ENe
les efprits, C'dl l'art de deduire lacítemént les conré–
quences les plus fortes , Si ces renvois de confirmation
&
de réfutation font prévus d. loio,
&
préparés avec
adre(fe, ils doooerool
a
une
Encyclopldi,
le
caraaere
que doit avoir un bon diaioDnaire ; ce caraaere en de
ch'''ger la
fa~oo
commuoe de penfer, L'ouvrage qui
produira ce grand efiet géoéral, aura des défauts d'exé–
cudoo; j'y coofens, Mais le plao
&
le fond en feronl
c xcclleos , L'ouvrage qui D'opérera rien de pareil, fera
mauvais _ Quelque bien qu'on en puilfe dire d'ailleurs;
l'éloge patrera,
&
l'ouvrage tombera daos I'oubli,
Les reovois de mots foil! tres-utiles , Chaque fcíen–
ce, chaque art a fa langue, 011 en feroit-oo,
Ii
toutes
les fois qu'on employe uo terme d'art,
iI
falloit en fa–
veur de la clarté, eo répéter la définitioD? Combieo de
redites?
&
peut-on douter que tam de digremons
&
de
pareothcfes, tan! de loogueurs ne rendi/reot obfcur, 11
el1 3Um commun d'etre difius & obfcur, qu'obfcur &
terré;
& Ii
I'un ell qllelquefois fatiguaO!. l' autre ell
toiijours ennuyeux, 1I faut feulemenr, lorfqu'oo fait u–
fag e de ces mots
&
qu'on ne les explique pas, avoir
l'attention la plus fcrupuleufe de renvoyer aux endroils
011 il en ell quellion,
&
auxquels on oe feroil cooduil
que par I'analog ie , efpece de fil qui o'ell pas eotre les
maios de tout
le
monde, Dans uo D iaionnaire uni–
"erfe l des Sciences
&
des Ans, 00 peut elre comraiol
en plu(jeurs circonllaoces
a
furpoCer du jugemenl, de
l'eCprit, de la pénétradoo; mais il n'y eo a aucuoe 011
l'on aie dll ruppo fer des cooooitraoces, QIl'UO homme
peu if\telligenr fe plaigne, s'il le veut, ou de I'iograli–
tude de la oatore, ou de la difficuhé de la matiere ,
mais noo de I'au teur, s'il oe lui manque rieo pour eo–
tendre. ni du cÓté des chofes oi du cÓlé des mots,
lI Y a une troi!ieme forte de tcovois
a
laquelle il ne
falll ni s'abandonner, ni
f~
refufer emierement; ce fonl
CeuX qui en rapprochant daos les fcieoces cercains rap–
pom, dans des fubllances oaturelles des qualilés analo–
gues , dans les arts des manceuvres femblables, con–
du iroient ou
a
de oouvelles vérités fpéculalives, ou
a
la perfccrioo des arts connus, ou
a
I'inventioo de nou–
venus nrts, ou
a
la rel1itution d' aociens arts perdus,
~cs
ren vois fonr I'ouvrage tle I'homme de génie , Heu–
rt ux celui qui ell en élae de les appercevoir, 1I a
cet
e(prit de combiuaiCon, cet inllioa que
j'
ai défini dans
quelqu~s-uoes
de
m es penries Jur
l'
interprltation de
la nature,
Mais
il
vaut encore mieux rifquer des con–
j eau res
chim~riques,
que d'en lailfer perdre d' miles,
C 'eO ce qui m'enhardie
a
propofer ceIles qui fuiveol,
N < pourroil' on pas
foup~onner
fur l'inclioaifon
&
la
déclinaiCon de l' aiguille aimanrée, que foo exuémilé
, c:\écrit d' un mo uvemenr comporé une petiee eHipfe
femblable
a
ceHe que décrit l'extrémité de I'axe de la
terre?
