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\

549

ENe

!ion fans laquelle il ' en impoffible de feotir tout le mé–

Tile de la Profe harmonieuCe

&

d,e la Poéli.,

&

que

'par cODCéql1em i! lle faU! pas entieremenl négliger)

&

la

panie de I'ortographe qu'on appelle

la ponffuat'.on ,

-JI

en arrivé par les altérations qui Ce fuccedem rap!de–

'mem dans la maniere de prononcer,

&

les correéllons

.qui s'imroduiCént lente¡nent dans la maniere

d'écri~e"

.que la prononciation

&

l'écriture ne marchent pOlllt

,enfemble,

&

que quoiqu'il y nit C?e7, les, peuples les

plus policés de l'Europe, des foclérés d hommes de

lemes chargés de les ¡nodérer, de les nccorder,

&

de

¡es rapprocher de la meme ligl1e , elles Ce IrOI1Velll eo–

fio

a

uoe diilancc inconcevable; en Corte que ' de deu¡

~hoCes

dont I'une n'a été imaginée, dans Con origine,

que pour répréCen ter fidelemem I'autre, celle-ci ne dif–

fcre guere moins de ceile-U, que le portrait de la me–

J]le pcrfonne peinte dans del1x ages Ires-éloignés . En–

fin I'inconvéniem s'en accru

a

un tel exces qu'oo n'ofe

plus y remédier. On 'prononce unc langue, on en écrit

uoe autre;

&

1'00 s'accoutumc tellement pendant le

reile de la vie

a

cettc biCarrerie qui a fail verCer tan!

de larmes daos I'enfance, que li I'on

renon~oil

a

Ca

~auvai Ce

orrographe pour une plus voiGoe de la pro–

·nonciadon, on ne reconnolrroit plus la langue parlée

fous cetle nouvelle combinaifon de c:¡raéleres .

Mais on ne doit point etre qrreré par ces confidéra–

tions

fi

puiifantcs Cur la multitude

&

pour le moment .

11

faut abColument Ce faire un alphabet raiConné , mi '

un meme ligne ne repréren te point des COAS ditférens ,

ni des lignes différens un meme Con, ni plulieurs lignes

¡we voyelle ou un

Con

limpie,

JI

faut enCuite Mlermi–

ner la valeur de ces lignes par la deCcriptioo la plus ri–

goureuCe des différens mouvemeos des organes de

l~

parole dans la produélion des Cons attachés achaque

ligne ; diil inguer avec la dcrniere exaélitude les mou–

vemens fuccefiifs

&

les mouvemens limulranés; en

pn mot ne pas craindre de IOmber dans dos détails

~inutieux,

C'en une peine que des Ruteurs célebres

qui ont écril des langues anciennes, n'ont pas dédaigné

de prendre pour leur idiome ; pourquoi n'en ferions-

110US pas 3\1tant pour le nó,¡re qui a

f~s

aoteurs origi–

naux en lOot genre, qui s'élend de jour en jour,

&

qui eil prefque deveou la', langue un iverCelle de l'Eu–

rope? Lor Cque Moliere plaifanroil les gramrnairieni, il

abandonnoit le caraélere de philoCophe,

&

il oe Cavoit

pas , comme I'auroic dit Moncagne, qu'il donnoit des

fouffiets au x aUleurs qu'il reCpeéloic le plus, fur la jllue

du Bourgeois-Geu lilhornOle.

Nous n'avons qu'un moyen de fixer les choCes fu–

gitives

&

de pure conventioll; c'en de les rapporler

a

pes etres conlhns :

&

il n'y a de baCe coonante ici que

les organ8s qui ne changen! poin!,

&

qui, Cemblables

~

des intlrumens de mulique, rendrQnt-

n-peu-p,h

en

tout lems les memes

Cons,

fi nous Cavons difpoíer ar–

~i(lement

de leur cenlioo ou de Icur loogucur,

&

dio'

riger cODvenablement I'air dans leur capacicé; la tra–

chée artere

&

la bouche compoCent une eCpece de Ilu–

le, dOn! il fam donoer la

l~blalUre

la plus CcrupuleuCe ,

J'ai dil

n,pell·prf¡,

parce qu'entre les organes de la

¡laCole il n'y en a pas uo qui n'air mille fois plus de

Jatimde

&

de variété qu'i! n'en fauI pour répandre des

différences Curprenantes

&

Cen ~b¡es

dans la produélion

d'un Con.

