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EQU '
fe ehargerent plus que du foin de nou rrir des chevaux
durant la pais, qu'ils confioient pendant la guerre
(a )
a
tour ce qu'il y avoi!
a
Sparte d'hommes peu vigou.
reux
&
peu braves. M. F<eret confond en ce! endroit
I'ordre des tems. A la b:itaille de L eué1:res , dit- il, la
cavalerie lacédemonienne étoit eneore tres-mauvai fe , fe–
I" n Xénophon; elle ne
eommen~a
a
devenir bonne qu'
apres avoir été
m ~lée
avec
la
cavalerie étrangere, ce
qui arriva au tems d' Agélilaüs: ce prince étant palfé
dans l' Afie mineure, leva parmi les Grecs afiatiques
un eorps de
1500
chevaux, avec lefquels il repafTa dans
la
Grece,
&
qui rendit de grands fer vices aUN Lacé–
demolíiens .
Agéfilaüs a!!.oit fait tout cela avant la bataille de Leu–
élres. La fuite des évencmens
'ell
tOlalemen! interver–
t ic dans ces réftexions de
M .
Frere!. Il fuit de celle
explication, qu'encore qu e les cavaliers fpartialcs n'a–
yen! pas lOai ours comballu
ii
cheval, il ne lailfoit pas
d'y avoir touj ours de la caval érie
a
Sparte, mais
a
la
vérité tres-mauvaifc: on le voit fur-tout dans I'hilloire
des gberres de Melfene . Paufan ias,
l. IV.
11
ell a-propos de remarqu er que Strabon, fur le–
que!
M.
F reret s'appu ye en cet endroit, prouve con–
tre lui . Lorfque cet au teu r dit (Slrabon,
l. X.)
que
les hommes choitis , que l'o n nommoit
a
S parte
la
eavalien,
fervoien!
ii
pié; il ajoOte qu' ils le faifoiem
a
la dilféren ce de ceux de l'lle de Crete: ces derniers
combanoien t donc
a
che val . Or Lycurgue nvoit pui_·
fé dans l'lIe de Crete la plupart de fes lois , par eon–
féquem
l'
ufage de la ca \'alétie avoit précédé dans la
Grece le [ems ou ce lcígislateu r a
~cu.
S'il eH vrai ,qu'nu commeocement des guerres de Mef–
fene les peuples du Péloponnefe fulfent tres-peu habi les
dans l'art de monter
a
cheval
(b) ,
il l'cll eocore da–
vaotage qu'ils ne fe fe rvoien t point de chars; on o'en
voit pas un feul dans leurs armées , quoiqu' i1 y d lt de
la
cavalerie .
Il
ell bren lingulier que ces Grecs, qui,
dans les tems héroi"ques n'avoieot combanu que mon–
tés fur des chars, q ui eocore alors fe faifoient gloire de
rco'lpo rter dans les jeux publics le prix
a
la cour("e des
chars, ayeot cefTé néanmoins tout-a-coup d'en faire u–
fage
a
la guerre, qu'on n'en voy e plus dans leurs ar–
m ées,
&
qu'ils o'ayen!: oommencé d'en avoir que plu–
{¡eurs liec1es apres,
lorf~e
les généraux d' Alexandre
fe furen! parlagé.s l'empire que ce grand prince avoit
conquis fur D arius .
Une chofe étonnante dans le fylleme de
M.
Freret,
c'ell qu'
il
fuppofe nécelfairement que l'ufage des chars
a été connu des Gre€s avant celui de
l'/quita/ion .
La
m arche de la N atllr.e q ui nous conduit ordioairement
du limpie au compofé , fe trouve ici !Otalement reu–
verfée , quoi qu'en ait di! Lucrecc dans les vers Cui–
vans .
Et
pri", ejl
re'pertttm
in equi eOlllfeendere
cofta"
Et moderarier
hWle
f'''!no , dextrtlque vig<re,
Q:tam hijllgo Cflrru bdli tentare 'pericia.
Lucr.
l.
V.
