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ELE
d
l
,r.
,.
es
Be/la-
latins (
M!m. de /'aea ,de; "Jerlpt'O!Jf
Tibulle
Lettr<s, tomo
VLl,)
J.,e meme aureur dI! qu.e
r le
en
le l<:ul qui ait eonnu
&
expnmé
parta~remen
..
ét
d l "lé'
uoi nOUS olons n dre
vrai cara ere e e gle , en q
d!i ntiment de '
pas de Ion avis, plus éloignés
coeO~ideu
Yo
eZ
E'LE'-
ceux qui donnem la prétérene,:
a.
{¡
l
' ,
G
J
E
Le fcul avamage qu'üvlde alr eu. ur es rJvaux,
dt
e~lui
de l'invcntion;
car
ils o'on t f3Jr le plus f0o.–
vent qu'imirer les Grees, tel'. que Mlmnerme &
Call~-
M' Ovide quoiqu'JlIventeur, avOH pour gut-
maque,
a15
'T'b
JI
&
Properee qui venoient
des
&
pour cxeJl1ple
1
u e
d '
.¡ ,
d)éerire a"ant lui; [ecours important, om
1
napas
loiljours profité,
'd
1
I
..
Si I'on demande quel ell
1
ordre aus eque ces poe-
tes
[e
[001
fuceédés, il ell mar<¡.ué dans ces vers d'O–
vide
Trift, lib.
lP.
el.
J O.
. Nee amara Tib"Ilo
, ie";pu;
a~"ieiti",
[ata
dedere med!;
SllCeeJTor fuit bh tibi, Gal/e,. P,-op
,erti.usil/i;
Q!<art/IJ
ab bIS
Jer'e temporu 'pJe
[1<1.
11
ne nous relle rien de ce Gallus; mais fi c'ea le
me me que le Gallus ami de Properce, il a da: erre
le
plus véhémenr de tous les poetes
él!gia,/ueJ
,
com–
me il a été
le
plus dur,
:lU
jugement de Quimilien.
.IIrtiele de M.
M
A R M 011 T
EL.
M. l'abbé Souehai ·divife les
élégiaqutS
grtícs en deux
claUcs
¡
l'une eomprend ceuilí qui a la vérité out fait
des élégies, mais qui font plus conuus
par
d'autres
genres de liuérature;
&
l'autre renferme Geux qui s'é–
lant plus partieulieremem adonDés
a.
l'élégie, méritent
auffi plus proprement le titre d'
élégiaqltes.
11
com–
pte dans la premiere cla(fe Arehiloque, Clonas, Poly–
mnellus, Sapho, Efchyle, Sophoc1e, Euripide, Ion
Melanthus, Alexandre Etolicn, Platon, AriRote,
AIl~
limaque, Euphorion, Eratollhene, & Parthénius ,
&
dans
la (eeonde cla(fe, Callinus, M imnerme, Tyrtée, P¿rian–
dre, Solon, Sacadas, Xénophane, Simonide, Evcnus,
Critias, Denis Chatius, Philetas & Callimaque; M
y–
ro de Bizanee, Hermianax,
&e. M'm. de /'acad. des
Belles-Lettres, tome VII.
Les poeteS flamands fe fem dilliogués parmi les mo–
dernes par leurs élégies latines. Celles de Biderman,
de Grotius, & de Vallius, approGhem du gour de la
belle antiquité. Madame de la Suze
&
madame Des–
boulieres fe fom auffi exereées dans ce genre, dans le–
que! les Anglois n'om rien que quelques pieces fugi–
tives de Milton.
(G)
E
L
E'G
1E,
r.
f.
(Belle:-Lettres)
petit poeme dont
1es plaintes
&
la douleur fom le priocipa) caraéteré.
La. plaintive
élégie
m longs habits de dmil,
SmJ, les ebeveux ópa,'s, gémir Jur
U"
&ereueil.
.
Boil.
.IIrt. poét.
