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534-

ENe

le"e, ou le ehef-d'reuvre d'un maitre.

Vo)'ez I'areíe/.

E'

L E\l E N S D E S

S

e

I E N

e

E

s .

Mais pour

démoJllr~r

avee la derniere évideoee , eom–

bien il dI diffieile qu'ulI leul homme exéeu[e Jamais un

diétiullnaire rairoll né de la reienee générale ,

iI

I'uffit

d'inliller fur les feules difliclIl[és d'ulI limpie voeabu–

laire.

Uo voeabulaire ulliverfd erl un

ouv ra~e

dans lequel

ó n fe propole de fixer la ligllifieation des lermes d'lI –

ne langue , en définitlam eeux qui peuvelH élre déti·

ois, par une énuméralion eourte, exaéte, e1ai",e

&

pré–

eife , ou des qualité ' ou des idées qu'on y altaehe.

JI

o'y a de bOlines définilions que celles qui ratlembleot

les auributs etTentiefs de la chofe délignée par le mot .

1Vlais a-[-il été aeeordé

a

tout le monde de connoilrc

&

d'ex pofer ces all ribuls? L 'art de bien définir efi-il un

art li eommon? N e Commes nous pas toUS, plus ou

moins , dans le eas

m ~ me

des enfans , 'lui appli'luent

"vee ulle ex treme précifion, une infinité de lermes a

la place deCquels il leur reroit abfolumen t impolli ble de

fubfi iruer la vraie colleétion de qualités ou d'idées qu'

ils repréCelltem? D e-la , combien de diffieultés_ im.pré–

vues, quand

iI

s'agit de fixer le fens des exprelJ¡ons les

plus eommunes? On éprou ve a tout momem que eel–

les qu'on elllend le moins, font auffi eelles don t

011

fe Cert le

plu~ .

Quellc efi la raiCon de eet élrange phé–

oomel~e?

C'efi que nous fommes fans eetre dans I'oe–

eali on de prononeer qu'une chofe en

t el/e;

preCque ja–

mais dans la néeellité de délerminer ce que e'cfi qu'

étre tel .

N os jugemcns les plus fréquens tombent lur

des obJets

particulier~,

&

le grand ufage de la langue

&

du monde lui!it pour nous diriger . Nous ne faií0ns

. que répéter ce que nous avons emendu toute notre vie.

11 n'eu efi pas ain fi, lorfq u'il s'agit de for mer des no–

tions générales qui embra(fent, fans exe5ption, un eer–

tain nombre d'individ us . 11 n'v a que la médi[ation la '

plus profonde

& .

l'élendue de eonnoi(fa nees la plus fur –

prenante qui puilfcnt nous eonduire f"rement. J 'éclair–

cis ces principes par un exemple: nouS difons, fans

qu'il arrive

a

aueuII de nous de fe tromper, d''une in–

flllité d'objcts de toute efpeee,

'{tI'íiJ

fonl

de I""e;

mais

qu'ell -ee que ce

luxe

que nous attribuolls

11

infailli–

blement

a

tam d'objets? Voilil la quefiion

a

laquelle

on ne fatisfai t avee quelqu'exaétitude, qu'apres une di–

feuflion que les perfonnes qui momrent le plus de ju–

tle(fe dans I'appliea[ion du mot

lux e ,

n'oor point fai–

le , ne fon t peut-elre pas meme en élat de fa ire.

11

fau l définir toos les termes, exeepté les radieaux,

e'efi-a -dire eeux qui délignent des CenCa tions limpies ou

les idées abfiraites les plus générales.

V

J'"reícle

D

l–

e T I o

N N A

I R

E .

