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EMA

ces couteufes

&

r~itérées,

on continuera d'en faire un

fec ree. C'en pour cene mifon que nous invitons ceux

qui 3imenc les Ares,

&

que leur éeae

&

leur fortune om

élevés au-de fIus de ronce contidération d'ineéret , de pu–

blier fu r la compofirion ties couleurs propres pour

la

peinture de

l'lmnil

&

de la porce1aine, ce qu'ils peu–

ven e en connoiere ; ils fe fcrone beaucoup .d' honneur ,

&

ils rendront un fervice imporrane

a

la pelllCure. L es

pein tres fur

l'lmail

one une peine incroyablc :. comple–

eer leur pulen e ;

&

quand elle en o peu pres comple–

te, ils craigneot roujours qu'un accidene oe la déraoge ,

ou que quelques couleurs done i1s ignorent la compotition,

&

qu'ils employent avec beaucoup de fucces, ne vien–

n ene

a

leur manquer.

11

m'a paru, par exemple, que

des rouges de M ars qui eu!Tenc de l'éclae

&

de la fi–

xité éroie nl eres-mres. Comment un Art fe perfeaion–

nera-t-i1 , lorfque les expériences d'un nrtine ne s'ajoO–

teron t point aux expéricnces d'un nutre artine,

&

que

celui qui entrera dans la carriere fera obligé de toue in–

vencer,

&

de perdre

a

cher~her

des couleurs, un tems

précieux qu'i1 e/l e employé

a

pein dre ?

O n vie irnmédiatemem apres Pierre Chartier, plllfieurs

artines fe livrer

a

la peilllure en

Imtlil .

On fi e des mé–

dailles: on exécuta un grand nom bre de pecics ouvrages:

00

peigoit des l'0rlraies, Jeao Pecicoe

&

J acques Bor–

dier en apporcerent d'Angleterre de fi parfaics

&

de fi

parfai cemene coloriés , que deux bons peincres en migna–

ture, L ouis H ance

&

L ouis de Guernier, couroerent

l eur calenc de ce cOté. Ce dernier fe livra o la peineu–

re en

émtlil

nvec eane d' ardeur

&

d' opiniarrecé, qu' iI

l'

eíh fans doute portée nu poine de perfeaion qu' elle

pouvoie atecindre, s' il eOe vecu davancage.

11

Mcou–

v rir cependane plufieurs reinces, qui rendirene fes carna–

tions plus belles que fes prédécefIeurs ne les' avoienc

eues . Que font devenues ces décou verres?

Mais s'il en vrai, dans cous les A rcs, que la difian–

ce du médiocre au bon ell grande,

&

que celle

dll

bon

a

I'excellene en prefqu'iofinie, ce fon e des vérieés fin–

gulieremelll frappames dans la peineure en

IYltail .

Le dé–

gré de perfea ioo le plus leger dans le eravail, quelques

l iglles de plus ou de moins fur le diametre d'une.p,iece ,

conflilUem au-delo d'une cenaine grundeur des dlfléren–

ces prodigieufes.

P our peu qu'une piece foit grande, il efl prefque im–

poffible de lui conferver eeue égali cé de fuperficie, qui

permee feule de joüir égnlemem de la pernture de quel–

q ue cOré que vous la reJ(ardiez . Les daogers du feu aug –

m entcnr en raifon des furfaces.

M.

R ouquee, dOD[ je

n e penfe pas que qui que ce foie recufe le j ugement

daos celle matierc, prérend meme, dans fon ouvrage

de Ntat de! /lrt! en /lngleterre,

que le projet d'exé–

c urer de grands morceaux en

émail ,

en une preuve dé–

cifive de I'ignorance de I'anifle; que ce genre de pein–

ture perd de fon mériee, o proportion qu'on s'éloigne

de cereaines ' limices; que l' arcine n' a plus au-delo de

ces' limiees la meme liben é dans

l'e~écucion,

&

que le

f peaaeeur feroit plOcOe fatigué qu'amuCé par les décails ,

q uand meme il arrivernit o l'an ine de réuffir,

J ean P eeicoe né

¡¡

G eneve en

1607,

mouru t

ii

Ve–

vny en

169 1.