~ous
difon;
le principal ,araaere,
car bien que ee
poeme fe tixe ordinairement aux objets lugubres) il oe
~'y
borne pourtant pas uniquement:
Elle pei"t des amans la joie
&
la trifteiJe ,
Fla-te, mmaee) irrite, appaife une maítreiJe.
Ibidem.
Les Grammairiens ront partagés fur l'étymologie de
c~
nom .: Voffius, apres Dydime le tire du grec ,
J
~'¡" "
,
d,.ro héla!. L'élégie
fut ainfi nommée, parce qu'
e[le
ét~.Jt
remplie de l' exclamatioo
¡',
fi
familiere
aux
poe tes rragiques, & qui échappe fi naturellemem
am¡
perfonnes aflligées.
Le vrai caraétere de
l'élégie
confiae dans la vivaci·
_
~_é
t,es
penCée , dans
la
délicate(fe des fenlimens, dans
a lmpliciré !les
e~preffioos.
re La
d~aion
dans
l'élégie
doit éire Dene, aiCée & clai–
tr~ ~¡n
re
&
p~thétique;
peindre les mceurs, o'admet–
penfée POJntes n., Jeux de mots; & le fens de chaEju e
fermé
~
au mOlns daos
l'
élégie
latioe ) doit etre rell–
des
Bell:'~L
ehaque difiique.
Voyez Mém. de J'aead.
L ';t¡ i.
d~ttr<I,
tom ..
Vl/. (G)
oit tour
g
ee ns fa fimph clté touehante
&
ooble , réu–
&
le
fentim¡,~e.
la, POéue a de charmes , .l'-imagination
des Lenres
l'u~ ~
eCl
eependant, depuis la renai(fance
négligés:
~n
a
~s
¡;enres de poé(¡e qu'on
a
le plus
fade, foit
qu'O~
'ne
~i~~uS
auaehé l'idée d'uue trille(Je
fadeur; [oir que les
Jn~ue
pas aLTez
la
tendrelfe de
b
POctes, fur
l'
exemple defqueJs
ELE
cette opinion s'ell établie, avent ¡Sris
eux-m~mes
le fly–
le
dou~ereux
pour le lIyle ¡endre.
II n'efl done pas inutile de dévélopper ici le ca–
raétere de
l'éUgie,
d'apres les modeles de l'amiqui–
te .
Comme les froids législateurs de la Poéfie n'om pas
jugé
1'!I¡gie
digne de leur févérité, elle joüir encore
de la liberté de [on . premier age. Grave ou legcre,
tendre ou badine, palJionnée ou tranquiUe, rían te
9U
plaimi ve
i\
Cón gré, il n'ell poim de ton, depuis l'hé–
roi'quc jufqu'au familier, qu'il· ne lui foir permis de
prendre. Properce y a décrit en pa(fanr la formalion
de l'univers, Tibulle les tourmens du tartare; -¡'un '&
¡'autre en onr fait des tableaux dignes tour-a-tour de
Raphael, du Correge & de l'
A
lbane: Ovide ne ceLTe
d'y joüer avec les
fle~hes
de l'Amour. . '
C ependanr pour en déterrpiner le earaaere par quel–
ques traits plus marqués, UOllS la diviferons ell trois
genres, le paffiouné, le rendne, & le gracieux.
Dans tous les trois elle prend également le ton de
la douleur & de la joie; ear c'efl fur-tour dans
l'ilé–
gie
que l'Amour eC! un enfam qui pour rieo
s'i~rite
&
s'appaife, qui pleure & rit el1 meme tems. Par la mé–
me raifon, le rendre, le paffionné, le gracieux, ne
fout pas
des
gences incompatibles daos
l'oNgie
amou–
reufe; mais dallS lcnr me lange il y a des nuaoces, des
paCTages , des gradations
a
ménager. Dans la meme fi–
tuation ou
1'011
dir
torqueor in[elix!
