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DO 'U
jDaee~ffi ble¡
a
10US les Irails avee ,leCquels 00 pourroil
le a!laquer ,
D eCeanes nalurellemem pleio de génie
&
de
p~oélra
lion, renran! le vuide de 13 phllo rorh'c Ccholal1 ique, pril
le pani de 'en fa ire une toure nouvd le , Elam en
~l
lemagne,
(L
Ce trOUVam forr de(teuvré dans l'inaaiou
d'un quarri.r d'hyver,
i!
s'oecupa plu(leur 11)0is de fu i–
le
¡;
repalfer les coonoinances qu'iI avoit, acquiCe" foit
dans Ces .élUdes, Coil dans Ces .voyages; il
Y
trouva tanr
d'obCcurité
&
d'iucenilUde , que la penfée lui vin r de
renverCer ce mauvais édifice,
,&
de rebarir , pour ainfi
dire, le 10UI
a
neuf, en metlan! plus d'ordre
&
de ¡¡ai-
fon dans Ces principes ,
'
JI commenp par meure
a
I'éearr les vérités rev,élées,
paree qu'iI penCoit, diCoit-il, que pour en,treprendre de
les e xqminer,
&
po)]r
y
réuffi r, il étoit néce{faire d'a–
voir quelque eXtraordinaire aJ.lillanc;e ,du cie),
&
d'etre
plus qu 'homme ,
11
prit done pour prerniere maxirne de
conduite, d'obéir aux lois
&
aux
coulUmes.deCon
pays,
!!!tenant conllamment la religioo daos laquelle p ieu lui
a voit fait la
gr,~ce
d'ctre ioqruit des fon enfa nce,
&
Ce
I$0uv~rnaol
eo toute autre
choCe
Cela n les opinions les
plus rpodérées; il crUt qu'iI étoit de la prudence de Ce
prercrire par proyilion ceue reg le, paree que
la
recher–
che Cucceffive des vérités .qu'il vouloit Cavoir, pouvoil
"rre tres·longue ,
&
que les aélions de la v,e ne Couf–
fran t aucun délai , iI fal)oit re fai re un plan de condui·
~e;
',ce qui lui' tit joindre UlJe Céconde maxime
a
la
pr~.
cedenre , qui étoit d'erre le plus ferme
&
le plus rérolu
dan
S
fes aélion; qu'il le pourroit,
&
de ne pas Cuivre
m oins cor¡ llammen! les opin ions les plus ,doureuCes, lorC·
qu'il s'y Ceroit une fois déterminé , que fi elles eUnent
éré tres-a{furée\, S<1 traifieme maxime fut ' de taeher
roGJours de Ce yaioere ph'i16t que
la
fonune,
&
de chan·
¡,er plulÓr Ces defirs que I'ordre du m onde ,
D eteanes s'érallt a{fu ré de ces m aximes,
&
.les ayanr
m ires
a
part aYee les vérités de foi , qui on! 'to Ojou rs
,élé les premieres eo Ca cr,éauce, jugea que pour tOUt
Je relle de
Ces
opioions
iI
pouvoit libreloeot entrepreo–
,dre de s'eo défaire , En cela
il
a eu rai,fi)ll; mais
iI
s'ell
trompé 10rCqu'il a cru qu'il Cu ffiCoi t pour cela de les
ré voquer en
d01fte,
D outer ' fi deux
&
<j~ u x
fOn! qua–
tre,
li
I'homm~
ell UD animal raiConnable, e'e ll avoir.