En a-t-on omis quelques-unl? le

1'0-

eabulaire efi ineomplet . Veut-on n'en exeep[er aueun?

qui eK-ee qui définira exaétement le mOl

eonjllgtlé,

li

ce n'efi un géometre? le mOl

eonjugaifon ,

li ce n'el!

un grammairieo? le mot

azimlllh ,

li ce n'efi IIn afiro–

nome? le mot

épople,

Ii

ce n'efi un lillérateur? le mot

ehange,

li ce n'eí! un

commer~ant?

le mot

vice,

Ii

ce n'efi un moralifie? le mot

hypojfafe,

Ii

ce n'efi un

tlléologien? le mot

métapb)'Ji'{tte,

li ce n'efi un philo–

fophe? le mot

gOllge ,

Ii

ce n'e fi ún homme verfé dans

les arts? D 'on Je eonelus que , fi I'académie

fran~oi­

fe ne réuni(foit pas dans fes. a(femblées tOute la variété

des eOllnoi(fallees

&

des talens,

iI

Ceroit impolliblc qu'

elle ne néglige:i t beaueoup d'expreffions qu'on cherehe-·

ra dans fon diéti0llnaire, ou qu'i1 ne lu i éehapph des

définitions

f3U!feS,

ineompletes , abfurdes , ou mémc ri–

dieules .

Je n'ignore poim que ce fentiment n'efi pas eelui de

ces hommes qlli nous entretiennen t de tout

&

qui

De

favent rien ; qui ne fon t point de nos aeadémies; qui

n'en fcroor pas, paree qu 'ils ne fom pas dignes d' en

e.tre; qui fe mélent 'eependallt de défigner aux plaees

vaeames; qui, ofan t ti xer les limites de l'obJet de I'a–

eadémie

fran~oiCe,

fe font prefqu'indignés de voir en–

trer dans eette eompag nie les

Maira~

les Mauper–

tuis ,

&

les d'Alemberrs,

&

qui ignoreDt que la pre–

miere fois que I'un d'eux y parla, ce fu t pour reétifier

la définidon du terme

midí.

00

diroit,

11

les emen–

dre, qu'i1s prétcndroient bor ner la eonnoilfanee de In lan–

gue

&

le diétiollnaire de I'aeadémic

a

un trcs-petit nom–

bre de .termes qui leur font familiers. Eneore s'ils y

rega

~dOle.nt

de ,Plus pres; parmi ces termes , en trou–

" ~rolent-Jls

plulie.urs , tels qu'arbrc , animal, plan[e, fl eu r ,

VIce, vertu,

v~mé ,

f,?ree , loi, pour la détinition rigou–

reufe de[quds. ds fe rolene bien

obli~és

d'appeller

a

leur

fecours. le philofophe, le jurifeonlultc, I'líifiorien, le

I1Murahfie

i

en un mOL

e~lui

qui eonnoit les quali tés ré-

ENe

elles

0\1

abfiraites '(jui eonfi ilUent un etre tel ,

&

qui le

fpéeifient 'ou qui I'individualifc nt, felon que

e~t

etre a

de

f~mblables

ou qu'il efi Coli[a:re.

'

Concluons donc qu'on n'exéeutera jamais un bon vo –

cabulaire fans le eoneours d'un grand nombre de talens .

paree que les définiJions de noms ne diffúep t point des

définitions de ehofes (

Voya.

t art.

D

E'F 1

>1

I

T

IO N) ,

&

que les ehofe$ nc peu vent t:tre bien définies ou dé–

erites .que par eéux qui en ont fai t une longuc élUde .

Mais, s'il en ea ai nli, que Jle faud ra-t-il poillt pour I'e–

xéeUlion d'un ouvrage on, loin de fe borner

a

la dé–

finirion du mOl , on fe propofcra. d'expofer en détail

tout ce qu i appartiem

a

la chofe ?

Un D iétionnaire univerfe!

&

raifonné des Seienees

&

des Arrs ne peut done

~tre

l'ouv rage d'u n homme

fenl. J e dis plus; je ne trois pas que ce pui(fe elre I'ou–

vra~e

d'aueune des fociétés liu éraires ou favantes qui

fu blifient , prifes

fépar~ment

ou en eorps.

L'aeadémie

frau~oiCe

ne fourniroit

~

une

Eneye/opl–

díe

que ce qui apparrient

¡¡

la langue

&

~

fes ufages;

I'académie des in feripti ons

&

belles-lettres, que des eoo–

noilfances relatives

a

I'Hifloire profane, aneiennc

&

mo –

derne,

a

la Chronologie, a la Géographie

&

a

la Lit–

[érature ; la Sorbon ne, que la Théologie, I'Hifi oire fa–

erée ,

&

I'Hiltoire des Superfiilions ; I'aeadémie des fcien-

. ee's, que des Mathématiques, de I'Hifioire natarelle , de

la Phylique, de

la

Chimie , de la Medecíne, de l' A–

Ilatomie,

&e.

