ENe
irand. QlJi fait
ti
le
novum organtlm,
les
cogi!ata
&
'Vi!a,
le livre
de augmento [ciel1tinrt!m,
ne. íom pas
trop au-delfus de la portée moyenne de l"eCpm humalO,
pour devenir dans aucun fiecle, une I.élure faclle
&
commune? C'ea au [ems
a
éclaircir ce doute .
Mais ces conlidéra[ions Cur I'eCprit
&
la matiere d'un
D iétionnaire encyclopédique nous coodl1iCenc naturelle–
men[
a
parler du llyle qui efl propre
a
ce genre d'ou–
'\Irage .
,
.. .
'1
Le laconifme n'efl pas le ton d
00
dléllOnnalre; 1
donne plus
a
deviner qu'il ne le fau[ pour le commun
des leéleurs. Je voudrois qlJ'o.n ne laiCsi[
a
peoCer
q.uece qui pourroi[ I!tre perdu, íans qu 'on en
ffi[
mOlllS
inflruÍt fur le fond. L'efiet de la diverti[é , ou[re qu'
í!
efl inévi[able , ne me paroit point ici déplaiCam. Cha–
que travailleur, chaque Ccience, chaque art, chaque
~r
tiele , chaque Cujet a Ca langue
&
Con Il yle. Quel
10-
convéoient y a-t-il
a
le lui conCerver? s'il falloi[ que
J'édi[eur nt reconnoltre Ca main par-IOU[, l'ouvrage en
feroit beaucoup re[ardé,
&
o' en feroi[ pas mdllel1r .
Quelqu'inllruit qu'un édi[eur pat etre, il s' expoCeroit
fouvell! a commeUre une erreur de choCe, dans I"in–
tention de reél ifier une fame de laogue .
Je renfermerois le caraélere génér:ll du fl yle d' une
Eneydop/die,
en deus mots,
eomm/mia, proprie; pro–
¡ria, eommuniter.
En Ce conformam
a
ceHe regle, les
chofes communes Ceroient [Oajours élégantes;
&
les
choCes propres
&
particulieres, [otljours claires.
11
faut contidérer un diélionnaire univerCel des Scien–
ces
&
des Arts, comme une campagne immenCe cou–
'\I e rte de montagnes, de plaines, de rochers, d' eaux,
de foréts, ' d'animaux,
&
de tous les objets qui font la
variété d'ull grand payCage. La lumiere du ciel les é–
claire tous; mais ils en Cont tous frappés diverCement .
Les uns s'avancent par leur
lI~ture
&
leur expofition,
juCque Cur le devant de la Ccene; d'autres Cont dillri–
bués fur une infinité de plans intermédiaires; il Y en a
~ui
Ce perdellt dans le lointain; tous
Ce
font valoir ré–
ciproque ment .
Si la trace la plus legere d'affeélatÍon efl infuppor–
rabie dans un peli[ ouvrage, que feroit-ce au jugement
des gens de Lemes , qu'un grand ouvrage od ce dé–
faut domineroi[? Je fuis sl1r que I'excellence de la ma–
liere ne contrebalanccroit pas ce vice de flyle,
&
qu'
U
Ceroi[ peu lü. Les ouvrages de deux des plus grands
hommes que la nature ait produi[s, l'un philoCophe,
&
l'autre pocte, Ceroient intiniment plus parfai[s
&
plus
ellim~ s ,
ti ces hommes rares n'avoient été doüés dans
un degré tre s-ex traord inaire, de deuK talens qui me Cem–
b lent comradiéluires, le génie
&
le be! eCprit. Les traits
les plus brillans
&
les comparaiCons les plus ingénieu–
fes y déparent
a
[out moment les idées les plus fubli–
mes . La nature les auroi[ [raités beaucoup plus favo–
rablemen[, fi, leur ayant accord¿ le génie, elle leur
cut refuCé le bel eCprit. Le goílt Colide
&
vrai, le fu–
blime en quelque .genre que ce Cuit, le pathélique, les
grands effe[s de la crainte, de la commiféralÍon
&
de
la
terreur , les Centimens nobles
&
relevés, les gran–
de s idées rejettem le tour épigrammatique
&
le con–
tralle des exprellions.