II fe donna des peines incroyables pour per–

feaionner fon ealem .

00

die qu'il due fes belles

COll–

leurs 11 un habi le chimifle avec leql1el il travailla, mais

on ne nomme poim ce chimifl e. Cepéndane c'en I'av is

de M . Rouquer: Perieoc, dit-i1, n'ene jamais mis dans

fes ou vrages ceue manreuvre fi fine

&

fi fédui(anee, s'il

avoie opéré nvec les fubnance.s ordinaires. Quelques heu–

reures décnuverees lui fournirene les moyens d'exécocer

fans peine des chofes furprenanees que, fans le fecours

de ces décol1vertes, les organes les plus parfairs, avec

10Ule I'adrelfe imaginable , n'auroient jamaió píl produi–

re. Tels r"ne les cheveux que Pericot peignoit avec une

légéreré done les inflrumens

&

les préparaeions ordinai–

res ne fone nullement capables. S'il en vrai que Peei–

tO[ aie eu des moyens méchanique s qui fe foicm perd us ,

q uel regrer pour ceux qui fom nés avec un gou e vif

~our

les Ares,

&

qui fenten! coue le prix de

la

perfealon!

Pecitoe copia plufieurs portrairs d'apres les plus grands

Inalrres:

00

les con ferve précieuCemem. Vandeik fe plut

a

le voir travailler ,

&

ne dédaigna pas quelquefois de

recoucher fes ouv rages.

L ouis X IV ,

&

fa cour employerenc long-eems fon

pinceau .

11

obtinc une penfion confidérable

&

un loge–

m em aux galeries , qu' il occupa juCqu'a la révocacion

de !'édie de Nal1ees. Ce fu r alors qu'il fe recira dans fa

patrie.

Bordier fon benu-frere auquel il s'éeoie alfocié , pei-

T ome

P.

'

EMA

449

gnoit les cheveux, les draperies,

&

les fonds; Peeieot fe

ch3rgeoie eoOjours des reces

&

des mains .

l Is craicerent non-feulcmem le porrraie, mais encorc

l'hinoire . lis vecurent fans jaloufie ,

&

amalferent pres

d'un mi lion qu'il parcagerene fans proces.

On die qu'il

y

a un tres-beau morceau d'hifloire de

ces deux areines dans la bibliocheque de Geneve.

M . R ouquee raie I'éloge d'l1l1 peintre Suédois appel-

lé M.

Zink .

Ce peimre a cravaillé en Angleterre .

II

a fair un grand nombre de porcrairs, ou I'on voit

l'é–

ma;1

manié avec une eX,treme facilieé, l' indocilicé des

matieres fu bjug uée ,

&

les emraves que Pare de

l'lmail

mee au génie emierement brifées. L e peintre de Gene-

ve die de M . Z il1k ce qu'

iI

a die de Pecicoe, qu'il a

polfedé des maoreuvres

&

des matieres qui lui écoieot -

particulieres,

&

r.10S

lefquelles fes ouvrages n'auroient

jamais eu la liherté du pinceau, la fraiche ur , la vérieé ,

l'emp3 temenc qui leur doonent I'effee de

la

nature. L es'

mots par lerquels M. Rouquec finit l'él oge de M. Z ink

fom remarquables:"

il

efl bien humilianr, dic M. R ou-

l

" quet, pour la naeure humaine, que les G én ies ayene

" la jaloufie d' etre feuls " . M, Z ink n' a poine fait

d'éleve .

