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74-

DO 'U

jDaee~ffi ble¡

a

10US les Irails avee ,leCquels 00 pourroil

le a!laquer ,

D eCeanes nalurellemem pleio de génie

&

de

p~oélra­

lion, renran! le vuide de 13 phllo rorh'c Ccholal1 ique, pril

le pani de 'en fa ire une toure nouvd le , Elam en

~l­

lemagne,

(L

Ce trOUVam forr de(teuvré dans l'inaaiou

d'un quarri.r d'hyver,

i!

s'oecupa plu(leur 11)0is de fu i–

le

¡;

repalfer les coonoinances qu'iI avoit, acquiCe" foit

dans Ces .élUdes, Coil dans Ces .voyages; il

Y

trouva tanr

d'obCcurité

&

d'iucenilUde , que la penfée lui vin r de

renverCer ce mauvais édifice,

,&

de rebarir , pour ainfi

dire, le 10UI

a

neuf, en metlan! plus d'ordre

&

de ¡¡ai-

fon dans Ces principes ,

'

JI commenp par meure

a

I'éearr les vérités rev,élées,

paree qu'iI penCoit, diCoit-il, que pour en,treprendre de

les e xqminer,

&

po)]r

y

réuffi r, il étoit néce{faire d'a–

voir quelque eXtraordinaire aJ.lillanc;e ,du cie),

&

d'etre

plus qu 'homme ,

11

prit done pour prerniere maxirne de

conduite, d'obéir aux lois

&

aux

coulUmes.de

Con

pays,

!!!tenant conllamment la religioo daos laquelle p ieu lui

a voit fait la

gr,~ce

d'ctre ioqruit des fon enfa nce,

&

Ce

I$0uv~rnaol

eo toute autre

choCe

Cela n les opinions les

plus rpodérées; il crUt qu'iI étoit de la prudence de Ce

prercrire par proyilion ceue reg le, paree que

la

recher–

che Cucceffive des vérités .qu'il vouloit Cavoir, pouvoil

"rre tres·longue ,

&

que les aélions de la v,e ne Couf–

fran t aucun délai , iI fal)oit re fai re un plan de condui·

~e;

',ce qui lui' tit joindre UlJe Céconde maxime

a

la

pr~.

cedenre , qui étoit d'erre le plus ferme

&

le plus rérolu

dan

S

fes aélion; qu'il le pourroit,

&

de ne pas Cuivre

m oins cor¡ llammen! les opin ions les plus ,doureuCes, lorC·

qu'il s'y Ceroit une fois déterminé , que fi elles eUnent

éré tres-a{furée\, S<1 traifieme maxime fut ' de taeher

roGJours de Ce yaioere ph'i16t que

la

fonune,

&

de chan·

¡,er plulÓr Ces defirs que I'ordre du m onde ,

D eteanes s'érallt a{fu ré de ces m aximes,

&

.les ayanr

m ires

a

part aYee les vérités de foi , qui on! 'to Ojou rs

,élé les premieres eo Ca cr,éauce, jugea que pour tOUt

Je relle de

Ces

opioions

iI

pouvoit libreloeot entrepreo–

,dre de s'eo défaire , En cela

il

a eu rai,fi)ll; mais

iI

s'ell

trompé 10rCqu'il a cru qu'il Cu ffiCoi t pour cela de les

ré voquer en

d01fte,

D outer ' fi deux

&

<j~ u x

fOn! qua–

tre,

li

I'homm~

ell UD animal raiConnable, e'e ll avoir.

des idé"s de deux, de qualre ', d'homme, d'aoimal, de

r~i.ronnable,

L e

doute

lai{fe dooc Cubfiijer les idées tel–

les qu'elles COO[; ain ri nos erreurs ven3m de ce que

nos idtes Qr¡t été mal faites,

iI

ne les fau roit prévenir,

11

peUt pendant uo tems nc¡us faire Cu.rpendre 1l0S juge –

m ens; mais enijn nous

OC

Cortiroos d'ioeenitude qu'en

c onCul tant les

idée~

qu'il o'a pas détruires;