l\.

parler avec la derniere exaélitude,

iJ

n'y

a peut-ecre pas dans toure la France, deuK hommes

qui ayen! abrolument une meme prononciation, Nous

avons chacun la nÓcre; elles Cont cependant coutes aC–

fel Cemblables , pour que nous n'y remarquions fouvent

aucune diverlité choquanre; d'ou

iI

s'eníiJit que li nous

De parvenons pas

a

tranCmettre

11

la potlériré ootre pro–

nOllciation , nous lui en feroos pa(fer une approchée que

l'habitude de p.arler corrigera r.11lS ce(fe; car la eremiere

fois que I'on produil aniticiellemenc un mot étranger,

Ce–

Ion une prononciation donl les mouvemens 0111 éré pre–

fcrits , l'hom¡ne le plus inrelligeOl, qui a I'oreille la

1'41S délicate,

&

¡10m les organes de la parole Cont les

plus fouples, eíl dans le cas de I'éleve de M . Perei–

re. F orc;anc tous les mouvemcns

&

Ceparant chaque

Con

par des.repos,

il

re(Temble

~

un automate organiCé :

m~i~

combien la vite(fe

&

la hardie(fe qu'il acquérera peu-a–

peu, n'afT"oibliront - elles pas ce défaut? bien - tÓt on le

crOlra né dans le pays, quoiqu'au commencement il

f~l,

par

r~ppon

a

une langue érrangere, dans un élal

pire qne I,enfan t par rappon

a

Ca lang ue maternelle,

II n'y avolt que [a nourrice qui I'entendit, L'encha¡ –

nemeO! des fons d'une langue n'e(l pas aufii arbitraire

qn'on fe I'imagine ; j'en dis autant de ieurs combinai-

10m,

S'il

y

eu a qui ne I'0urroient fe fuccéder fa(li

ENe

une grande fatjgue poor I'organe, Ol¡ ils De fe renCOD–

Ir~nr

poin l, ou ils ne duren¡ pas, lis foO! cna(fés de

la, langue par I'euphonie, cette loi puitlÍlnte qui

agi~

continuelle¡nent

&

univerCellemem Cans égard pour I'é–

tymologie

&

Ces Cléfel)Ceurs,

&

qui lend f.1ns interrniC–

lion

a

amener des"etres qui OO! les memes organes, le

meme idiome, les

m~meS

mouvemens pre(crits, :¡'peu–

pr~s

a la meme prononciation, Les cauCe,s don¡ I'aélion

.n'eíl poiO! imerrQmpue, dev :enoent toujours les plus

fOCles avec

I~

¡e'ms , quelque foibles qu'elles Coient en

elles-memes .

Je ne diffimulerai point que ce principe ne [ouffre

plufieurs difficultés, entre leCquelles il y en a une tres–

importante que je vais expofer , Selon vous, me dira-I–

on, I'euphonie teed fans ceife

a

approcher les hommcs

d'une meme prononcialion, fur-Iou t 10rCque les mou–

vemens de I'organe

001 '

écé déterminés. Cependant les

Allemans, les Anglois, les ltaliens, les

Fran~ois,

pro–

noncem tous diverCement les ¡'ers d'Homele

&

de Vir–

gile; les Grecs écrivent

,..'JI,

""1,,

e•.:,

&

il Y a des

I\nglois qui lirem

mi, nine, a,

i,

dé,

:ti, , ':;

des

Fran~ois

qui liCent

m;,

nin.,

a,

ti,

ye,

dé, thé,

4

(

ei,

comme dans la premiere de

neige,

&

ye

, comme

dans la derniere de

paye ;

cet

y

ell uo

)'eJ<

con{oolle

qui manque dans notre alphgbel, quoiqu'i l (qil dans

notre prononciation ).

