ENe.
Quelle que foit la nature des ccnvois, on
De
pour–
ra lrop les multiplicr.
IL
vaudroit micux qu'i! en eat
de fuperllos que d'omis. Un des effcts les plus immé-
-
di~t~,
&
des
ava~tages
les plus importans de la mulri–
phCllé des reOVOIS, ce fem
premiaement,
de perfe–
aionoer la nomenc1ature.
U
o article eITentiel a cap–
'poC[
:1
tam d'articles ditrércns, qu'i! feroit comme im–
poffible, que quclqu'un des rravaiJleurs ILy eat pas ren–
" .oyé . D'ou il s'enfuit qu'il ne peUt
erre
oublié; car
lel mot qui n'efi qu'accetIoire dans' une matiere, efi le
mor
imponant dans uoe autre. Mais il, en fera des
-chofes aio/i que des mots. L'un f.1it mentioo d'un phé–
Ilomene,
&
cen"oye
a
l'artic1e particulier de ce phé–
nomene; I'autre d'une qualité,
&
cenvoye :\ I'article
de la fubfiance; celui-ci d'un fyficme, celui·la d'uo
procédé,
&
chacuo fait fon renvol
a
l'endroit conve-
113ble, oon fur ce qu'il contiem, car
il
ne lui
a
point
été communiqué, mais fue ce qu'i! préfume
y
devoir
I;tre .conten?, P?ur éclaircir
&
completer I'an icle qu'il
travallle . Amli
a
tour momlint In Grammaire renverra
a
la Dialcél:ique, la D ialeél:ique
i
la Métaphylique, la
l\:1
étaphy/ique
11
la Théologie, la Théologie :\ la
J
u–
nfpru dence, la
J
urifprudence
a
I'Bifi oire, I'Hilloire
a
la
Géographie
&
a
la Chronologie, la Chrouologie
a
l'Afiranomie, l'Afironomie
a
la Géométrie, la Géo–
m étrie
a
l'Algebre, l'Algebte
a
I'Arithmétique,
&c.
U
no précautlon d,e la deroiere conféquence, c'ell de
n'avoir pas alkr. boone opinion de fon collegue pour
croire qu'il o'aura rien omis.
IJ
Y
a tant d'.urres rai–
fons que la mauvaife. foi, foit pour paITer un anicle,
foit pour o'y pas traiter tout ce qui en de fOil
obj.et,
qu'on ne peut etre trOP fcrupuleux :\ y renvoyer .
Ce fera
¡«ondement,
d'éviler les répélitions. Tou–
tes les Seieuces empietent les unes fur les autres: ce
fom .des rameaux continus
&
pareant d'un meme
t~onc.
eelui qui compofe un ouvrage, n'entre pas dallS fOil
fUJer d'une maniere abrupte, ne s'y renferme pas en ci–
gueur , u'en fort pas brurquement:
iI
efi contraiO[ d'an–
t iciper fur un terrein voi/in du fieu d'un cote; fes
eonféquences le poreent fouvent dans un nutre terrein
contigu du coté oppofé;
&
combien d'autres e xcur–
fions néceaaires daos le corps de l'ouvrage? Quellc efi
la
fin des nvant-propos, de$ introduél:ions, des préfa–
ces, des exordes, des épifodes, des digreffions, des
eondulions? Si
1'00
féparoit fcrupuleufement d'on li–
vre, ce qui efi hors du fuj et qu'on y lraile, on le ré–
duiroi t prefque toajours au quart de fo'o volume. Que
fait l'enchalnemem encydopéd ique
?
teue eirconCcci-
. ption fév ére.
