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EPI

oer d'étendue: difficulté qui a fait tolérer ju,r..¡u'io;

les–

¡pi(odes

dans le pocme épique,

(70)'<<'

E

p

o

P E'E ,

Ce qui n'avo;t été qu'un ornement dans la tragédie ,

en ét3nt devenu la partie principale, on regarda la tO–

¡alité des

t!pifodes

comme ne devant former qu'un feul

corps, dODl Les parties fu

!T.eo

!

dépend~ntes

les unes des

mutres, Les meilleurs poctes conqureot leurs

'pifodes

de la forte,

&

les tirerent d'une meme nétioo; prati–

que

ti

généralemeot étnblie du tems d' AriCtote, qu' il

eo a fait une regle, eo COrle qc'oll nommoit fimple–

meot

Iragédies,

les pieccs ou Punité de ces

¡pifodtJ

é–

toit obfervée,

&

Iragldi" épifoJi'f''"s

,

celles ou elle ,

étoit Dégligée, Lcs

.piJodes

étoieot donc dans les drn–

mes des aociens, ce que nous nppellons aujourd'hlli

a–

El"

daos une tragédie ou comédie,

17oJ'

EpI

S o

D 1-

QUE,

(

Ji:

PIS

o

DI!,

dans le meme fens, eCt un incident,

une partie de l' aéHon principalc , Tome la différeoee

qu'Arillote met entre

I' ¿pi(ode

tragique

&

l'ipifode

é–

pique, c'ell que celui'ei ell plus fufccptible d'étendue

que le premier,

17oye<.

EpI Q U E ,

Ce philofophe employe le mot

d'ipi(ode

eo trois fen s.

dilférens, Le premier eli pris du dénombremeot des par–

tics de la tragédie, tel que nous I'avoo rapporté ci-def–

fus; d'ou

iI

s'cnfuit que dans la tragédie aocieone I'é–

piJode

élOit tout ce qlli ue compofoit ni le prologue,

ni I'esode, oi le chreur;

&

comme ces trois deroieres

parti. s n'entren! point daos la tragédie moderne, le ter–

me d'

!pifude

figo ilieroit en ce Ceos la

Iragldie

toute eo–

tiere, De meme

I'¡pi(ode

épique feroit le poeme tout

entier, eo en retranchant la propofitioll

&

I'invocatian;

mais

Ii

les panics

&

les iocidens doot le pacte com–

paCe foo ouvrage fom mal Iiés les uos, avee 1 .. autres,

le poeme fera

¡pif.di'

flu

&

defeétueux.:

c'efi-~-dire,

pour

écJaírcir la penlee de l'aureur gree , que le ter-me

épi–

fod.

ell

é~uivalent

a

poime

ou a

"nitl d' allion,

M ais

ce n' ell pos lB proprement le fens que les modernes

lui doonent. De plus, comme tout ce qu'oll chnolOit

dans la tragédie, quoique di.iCé eo fceoes , étoit cam–

pris fous le oom genéral de

c¡'f!i'U"

,-de meme ohaque·

partie de la fable ou de l' aétion, chaque incident,

quoiqu'il formAt

a

pan un

Ipifode,

¡<toit compris fous

le oom géoéral d'

ipifode,

qu' on donooit

a

lOute I'a–

aioo priCe enCemblc, Les panies du cbreur étoient au–

tant de chreur"

&

les parties de

l'ipi(od.

autao! d'

¿pi–

[odes,

Eo ce feos

(&

c'en le fecond qu'Arillote dnnoe

¡j.

ce terme) chaque partie de l' aétion ex primée dans le

plao

&

dans la premiere eonnilUtioo de la fable, élOíellt

:Jutan!

d'ipifodts;

teJles fom daos l'OdiíTée, l' abCeoce

&

les erreurs d' UlyíTe ,. le defordre qui regoe daos fa

maiCon, fOil relOur,

&

fa préfeoee qui rétablilTeot tou–

tes choCes,

Arillote oous donoe encare uoe troifieme forte

d'l–

¡ifod. ,

10rCqu'il dit que ce qui ell compris

&

exprimé

dans le premier plan de la fable, ell propre,

&

que les

autres chofes font des

Ipifudes,

Par

prof.re

iI

entend ce

qui ell abColumem oécelf.ire,

&

par

!p,(ad.