(f?,0y ez le!

notes

de

M, puclos

JlIr la gramm , ghdr , raijunn )

Mais ce qu'il y a ¡le fingulier, c'en qu'ils Cont tous–

également admiraleurs de I'harmonie de ,ce débul: c'en

le méme enthou liarme, quoiqu'il n'y ait prcCque pas un

Con

commun, Entre ,les

Fran~ois

la prononciatioo da

grec varíe tellemeOl, qu'il n'en pas rare de trouvcr deux

favans qui entendent tres-bien cette langue ,

&

qui ne

s'eotendeOl pas entr'eu x ; ils ne s'accordent que [ur la

quantilé . Mais la quantité n'étant que la loi du mou–

"ellienl de la prononciarion, la hatan t ou la fuCpen–

danl Ceulement, elle ne faic rien ni pour la d.,ouceur ni

pour l'aCpérité des fons _ On pourra

touJ our~ d~man­

der comme11l

il

arrive que des leures, des Cyllabes,

des mots ou

folitair~s

ou combinés

Coie~1

égaltmen t

agréables

a

plulieurs perfonnes qui les prononcenr di–

verCement , Eíl"ce une Cuite du préjugé favorable

il

tour

ce qui nous vieOl' de loin, le prell ige ordinaire de la

diílance des tems

&

des lieux , l'effe t dlune longue era–

dilion ? Comment eil-il arriv é que parmi tam de vers

grecs

&

lalins, il n'y ait pas une

Cyllab~

lellemel)l ,con–

traire a la prononcialion des Suédois, des Polonois, que

la leélure leur en Coil abColument impoffible? Dirons–

nous que les langues mortes 001 été li traxaillées, (ont

formées d'une combinai[on de fons li fimples.

!1

fad–

les, li élémentaires, que ces foos formeOl dans toutes

les langues vivantes 01'\ ils Cont employés, la partie la

plus ag réable

&

la plus mélodieuCe ? que ces 1aligues

vivantes en Ce perfe&ionnam toujours ne (001 que re·

élifier Cans ceHe Icur harmonie

&

I'approcher de I'har–

monie des langues mortes

?

en un mOl que I'harmonie

de ces dernieres, faélice

&

corrotOp'ue par la , pronon–

ciation particuliere de chaque lIation': en encore Cupé–

rieure

11

I'harmonie propre

&

réclle de lenrs langues,

Je répondrai premierement, que ceUe derniere confidé–

ration aura d'aulant plus de force , qu'on Cera mieux

inilruit des Coins extraordinaires que les Grecs avoieOl

pris pour rendre leur langue harmonieuCe: je n'elltre·

rai point dans ce MIsil; J'ob(erverai

Ce~kmelH

ea

gé..

IH:ral, qu'il n'y a prcCque pas une [eule voyelle, uné

Ceale diphthongue, une feu le cooConnc, dollt la "aleur

Coil tellement conilante qne I'euphonie n'en puitfe di–

CpoCer, foit en altérant le Con, foit en le fupprimanl;

Cecondement que, quoique les anciens ayent prj, quel–

ques précautions pour nous tranfmettro la valeur de

leurs caraélercs, il s'en fauc beauco,up qU'ils ayeO! été

la-deflus auffi exaéls, aufii minulieux qu'ils auroien t dO.

l'etee: troiliememel1l, que le Cavant qui podedcra bie n

ce qu'ils nous en Ol!! lailTé, pourra routefois Ce Ilaler

de réduire

a

une prononciation fon approch¿e de la

fienne tout homme rai(onnable

&

conCéqucl1l: quatrie–

mement, qu'on peut démol!trer fans réplique

a

l'An–

glois, qu'en

pronon~ant

mi,

nin~,

a,

~,

dé,

Ú,

e,

il

fail fix fautes de prononciation Cur (ept Cyllabes. II

rend la Cyllabe

/1,;'

par

mi;

mais Ul! Buteur ancien nous

apprend que les bre bis rendoienl en

b~lalll

le Con de

1'.,

D ira-r-on que les brebis greques beloient allrrel11tlll que

les nÓrres,

&

,di[oielll

bi, bi ,

&

noo

be, be ,

N o us Ii–

fons d'ail lcurs dans I)enis d'Halicarnaífe:

~

inf'" bajim

lingl/" al/idit Jonum ,.nJe'll/entem, non {t,pra , ore mo'

dorate aperto,

móuvemens que n'exécute en aucune

P¡31liece (¡elui qui rend. par;,

11

rend " qui e(l une

lIi-