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754-

E QU

Quand on fut en plaioe Iner, nos héroúles f.,ifilTant

un moment favorahle,

f~

jellerent Cur les hommes, les

deCarmerenr,

&

leur eouperent la tete. Comme elles

ignoroient l'art de la navigation, elles furem obiigées

de s'abandonner

a

la merci des vems

&

des vagues, qui

les porterent enlin

Cur

un rivage d<:s Palus Méotides ,

011.

¿taht deCeendues' terre , elles monterent Cur les pre–

miers chevaux qu'elles purent trouvcr,

&

coururent ainfi

tout le pays.

Ce fait s'accorde parfaitemenr a,'ec ce que l'qbbrévia–

teur de Trague Pnmpée (Jufbin,

l.

l/.)

r~pporte

de

l'éducation des '

~"'lna'Wl1es :

" elles ne pnOoient pas, dil–

" il, leur rcms dan; I'oiliveté ou

a

filer; elles s'excr–

" Soient cOlllinuel lement au métier des armes,

a

mon–

" ter

a

chcval,

&

a

chalTer, ,, . Slraben,

l.

1/.

d'aprcs

JVl étrodore

&c.

dit eneore que les plus ropuaes des

Amazones alloiem

a

la chalTe ,

&

faiCoient la guerre

montées [ur des chevaux. Le rems

d~

leur célébri¡é

ea amérieur

~

la guerre de Traye: une partie de

l'

A (jc

&

de l'Europe Ccmit le poids de leurs armes; elles bati–

rent daDs l' Alie-mineure plufieurs villes (Jullín,

l.

l/. ),

entr'autres EpheCc,

011

il Y a apparencc . qu'elles inl!i–

tuerem le cult!! de D ia ne .

ThéCée élOit avec H crcule, lorrque ce héros

11

la te–

te des Grecs rempl>rta Cnr elles la viaoire du Thermo–

don. Réfolues

~e

tirer une

veng~3nee

éelatante de eer

affront, elles fe fonifierent de l'alliance de Sigillus, roi

des Scythes, qui envoya

a

lepr Cecours une nombreufe

cavalerie commandée par COIl fils . Marchanr tour de

fu ite contre les Athéoiens, qui obéiiJoiem

a

Théfée ,

elles leur livrerent bataille JuCque dans les murs d' Athe–

nes,

av~c

plus de courage que de prudence. Un dif–

férend Cutvenu cntr'elles

&

les Scyrhes empeoha ceux–

ci de combattre: auíli forcnt-elles

vaincue~;

&

cetre ca–

valerie ne Cervit qu' ii favorifer leur

re!rai~e

&

leur re–

tour .

L es anonles des autres peuples

l

Coir d'Europe, Coit

d' i\frique, concourent également a prouver l'ancienne–

té de

l' I'l"jtatjon;

on ' Ia voit érablie ehe'L les M aeédo–

niens, avant qne les H éraclides eu(fenl conquis la Ma ·

cédonie (Hérodote,

l. VIII.).

Les Gaulois, les Ger–

mains, les peupl.s d'ltalie faiCoient ufage oes chars ou

de la .cavalerie dans leurs premieres guerres CWi nous

fOIlI"COnnUes (Diodp re de Sicile,

Ij'/}.

1/,).

L es Ibé–

riens onr de tout tems élevé d'excellens chevaux, de

meme que les Arabes , les Maures ,

&

tons les peuples

du Nord de l'Afrique.

Les traits hil!oriques que nous veoons de rapponer

nous momrent évidemmem, che. les AlTyriens

&

les

E gyptiens, les chevaux employés de tOUle anriquité dans

les armées,

a

porter des hommes

&

a

trainer de chars.