00
ne doit pas
comparer la rougeur de fa maitrelfe convaiucue d'inti–
délité,
a la couleur du ciel, au lever de
l'
aurore,
a
l'éclat des roJes parmi les lú,
&c. (Ovid:
/lmor . lib.
ll.
el.
j'. )
Au momcnt ou l'on cJie
iI
fes amis:
En–
chatnez
-
moi
,
je
jtf.isun fttrieux, j'ai battu riJa maí·
treiJe,
on ne doit penfer
ni aux [ureuTI d'Orefte, ni
"
eel/es d'/ljax. (Ov. lib. l el.
7.) Que ces ·éearts font
bien plus naturels dans Properce!
On m'enleve ce que
j'aime,
dir - il
a
fon ami,
es
tu me di[e'ids les lar–
me!!
11
n'y a d' i"j1tTe! Jenjibles qz/en amnur
. . . .
c'
eft par-la Iftt'ont commene! le! guerres, c'ejl par-la
qu'a piri Troye
....
Mais pottrquoi rccourir a I'e–
xcmple des Grecs?
C'
eft toi, R omulu! qui n01<S
a
donné eelui du erime; en e"levant Jes Sabines, tu ap–
pris
ti
tes nevr!ux
ti
110111
enle'lJlY nos amantes,
&c.
(Lib .
/l.
7. )
En géuéral, le [emimeut domine dans le gence paf–
fiouné, c'el! le caraétere de Properce; l'imagioation
domine dan
s
le gracieux, ,c'ea le caraétere d'Ovide .
Dans le premier l'imaginaríon modeae & foumi[e ne
fe joint au fentiment que pour l'embellir, & [e cache
en l'embc llilram,
rubJequitttrque.
Dans le fecond le
[emiment humble
&
doeile ne fe joinr
a
l'i.maginatioll
que pour l'animer, & fe lai(fe couvtir des tleurs qu'elle
répand
i1
pleines mains . Un coloris trop brillanr refroi–
diroit l'un ,comme un pathétique trop fon obfcurciroie
['autre. La paffion rejeue la parure des graces, les gra–
ces
font elirayées de l'air fombre de
la
paffion; mais
une émotion douce ue les rend que plus toochantes
&
plus vives:
c'ea
aiori qn'elles regnem daos
l'éNgie
teo–
dre, &
c'ca
le genre de T ibulle.
e'ell pour avoir donné
a
un femimem foible le ton
du' femiment paffionné, que
l'élégie
eIl devenue fade.
Rien n'efl plus infipide qu'un defefpoir de fang frold .
On a cru que le pathétique éroir dans les mots; il
ea
dans les tours & daos les mouvemeos du ayle. Ce
re~
grer de Properce apres s'etre éloigné de Ciolhie,
No" ne ["it melius domin", perv;ncer. moreS?
ce regret, dis-je, [eroir froid. Mais combieo la réfie–
xion l'anime!
Q.uamvis dZlra tamen rara puella [uit .
C'ea
une étude bien intéreLTame que celle des mou ve–
mens de l'ame dans les
é/lgieI
de ce poete, & de Ti–
bulle fon rival!
'le ve""",
dir Ovide,
que r"elque jet/m
homme bleiJi! des mémes traies "'Tle mal, recontJoiiJi:
dam mes Vers
tOT/I
les .!ig"es de Ja {lamme,
&
qll'i!
s'éerie apre.
1m
long étonnement : qui peut avoir ap–
pris a ce poé'te a ji bi.,. peindre mes malbe"rs?
C'ea
la regle générale de la poélie pathétique. Ovide la don–
ne; Tibulle & Properce la fui.veut, & la fuivem bieo
mieux que lui.
Quelques poe tes modernes fe font perfuadés que
I'é–
IIgie
plaimive n'avoit pas befoin d'ornemeus: non fans
doute, lorfqu'c
lle
ea paffionnée. U ne amante éperduc
n'a
pai pcCoill d'etre
pa~ée
pour attendrir en [a faveur;
f011