EMA
daos la plus grande inquiélUde; iI n'ignore pas en queI
·érar iI a mis fa piece au feu, ni le tems qu'il a em–
ployé
a
la peiodrc ; mais
il
ne fair point du-tour ca
m–
mene il I'en rerirera,
&
s'¡¡ oe perdra pas en un mo–
menr le travail affidu de plutieurs femaines. C'ell au
feu, c'efi fous la moulle qoe fe manifdlent toutes les
mauvaifes qualités du charboo, du métal, des couleurs
&
de
l'imai/;
les piquures, les fouftures, les fentes
memes ·. Un coup de feu efface quelquefois la moitié
de la peinture¡
&
de lout un tableau bien travaillé, bien
accordé, bieo tini, il oe relle fur le fond que des piés,
des mains, des tetes, des membres épars
&
ifolés; le
relle du rravail s'efi évanoüi; au(fi ai-je oüi dire
a
des
artilles que le tems de patfer
3U
feu, quel<l,ue cour:
qu'iI
(lit;
éroit prefque un tems de fievre qUI les fa ti–
guoil davantage
l!f
nuifoit plus
a
leur fanté, que des
Jours enriers d'un occupation cominue .
Outre les ql1alités mauvaiCes dl1 charbon, des cou–
Ieurs, de
l'imai/,
du métal, aUIquelles j' ai fouvenr
oüi attribuer les accidens du feu; on en aecure quel–
quefois eneore la mauvaife température de I'air,
& m/'–
me l'haleine des perfonnes qui om approché de la pla–
que pendant qu'on la
pei~noit
.
Les artilles vigilans élolgneronr d'eux ceu¡ qui au–
rone mangé de I'ail,
&
ceux qu'ils
foup~onneront
erre
dans les remedes mercuriels.
11
faut obferver dans
1
'opération de paller
BU
feu,
deux chofes importantes; la premiere de tourner
&
de
retourner fa piece afio qu'elle fpit par-tout égalemene
éehautfée: la feeonde, de ne pas 3tlendre
11
ce premier
feu que la peinrure ait pris un poli vif; parce qu'on
éteint d'autant plus (acilernent les couleurs que la cou–
che en eJl plus legere,
&
que les co.uleurs une f<;lis
dégradées, le mal ell fans remede; car eomme elles
font tranfpa,enres, celles qu'oo coucheroit delTu s dans _
la
fuile, tiendroient tolljours de la foibleUe
&
des au–
tres dé(auts de celles qui fcroient derfous.
1\
pres
oe
premier feu, il (aut difpofer la piece
ii
en
recevoir un fecond. Pour eet elfet, il faut la rcpein–
dre toule enriere; eolorier chaque partie comme il ell
namrel qu'ellc le foit,
&
la mettre d' accord an(fi ri–
gourcufement que
fi
le fecond feu devoit erre le der–
nier qu 'elle eat
11
recevoir ;
il
ell
11
propos que la eou–
che des couleLUs foit pour le fecond fcu un peu plus
fOrle ,
&
plus caraél:eriCée qu'elle ne I'étoit pour le pre–
mier . C'en avant le fecond feu qu'il faut rompre fes
couleurs dans les ombres, pour les accorder avcc les
parties environnanres; niais cela fait, la pieee en difpo–
fte
~
recevoir un fecond feu . On la fera fécher fur la
poele co¡nme nous l'avoos prefcrit pour le premie"
&
I'on fe conduira exaaement de la
me
me maniere, ex–
cepté qu'on De la retirera que quand elle paroltra avoir
pris fur toute fa furface un poli un peu plus vif que
cclui qu'on lui vouloit au premier feu.
Apres ce fecond feu, on la mettra en élat d'en re–
cevoir un troilierne, en la repeignalll cornme on l'avoit
repeinre avant que de lui don'ner le fecond; une atten–
lion qu'il ne fandra pas négliger, e'efi de fortitier en–
core les couches des eouleurs,
&
ainli de fuite de feu
en feu_
On pourra porter une piece jufqu'a cinq feux ; mnis ·
un plus
gra.odnombre (eroit foutfrir les couleurs, en–
core fam-il en avoir d'excellenres pour qu'elles puiffent
fupporter cinq fois le fourneau .
.Le deroier feu e!! le moios long;
00
referve pour
ce feu les eouleurs tendres, c'ell par cette raifon qu'il
impone
a
l'artille de les bien connoltre. L'art;lle qui
connoirra bjen fa palene, ménagera plus ou moins de
feux
~
fes copleurs fe Ion lcurs qualités . S'il a, par e–
xernplc un bleu tenace,
il
pourra l'ernployer des le pre–
mier feu;
fi
au conrrairc fon rouge e!! tendre, il en
dilférera I'application jufqu'aux derniers feux,
&
aino
des autres couleurs. Que! genre de peimure? combien
de difficultés
11
vaincre ? combien d'accidens
11
elTlIyer?
\loili oe qui faifoit dire.
11
un des premiers peintres en
émai/
a
qui
1'00
momrolt un endroit foible
a
retou–
cher,
ce
Jera pONr Nn fIIltre moreeaN.
Ou voit par cet–
te réponCe combien fes couleurs lui étoient connues;
I'cndroil qu'on reprenoit dans fOil ouvrage étoit foible
:\ la vérité, mais il
y
avoit plus.
a
perdre qu'lt gagn er
a
le corriger _
S'il arrive
a
une couleor de difparoltre entierernent_,.
on en Cera quitté pour repeindre, pourvu que cet accl–
denr n'arrive pas dans les derniers feux .
Si une couleur dure a été eouchée avec trap d'huile
&
en trop grande quanrité, elle pouera former une crou–
te [ous laquelle il
y
aura infailliblement des
t~ous:
dans.