L es EgyplieITs

0 01

inondé

l'

A lie de leurs o:oupes,

¡¡é·

nétr.é

d~ns

I'Europe,

&

fondé plufieurs colonies dans

la Grece: les Amazones

&

les Scythes , cha qui I'art

de

l'lt¡ujtaúu"

éroit en uCage de tems

il11m~morial,

a–

" oient pareouru de meme une partie de l' Europe

&

de

l' Alie, CUt-tout de l' A lie-mÍfleure,

&

s'¿toient falt voir

dans la Grece. De ces évenemens, tOUS an t¿riems a la

guerre de Troye, on

pour~oit

conclure, (ans chercher

de nouveUes preuves, que dans

h!

tems de cetre expé–

dftion l'art de momet

a

cheval n'étoit ignoré ni des

Grecs ni des TfOyens,

.

1/.

L'équitation

conn". ch.:¿ leJ GrecJ avant la gr,er-

r. de Troye.

Cette propol;tion, que nous eroyons vraie

dans toute

Con

étendue, a rrouvé néanmoin< deu; COIl–

tradiéteurs célebres, madame Dacier

&

M.

Freret: fOll–

dés Cur le prétClldu filence d'H omNe,

&

fur ce qu'il

De fait jamais combartre fes héros

3

cheval, mais mOll–

lés rur des chars, ils

0111

prétendu que I'époque de

l'é'lrtitntjon

dans la Grece

&

dans l'Alie-mineu re, étoit

poilérieure " la guerre de Traye,

&

que les G recs, de

meme que les Troyens, ne Cavoient ell ce Icms-lii faire

uCáge des chevaux que lorfqu'ils étoicnt attelés ':\ des

chars.

II Cemble qu'une opinion

(j

ringuliere doivc IOmber

d'elle-meme, quand Oll obferve que les Grecs exilloient

long-tems avant le palTage de la mer Rouge, puifque

Argos étoit alors

11

COIl lixleme roi

e

a),

&

que plus

de quatre cents nns avant ce

palrag~,

l'égyptlen Ourane

avoit franchi le Bofphore pour donner des lois

a

ceS

Grecs , qui n'étoient encore qlle des (¡mvages, "ivans

comme les beres des herbes qu 'ils broutqient. D :nilleurs

plulieurs villes de la Grece n'étoienr que des eolollies

des Egyptiens on des l"héniciens. L'Egyptien Cecropi

EQU

(environ

1

H6 gns aVant

.1.

C.)

qui vivoir dans le fie–

ele de Moyfi:,

~oit

fondé les douze bourgs d'ou Ce

forma depuis la

~'¡lIe d'Athelle~:

prer.lue tout ce qUL

conccenoit la relil\ion, les

loi~ ,

les mOlurs, avoit été

porté d'Egyptc dans la GreGo . Sur quel fondement eroi–

ra-I-I)n que les E gypticns qui humaniCerent

&

polioerent

les Greco, Icur eullc11l lailTé ignorer I'art de

I','{ujta–

úon,

'lu'ils po(fédoiem

ji

bien eux-memes,

&

qu'i1s

n'eufrent voulu Cculemem que leur apprel1dre

a

cOlldui–

re des

char~ ?

COOllTknt ces Grecs, témoills des exploils

de SéCol!ris ,

&

qui avoient combUllU cOlme (es A01a-

7.ones, ne virent-ils que des chars dans des armees ou

iI

v ayoit illdubilablcmellt de la cn.nleric?

Malgré la Colidilé de ces rétl exiolls, II s'en en pel1

f~ilu

que le fentiment de M . Freret

&.

de madame Da–

cíer, foOtenu ¡lar un prafund. Cavoir, n'ait prévªlo fur

ks plus grandes autorités: mais la défúence que 1'011

accorrle

ii

I'opinion de certains perConnage.s, quand elle

n'a point la vérité pour bafe, cede tÓt ou rard a I'é.l

vidence.

M. I'abbé Sallier

(hjjloire de I'Acadimi, deJ inJeri–

ptjo,,;

&

belleJ-leltreJ, tomo

l/JI.

p.

