ENe
' vous ayet rempli l'imervalle d'ul1e révolu,tion,
a
la
révolution la plus éloignée;
&
vous vous farmere'l.
quelque notion de ce que l'efpece entiere peu[ produi–
re de plus parfait, fur'lOu[ fi vous fllppofe'l. en faveur
de fon [ravail , un cercain nombre de circon(lanccs for–
tuites qui en auroiene diminué Je ¡¡'CeeS, fi elles avoient
lté eontraire's, Mais la malfe générale de I'dpéce l1'c(l
{si[e ni pour fuivre, ni pour conno'tre cette marche de
I'efpri[ humain , Le poiO! d'inflruaion le plus élevé
CJu'clle puilfe aueindre, a fes limites: d'oo il s'enfui[
qu'il y aura des ouvrages 'lui renerOn[ tuujours au–
delfus de la pOrlée commune des hommes; d'autres
CJui defeendront peu-'-peu au-delfous,
&
d'autres en–
c ore qui éprouveront cene double fOrlune,
A quelque poio[ de perfeaion qu'une
Emyclopldi<
Coi[ conduite,
il
e(l évident par la nature de ce[ ou–
vragc, qu'elle fe trouvera nécelr.1ircment au nombre de
<:cux -ci, 1I a y des objers qui font entre les mains dll
peuple, dont il tire fa fubfillance,
&
a
la connoilfao–
<:e prati.¡ue defquels il s'occupe fans relaehe _ Quelque
-u aité qu'oo en écrive,
iI
viendra un moment 00
iI
en
f!ura plus que le livre _
11 Y
a d'autres objets fur lef–
que Is
iI
demeurera prefqu'elHieremelH ignoralH, paree
que les aeeroilfemens de fa eonnoilfance fom trop foi–
bies
&
trop lems, pour former jamais uoe lumiere eonfi –
dérable, quand on les fuppoferoit eonlÍnus , Ainfi I'hom–
me du peuple
&
le fav ant auron! toíljours égalemen[
:; defirer
&
á
s'in(lruire daos une
Eney".pidie
_ Le
momen[ le plus glorieux pour un ouvrage de ceue na–
lure, ce feroi[ celui qui fuecéderoi[ immédia[emen[ •
quelque grande révolution qui auroi[ fufpendu les pro –
gres des Seienees, inrerrompu les lraVaUI de5 Ans ,
&
replongé dans les rénebres une ponion ' de notre hé–
m ifphere , Quelle reconlloilfance la génération , qui vien–
droi[ apres ces rems de [rouble, ne poneroi l-elle pas
aux hommes qui les auroient redourés de loin,
&
qui
eÓ
auroienr préveou le ravage, en menant • I'abrí les
connoifr.1nees des fieeles paffés? Ce feroit alors (j'ore
le
dire (Ims o(lentation, paree que no[re
Eneye/opidi.
n'alleindra
peur-~lre
jamais la perfeaion qui lui méri–
teroi[ taOl d'honneurs ) ; ce feroi[ alors qu'on nom–
m eroit avee ce grand ouv rage le regne du Monsrque
fous lequel
iI
fUI en[repris; le Minill re auquel
iI
fut
dédié; les Grands qui en favorifereot I'exéeurion; les
AUleurs qui s'y confacrerenr ; touS les hommes de let–
Ires qui y eoncoururen[ _ L a meme voi¿ qui rappelle–
roi[_ces. Cecours lI'oublieroi[ pas de parler auffi des pei–
nes que les auteurs auroien[ foufl'enes,
&
des difgraees
q u'ils auroient efiuyées;
&
le monumen! qu'on leur é–
¡everoir , feroi[
a
plufieurs faces,
00
I'on verroi[ al–
terna[ivemeot des honneurs aeeordés
a
leur mémoire,
&
des marques d'indignation allachées
a
la mémoire de
leurs ennemis ,
Mais la eonnoilfanee de la langue ell le fondemen!
de toutes ces grandes efpérances; elles re(leront ineer–
taines , fi la langue n'e(l fixée
&
[ranfmife • la pollé–
~ité
dans [oute fa perfeaioo;
&
cet objet e(l le pre–
mier de ceuI don[
iI
eonvenoit
a
des Encyclopédi(les
de s'oecuper profondément _ Nous nous en fommes
apper~us
hop tard;
&
cene inadvertance a jellé de I'im–
perfeérion fur tout no[re ouvrage _ Le eÓté de la lan–
gue e(l rellé foible .( je dis de
la lang'u
,
&
non de
la
Grammair.