I'aeadémie de Chirurgie, que I'art de ce

nom; celle de Peimure, que la Peinture, la G ravíl –

re , la Scu lpture, le De(fein , l'Arehiteéture ,

&e.

I'U–

niverli[é, que ce qu'on entend par les Humanités,

la

philofophie de I'éeole, la

J

urifprudence, la Typogta–

phie ,

&e.

Pareoure? les autres foeiétés que je peux avoir om i–

fes ,

&

vous vous appereevrez, qu' oerupées ehaeune

d'un objet partieulier, qui efi fans doute du relfort d'un

diétionnaire univerfel, elles cn négligent une infinité d'au –

tres qui doivent y entrer;

&

vous n'en trouvere? au–

cu ne qui vous fouroiere la généraJité de eonnoi(fanees

dOll t vous aurez befoin. Fai[es mieus; impofez-Ieur

~

toutes un tribut; vous verre? cambien

iI

vous manque–

ra de ehofes encore ,

&

vous fere? forcé de vous ai–

der d'un grand nombre #l'hommes répandus en difie–

ren[es cla(fcs, hqmmes prétieux, mais

a

qui les portes

des académies n'en font pas moins fermées par leur é–

tat. C'efi trop de tous les membres de ces favames

eompagnies pour un feul objet de la fcienee humaine;

ce n'el! pas a(fe? de toutes ces fociétés pour la feien-

ce de. I'homme en général.

.

Sans dome, ce qu'on pourroit obtenir de ehaque fo–

eiété favante en partieu lier feroit tres-utile,

&

ce qu'

'elles fourniroient toutes avaneeroit rapidement le D i–

étionnaire univerfél

a

fa

p~rfcétion .

11 Y a méme une

tache qui rameneroi[ leurs travaux au but de eet ouvra–

ge

&

qui devroit leur etre impofée . J e difi ingue deux

mo yens de eulliver les fcienees : l' un d' augmeo ter la

ma(fe des eonnoilTanees par des découvertes;

&

e'el1:

ainli qu'on mé rite !e nom

d'ínventwr :

I'autre de rap–

proeher les déeouvertes

&

de les ordonner en tre elles,

atin que plus d'hommes foient éelairés,

&

que chaeutl

participe ... felon fa portée ,

:l

la lumiere de fon fieele;

&

I'on appelle

autmrI tlaiJi'{lIeI,

eeux qui réuffillem

dans ce genre qui n'efi pas faos difficulté . J'avoue que,

quand les foeiétés fa vames répandues dans I'Europe s'oo–

euperoient

a

reeuillir les eonnoinanees áneiennes

&

mo–

deroes, 3 les enehainer,

&

a

en publier des Iraités eom–

plets

&

méthodiques , les ehofes n'en feroient que rnieux ;

du moins jugeons-'en par ¡'efiet . 'Comparons les qua–

tre- vingts volumes in-4°. de l'aendémie des [eienees,

compi lés felon I'efprit dominanr de nos plus célebres

acad¿mies,

a

hui[ on dix volumes exéeutés, eomme

je le

eon~ois .,

&

voyons s'il y auroit .3 ehoilir . Ces

derniers renfermeroiellt une infi nité de matériaux excel–

lens difperfés tlahs un grand nombre d'ouvrages, ou

ils refient fan s produire aueune fenfation utile., eomme

des eharbons épars qui ne for merom jamais un bralier;

&

de ces dix volumes , a peine la eolleétion aeadémi–

que la plus nombreule en fourniroi t-elle quelq ues-uns.

Qu'on Jette les yeux fur les mémoires de l' aeadémie

des iu.feriptioos ,

&

qu'on Faleule eombien on en ex'–

trairoit de feuilles pour un rraité fcientitique. Que di–

rli'le des Tranfaétiolls philofophiques,

&

des ¡\B:es des

eurieux. de la nature? Aufli tOUS ces reeueils énormes

commeneeor

a

ehaneder;

&

il n'y a aueun dOUle que

le premier nbréviateur qui aura du goat

&

de l' habi –

leté ne les falle tomber , Ce devoit etre leu r dernier

,fQ¡r.,