37.)

el! ce!ui qui

a eou pé court nu progres de I'erreur: il a démontré

fenliblement que I'art d" monter

11

cheval élOit connn

des GTecs 10ng-renlS avanl la guerre de Troye; mais

il ne réfout pas

elltierem~1lt

la quellion: il finit aiulj Con

Inémoire .

l'

Le feul poinr Cur lequel on ne trouve pas de té–

"

moi~nages

dans H omere, Ce réduit donc

a

dire que

" les Grecs daos leur combats, devant Troye,' n'a–

" ,'oient point de foldats fervans

&

cómbattans

a

che–

H

val".

O n va donc s'attacher

a

prouver, par I'exa men des

raifOns memes qu'a eu M. Freret de croire le contrai–

re, que

l'lqu jtation

éroit COlinDe des Grecs

&

des Tro–

yells avant le liége de Troye,

&

que ces peopl es avoiear

dans leurs armées de la cavalerie diflinguée des chars:

nous conjeaurons que ces chars nc Cen'oient que pour

les prin eipaux chefs, lorfqu'ils marchoient

a

la tete des

efeadrons.

Madame Daoier, qui penCoit fur la quea ion préfen–

re de méme que l'illuare académicien, '" oe comprend

" pas, dit elle,

e

préf 4e la trl/dull. de

/'

IIjade, ldjt.

" 1741.

p.

60. )

eo~ment

les Grecs, qui élOien

¡¡

Ca–

" ges, Ce ·Con! fervis

Ii

long-tems de chars au lieu de

" cavalerie,

&

comment i,ls n'otlt pas vO les incon–

" véniens qui en naiOoient " . Sans examiner la dif–

ficulté bien plus grande de conduirc un char que de

IlJilnier un cheval , ni le terrein

con(jdérabl~

que ces

'chars devoient occuper, elle re contente d'oblerver, a–

jOllte-t-elle, " que quoiqu'il y eut fur chaque char

" deux hommes des plus diaingués

&

des plus propre

" pOllr le combar,

iI

n' y en avuit pourtant qu'nn qui

" combatl¡t, I'autre n'¿,an t occupé qu'i'l conduire les

" chevaux: de deux hommes en voila donc un en pu–

" re perte _ Mais

iI

y avoit des chars

e

trois

&

a

qua-

tre chevaux pour le Cervice d'un reul

h~mme

: an–

" rre perte digne de coníidération " . Madame Daci r

conclur, malgré ces obCcevations, qu'il falloit bien que

I'art de monter ii cheval nc mt point eonnu des Cirecs

dans le rems de la guerre de Troye.

Quelle erreur de

Ca

part! Pour CuppoCer dans ce peu–

pie une fi graude iguorance, il faut ou ql1'elle n'ait pas

roCrjours bien entendu le texte de Con aateur, Otl qli'

elle n'ait pas affez rétléchi lur les expremons d'Home–

re . On doit conv enir cependlillt qu'elle étoit li

pell

Sllre de (on opinion, qu'elle a di, aUleurs

(Reman/un

Jar le

X.

Ijv . de {"Iliade

): " Dam les troupes il u'y

,; avoir que des chars ; les cavaliers ll'étoient en

u~g~

" que dans les jeux

&

dans les tournois ".

M ~is

qu'

étoient ces jcux

&

ces tournois , que des exercices

&

des prépnrations pou r la guerre? Et ppurroit-ol1 penCer

que les Grecs s'y fo/len! dillingués daos I'art de mOll–

rer des chevallx, tans proliter d'un

Ji

grand avanruge

dans les combats?

M. Freret moins indéterminé (

Mém .

de Litt.

de

I'Acad . deJ jnJ<ript. tom o

///1.

p.

286.)

ne re d¿ment

pas dans fon ·opin!oll. " On ea

fu~pris,

dit-il, en exa–

" m inant les oovrages des anciens écrivains, Curtout

" ceux d'Homere, de n'y trou ver aucun e xemple de

l'lr¡rútaúon,

&

d'cue obligé de conclure que I'on

:1

" long- tems ignoré dans la

Gr~ce

l' aFt de monter

a

" cheval ,

&

de tirer de cet animal les Cervices que

" nous

eA)

Ce royaume d'Argos avoit

été

fondé par l'égyptien

Dan~üs,

yers I'an

1476,

avant

J.

C.

1