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ELE

QU3nt aux

éllgitJ

qui doivent repréfeoler l'étal d'ull

c ceur au comble de fes vceux;

&

nc connoiíTan t rien

d'égal au bonheur dont

il

jouit,. le ton peut etre 'har–

di,

&

les penfées esagérées . L'extreme joie n'ell pas

m oins hyperbolique que l'extreme do uleur,

&

fouvcm

ji

arrive que les figures les plus audacieules fom l'ex–

preffion naturelle de ces tranfportS . C 'en encore alors

<Jue les imagcs riantes répandent dans ce geore

d'/U–

gie

des graces particulkres .

Pour ce qu i regarde les loüangcs que les poctes don–

nent

ii

leurs mnltretTes daos les

IlIgieJ

amoureufes, ou les

éloges qu'ils foOl de leur beauté; comme c'ell le creur

<Ju i diéle ces fortes de loüaoges , elles doivent en fui–

vre le langnge' ,

&

par conféquent erre amenées lim–

plemem

&

naturellement, Voye? avec quclle na'!veté,

avec quel gof¡ t, avec quel coloris, Tibulle nous peim

S ulpicie: " L es Graces ( dit-il ) prélident

a

tomes fes

aBions.

&

(om toujours attachées

a

fes pas f.1ns qu'

elle daigne s'en apperce voir. Elle plalt li elle arran–

ge fes cheveux avec art;

fi

elle les InitTe fioter, cet

" air négligé lui donne un nou vel éclat , Soit qu'elle

" foit vetl1e de pourpre, ou qu'elle préfere

a

la pom–

pre une nutre couleur, elle cnchante, elle rav it tous

" les creurs . Tel dans l'olympe, l'heureux Vertumne

" prend m ille formes diftérentes,

&

plale fous toutes

égalemenc '"

Liv. IV JUg,

2,

En un mOl, de quelque geure qu'on fu ppofe l'l/é–

¡,ie .

elle doit tof¡jours fu ivre le langage de

la

paffion

&

de la nature; elle doit s'e xprimer avec une vérité,

une force, un e douceur. uoe nobletTe ,

&

un fent imem

proportionné au fujet qu'elle traite.

II

Y faut le choi"

des penfées

&

des expreffioos propres; car ce choix

ell toe,jours ce qu'il y a de plus important

&

de plu s

elIemiel . Ces réAexions doivenc n3itre du fond meme

de la penfée,

&

paroltre un fentimem plutót qu'une

réAex ioo:

il

fau e aum que l'harmonie du vers la fOl'–

tienne , Enfin, il faut qu'il y ait une liaifon feerete en–

tre toutes fes parties ,

&

que le plan foit dillribué avec

(am d'ordre

&

de goat, qu'elles [e fonifiem les unes

les autres ,

&

augmentenr fenr,blement l'intéret, com–

me ces cÓteaux qui s'élevetlt pell-a·peu,

&

qu i fem–

blen t termin<'s daos un éfpace éloigné par des monta-

gnes qui touehem aux cieux .

'

Ce n'en pas d'aprcs ces regles que

I~

plu part des

m odernes oot compofé leurs

élf¡,i,,;

ils paroitTent n'a–

voic pas connu fon caraBere .

115

om donné a leurs

prodl1Bions le titre

d'éllg;e,

e n fe contentant d'y don–

ner une certaine forme; eomme (j cette forme fuf–

tifoit toute feule pour caraBérifer un pocme, fans la

m atiere qui Ini ell propre; o u que ce fut la nature des

vers ,

&

non pas cclle de l'imitatioD, qui dillioguat

les poc tes .

