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EPI

d'unité qui eonvient

a

l'lpop/~;

&: ti

le s POetes l'ont

alteré dans la compolidon, c'en le vice de.l'art" non duo

fu}~t

.

Ces exemples

o~t

fait regarder l'unite. d'aél:.ion comme

une regle iov ariable; ecpendant

00

a pris quelquefois

pour fuj et d'uo poeme épique tout. le .eou rs de la vie

d 'un homme, eomme dans l'Aehill.é"ide" I'Héracléide,

la ThéCé,de ,

&c_

M_ de la M otre préteod meme que I'uoité·de perfoo–

m ge fuffit

3

r lpo;ie,

par la raiCon , dit-il, qu'elle fuffit

a

~'ioteret :

mais e'en·l a ce qui rene.

3.

eX.aminec.

1/0- .

fez

I NTE'R~

•.

Quoi qu'jJ eo foit, I'unité de l'aétion o'en détermine ·

ni la durée ni J.'étendue·. Ceux qui om v.oulu lui preCeri–

r e un tem s , n'om pas fait anemion

q u~oo

peut fraoehir

des anoées eo

0.9

Ceul vers,.

oc

que les évenemens de quel-.

(Jues j ours peuvent rem plir un long poe:me . · Quam au

nombre des incidens, O(]. peut les mu ltiplier r.1ns era in–

te;

ils formetOot un tout régulier, pourva qu'ils naif–

feo t les uns des autre·s

~

&..

qu.'ils s'eneha·¡'nent mutuel–

lemem. Ainli quoiqu!H o mere· pour éviteo. la eon(ulion,

-n'ait pris pour fujet de I' tliade que I'ineldem de la eo'

lere d' t\ ehille , I'enlevement d'Heleoe vengé par la rui–

ne de T roye o'en Ceroit pas moillS uoe aél:ioo uoique,

&:

telle que l'admel

Lipopée

daos fa plus grande lim–

plieité .

U oe aél: ion vaneoa

l~av-antage

de la , féeondité, d'ou

r~fulte

eelui du eh"i.:: elle laine

a

l'homme de gout

Ú

de génie la libKrté de reeuler daos l'enfoneemeot du

tableau ce

q.ui

n':¡, tieo d'iotéreffant ,

&

de préfeoter. fur

les premieps. plaos les objets eapables d'émouvoir l'ame.

Si H ome.e.,. avoit embraffé dans 1'lIiade l'enle1lemeot

d'H eleoe 1Iengé par la ruioe de Troye,

iI

n'auroir eu

ni le loili[ oi la penCée de deerire des tapis, des ea–

fq ue; , des· boueliers ,

&c.

Aehille daos la eour de D éi–

damie , Philofre te

a

L emnos ,

&

taot d'autres ioeideos

pleins de noblelre

&

d'iotérérs, parties elle!Uielles de

Con..

\Iél:ioo, I'a¡¡,¡oieot fuffiTa mmeot remplie;, peU:t-':tFe

me–

me o'auroit-il pas trouvé place POU[ res dieuK,

&

iI Y

auroit perdu pell

d~·

eboCe .

L e poeme épique· o'eft pas bornéC, eomme la tragé–

die

aux unirés de li'eux

&

de tems: il a Cur elle le me–

m e avan tage que la PoéGe fur la Peinture. La tragédie

n'efl qu' un tableau ;

l'lpopl e

dI

une fu ite de rableaux

qui peu1lcnt fe mul';plier fans fe eoofood re. Arinote

v en! avte raiCóo, que la mémoire les embraffe; ce o'efl

pas meltre le g!,n ie

3

I'étroit que- de lo i permem e de

&'élCod re auffi loio que la mémoire.

Soir que

l' lpopée'

fe reoferme dan,. uoe feule aél:ion

comme la tragédie , foit qu'elle embra(}e noe fu ite d)–

a ioos eomme oos romaos , elle -exige une eonelufioo

'lui oe lai!le- rien.

a

delirer ; mais le poote dans cene

parti. a

d~ux

ex<!'es

a.

éviter; Cavoir, de trop éteodre ,

ou de oe pas a(["z développer le déoouement ,

I/oyez

D

E'N

o

U E M.E N T .

L'aél:ioo de

I'¡pople

doit etre m émorable

&

iotéreffao–

te , e'elt-ó-dire digne d'etre préCeolée au! hommes eom–

me un objct d'admiratioo, de terreur, ou de pitié: ee–

ei demande quelque détail .