&

par con–

féq'uellr

fi

elles foO! vagues

&

mal dérerminécs, elles

110U5 égareron! co mme auparavant , Le

doltte

de D ercar–

tes ell donc ioutile: chaeuo peuI éprouver par

luj-m~- '

m e qu'il ell eneore impratieable; car fi I'on compare

o es idées ' fam ilieres

&

bien déterminées, iI n'ell pas

porlible de

douter,

des rappon s 'lui Cont eOtr'elles: tel–

les

Can!,

par ex emple, eelles des nombres, Si I'on peul

doutlr

d. roUt, ce

n'ea

que par un

doute

vagIJe

&

in–

dérerminé, qui ne pone Cur rien du 'tout en paniculier ,

, Si D ereanes o'avoit pas été prévenu pour les idées

innées , il auroit vu que l'unique

moye~

de

Ce

fa ire un

nouveau fonds de connoi!lanees, éroit de détruire les

idées memes , pour les repreodre

'3

leur o rigioe , e'ell–

a-dire aux ' CeDCations, L a plus grande

obhgati~

que

110 US puilTions avoir

a

ce phíloCophe , e'ell de nous

~voir lailfé I'hilloire des prC)gres de fon efprit , Au lieu

d'au aquer direél.meO! les Ccholalliques, il repréCen!e le

rems oú il éroit daos le memes préj ugés ; il oe cache

point les obllac1es qu'il a eus

:i

Curmonter pour s'en dé:

poüiller ; il donne les regles d'une mélhode beaueoup

plus fi mplé 'lu'aueune de celles 'lui avoient été en uCa–

ge Ju(qu'i\ lui, laitle en!revoir les découvenes qu'il eroit

av oir faires ,

&

prépare par celte adre(fe les eCprits a re–

cevoir les nouvelles opinjons 'lu' il Ce propoCoit d'établir ,

] e erois que cetre conduite

a

eu beaueoup de pan

a

la

r évolurion dont ce philoCophe ell l'auteur ,

L:

dOltte

introduit par .Qereartes , ell bien différenl de

celUl dans lequel Ce renfermen! les Seeptiques, CeuI–

ci,

en doutant de lour éroient déterminés

a

reller

[00-

j nurs dans

l~ur

dom e ;

au lieu que Defcanes ne eo m–

men~a

par le

dOllte"

que pour m ieux 's'aftermir daos Ces

c?o~lC!ilfaoees ,

p ans

I~ phi1oro~ie

d' Arillote, dlCent les

d,Celp les de D eCeane s , on

Oe

doute

'de rien orl rend

raiCon de tout,

&

néanmo~n~ rie~

n

'y

ell expliqué que

par des rermes barbares

&

IOll1tel~lgibles,

&

que par des

rdées obCeures

&

coufuCes; au licu que D ercanes s'i1

'\'Ous fait oublier meme ce que

\'OU5

conooiffie'h

léj~ !

,DOU

fait vous en dédommager anoodammcnr, pn les eon–

.nojllances Cublimes auxquelles il vous mene pu degrés;

c'l'1l peurquoi ils lui llppli'luem ce qu'Horace dit d' H o–

mere:

N Olf frl mum ex flllg ore ,fed ex fumo dare

IlIam

C ogital , ut !puioJa d.hine miramla promat,

11

faut le dire id,

iI Y

a bien de

13

diftérence entre

dou,.,

&

do"".,:

on

doute

par emporrement

&

par bru–

talilé , par aveuglemcnl

&

par malice ,

&

eutin par fan –

tai"e,

&

parce que l'on veUt

dOJiltr ;

mois 011

dOtlte

,aurli par prudence

&

par défiance, par Cage{fe

&

par

C.gacilé d'erprir , L es A caMmieiens

&

les Alhées

dOIl '

te>Jt

de la premiere

fa~nn,

les vrail PhiloCophe,

dOllUlft

de la Ceconde , L e premier

dortte

ell uo

doJlte

de télle–

bres, qui ne conduit point

11

Ja

lumiere, mai qu i en

éloigne roGJours, L e lecond

dome

nai r de la lumiere ,

&

iI

aide en quelque

fa~on

iI

In

prodnire

a

foo tOur ,

C 'ell de ce

dotl'e

<ju'on peur dire qu'il ell le premier

pos vers la vérilé ,

11

ell plus difliei le qu'on ne penCe de

tlOtlt""

Les

eCprits boujllans , dit

IlO

aUteur ingénieux, les imagina–

tions ardeo!"s ne s'nccommoden t pas de l'iodoJeocc du

Cceptique; lis niment m ieux hafarder un

choi~

que ele

n'tn faire aucun, Ce tromper que de vivre inee<tains :

Coit qu'ils Ce mélicnt de leurs bras, foit qu'ils craignenl

la profol1deur des eaux, on les voit IOOjours ('urpendus

a

des branches dont ils Centent loute la foiblefle,

&

aux –

quclles ils . imen< m ieux demeurer accrochés que de s'a–

bandonner au torren!,

115

arrarent toU t, bien qu'ils n'a–

yent rien CoigneuCement exam iné; ils ne

do"tent

de

rien, paree qu 'ils n'en On! ni la patience ni le courage:

CUJets

9

des tueurs qui les décident, fi par hafard ils,

rcneOntrcnt la ver iré , ce n'ell point

t~ tons,

e'ell bru–

(que!)l,eO!