des idé"s de deux, de qualre ', d'homme, d'aoimal, de
r~i.ronnable,
L e
doute
lai{fe dooc Cubfiijer les idées tel–
les qu'elles COO[; ain ri nos erreurs ven3m de ce que
nos idtes Qr¡t été mal faites,
iI
ne les fau roit prévenir,
11
peUt pendant uo tems nc¡us faire Cu.rpendre 1l0S juge –
m ens; mais enijn nous
OC
Cortiroos d'ioeenitude qu'en
c onCul tant les
idée~
qu'il o'a pas détruires;
&
par con–
féq'uellr
fi
elles foO! vagues
&
mal dérerminécs, elles
110U5 égareron! co mme auparavant , Le
doltte
de D ercar–
tes ell donc ioutile: chaeuo peuI éprouver par
luj-m~- '
m e qu'il ell eneore impratieable; car fi I'on compare
o es idées ' fam ilieres
&
bien déterminées, iI n'ell pas
porlible de
douter,
des rappon s 'lui Cont eOtr'elles: tel–
les
Can!,
par ex emple, eelles des nombres, Si I'on peul
doutlr
d. roUt, ce
n'ea
que par un
doute
vagIJe
&
in–
dérerminé, qui ne pone Cur rien du 'tout en paniculier ,
, Si D ereanes o'avoit pas été prévenu pour les idées
innées , il auroit vu que l'unique
moye~
de
Ce
fa ire un
nouveau fonds de connoi!lanees, éroit de détruire les
idées memes , pour les repreodre
'3
leur o rigioe , e'ell–
a-dire aux ' CeDCations, L a plus grande
obhgati~
que
110 US puilTions avoir
a
ce phíloCophe , e'ell de nous
~voir lailfé I'hilloire des prC)gres de fon efprit , Au lieu
d'au aquer direél.meO! les Ccholalliques, il repréCen!e le
rems oú il éroit daos le memes préj ugés ; il oe cache
point les obllac1es qu'il a eus
:i
Curmonter pour s'en dé:
poüiller ; il donne les regles d'une mélhode beaueoup
plus fi mplé 'lu'aueune de celles 'lui avoient été en uCa–
ge Ju(qu'i\ lui, laitle en!revoir les découvenes qu'il eroit
av oir faires ,
&
prépare par celte adre(fe les eCprits a re–
cevoir les nouvelles opinjons 'lu' il Ce propoCoit d'établir ,
] e erois que cetre conduite
a
eu beaueoup de pan
a
la
r évolurion dont ce philoCophe ell l'auteur ,
L:
dOltte
introduit par .Qereartes , ell bien différenl de
celUl dans lequel Ce renfermen! les Seeptiques, CeuI–
ci,
en doutant de lour éroient déterminés
a
reller
[00-
j nurs dans
l~ur
dom e ;
au lieu que Defcanes ne eo m–
men~a
par le
dOllte"
que pour m ieux 's'aftermir daos Ces
c?o~lC!ilfaoees ,
p ans
I~ phi1oro~ie
d' Arillote, dlCent les
d,Celp les de D eCeane s , on
Oe
doute
'de rien orl rend
raiCon de tout,
&
néanmo~n~ rie~
n
'y
ell expliqué que
par des rermes barbares
&
IOll1tel~lgibles,
&
que par des
rdées obCeures
&
coufuCes; au licu que D ercanes s'i1
'\'Ous fait oublier meme ce que
\'OU5
conooiffie'h
léj~ !
,DOU
fait vous en dédommager anoodammcnr, pn les eon–
.nojllances Cublimes auxquelles il vous mene pu degrés;
c'l'1l peurquoi ils lui llppli'luem ce qu'Horace dit d' H o–
mere:
N Olf frl mum ex flllg ore ,fed ex fumo dare
IlIam
C ogital , ut !puioJa d.hine miramla promat,
11
faut le dire id,
iI Y
a bien de
13
diftérence entre
dou,.,
&
do"".,:
on
doute
par emporrement
&
par bru–
talilé , par aveuglemcnl
&
par malice ,
&
eutin par fan –
tai"e,
&
parce que l'on veUt
dOJiltr ;
mois 011
dOtlte
,aurli par prudence
&
par défiance, par Cage{fe
&
par
C.gacilé d'erprir , L es A caMmieiens
&
les Alhées
dOIl '
te>Jt
de la premiere
fa~nn,
les vrail PhiloCophe,
dOllUlft
de la Ceconde , L e premier
dortte
ell uo
doJlte
de télle–
bres, qui ne conduit point
11
Ja
lumiere, mai qu i en
éloigne roGJours, L e lecond
dome
nai r de la lumiere ,
&
iI
aide en quelque
fa~on
iI
In
prodnire
a
foo tOur ,
C 'ell de ce
dotl'e
<ju'on peur dire qu'il ell le premier
pos vers la vérilé ,
11
ell plus difliei le qu'on ne penCe de
tlOtlt""
Les
eCprits boujllans , dit
IlO
aUteur ingénieux, les imagina–
tions ardeo!"s ne s'nccommoden t pas de l'iodoJeocc du
Cceptique; lis niment m ieux hafarder un
choi~
que ele
n'tn faire aucun, Ce tromper que de vivre inee<tains :
Coit qu'ils Ce mélicnt de leurs bras, foit qu'ils craignenl
la profol1deur des eaux, on les voit IOOjours ('urpendus
a
des branches dont ils Centent loute la foiblefle,
&
aux –
quclles ils . imen< m ieux demeurer accrochés que de s'a–
bandonner au torren!,
115
arrarent toU t, bien qu'ils n'a–
yent rien CoigneuCement exam iné; ils ne
do"tent
de
rien, paree qu 'ils n'en On! ni la patience ni le courage:
CUJets
9
des tueurs qui les décident, fi par hafard ils,
rcneOntrcnt la ver iré , ce n'ell point
ií
t~ tons,
e'ell bru–
(que!)l,eO!