Si toutefnis il y a quelqu'ouvr ege qui comporte de
la variété dan s le Ilyle, c'efl une
Eneyelopldie;
mais
comme j'ai dé/iré que les obje[s les plus inditférens y fuC–
fem to aJ nurs Cecre[ement rapportés
a
l'homm", y prilfent
un tou r moral, reCpiratrent la décence, la digni[é, la
fenfibiJ iré, I'éléva[ioo de l'ame, en un mor qu' on y
d ilcern at par - tour le foufRe de
I'honn~[eté;
je vou–
drois allffi que le [00 ré pondit a ces vaes,
&
qu'il
en re<ra[ quelqu'aullérité,
m~me
dans les endroits. od
les couleurs les plus brillantes
&
les plus gaies n' au–
roiem pas ¿[é déplacées. C'efi manquer
Con
but, que
d'amuCer
&
de plaire, quand on peut infiroire
&
toO–
cher.
Quant a la pureté de la diélion, on a droit de l'e–
xiger dans IOU[ uuvrage. Je ne Cais d'ou vient l'indul–
gence injuriellfe qu'on a pom les grands livres
&
fur-
10ut pour les diétionnaires.
11
lemb le 'lu 'on ait permis
ii
l'in-folio
d'e[re écrit peCammen[, négligemment, Cans
génl< , lans gOllf
&
Cans tinelfe . Croi[-on qu'il Coit im–
p" ffible d'introd llire ces qualités dans un ouvrá'ge de
longue haleine? ou feroít-ce que la plllpart des ouvra–
ges de
IOLlgue
haleine qui om paru juCqu'a préCent, a–
yant communément ces défauts, on les a regardés com–
me un appanage du format?
Ce~endan[
on s'appercevra, en y regardant de pres ,
que s 1I
y a quelqu'ouvrage ou il Coi[ facile de met–
'tre du fiyle. c'el1 un diétionoaire; tout
y
efi caupé
•
ENe
par articles;
&
les morceaux les plus étendus le Cont
moios qu'un diCcours oratoire.
.
Mais voici ce que c'ell . II ell rare que ceux qUI
é–
crivent (upérieurement, veuillent
&
pui(J'ent continuer
long-[ems une dlch" fi péniblc ; d'ailleurs dans les ou–
vrages de Cocié[é od la gloire du Cueces ell partagée ,
&
ou le travail d'un homme efl confondo avec le Ira–
vail de plu/ieurs, o n fe défign,;: en
foi~me me
un a..
Cocié pour én1ule; 00 compare Con [ravall .avec le
~en;
on rougiroi[ d'etre un-delIous ; on (e .Coucle peu d etre
au-delIils ' on n' "mploye qu' une partle de fes forces;
&
I'on erpere que ce qu'on aura négligé difparoitra dans
l'immentité des volumes.
'
C'el! aill/j que I'imérc'!t s'afloiblit dans chacun, 11
me-
·fure que le nombre des alfociés allgmeme;
&
qu~,
I'ou- •
vrage d'un Ceul fe dilliuguant d'aUlant m oins qu·tl a plus
de collegues, le livre Ce trouve en général d'une méd io –
crité d'autl\nt plus grande, qu'on y a cmployé plu' de
mains.
Cependant le lems leve le voile; chacun ell jugé
Ce–
Ion fon méri[e . On dillingue le travailleur négligell! du
travailleur honncte ou qui a rempli Con devoir. Ce que
quelques-uns om fait, montre ce qu'on élOir en droit
d'ex iger de 10US;
&
le public nomme ceux dom il cll
mécontent,
&
regrette qu'ils ayent fi mal ré¡'mudu
~
I'im–
portance de l'entrepriCe,
&
au choix dom on les avoit
honorés.