Ce poete avoit faieon de regarder l'3rt de conduire
uo char anclé de plufiet¡rs chevaux , cQmrr¡e quelque
ehofe de plus combiné, que ceJui de monter
&
coo–
duire
mí
feul cheval. Mais M . Freret {(,atient que ce–
Ja
ell faux,
&
que la fa<;on la plus limpie
&
la plus
aifée de faire ufage des chevaux , celle. paf ou 1'011
:i
dil commencer, a été de les anacher
11
des fardeaux,
&
de les leur faire tirer aprcs eux: " Par-lii, dit-il ,
" la fou gue du cheval le plus impé[ueux eH arretée,
ou <ju moins diminuée . .. . .. . " . Le u allleau
a da etre la plus ancienne de tOUles les voi tures; ce
" tr ainea u nyant été pofé enfuite fur des rou,leaux , qui
fOIl! devenus des roues 10rCqu' on les .. attachées
a
" ceae machine ,
~
'éleva peu-a -peu de terre,
&
a for-
(,¡)
Eqllos en;1/}. loc-upletiorcs alebnnt , cum vera in expeditio–
a.em tu.nd,¡,m o./fot, 1Jcniebat is qui defignatlu erar-,
es
eqmtm
cr
arma ..
.
qt/:aliaclI1'l)que
a~cipiebal,
atqu.e ita
militabat.
Equ~s
¡nde milites corpor.ibus imbecilles, animi!qlfe languen–
tes s"'ponebant.
Xénoph. hiJt. greq. lib. VI.
(b)
L'ét"t de foibJeífe 011·fe trouvoi! alors toute la Grece
en général étoit une Iuite de l'irrnption des Doriens de
TJ¡eífalle , fous la conduite des Héraclides : cet é\'enement
arrivé tm flccle
apl'es
la
prife de Troy", jetta la Grece
d:ms un ét'!t de .barbarie
&
d'ignorance " peu-pres pareil,
dit M. Freret,
,t
celui oa rinvafion des Normands jetta
la
france fm
la
fin du neuvieme ¡¡ede . Cela \{ft cqr.fot-
,EQU
" mé des ehars 3nciens
a
deux ou
a
quatre roues . Quelle
combillaifon , quelle fuite d 'idées il faut CUPl'ofct dans
" les premiers hommes qui fe foO! ferv is dll chcval?
" Cet animal a donc été [fes-Iong-tems inutil e
a
l'hom–
" me , s'il a fallu, 3V:¡nt (ju'il le prlt
a
fon fer vice ,
" qu'il connilt I'art de faite des !iens , de fa<;onller le
" beis, d'en eonflruire des traioeau x? Mais pourquoi
" l1'a-t-il pCt meme fur le dos du cheval les fardeaux
" qu'il ne pouvoit porter
lui-m~rne?
Ne diroit-on pas
" que le oheval a
la
férocité du tigre
&
du lion,
&
qu'¡¡ ell le plus difficile des animaux, lui qu' Ol! a
" vil fans bride
&
faus mors obéir aveuglemeot
a
la
" voix -du numide
,,?
Mais pour sombattre un raifon–
nemeO! au
ffi
extraordinaire que celu; de
IVI.
Freret, i1
fulfit d' en appeller , l' expérienee connue des> ficcles
palfés
&
a
nos uCages préfens: on ne s'aviCe d'atteler
les chevaux
a
des cl\arrues,
¡¡
des charrcttes,
&e.