U o pocre qui ehoi l;l pour fujet uoe aél:ion dont l' im–

portaoee n'el! fondée ' que fur des opinions partieulieres

a

eertains p<uples

~

fe coodamoe par Cón ehoix

a

l)'in lé–

rcfrer que ces peuples.,

&

a

voir tam ber avee leurs opi–

n ioos toute la grandeu! de fon· fujet . Celui de l'Eoéi–

de, tel que V irgile pouvoit le préfenter-, él0it be:lU pour

mus les homme's

~

mais dans le point· de· vCte fn us le–

quel le poete I'a enviragé.

11

en bien· €Ioigoé de cene

bean!é uoiverfelle; au ffL le fuj et de l'O dyifée eomme

1'a faili Homere (abilraétion. faite des détalls.), en bien

fup érieur

a

eelui de l'Eoéide . L es devoirs . de roi, de

pere,

(\¡

d'époux , appellem U Iy.ffe

a

h aque; la fuper–

Ilitioo fenle appelle Enée en h alie . Qu'un héros éehap'

a

la ruine de fa patrie avee uo pelit nombre de Ces

cooeitoyens, furmonte touS les obnacles pour aller don–

Der une patrie oouvelle

a

fes malheureu x eompagoons,

rieo de plus iotéreffam oi de plus. noble. Mais que par

un eapriee du deflio

il

lui foit or® nné d'aller s'établir

daos tel coin de la terre plul6t qne daos lel au tre; de

trahir une reine qui s'en livrée

a

lui, & qui I'a ca mbIé de

bieos, pour aller eo lever

a

un jeuoe prioee uue femme qui

lui efl prolOiCe; voita ce qui a pO iméreffcr les dévots de

la eou r d' Augu lle,

&

fiarer un peuple-eoivré de Ca fabu–

leUle origioe, mais ce qui oe peut parotLre que ridieule ou

revol tan t. Pour juflifier Enée, on ne eeffe de dire qu'il

étoit pieux; ( 'en en quoi nous le trouvons pu lillaoime:

la

piélé eo vers des dieux illJufles oe peut etre

re~ ue

que

cornrne

une

liél:ion puérile, ou cornmc

u~e v ~ritt rn~_

EPI

703

pr ifable. A infi ce que l'aél:¡on de l'Eoéide a ,de. grand ,

en pris dam. la nature ' . ce qu'elle_ a de

P,c¡it ~ efl ,

pris ,

dans le' pré'jugé..

I

.

~'aétion

de·

b'lpopl.,

doit, done avoir. une. grandeur

,& .

uoe imflortaoee- univerfelles, e'en-a;dire indér.endaotes

de tau t iOleré!", . de tout , fyne:me" de tout.préjugé na–

tional,

&

foodé'e- fur les Centimens &, Ies lu mieres inva- :

rill!iles de la, natme .

0tid'{",id de{"H¡at'!

,r~g'~

pld11mtu,

..

a:chivi .,

ef)'-

une

le~on

intére(faote., POU[ tous les prup es

&

pour tous les

rois; . e'en.~ l'abreg.é: de. l'I!iade.

Cene

le~on

a

donner

3U

m onde, en . le· feul, objec qu'ait pu

fe propofer H.{lmere ; ,ear p,étendre que. I'B)aqe. Coit l'é· ·

loge d''Aehille , e'e r! vouloir que- le paradis. perdu f"ir _

l"éloge de fatao ., Un panégyrille pelnt .Ies hommes

~om-

_

me ils doioent

~Ire;

H omere les peLOt eomme LIs é- _

wient. Aehj.Jle- & la, plapart de fes héros on t pl us de

v.iees que d'e verlUS,

&

l'

lliade efl plut6t la fatyre que

~

J'apologie· de- la G reee.

Lueain efl fur - tout reeommandable par la hardier-

¡

fe avce laquelle

iI

a ehoiii & traité fo n fujet aux yeu x

des R omains .de.veous erclaves ,

&

dans la eour de leue "

tyran._

P roxima '{"id fnbo les', aut , '{uid meruere nepoe,"¡

I n regnum nafei? P nvide' "um g,jJimUJ .arma

1-

7'eximuJ an jugulo,?

/lIunt

plJ'na tlmoru

I n noftrá. cervice fedet·, .

. . . . . . , . . •

C e

gé~ie

audaeieu x avoit fen'; qu'il étoit nalu rel

a .. ,

tous les hommes d'aimer la. liberté , de.M teller qui l'op–

prim.e, d'admire r. qui la. dé'fend : il a éerit pour {Dus les

liedes; & Cans. I'éloge de N érun dom

n

a fou illé fon pue;–

me,

on le eroiroir.. d'un ami de Ca ton .