ce qui b'eCt

néceflaire qu'a certaios égards,

&

que le poete peut

00

emp loyer ou rejelter, C'eCt aioli qu'H omere apres.a–

voir dreífé le premier plao de Ca fable de l'OdyrTée , n'a

plus été maitre de faire ou de ne pas faire UlyíTe ab–

fent d' Itbaque; celte abfence étoit eíTemielle,

&

par

ceue raifon Arillote la met au rang des chafes

pr,o–

p/'es

~

la fable: mais il De nomme poiot de la forte les

avantures d' Antiphate, de Circé" des Syrenoes, de Seyl–

la,

de Caribde,

&c,

le poete avoit la liberté d'eo choi,

/ir d'autres; ainfi elles foot 1es

!pifoda

diCtinguées de

la

premiere aaioo,

a

laquelle en ce fens elles ne font

point

propres

oí ímmédiatement oéceífaires ,

1\

en vrai

qu'oo peut dire qu'clles le font

a

quelques égards; car

I'abfeoce d'UlyíTe étaot oéeeíTaire, il falloit aum oéeef–

f,iremen! que o'étaot pas daos foo pays il fUt . ilJeurs,

Si dooe le pacte avoit la liberti de ne meltre que les

avantures particulieres que nous venons de citer,

&

9u'iI

a choilies, il n'avoit pas la liberté géoérale de \J'eo met–

tre aucones, S'i1 eat omis celles-ei, il eat été nécéf–

fairemem obligé de leur eo CubCtituer d'aulres, ou bien

iI

auroit omis une partie de la matiere conteoue dans

foo plan,

&

Coo poeme auroit ¡<té défeétueux , Le dé-

f

faut de ces incideos o'e!l done pal d'"tre tels que le

pocte eOt pÜ, Cans changer le fonds de I'aaioo, leur

eu (ubCtituer d'autres; mais de n'etre pas liés entr'eux

de

fa~on

que le préeédent amene celui qui le fuit; Car

e'ell peu de fe fuccéder,

iI

f-aut encore qu'ils nnillent

les UDS des autres ,

Le troitieme fens du mot

!pi[ode,

re'lient done all

EPI

fecond; toute la différence qui s'y reocontre, c'ell que–

ce que nous appellons

!pifode

daos le fecond Cens, eff,

le foods ou le caoevas de

I'!pifode.

pris daos le troifie–

me feos,

&

que ce deroier ajoOte

:l

I'autre certaines.

circoollaoces vraiíTemblables, quoique non nécellaires ,

des Iicux , des princes,

&

des peuples chez"leCquels Ulyf–

fe n été jeué par le courrOUl< de N.eptufle,

11 fauI eucore ajollter que, dans

l'/pifod.

pris en ce·

HGilieme fens, l' incideot ou l'

ipifode

daos le premier

fens Cur lequel l' alme ell fondé, doit

~rre

étendo

&

amplifié, fans quoi uoe partie

eíT~otielle

de I'aétion

&

de la fable n'en pas un

¡pi(ode,

Enlio c'ell

¡j

ce troificme fens qu'il 'faot rellraiudre

le précepte d'Aritlote, qui prefcrit. de oe faire les

!pi–

joda

qU'aprcs qu'on a choi" les noms qu'on veUl don–

oer nUl< per(onnages , Homere, par exemple, n' auroit

pas PI" parlor de tloue

&

de navires comme il a faic

daos l' lIiade, fi au Iieu des noms d' Achille, d' Aga–

memnon,

&<r,

iI

avoit employé ceux de CapaDée "

d'Adra(lc ·,

&"

17o)'e<.

FA

n

L

I!,

.,

Le terme d'

¡pifode,

au fentiment d' ArUlote, ne /i–

goifie done pas daos I'"popée un évenemeO! étranger

ou h0ts d' reune, mais uoe partie

néceíTai~e

&

elle"–

tielle de I'nétioo

&

du fujet; elle doit erre étendue

&

amplifiée avec des circonllanccs vraiíTemblables,

C'en pAr celte raifon que le meme auteur preCcrlt que

I'/pifode

ue' Coit poiut ajoL1té

:l

I'aétioo

&

tiré d'ailleurs

J

mais qu'il faae partie de I'aétioo meme;

&

que ce gran .