Les uns pour briller, fe fonr jettés daos les éearts

de I'imagination , dans des oroemens frivoles , dans des

pellfées recherehées , dans des

ima~es

pompeufes, oti

da'rls des traits d'efprit quand il s'agilfoit de peindre le

fent imeilt. L es aUlres ont imaginé de piaire ,

&

d'é–

Illou voir par des !oüanges de leu rs maitrelfes , qui ne

fom que des fi ateries extravagantes; par des gémiíTe–

m ens, dom la feince faute aux )'cux; par des douleurs

éfudiées ,

&

par des defefpoirs de fang froid. C'ell 11

ces derniers poctes que s'adretTem les vers fuivans de

D efpréa!l x:

']e hah aJ va;m autwYJ, dont la Mufe foyeée

M'entretient de feJ fellx, toújOltYJ fyo ide

&

glaréc;

0'; s'affl;gent paY ayt;

&

foux de fe'11 ralfiJ,

S'érigent, pour yimer, en

amourCIlX

tranjis:

L em'J tranfporlJ leJ plm dou x ne fonl 'lue phyofa

_~a;

,

I IJ ne favent jamniJ 'lile fe ehargey de ebaíneJ,

0" ben;y leur maY/yre, ado"e.- leur prifon,

El faire 'l'teyell.r le feY11

&

la raifon.

Ce n'<toit paJ jndiJ fur

"

ton ridicu le

0,'AmofIY r/ifhit leJ 1'''J

'11!e

joupiyoit 'I'iblIlfe .

Art. poétiq.

ehant.

ll.

v,

45',

Aum les Anglois dégou tés des fadeurs de

l'éllgic

plaintive

&

amoureufe, ont pris le parti de con fac rer

quelquefois ce poeme

a

I'éloge de I'cfprit, de la va–

leur .

&

des tale ns; on en yerra des exemples daos

"Val ler . Je ne déciderai poin t s'ils ont eu tore ou rai–

fon; eet examen me meneroit IrOp loin.

J e 6nis par une réea pitulatiDII,

L'I/Igic ,

doie fon

o rigine aux plaintes u ti tées de tout lems dans les fUllé–

railles. Apres avoir long-tems gémi fm un cercueil ,

'I'om.

V.

ELE

+11

elle plema les dif¡¡races de l'amour; ce paITage fu t na–

turel . Les plaintcs contilluelles des antans (olle une e–

fpece de mort ;

&

pour parler leur langage , ils vivene

uniquemem dans l'objet de leur pamon . Soit qu' ils

loüent les plaiCirs de la vie eha mpetre, fo it qu 'ils d¿–

plorent les maux que la guerre entrainc apres ellq, ce

n'ell pas par rapport

¡¡

eUK qu'ils loüent ces plailirs

&

qu'ils déplorent ces m au•• c'cn par r?pport

a

Icurs

maitreífes: " Ah, pourvu fculement que j'eulTe le

" banheur d'etre aupres de vous "

! , , ,

dit Tibulle

a

Délie.

.

A inli

l'¡lig;"

dellinée dans f.1 premiere inllitution

aux gémiífemens

&

aux larmes , ne s'oecupa quc de

fes inforrunes; elle n'exprima d'autres fentimens; elle

ne parla d'autre langage que celui de la douleur : n¿–

g ligée comme il licd aux perfonnes aftligées . elle eher–

cha moins

a

plaire qu'a tou cher; eile vo ulue exciter

la pieié,

&

non pas l'adm iratiDn, Elle retint ce

me–

me caraBere dans les plaintes des amans ,

&

jufque dans

leurs chants de triomphe elle fe [ouvim de [a premiere

origine ,

.

En6n, dans toutes fes viciffitudes , fes pen fées furent

touJours vives

&

n,amreIles, fes fentim ens !eudres

&

délicats, fes expreffions limpIes

&

faeiles;

&

toujours

elle conferva cwe marche inégale dom Ovide lui faie

un

ii

grand m érite ,

'&

qu i , pour le dire en pa(Jant,

donne

a

la poélie élégiaque des anciens tam d'avama–

ge [ur la nÓtre .