Il
marque li exaél:ement les limites d'une
m atiere, qu'il ne refie dans
Ull
anicle, que ce qui lui
efi e{fcoliel . U oe feule idée neuve engendre des vo–
lumes fous la plume d'ulI écrivain; ces volumes fe
réduifent a qudques lignes fous la plume d'un ency–
clopédille . On y efi aITervi, fans s'en appercevoir,
a
ce que la mélhode des Géometres a de plus ferré
&
de plus précis. On marche rapidement. Une page pré–
fente toOjours autre chofe que celle quí la devance ou
la fu it . Le befoio d'une propofition , d'uo fait, d'un
aphorifme, d'un phénomene, d'un fylleme, n'exige
qu'une citalion en
EncJe/opidie,
non plus qu'en Géo–
métrie. Le géometre renvoye d'un théoreme OU d'un
proble me :\ un
aut~e,
&
l'encydopédifle d'un areiele
a
un autre. Et c'efi ainli que
deu~
genres d'ouvrages ,
qui paroitIellt d'une nature tres-différenre, parvienncnt
pat un meme moyen ,
a
former un enCemble tres-fer–
ré, tres-lié,
&
tres-contin u. Ce que je dis ell d'uoe
teJ1e exaél:itude, que la m éthode felon laquelle les Ma–
thémaliq ues fone traitées dans notre D iétionnaire, efi la
meme qu'oo a fuivie pour les autres matieres.
JI
n'y
a
fous ce poim de v ue aucune dilférence entre un an i–
cle
d'l\lgebre, .
&
un anicle de
Théolog.ic.,.
Par le moyen de l'ordre eocyclopédlque. de
1
um–
"erfalité des connoilTances
&
de la fréquence des reo–
vois , les rapports augmement, les liaifons fe ponent
en tour fens, la force de la démonll.ratioo s:accroit, la
Ilomcncbtllre fe complete, les connoilTances fe fappro–
chem
&
fe fortifient; on
apper~oit
ou la continuité , ou
le, vuidcs de notre fyllcme, fes cotés foibles, fes
~n
droits fons,
&
d'ull coup-d'ceil quels fom les obJet.s
auxquels il impone de travailler pour fa propre. glol:
re,
&
pou r la plus graode utilité du genee humalll. S,
1l0tre Diél:ionnaire
elt
bon, combien
il
produira d'ou–
"rages mei leurs?
l\iJais commene un éditeur vérifiera-t-il jamais ces
fe nvois, s'¡¡ n'a pas tout fon malloCcrit fous les yeux
r
Cene condition me paroit d'une telle importance
~ue
je prononcerai de celui qui fai t imprimer la premle¡e
'Iom<
V,.
ENe
547
(euílle. d'une ,
EncJclopédi.
,
f~ns
avoir préla viogt
foís
fa COpIC, qu
11
ne fent pas
1
étendue de la fonéliOIl'
qu:il ell,ind igne de diriger
~oe
Ii
h~ute
entreprife;
o~
qu enchalllé, comme nous
1
avons été, par des évcoe–
mells qu'on ne peut prévoir, il s'efi trouvé inopiné–
mem engagé dans ce labyrinthe,
&
conrraiot par hon–
neur d'en fonir le moills mal qu'il pourroit.
Un éditeur ne donnera jamais au tOU t un cenain de.
gré de perfeélion, s'il n'en polTede les pan ies que fuc–
ceffivement .
11
feroir plus difficile de juger ainfi de'
l'enfemble d'un diélionnaire univerfel, que de l'ordon–
nance générale d'un morceau d'architeél:ure , done on
ne verroit les différens ord res que [éparés,
&
les uns
apres les autres. Comment n'omema-t-il pas des ren–
vois
i'
Camment lIe lui en échappcra-t -i l pas d'inutiles.
de fauI, de ridicules? Un auteur renvoye en prenve,
du moins c'cfi fOil deITein,
&
il fe tronve qu'¡¡ a ren–
voyé en objeél:ion. Vartic1e qu'un autre aura cité,
00
n'exifiera poine du tout, ou ne renfermera rien d'ana–
legue
á
la maliere dont
il
s'agit . Un autre inconvé–
nient ; c'efi qu' j[ ne manque quelque portion du ma–
nufecit, que parce que l'ameur la compofe
a
mefure
que I'ouvrage s'imprime; d'ou il arrivera qU'3bufant
des renvois pour confulter fon loifrr, ou pour écouter
fa pare ITe, la matiere fera mal difiribuée, les premiers
volumes en ferom vuides , les derniers fur chargés,
&
l'ordre naturel emierement perverti. Mais ¡¡ y a pis
a
craind re, c'e!! que ce travailleur,
a
la fin accablé fous
une multitudc; prodigieufe d'anicles renvoyés d'une let–
tre
a
uue autre, ne les etlropie, ou meme ne les faf.
fe poiot du tout,
&
ne les remene a un aulre édition .