Sur les cas Ires-rares 011 la nature nous olfre des
phénomenes Colitaires qui Coienr permanens, tels que
l'un oeau de Satume; ne poureoit-on pas faire remrer
eelu i-ci daos la loi générale
&
commune, en cODlidé–
raOl cet anneau, 000 comme un corps continu, mais
comme uo cerrain nombre de fatellites mus daos UII
m~me
plao, avec une vitetre capable de perpélUer fUf
nos yeux une fenfation oon - intereompue d' ombre ou
de lumiere ? C'ell
;l
moo collegue M, d' Alembert
a
apprétier ces cODjeaures,
Ou pour en veoir
a
des objels plus voilins de oous,
&
d'uoe utililé plus certaine; pourquoi n' exécutcroie–
on pas des figures de plantes, d'oifeaux, d'animaux
&
d'hommes, en un mOl des tableaux, fur le métier des
ouvriers en foie, 011 l' on exécute déja des tleurs
&
des feuilles
Ii
parfaitemeot nuancées?
Quelle impombilité y auroit -
il
a
remplir fur les
rnémes métiers les fonds de ces lapitreries en laine qu'
on fai t a I'aiguille,
&
a
oe lailfer que les , eodroits du
delfein
a
ouancer, vuides
&
prcts
a
etre achevés a la
maio, Coit en laine , foil en foie? ce qui donneroil pour
la célérité de J'exéculÍoo de ces fortes d'ouvrages au
rnétier, celle qu'on a daos la m achine abas pour la
fa~on
des mailles , j'invite les Artilles
a
médiler 13-
dctrus ,
,
Ne poureoit-on pas étendre le pelit art d'irnprimer
eo caraa eres percés,
a
I'impreffioo ou
a
la copie de
h
M ufique? 011 auroit du papier réglé, Le. portées
de ce papicr reraiem 3Um teacées fur les peliles lames
des caraa. res, A l'side de ces traits
&
des jours memes
des caracteres, on les rangeroie facilemenr fur les por–
t~
s, Les barres qui féparent les mefures, celles qui
l~nt
les, DOtes,
&
IOUS les autres fignes de la Mufi-
que
C.
rOtem au nombre des catacreres , 00 dooncroit
ENe
aUI
lames des largeues qui feroieot entrelles comme
les valeurs des noees; conféquemment les notes occu–
peroiem fur une portée des eCpaces proportiollnés
a
leurs valeors,
&
les mefures fe correfpondroieOl ri–
goureufemem les ones aux aUlres , fur ditféreotes por–
lées, fans la moindre anenrion de la pan du mulicieo,
Cela fait, 00 auroit un cha(fi qui cootieodroil chaque
portée, qu'on appliqueroit fucceffivcmenr fur aUlalll de
papiers ditférens qu'011 voudroie, ce qui donneroit au–
tanr de copies d'un
me
me morcfau, La feule peine
qu'il faudroit prendre, ce feroit ,de hau(fcr
&
b~ilfer
a–
vec un petil inllrument les peutes lames mobtles les
unes eutre les aUlres, daos les endroits 011 elles oc cor–
refpondroienl pas 3Um exaaemenl qu'il le faul, (oit aux
lignes, foie aUI entre-liªoes , j'abandonne le jugement
de cene idée
¡¡
mon ami M, Rou(feau ,
Entio une derniere fone de reovoi qui peut étre Ol!