Nous avons aujou rd'hui quelques bommes habiles dans

la peineure

en émtlil ;

coue le monde conno;e les portrairs

de ce mcme M . R ouquee que nous venons de cieer,

ceux

d~

M. L iocard,

&

les compofi cioos de M . Du–

rand . Je me fais honn eur d'ecre l'ami de ce dernier,

qui

D'

en pns moins eflimable par l' hoonceeré de fes

m reurs

&

la modeflie de fon caraaere, que par l'ex–

cellence de fon calene. La ponériré qui fe ra cas de fes

ouvrages en

Imail,

recherchera avec le plus grand em–

prclfement les morceaux qu'il a exécutés fur la nacre,

&

qui auront échappé

a

la barbarie de nos pecies-ma;cres.

Mais je cruins bien que

la

plOpart de ces bas-reliefs ad–

mirables, roulés bruealemem fur des cables de marbre,

qui égraeignenc

&

défigurenr les plus belles eeees , les

plus beaux conrours, 'ne foienr effacés

&

détruics, lors–

que les amatcurs en conno;cronr la valeur, qui n'ell pas

ignorée aujourd'hui, fur-coue des premiers artifles . C'en

en lui voyan! travailler un eres-beau morceau de pein –

cure en

émail,

foie qu'on le con fi dere par le fujee, ou

par le delfein, ou par la compofirion , ou par I'expref–

fi on, ou meme par le coloris, que j'écrivois ce que je

décaillerai de

la peintllre en éma il,

apres que j'aurai fait

connoirre en peu de moes le morceau de peimure dOllt

il s'agi e.

e 'efl une plaque deflinée

a

former le fond d'une ta–

batiere d' homme , d'une for me ronde,

&

d'une gran–

deur qui palfe un peu l' ordinaire. On voit fur le de–

van t un grand Amour de dix -huie ans ; droie, l'air eriom–

pbant

&

fatisfair , appuyé fur fon arc,

&

mOnlranr du

doige Hercule qui apprend

a

filer d'Omphale: cet amoue

femble dire

¡¡

celui qui le regarde ces deux vers:

Q.ui

{tU

tll

Joi!,

tft

vo;s ton maítre ;

JI

l'eJt , le ¡ lit,

011

.Ie doit étre.

ou

Q.uand

tll

[eroi! J"pittr mime,

Je te ¡era; jiler all/fi.

H ercule en renverré noochalamment au pié d'Ompba–

le. , fur laquelle il auache les regards les plus cendres

&

les plus paffionnés. Omphale en occupée 11 lui appren–

dre

a

faire rourner un fufeau dont elle eient I'ex erémi–

té enere fes doigcs . L a dignieé de fon vifage, la finelfe

de fon fouris, je ne fais que1s \'eniges d'une pamon mal

célée qui s'échappe impercepeiblement de rous fes traies,

fone nucant de chofes qu'il faut voir

&

qui ne peuvent

s'écrire. Elle en affife fur la peau du lion de N emée ;

un de fes piés délicaes efl pofé fur la cece de l'animal

eerrible; cependan c erois peeirs Amours fe joüene de la

malTue du héros qu'ils ont mife en

balan~oire.

I1s ool

chacun leur caraaere. U n payfage forme le fond du

tableau. Ce morceau vu

ii

l'reil nu d faie un grand plai–

lir;

mais regardé )i

la

loupe , c'ell roure auere chofe en–

core; on en en enchanté .

e'efl I'orfév re qui prépare la plaque fur laquelle on

fe propofe de peiudre. Sa grandeur

&

fon épailTeur

~

varicnr, felon I'u fage auquel on la defline . Si elle doie

form er un des c6cés d'une boire , il faue que l'or en

foie

á

vingr-deux ca raes au plus : plus fin, il n'auroit

pas alfez de roueien; moins fin , il feroir fujee

a

foo –

dre .

11

fau r que l'alliage en foit moieié blanc

&

moi–

cié rouge , c'en-o-dire moitié argent

&

moicié cuiv re;

L 11

N-