&

comllle par révélation : ils Cont entre les

dogmatiques, ce que ronl les

il/uminlI

che? le peuple

Mvot , L es individus de eeue trpece inquiete ne eon –

~oivent

pas comfl1en t

0 11

peut allier la tranquillité d'c–

tprit avee l'iRdécifion ,

, 11

ne fau t pas confondre le

dotlte

avec I'ignorance ,

1.-e

d,"te

Cuppofe un examen profond

&

delintére{fé;

celui qui

doute

parce qu'il ue conDal! pas les raiCons de

cre dibililé n'eH qu'ull ignoranl ,

Quoiqu'il Coit d'un eCprír bien fair de rrjettor I'a{fer–

tion dogmarique dans les quellioos qui Ollt des raiCons

pour

&

contre,

{Y.

preCqu'a

é~ale

meCure, ce Ceroit néan–

m oills agir eontre la raiCoo, que de fufpelldre COIl ju–

gemen! dans des chores qui brillen! de la plus vi ve é–

vidence ; un tel

doute

en impoflible, il tralne aprcs lui

des conréquences (undles

~

13

rociéré ,

&

f. rme tous

les ehemins qu i pourroient conduire

~

la vérite!,

Que ce

doute

Coir im porlible, rien n'dl plus évident;

car pour y par venir il faudroir avoir Cur lOures forres de

m atieres des raifons d'un pojós ,éga I pour ou contre:

or, je le demande , cela ell-II porlible? Qui

3

Jamais

dOlteé

CérieuremeO[ s'il

y

a une terre, un Coleil, une

lune,

&

fi

I~

toU t ell plus grand que Ca pal'lie? Le Cen–

timent intime de nOtre exitlenee peut-il

~rre

obCcurei par

des raifonnemens Cubtils

&

captieus?

011

peur bien fai–

re dire exté rieu rement

11

Ca

,pouehe qu'on eó

dOllte,

parC'e que l'on peut m emir ; mais on ne peut pas le fai –

,re

dire

11

Con efprit , Ainli le pyrrhooiCme n'en pas ulle

Ceae de gens qui !oient perfuadés de ce qu'ils diCe ot ;

mais c'ell une Ceae de menleurs : aufli Ce conrredirent–

ils Couvent en parlant de leur a pioion , leor clrur nc

POUVft O[ s'aecorder avee leur langue, eomme on peut le

'voir dans Momaigne, 'lui a

t~ché

!le

le renouveller 'au

dernier Heele ,

'

Car apres avoir dit que les Aeadémiciens étojent dif–

férens des Pyrrhunicns, en ce que les Aeadémiciens

a–

voüoierH qu'il y avoit ejes chafes plus vrailfemblables

les unes que les autres , ce que les Pyrrhoniens ne vou–

loien! pas reconnOltre, iI re déclare pour les P yrrhoniens

en ces termes:

OY /'",vÍJ,

dit-il ,

del P yrrbonient efi

plUI hardi ,

&

'1ItOlft

&

'1"an' plUI v raiffemblable ,

11 Y

a donc des chores plus vrai{femblablts que. les 'u·

tres;

&

ce n'ell point pour dire un boo mOt qu'iI par–

le ainfi, ce

Con!

des paroles 'luí lui

Can!

échappées

Caos y penCer,

&

qui nai/fent du fond de la nature,

que le menConge des opinions

ne

peul étoulte"

D 'ailleurs ehaque aa ion que fail UD pyrrhonien, ne

démeot-elle pas

Con

Cylleme? car enfi n un pyrrhonieo

ell un homme qoi dans Ces principes doit

dOllter

uni–

verCellement de toutes choCes, qoi ne dojt pas meme

favoir s'n

y

a des choCes plus probable! les unes que

!es aUlres;

qui

doil igoorer s'il lui ell plus av'antageux

,

de