) ;
&
par cene raifon ce doi[ crre le
fuje[ principal, dans un miele on I'on exam ine iin–
partialcment fon travail,
&
00
I'on cherche les mo–
yens d'en eorriger les défau[s. Je vais dooc [rairer de
la Langue, fpéeialement
&
eomme je le dois , ]'ofc–
rai meme invi[er nos fuccelfeurs á don ller quelque at–
temion
11
ce mareeau,
&
j'efpérerai des aurres hom–
mes. I'ufage defq uels
iI
efl moins dell iné, qu'i1s en
avoucroOl l'importaDee,
&
qu'ils en excuferoOl l'élen–
due _
L'inllitution de fignes voeaux qui repréfent3CTent des
idées,
&
de caraaeres traeés qui repré(entalfen[ des
voix, fut le premier germe des progres de I'efprit hu–
main _ Une fcie nee, un ar[, ne naifltm que par I'ap–
plicarion de nos réflex iollS aUI réflexions déj' faites ,
&
que par la réu nion de nos penfées, de nos obfer–
valions
&
/de nos expérienees, avee les pellfées, les
obferva[ions
&
les expériences de nos remblables, Sans
la double eonvention qui anacha les idées aux voix,
& ,
les voix
a
des caraaeres, tou t renoi[ au-dedans de
l'homme
&
s'y éteignoit : fans les Grammaires
&
les
diaionnaires , qui font les interpretes univerfe\s des peu–
pIes elHr'eux, tout demeurni[ concentré dans une na–
rion ,
&
difpaloilfoi[ avee dIe, Gen par ces ouvrages
que les facu ltés des hommes ont été rapprochées
&
'IQmt V,
ENe
537
combinées entr'elles; elles relloien! iColées fans ce[ in–
[ermede; une invemion, quelque admirable 'lu'elle eOt
été , n'auro;[ repréfemé qu e la force d'un gétlie foli–
!aire ou d'une fociéré particuliere,
&
Jnmais I'únt rgie
de I';fpeee _ Un idiome commun feroit l'uniql1e moyen
d'établir une correfpondanee qui s'éren d,t
a
toules les
parties du
genr~
humain,
&
qui les ligoftt cOlltre la
Natore , • laquelle nous avons rans cene
~
faire vio–
lence foit dans le phyfique, foi l dans le moral, Sup–
pofé
~e[
idiome admis
&
fi~é,
auí!i-tÓt les nOl iulls ,de–
viennent permanentes; la dlllance des [ems dlfparo l[ ;
les lieux fe [ouchent; il fe forme des liaifoos ellrre
IDUS
les poims habi[és de I'efpace
&
de la durée,
&
IOUS les
etres vivans
&
penfans s'entrerienoem_
La laogue · d'un peuple donne fon vocabulaire,
&
le
vocabulaire e(l une table afTe;: fidele de roures les con–
noifTanees de ce peuple: fur la feule comparaifoll du
voeabulaire d 'une nation en ditférells tems, on fe for–
meroi[ une idée de res pro¡;rcs _ Chaque fcienee a fon
nom ; chaque notion dans la fcience a le fien : tout ce
qui en eonnu dans la NalUre e(l défigné, ainfi que
tout ce qu'on a inventé dans les ar[s,
&
les phénome–
nes,
&
les manreuvres,
&
les inll rumens, JI
Y
a des
expremons,
&
pour les etreS qui font hors de nous ,
&
pour ceux qui font en nous: on a nommé
&
les ab–
llraits
&
les concrets,
&
les chofes partieulieres
&
les
générales,
&
.Ies formes
&
les é[ats,
&
les exillences
&
les fuecemons
&
les permanences , On di[
I',mi–
v.r!;
011
dir
,1m atom.;
I'uni\'ers ell le tout , I'atome
en ell la partie la plus pe[ite _ D epuis la colleaion gé–
nérale de toutes les caufes jurqu'a retre folitaire, tout
a fon figne,
&