Cependant je

m'apper~ois

qu'en traitane ce fujet, qui

a été li bien approfoDdi daus plufieurs ouvrages ,

&

en

particulier dans les mémoires de I' aeadémie des infcri–

ptions, je me fuis peue-etre trop étendu. entra,né par

la matiere meme,

&

par les charmes de TibulIe

&

de

Properee. Mais le genre élégiaque a mille attraits ,

paree qu' i! émeue nos pamons , parce qu'i l en l'imita–

tion des objets qui DOUS intérelTenr, parce qu'il nou¡

fait emendre des hommes touehés,

&

qui naUS ren–

dent trcs·Cenfibles

:l.

leurs peines comme

a

leurs plai–

(jrs , en nnus entretenant eux·mbmes.

Nous

aimon~

beaucoup 11 etre émus

( 17o)'e>:.

E

M 0-

T ION );

nous ne pouvons enrend re les hommes dé–

plorer leurs infortulles fans en elre afB igés , fan s cher–

cher enfuite

¡¡

en parler aux autres, faos pro6¡er de la pre–

m iere oeearion qui s'offre de décharger notre c reur, li

je puis parler ainli, d'un poids qui I'aceable ,

V oila pourquoi de taus les poe mes , comme l'a dit

avant m oi M , l'abbé Souchay, il n'en en poi nt apres

le dramatique qui foie plus amayant que

I' lilgie.

Aum

a-t-on ve, dans tous les tems des génies du prem ier or–

dre faire leurs délices de ce genre de poefie . Indé–

peodamment de eeux que nous avons cités,

éllgiogra–

pheJ

de profemon , les Euripide

&

les Sophocle ne eru–

rent poim. en s'y appliquant

~

deshonorer les lauriers

qu'ils avoiem cueillis fur la fcene .

.

P lulieurs poetes m odernes fe. fom aum canfacrés a

1"lIgie;

heureux, s'ils n'avoienr pas fubllitué d'ordinai–

re, le faux au vrai, le pompeux au limpIe,

&

le lao–

gage de I'efprit a celui de la nature

1

Quoi qu'il en [oir ,

ce geure de poéfie a des beautés

(¡UIS

no mbre;

&

c'ea

ce qui m'a fait efpérer d 'obtenir quelque indulgence,

qualld j'ai crO pouvoir les détailIer iei d'apres les grands

maltres de l'art.

Artid e de M , le Ch. va!)"

DE

J

A U–

COURT.

*

E LE G IR, v. aB . il fe dit dans les am mécha–

niques , de toutes pieces en bois ou en fer qu'o n reDd

plus legeres, en les .afloiblilTant

d~ns

1:5

endroits dll

,1

n'ell poim nécetTalre qu'elles fo,ent h forees,

11

e ll

pareiculieremel1t d' ufage dans la M enuiferie

&

la Char–

penterie .

*

ELE'E N, adj. (

Mythol.)

furno m de,.Bacehus

&

de fes pretretTes, qu'on appella aum

ElIludes , E–

J¡i/Pcn

tig nifie

brt<yant ,

ce qui en relatif

a

la maniere

tumultueufe

&

bruyante dont les fetes

&

les myneres

de Baechus fe eélébroient ,

Vo)'e>:.

B

A

e e

H A N T E S.

ELE'MEN S D ES

~CIENCES .

(PhilóJo–

phie.)

011

appelle en général

l/,menJ

d'l/n

:o" t,

les par–

ties primitives

&

originaires done

011

peue

fupp~fer

que

ce tout ell formé. Pour tran fporter celte notlon aux

Sciellces e n géné(al,

&

pour connoltre quellc idée nous

devons nom fo rmer des

¡¡émem

d' une fcience quelcon-

, que , fuppofons que cette Ccience

Coit

entierement trai–

tée dans

UII

ou v ra~e,

enCorte que

1'0.0

ai·t de [uite,

&

[ous les yeux les propo(j tiolls. tam géoérales que par–

ticulieres, qui for

m.nt

l'el1femble de la Ceien.:e,

&

que:

ce s propolitiollS f"ieor difpofées dans l'ordre le plus lIa–

turel

&

le plus rigoureux qu'il foit po mble: fuppofons

cnfuite Que ces propofitio ns formetl! uue fuite ab(olu-

Fff

2

mene