&
comllle par révélation : ils Cont entre les
dogmatiques, ce que ronl les
il/uminlI
che? le peuple
Mvot , L es individus de eeue trpece inquiete ne eon –
~oivent
pas comfl1en t
0 11
peut allier la tranquillité d'c–
tprit avee l'iRdécifion ,
, 11
ne fau t pas confondre le
dotlte
avec I'ignorance ,
1.-e
d,"te
Cuppofe un examen profond
&
delintére{fé;
celui qui
doute
parce qu'il ue conDal! pas les raiCons de
cre dibililé n'eH qu'ull ignoranl ,
Quoiqu'il Coit d'un eCprír bien fair de rrjettor I'a{fer–
tion dogmarique dans les quellioos qui Ollt des raiCons
pour
&
contre,
{Y.
preCqu'a
é~ale
meCure, ce Ceroit néan–
m oills agir eontre la raiCoo, que de fufpelldre COIl ju–
gemen! dans des chores qui brillen! de la plus vi ve é–
vidence ; un tel
doute
en impoflible, il tralne aprcs lui
des conréquences (undles
~
13
rociéré ,
&
f. rme tous
les ehemins qu i pourroient conduire
~
la vérite!,
Que ce
doute
Coir im porlible, rien n'dl plus évident;
car pour y par venir il faudroir avoir Cur lOures forres de
m atieres des raifons d'un pojós ,éga I pour ou contre:
or, je le demande , cela ell-II porlible? Qui
3
Jamais
dOlteé
CérieuremeO[ s'il
y
a une terre, un Coleil, une
lune,
&
fi
I~
toU t ell plus grand que Ca pal'lie? Le Cen–
timent intime de nOtre exitlenee peut-il
~rre
obCcurei par
des raifonnemens Cubtils
&
captieus?
011
peur bien fai–
re dire exté rieu rement
11
Ca
,pouehe qu'on eó
dOllte,
parC'e que l'on peut m emir ; mais on ne peut pas le fai –
,re
dire
11
Con efprit , Ainli le pyrrhooiCme n'en pas ulle
Ceae de gens qui !oient perfuadés de ce qu'ils diCe ot ;
mais c'ell une Ceae de menleurs : aufli Ce conrredirent–
ils Couvent en parlant de leur a pioion , leor clrur nc
POUVft O[ s'aecorder avee leur langue, eomme on peut le
'voir dans Momaigne, 'lui a
t~ché
!le
le renouveller 'au
dernier Heele ,
'
Car apres avoir dit que les Aeadémiciens étojent dif–
férens des Pyrrhunicns, en ce que les Aeadémiciens
a–
voüoierH qu'il y avoit ejes chafes plus vrailfemblables
les unes que les autres , ce que les Pyrrhoniens ne vou–
loien! pas reconnOltre, iI re déclare pour les P yrrhoniens
en ces termes:
OY /'",vÍJ,
dit-il ,
del P yrrbonient efi
plUI hardi ,
&
'1ItOlft
&
'1"an' plUI v raiffemblable ,
11 Y
a donc des chores plus vrai{femblablts que. les 'u·
tres;
&
ce n'ell point pour dire un boo mOt qu'iI par–
le ainfi, ce
Con!
des paroles 'luí lui
Can!
échappées
Caos y penCer,
&
qui nai/fent du fond de la nature,
que le menConge des opinions
ne
peul étoulte"
D 'ailleurs ehaque aa ion que fail UD pyrrhonien, ne
démeot-elle pas
Con
Cylleme? car enfi n un pyrrhonieo
ell un homme qoi dans Ces principes doit
dOllter
uni–
verCellement de toutes choCes, qoi ne dojt pas meme
favoir s'n
y
a des choCes plus probable! les unes que
!es aUlres;
qui
doil igoorer s'il lui ell plus av'antageux
,
de