La grandeur

&

I'im portaoee de l'aél:ioo de

l'lpople

dependen{).·de I' importaoee &·de la grandeur de l'cxem–

pIe qu'dle enmient : exem ple d'une paffioo pernicieeCe

a

l'hQmaoité; CUJet de I'¡ liade: exenipl';--d'-ulle -verru eoo–

naote dans fes projels , ferme dans les

rev~rs ,

& fi–

de-Ile

a

elle-me me; Cuj et de. 1'0dyaée,

& ".

D aos les

exemples ver-meux, les pri"t1eiees ,

l~s

Ill';yens , la tio .

tout dc¡it etre noble & digne

~

la vertu n'admet rien de

bas.. Dans les ex emples,

v.ici~u x ,

un m elange de force

&

de foibleffe, loio de d.égrader le tableau , oe fai t qUI!

le pend re' plus narure·l

&'.

plus, frappant . Que d'un iLHé–

ret· puiffant , naiffent des diviljoos cruelles ; on a dO s'y

atteodre ,

&

l'cxemple en iofruél:ueux . Mais que I'iuf.}dé–

lité d' une fernme & l'imprudenee d'uo Jeuoe infeo fé dé–

peuplell t la Greee & embraCent la Phrygie , eet incend ie

allumé par uoe éliacelle inCpire, une era.inte falutaire;

I'"exemple ionruit en

é[oOLJ30~.

Quoiq ue la vertu hellreufc foit un

e~emple

eneoura–

geant pOltr les hommes,

iI

oe s'enCuit pas que la ver

tu

infortuné...Coit un exemple: daogereux: qu'on la préCén–

te telle qu,'elle efl daos 'Ie malheur, fa óruation oe dé–

couragera point eeux qui I'aimeot . Catoo o'était pas

heureux aprés la défaite de Po mpée;

&

qui o'envieroit

le fort de Caton tel que nous le peint Sé'oeque,

ínter

nú"aJ publicaJ erellum ?

L'a~;oo

de

J'épople

femble quelquefois tirer foo im–

portaoee de la_qualité des perfon l1ages: il en een ain que

la, querelle. d' Agamemnoo avee Aehille, n'auroi t rien

de grand. li elle fe paffoit eotre deux foldats; poúrq uoi

~

paoce que les fu ites n'en feroieO! pas les m ':mes . M ",is

qu'Ull Rlébé"ten eomme Marius, qu'un homme privé. eQm–

me Cromw el,

r:ernaod-Con~.s ,

&c..

enlreprenoe , exc!–

eute de graodes ehoCes, Coit pour le boaheur, foit pou r

le malheur de l'humaoilé , fon aétion aura toute l' impor-–

taoe~

qu'ex ige la dig llité de

l'lpople .

00

a dil :

il n'efl

<

pa, befoi" 'fue

l'aél:ioo de ¡'épopée

foit grande en elle-"'

méme , pourvll 'fue

IeI

perfonnager (oient d'"n ran/(

é–

levé ;

& nous dilo!,s:

il n'eft pa, befoin 'lue les perfnnna–

ges fo ient, d'un "ang élevl, po"rvd 'lile I'allion fo it gr.'1lt" .

de en elle-méme.

.

.

11

femble que l'ioté,,! t de:

l'épQpie

doive ctre un in- ,

térét publie, l'aél:ioo eu auroit Cans doure plus de gran–

deur. d'import.anee " & d'utili[é ; toutefuis on.

n~

pent

ea faire uoe

r~gle

. . Un tils dOn! le pere gémlrol! dao,

les fers ,

&

qui renteroit pour le dé'liv rer tout ce que la

na.rure

&

la ver tu , la vaJeu!

&

la

pi.ét~

peuveni entre-–

preodre de eourageu,

&

de péoible;_ce fils_, de

qu~lque

canditioo qu'on le fuppon\¡, Ce[Oit uo héros di&ne

d~

¡'t{–

pop'e,

& fon aél:joo 'l¡érite[oit uo. Voltaire ou un t'e,ne–

Ion .

00

épro,uve méme qu 'uo io téret panicul.ier eft plu,

renlible qu'uo im,éré.[ pub!ie ,

&

la ralron eo en priCe

d,aos la natu re'

(voye.z.

1

N T E'R E T) .

C epenóao t eom–

me le poe me épique en fu r-[Out l'éeole des OlaltreS dll

rnondu, ce COn!

le~

intércc¡

qu'ili '

0111..

en rnain qu'il

doie