IlY.lltre parlant des

ipiJodes

oe s'eCt jamais fervi du ter–

me

ajo,íeer,

quoique fes interpretes I'ayaor trouvé fi oa–

turel ou li conforme

a

leurs idées, qu' ils n' om pas

manqué de I'employ-er daos leurs traduélions ou daos

leurs commen taires , 11 ne dit cependant pas qu'

npre~

avoir tracé Con plan

&

choili les boms de Ces perCon'

nages, le pocte doive ajoftter les

¡pi[odts,

mais il fe:

fert d'un terme dérivé de ce mor, comme

ti

OOl" di–

fiaos en fraoq ois que le poote doit

!pifodier

foo aétion ,

AIOUteZ :\ cela, que pour faire connoltre quelle do;t

~tre

la véritable éteodue d'une tragédie ou de I'épopée,

&

pour eofeigner I'art de rendre celle-eí plus longue que

I'autre,

iI

oe dit pas qu'on ajoOte peu

d'¡pi(odts

a I'a–

éHoo tragique" mais fimplemem que les

ipifudes

de la

tragédie font courts

&

coocis ,

&

que I'épopée ell é–

lcodue

&

nmplifiée par les !lens, En un mot la ven–

geaoee

&

la puoition des méchans énoncée eo peu de

paroles , comme 00 la lit dans le plan d'AriCtote,

en

une aétion "mple, propre,

&

néceíTaire au Cu)et; elle

o'eCt poiot un

"pifode,

mais le fonds

&

le canevns d'un

¡pif_d.;

&

cetre meme punidon expliquée

&

éteodLle

avee toutes les circonCtaoces du tems, des lieux,

&

des

perfoones, n'ell plus uoe aaion fimple

&

¡:ropre, mai,

one aétion épifodiée, uo véritable

Ipifode,

qui pour ctre

plus au choix

&

a

la liberté du poetc , n'en contieot

pas moios UD foods propre

&

oécellaire ,

Apres tour ce que nous venons de dire,

iI

fcmble

qu'on pourroit définir les

Ipifodes,

les parties néceaai–

res de I'aaion étendues avec des circonCtanees vrailTnn–

blables,

U"

Ipi(ode

o'ell done qu'une partie de I'nétioo,

&

non une aélion toute eotiere;

&

la partie de l' aétion·

qui (lert de foods

a

I'!pifodr ,

ne doit pas, lorfqu'elle

ell épifodiée, demeurer ¡{ans la limplicitc!, telle qu'elle

' ell énolleée dans le premier plao de la fable,

Arillote, apres avoir rapporté les parties de J'Odyf–

Cée confi dérées daos cet!e premiere fimplicité, dit

for~

me\'lement qu'en cet état elles fom propr<s :\ ce pocme,

&

ji

les diCtingue des

Ipifudes,

Aiofi que dans l'OEdi–

pe de Sophoc1e la guériColl des T hébaios n'eCt pas un

épi(od"

mais feulement le food s

&

la matiere d'un

1-

pifode,

dont' le pacte étoit lema1

!redefeCervir.De

m~me

Ari!lpte eo difuot qu'Homere daos 1'lIiade a pris

peu de chofe pour Con fujet, mais qu'il s'en beaucoup

fervi de fes

Ipifodes,

oous apprend que le CUJet comient

en

Coi

beaueoup

d'/pi(odes

dont le poe,te peut Ce fervir,

e'e!l-a-dire qu'il en cootient le,food s ou le canevas, qu'

on peut éteodre

&

dél'e1opper comme S.ophocle a fait

le chatimem d'OEdipe,

'

Le fuje t d'oo poem6 peut s'nmplifier de deux. ma–

nieres; I'uoe , quaod le pocre

y

employe beaucoup de

fes

'pifodes,;

l'aUlre lorCq u'il doone a chacun une étfO–

due conlidérable, C'ell priocipalement par cet art; que

les pactes épiques érendem beaueoup plus leurs pocllles,

que les dramatiqucs ne fon t les leurs, D'ailleurs il

y

a cerraiocs pardes de I'aétioo qui ne préfentem naturcJ–

lemeL1l qu'un feul

épifulc,

comme la tIlort d'Heétor, "

celle de Turnus,

&<,

au liey que d'autrcs parties de

Il\ fable plus riches

&

plus abondanles', o.bligent le pacte

a

fai-