ce qui excede toute limite, roit daos la
Narure, foil dans no[re imagination;
&
ce qui e(l poffi–
ble
&
ce qui oe l'e11 pas;
&
ce qui n'ell ni dans la Na–
ture ni dans notre eOlendemen[,
&
l'infini en pelitelfe,
&
I' infiui en grandeur , en étendue, en durée,
en
per–
fea ion _ La enJnparaifon des phénomelles s'appelle Phi–
lofophie _ La Philofophie e(l pra[ ique ou fpéeulalive :
[oure no[ion ell ou de fenfation ou d'induaion; lOute
étre ell dans l'enlendemen! ou daos la Nalure: la Na–
IUre s'employe, ou par I'organe nud, . ou par r orga ne
aidé de I'in(l rument _ La langue ell un fym bole de eet–
te multitude de chofes hétérogeoes: elle indique. I'hom–
me péné[ral1l jufqu'oo I'on é roil alié dans une fcience,
dans les tems l11emes les plus recurés, On
apper~oi[
au premier eoup d'reil que les Grecs abonden[ en [er–
mes abllraits que les Romains u'onr pas ,
&
qu'nu dé–
fau t de ces termes
iI
étoit impoffible
a
ceux-ei de ren–
dre ce que les autres nn[ écrit de la Logique, de la
M orale, de la Grammaire, de la Mé[aphyr.que, de
I'Hilloire eaturelle,
&e ,
&
oous avons fai[ raOl de
progres dans toutes ces reiences, qu'il feroil difficile ,
d'en écrire, roi[ en grec , fpit en lalÍn, dans I'éta[
00
nous les avons ponées, fans invelHer une infinilé de
fignes _ Cene obfervation feule démontre la fu périnri[é
des Grecs fur les R omains,
&
notre fupériorité rur les
uns
&
les autres _
•
11
furviem chel tous les peuples
en
général, rela[i–
vement au progres de la langue
&
du
gOt')(,
une infi–
nité de révolutions Itgeres, d'éyenemens peu remar–
qués, qui ne fe Iranfmen ent point: on ne peul s'ap–
percevoir qu'ils om é[é , que par le ron des auteurs
cootemporains ; ton ou modifié ou donné par ces cir- ·
cnn(lances pa/Jageres _ Quel e(l, par exemple, le le:
a eur aHen[if 'lui, rencontran t dans un aureur ce qOl
Cui[,
cantus atlttm
&
organa pluribu! diJIantiis "tun–
tur, non tanl"m di"pente
,
fed
fumpto ioitio
,¡
diapa–
ron, con,inunl per diapmt.
&
diattfforon;
&
unito–
num,
&
femilonum,
;1,)
ut
&
'fuidam putent !mffe
&
diefin
'fUá! fmf" percipialtlr,
ne re dife fur le champ
a
lui-mcme voil:' les. routes de nOlre chal)(; voil' l'incer–
tilude no 'nous fomlOes flU la poffi bilité ou impombili[é
de l' intonatio)) du quarl de Ion, On ignoroi[ dOlle alors
fi les anciens avoient tU ou non u\!e gamme enharmo–
nique? II nro renoi[ done plus aucun aUleur de mufi–
que par lequel on plit réfoud re eelle difficu\té? On
agitoit dunc, au [ems de ;Penis d'H aliearnaffe , a-peu–
prcs les memes quell ions que oous agitons fur la mé–
lodie? E t s'il viem
a
r¿ncontrer ailleurs que les au–
teurs étoien[ lIes-partagés fur I'énumération exaae des
fo ns de la langue grequc; que celle matiere avoi[
ex–
cil é des difpures fon vives,
fed talium rtrum (o"jid.–
TntiorJcm grammaticeJ
ES
poeejo:I effe;
'Vd
etiam,
IJt
'fuibu(dam
placee,
philolophix, n'en ' conclurat-t-il pas
qu' il en avoi[ élé par rni les Romains ainfi que parmi
nous ? e'en- a-dire qu'apres avoir Irai[é la fcience des
fignes
&
des fOlls avec alfc1. de légéreté,
iI y
eu[ un tems
Yyy
ou