de mOl, ou de chofe, ce fom ceux que j'appellerois
volontiets falyriques ou épigrammatiques; lel ell , par
exemple, ce1ui qui fe trouve dans un de DOS anides,
011
¡¡
la fuite d'un éloge pompeux 00 lit,
'V"ya,
C
A–
P U
e
H
o
N,
Le mot burlefquc
capuchon ,
&
ce qu'on
teou\'e
a
l'anide
capuchon,
pooreoit faire
foup~onner
que l'éloge pompeux o'ell qu'une itooie,
&
qu'¡¡ faut
lire I'an icle avec précautioo,
&
en pefer exaaemeDl
tous les termes ,
Je ne voudrois pas fupprimer eolicremenl ces ren–
vois, parce qu'ils 001 qoelquefois leur Ulilité, On peut
les diriger fecretement contre certains ridicules, com–
me les renvois philofophiqoes contre certains préjugés,
C'ell quelqoefois un moyen délicat
&
léger de repouf–
fer une iojure, fans prefque fe meme fur la défenli–
ve,
&
d'areacher le mafque
a
de graves
perfonnag~s
•
'fui curios jimu/ant
&
bacchana/ia 'Vi'Vlmt
_ Mais je
n'en aime pas la fréqueoce; celui-meme qui J'ai cité
ne me plait pas, De fréqueotes aJlurions de ceue na–
ture couvriroienr de eénebres un ouvrage , La po(léri–
té qui ignore de petites circonllaoces qui ne méritojent
pas de lui etre traormifes. ne fem plus la tioerTe de
l'a-propos,
&
regarde ces mots qui nous égayem, com –
me des puérilités, Au lieu de compofer un diaioonai–
re férieux
&
philofophique, on tombe dans la paCqui–
nade, Tout bien conlidéré, j'aimerois mieux qu'oll dll
la vérité fans détour,
&
que,
Ii
par malheur ou par
haCard on avoit a faire
a
des hommes perdus de ré–
putation, fans connoitraoces, faos mceurs ,
&
dont le
oom mt prefque deveou un lerme
de~hoonete,
on s'ab–
mOl
de les nommer ou par pudeur, ou par charité •
ou qu'on tombat fur eUI fans ménagemenr, qu'on leur
nt la honre la plus ignominieufe de leurs vices, qu'on
les rappellit
a
leur élat
&
a leurs devoirs par des traits
faoglans,
&
qu'on les pourfuivl l avec I'amertume de
Perfe
&
le fiel de J uvénal ou de
B lukanan,
J e fai qu'on dil des ouvrages 011 les auteurs fe foO!
abandoooés
a
toute leur iodignalioo: C
e/a
,/1
horrible!
0'1 'le traite point
/tI
gmJ a'Vu cette dl, r,ti-/,)! Ce
Jont des injures grojJieres 'fui ne peu'Vme J' /ire,
&
aUlres femblables di{cours qu'on a teous daus tous les
tems
&
de 10US les ouvrages 011 le ridicule
&
la mé–
chaneelé 001 été peiots avec le plus de force,
&
que
nous lifons aujourcl.:hui avec le plus de plailir, Expli–
quons ceue contradiaion de oos jugemens, Au mo–
mem 011 ces redoutables produaioos furent publ iées,
10US les méchans allarmés craigoirent poor eox: plus
un homme étoil vicieux, plus il fe plaignoit haute–
mem,
11
objeaoit
~u
fatyrique, I'age, le rang, la di–
gDieé de la perfooDe,
&
une infiaité de ces petites con–
lidérations patrageres qui s'alfoibliClent de jour ea jour
&
qui difparoitrent avant la fin du fiede, CrOit-OD
qu'au tems 011 JuvéDal abandonooit MerIalioe aul por–
tefaix de Rome,
&
011 Perfe prenoit UD bas valet,
&
le Iransformoil en un grave perfonoage, en un magi–
ílral refpeaable , les geDs de robe d'un cóté ,
&
10U–
tes les femmes galaDles de ¡'autre ne fe récriereol pas,
ne direDl pas de ces traits qu'i1s élOieot d'une indé–
ceoce horrible
&
puoiUilble? Si I'on n'en croit rien ,
on fe trompe, Mais les circoollances momeotanées
s'oublieot; la pollérité ne voil plos que la folie, le
ridicule, le vice
&
la méchanceté, couverts d'ignomi–
nie,
&
elle s'en réjoüit comme d'on aae de iullice ,
Celoi qui blame le vice légerement ne me parolt pas
aCle? ami de la vertu , On ell d'autam plus indigné de
l'inJullice, qu'on ell plus éloigné de la commeme;
&
c'eU une foiblelfe repréhenlible que telle qui nous em–
peche de monteer pour la méchaocelé, la barIe{fe , I'eo–
vie, la duplicité, cene hainé vigoureufe
&
profondc
que tout honnele homrne doil re{fclllir ,
Quel-