Je m'explique !3-delJ"lls avec d 'autatlt plus de liberté,
que perConne ne Cera plus expoCé que moi 11
cette cfpe–
ce de cenCure,
&
que, quelque critique qu'on falfe de
notre travail, Coit en général foit en particulier, il n'ell
reflera pas moins pour conllnot qu'il Ceroit rres-diffici le
de former une Ceconde Cocié[é de gens de Letrres
&
d' Artilles auffi nombreufe
&
mieux compoCée que cel–
le qui concourt
¡¡
la compolition de ce D iélionn3ire.
S'il élOit facile de [rouver m ieu! que moi pour au teur
&
pour éditeur, il faudra que 1'00 convienne qu'il
é–
toit, Cous ces deux afpeéls, intinirnent plus facile enco–
re de rencontrer moins bien que M. d' A lembert. Com–
bien je gagnerois a cene eCpece d'énumération od les
hommes fe compenCeroient les uns par les autres! Ajoii –
lons a cela qu'iI y a des parties pour leCquelles on ne
choifit point,
&
que ce[ incoovénient Cera de toutes les
éditions . Quelqu'honoraire qu'on proposa t
iI
un hornme,
il n'acquitteroit
jam~is
le [ems qu'on lui demanderoit.
1I
faut qu'un Arlille veille dans fi'n amlier;
il
fal1t qu'un
homme public foit a Ces fonélions. Celui-ci ell malheu–
reuCement trop occllpé,
&
I'homme de cabine[ n'ell m:ll–
heureufement pas alfez inflrui[. On
Ce
lire de
-l ~
com–
me on peut.
Mais s'il ell facile
a
un diélionnaire d'etre bien écrit,
il
n'ell guere d'ouvrages auxquels
iI
foit plus etren tie1 de
l'etre . Plus une rome doit erre longue., plus il Cer'!i[
a
Couhaiter qu'eIle fílt agréable . Au relle, nous a\'OI1S
quelque raiCon de croire que 1I0US ne fommes ras rell és
de ce cÓt ?-Cans Cucces .
1I
ya des perfonnes qui On!
Jo.
l'
Eneyelopédie
d'uo bou[
a
I'autre;
&
li I'on en exce–
pte le ditl ion naire de Eayle qui perd IOUS les Jours un
peu de ceue prérogative,
iI
n'y a guere que le nÓtre
qui en ait joüi
&
qui en joüilfe . N ous CouhailOns qu'il
la conCerve peu, parce que nous aímons plus les pro–
gres de I'efpri[ humain que la durée de nos produélions,
&
que nous aurions réuffi bien au-dela de nos efpéran–
ces , fi nous avions rendu les connoilIances ti populai–
res, qu'il falhit au commUll des hommes uo ouvrage
plus fort que
l'
Eneye/op/die,
pour les auacher
&
les
inflruire .
11
CeroÍ! a Couhaiter, quand il s'agit de Ilyle, qu'o n
ptlt imiter Petrone, qui a donné en ml:me terns l'exern–
pie
&
le précepte, 10rCqu'ayant }. peindre les qualités
d'un beau difcours, il a di[,
grandÍJ,
&
flt ita dieam
pudiea oratio ne'fue mactdu(a efl ne'flte tllrgída, ¡ed na–
turali pulchritfldine e..furgit.
La defcrip[ion ell la cho–
fe meme .
11
faut Ce garantir fingu lieremeut de l'obCcurité,
&
Ce
relJ'ouvenir achaque ligne qu'un diélionnaire ell fait pour
tout le monde,
&
que la répétition des mots ql1 i offe n–
[eroit d2ns un ouvrage lege r, devient un caraélere ue
íirnplici[é qui ne déplaira jarnais daos un grand ouvrage .
Qu'i l n'y ah jarnais rien de vague dans l'expreffiOIl.
1I
feroi[ mal dans un liore philoCophique d'employer les
termes les plus uli[és, 10rCqu'ils n'emponent avec eUle
aucune idée ti xe, dillinéle
&
déterminée;
&
il
Y a de
ces termes,
&
en tres-grand nombre . Si I'on pouvoit
en donner des defini[iol1s , Celon la nature qui ne chan–
ge point,
&
non felon les cnnvemions
&
les préJugés
des hommes qui
chan~ent
continuellement; ces délini-
lions