EMA
453
ce cas, ¡I fnu! prendre le diamaut
&
grater la croate
reparfer au feu afi n d'unir
&
de ,epolir I'endroi!, re:
peiodre loute la piece,
&
fur-tout fe modérer daos 1'"Ca–
ge de la couleur fufpeél:e.
Lorfqu'un vcrd fe trouvera trop brun, on pouera le
rehaulTer avec un jaune pale
&
tendre; les autres cou–
leurs ne fe rehaulferoot qu'avec le blanc,
&e.
Voilil les principales rnanceuvres de la peinture en
émoil,
c'eH a-peu-pres tout ce
qll'
on peut en écrire ;
le relle ell une affaire d'ex périence
&
de génie . Je nc
fu is plus étonné que les artilles d'un certain ord,e fe
déterminent li rarement
3
écrire. Cornme ils s'appcr–
c;oivcnt que dans quelques détails 'qu'ils puffcm eotrer ,
ils n'en diroient jamais arrez pour ceux que la nature:
n'a
poinr préparés, ils négligent de préfcrire des regles
générales , communes, gro(fie,es
&
matérielles q'ui pour–
,oient
a
la vérité fervir
a
la confervation de l'art, mais
dont l'obrervatioD la plus fcrupuleufe feroit
a
peine un
artifle mediocre,
Voici des obfervations qui pourranr ferv ir
a
ceux qu i
auront le courage de s'occuper de la peimure Cur
l'é–
m,zi/
ou
pl'1t6~fur
.la porcelaine . Ce font des notiOlls
~lémentaires
qUl auroient kur milité,
fi
no~s
aviol!s pll
les mulliplier,
&
en former un tout; mals
11
faut e–
fpérer que quelque homme ennemi du rnyflere,
&
bien
inllruit de tous ceux de la peiorure fur l'
Imoi /
&
fur
la porcelaine, achevera, reEiifiera meme dans un Irai–
té complet ce que nous ne faifons qu' ébaucher ici .
Ceux qui connoiffent l'état oil
(001
les chofes aujour–
d'hui, apprétier.ont les peines que oous
DOUS
Commes
donnée' , en profiteront, nous CauroOl gré d.u peu que
nous révélons de l'art,
&
Irouveront nOlre Ignorance,
&
meme nos cercurs tres-pardonnables.
lo
Toutes les quintclTences peuvent fervir avec fuc–
ces dans l'emploi des couleurs en
¿moi/.
On (a;t de
graods éloges de cene d'ambre; mais elle efl fort cbere .
2.
T omes les couleurs foot tirées des métaux ,
011
des bols dollt la tein tlue lient au feu. Ce foOl des ar–
giles colorées par les
",/tal/x-eoll/eurJ.
3, 00
tire du fafre un tres - beau bleu. Le cobolt
donne la meme couleur, mais plus belle; aum ce1ui-ci
ell-il plus rare
&
plus cher; ear le fafre o' ell autre
chofe que du cobolt adultéré .
4.
TollS les verds ' vieonent du cuivre, foit par la
diUolution, foit par la calcination .
f.
On lire les mars du fer. Ces cauleurs fom vola–
tiles;
11
un certa:n degré de feu elles s'évaporem ou fe
ooirciffent.
6.
Les mals font de d'lférenres eoulcurs, felon les
dittt!rens fondans . tls
v
rient aum felou la moindre
"ariété qu'il,
y
.ait dans la réduélion du métal en Ca–
fran .
7.
La plus belle couleur que l' on puille fe propofer
d'obtenir du fer, c'ell le rol1ge. Les autres couleurs
qu'on en tire ne fom que des combinaifons de ditfé–
r~ris
diffolvans de ce rnétal ,
8.
L'or donnera les pourpres, les cartIlins,
&
les vio–
lets. La teinture en ell o forte, qt1'un graio d'or peu!
colorer jufqu'li
400
fois fa pefaoteur de fondant .
9.
Les bruns qui viennent de l'or ne font que des
pourpres manqués; ils n'en font pas moins effentiels
a
l'artille.
10.
En général les eouleurs qui viennent de l'or font
permanentes. Elles fouffrenr un degré de feu contidé–
rabie. Cet agent les altérera pourlant, li l' on porte
fon aélion
a
un Gegré exceffif .
11
o'r a, guere d'e,xce–
ption
Ii
eette regle, que le vlOlet qOl s embelht
a
la
vio.lence du feu.
.
1
r.
On peut tirer un
viol.et~e ~a rnang~nefe;
mais
il ell plus cornmun que
cel~1
qOl
~Ient
?e l?r ..
12.
Le jaune n'e!!
p~ur
1
ordlOalC~
qu un
ema~/
opa–
que qu'on achete en palO ,.
&
que I on br? ye tres -fin_
On lire encore eette couleur belle, mals foncée dll
jaune de Naples .
13.
Les pains de vem opaque dQ.nnent aum des
verds; ils peuven.t elre rrop durs;
malS
on les atten–
drira par le fondant. Alors leur coulcur en devielldra
moios foncée . ,
14. L'étain donnera du b13l1( -
1
f.
On rirera un noir du (er .
16.
Le plomb ou le minium donnera un fondant;
mais ce fondant n'ell pas fans déf'<lut. Cepelldant
00
s'opinia tre
:l'
s'en f"vir, parce qu'iI ell le plus facile
11
préparer .
17.
La glace de Venife, les firas, la rocaille de
Hollande, les
pierres-a-f\l~1
bien mures, c'dl- a - dire
bien uoires; le verte de Nevers , les eryflaux de
Bo–
he-
"