11
balancera d'aul3nt moins
a
prendre ce dernier pani,
qu'alors la fortone de I'ouvrage fera .faite , ou ne fe
fera point. Mais dans quel étrange embarras ne tom.·
bera-t-on pas ;s'il areive que le col legue , qui ne mar–
che dans fon travail qu'avec l'impreffiol}, meure
00
foit furpris d'nne longue maladie! L'expérience nous
a malheureu[ement appris
a
redouter ces é"enemens •
quoique le public ne s'en foit point encore
apper~u
.
Si l'éditeur
a
[Out
fcll1
manufcrit fous fes mains, iL
prendra une partie,
il
la fuivra dans toutes fes ramili –
catioos.
011
elle contiendra tout ce qui ell de fon
ob~
1et, ou elle fera incomplete; ri elle efi incomplete, il
efi bien diffici1e qu'il ne foit pas inllruit des omiffionl>,
par les renvois 'lui fe ferom des autres panies
ii
celle
qu'il examine, comme les renvois de celle-ci
a
d'all.–
tres, lui ind iqlleront ce qui fera dans ces dernieres,
ou ce qu'il y faudra fuppl éer . Si un mot étoit telle–
ment ifolé, qu'il n'en
mI
mention. dans aucune partie .
foit en difcours, foir en renvoi, j'ofe afsarer qu'il
pourroit etre orois prefque fans cooféquence. Mais
penfe-t-on qu'il y en ait beaucoup de certe natur" ,
m l'me parmi les chofes individuelles
&
particulieres
~,
il
faudroit que celle dont
il
s'agit, n'eat aucune place
remarquable dans les Sciences , aucune cfpece utile, au–
cun u(age dans le s Arts. Le maconnier d' lnóe, cet
arbre
Ii
fécond en fruits inutiles, n'ell pos m éme dan.
ce cas .
11
n'y
a
rien d'exillant dans la nature ou dans
I'entendemem, cien de pratiqué o u d'employé dans le.
atteliers, qui ne tienne par un grand nombre de fil.
au fylleme général de la concoillÍlnce humaine. Si au
coutraire la chofe omife ¿toit importante; pour que
l'omiffion n'en mt ni
apper~ue
ni réparée, il faudroit
fuppoCer au moins une feconde omiffion , qui en en·
trainewil au moins I1ne lroilieme,
&
ainli de fuite,
jufqu" un
~tre '
folitaire, ifolé,
&
placé fur les ó:r–
nieres limites du fyllcme.
11 Y
auroit un ordre entlee
d'etres ou de notions fupprimé, ce qui efi métaphi–
liquement impoffible. S'il.refie fur la ligne
u~
de
c~s
etres on uoe de ces ne tlons, on fera condult de-la,
tant
~n
defeeodant qu'en montant,
a
la rellitution d'une
au tre,
&
aina de fo ite, jol"qu'a ce que tout l'intervaf–
lc vuidc foit rcmpli, la chaine complete,
&
¡'ordre
encyclo¡rédique cominu.
.
En détai llant ainli comment une vénrable
EncJe/o–
pldie
doit etre fai te, nous établi{fons des regles bien
féveres , pour examiner
~&
juger celle que nous pu–
blions. Quelqu'ufage qu'on faITe de ces regles, ou pour
ou contre naus, elles prouveronr do mOllls
qu~ .
per–
fonne n'étoit plus en étal que les auteurs de crltlq uer
leur ouvrage . Relle
a
favoir /i nos ennemís, apres
avoir donné jufgu'a préCent d'alra fortes prcuves d'igno–
rance, ne le ré[oudront pas
¡¡
en donner de
I~cheté.
en
1I0 US
atlaquant avec des armes que nous n aurons·
pas craint de leur metere
a
la main.
L a préleaure réitérée du manufcdt complet, obvie–
roit á troís fortes de ,furplémens. de chofes , de mots.
Z ·1.1.
2.,
&
de
\..