eourage : dOllze
Thraces périllellr de
f.'\
main avec leur roi. L es che–
vaux dérachés par UlyfTe, Diomede peu conrene de ces
avao ragcs , veur encore eolever le char de RhélllS; mais
la déefTe , jurtelO()tlt étonnée de eerre impru denee , fe
reud vilible • lui,
&
le pre a e de rerourner au pllllor,
C
c
ccc
2
de