qu'
apres qu'í!s om élé domptés, montés,
&
accou!umés
avee l'homme; une méthode contraire mettroit en dan–
ger la vie du condué1:eur
&
eelle du eheva l. Mnis l'hi-
. lleire dépofe encore ici contre cet académicien : par le
petit nombre de chars que l'on compte dans les dénom–
bcemens qui paroifTelH les plus eHé1:s des armé.:s an–
ciennes ,
&
la grande quantité de cavalerie
(e),
il ell
aiCé de juger que eelle-ci a nécefTaj<ement précédé 'u–
fage des chars. Ce n'efl pas qu'on
nc
trOI\Ve fouvent
les chars en nombre égal,
&
mellle fupérieur
a
celui
des gens de cheval; mais on a lieu de foupc;or¡ner qu'a
cet égard il s'ell glilfé de la part des eopilles des er–
reurs dans les nombres . On en efl bientÓt convaincu,
quand on réfléchit fur I'impoffibilité de met!re en ba–
taille
&
de faire manceuv rer des viogt ou trente mille
chars
(d) :
00 obrerve d'ail'leurs, que bien loio de trou–
vet daos les tems m ieux conous cene quantité extraor.–
dinaire de chars , chez les peuples memes qui en
óllt
toajours fait le plus grand ufage ,
00
eo compte:i pei–
ne m ille dans les plus formid aelés armées qu'ils ayen t
m is fur pié.
(e)
Pou r terminer enli o ce! artide, je tire de M. Frerct
me me une preuve invincible (jue
l'¿quitatio,.
a dCt pré–
eéder datls la Greee l' ufage des chars.
Selon cet auteur, les chevaux étoient rares en ce
pays : on n' y en avoit jamais vtl de fauvages , ils a–
voient tous été amenés de dchor.s . Dans les anciens
I/octes
00
voit que
1
s chevaux étoiem c xtrcmement
chers,
&
que 10US eeux <fui avoient quelque célébri–
té étoient regardés comme un préCent de Neptune, ce
qui dans leur langage figuré fignifie qu' ils avoiem été
amenes par mer des cÓtes de la L ybie
&
de l'
~fri
que.
Cela poCé, ect-il vraifTemblable que quelqu'un ait
tram–
porté de ces pays des chevaUI dans la Grece,
&
qu'
il n'ait
pa~
enfe gné
a
ceux qui les 3eheroient la ma–
niere la plus prompte, la plus utile, la plus géoérale
de s'en fervir?
11
ell incontellable que
j'''f"itaúon
é–
lóit connue en Afrique long-tems avan! la guerre de
Trc.ye' . Par quelle raiCon les marchands en veud ant leurs
chevaux fort cher aux Grec , leur auroient-ils caché l'art
de les monter ? ou pourquoi , les Grccs fe feroient-ils
chargés de €hevaux
a
un pri¡ exccffif, fans apprendre
les aifférentes manieres de les conduire, de les manier,
&
d'en faire ufage?
M. Freret devoi¡, pour donner
a
fon fyfleme un air
de vérité, prOl1ver . ayant toute au tre choCe que l'art de
monter
a
cheval étoi t ignoFé dans tous les lieux d'ou
les Grecs ont pa tirer leurs premiers chevaux. Ne l'a–
yant pas fait , fa difiena¡ion malgré toute l'érudi tion \ju'
elle renferme, ne pourra jamais établir fon étrange pa–
radoxe ,
&
il ·demeurera pour conHan t que
I'éq,,;tation
a été pratiquée par les G rees long-tems avanr le fiége
de Troye.
Cee article eft
de
M.
D'A u
T H
VIL L
I! ,
eom,{¡mtlant de bataillon.
E
Q
01 T A T ION ,
( Medecine)
i<r7oeia..
;0'0'(:((1'111.,
é
4
'lui-
me
a
ce que rapporte Thucydide,
t¡",.
l.
il
fallut plufieurs
fieeles pour mettre les Grecs en état d·agir avee vigueur .
(e)
Lors du pllflitge de la mer Rouge les Egypriens ,¡voient
fix cents dlars & cinquante mille hornmes de cavalerie
&
Salomon fur dou'lc millé hommes de cavalerie a
voi~
quatone cents chars. En faif.1nt un calcul, on trollveroit
le
commandant .de dlaque efcadron fur un char..
(ti)
Glle,re ·des PhiJiftins contre les Ifraé(¡tes.
Jofepll(~,
t¡v.
V I.
chapo vi}.
(e) voye';"
I"expédition de Xerxes, '
&
le dénornbrement de
fon -armée,
t?"c,