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COM
fe voil .uJourd'hui emre Jes ég/ifes de fainle M aríe la
Libéralricc
&
de f:,im Théodorc. L es .ncieo> y Joüoi–
el1l
a
la pOllmo,
&
CalOn s'y
cxcr~oil quelquctoi~.
.
C O M 1
Q
U
E, 3dJ.
plaiJa1lt,
qui e>eile
a
rire, qui
apparticnt
:l
la
comtdie;
avantNre comi'lfl.t , propoJ co·
mltlne,
jigoTe
comiqtte,
fiyle
comit¡llt.'.
e
o
M I Q
u
E,
fublt. un
(omir" e ,
e'efl-a-dire un
attmr
comj(fllC ,
un
poe'tc
comiflftc.
Le
comil/tu,
c'dl-a-dire
le
gm"
de la comM;e
.
e'eff
I~
comil/lle de la
~ro"pc.
lV!0-
'¡ere efl le modele
del
comi'lUCJ.
L e
COYlZU¡lIt corYlge
les
mreUTS.
C O .\1
I
Q
U
E,
pris pOOl l. genre de la comédie, efl
un lerme relatif. Ce qui efl
comirllc
pour lel peuple,
pour lelle fociélé, pour lel homme, peut ne pas I'clre
pOllr lel autre. L 'ea"t du
comÍl¡lIe
réful te de la eompa–
taifon
qutan
fn¡t,
rneme fans s'en appercevoir, de fes
rn reurs avcc tes mreurs qu'an
voit tourner
en ridicule
t
&
luppo(e elltre le fpeébleur
&
le perfonnage repréfen–
lé une diff"érenee . vanrage llfe pour le premier. Ce o'efl
p"' que le meme homme ne pu ilfe rire de fa propre i-.
mage , lors meme qu'iI s'y reconnol l: cela vienr d'une
dup/ieité de earaacre qui s'obferve eneore plus fenfible–
ment dans le eombat des pamons, ou I'homme efl fans
ee(Je en oppofilion avee lui-m¿me .
00
fe juge, on fe
condamnc, on fe plaifantc, comme nn ticrs, &,!'amour
propro
y
trouve
Con
eompte .
Vo)'ez
R
A I
SO N, S
E N–
T
J
~·
..
f
E N T ,
1])
E N T 1
T E'.
L e
comir1/'
n'élallt qu'une re\'lion, il doit perdre
~
~Ire
tran(plamé; mais il perd plus ou moins eo railo n
de Ca bomé cJlenrielle. S'i1 efl peint aveel force
&
v,,–
rilé, iI aura toujours , eomme les portraits de Vandcyk
&
de LalOur, le mérile de la peimure, lors meme qu'
on ne fera plus en état de juger de la relTemblancc ;
&
les eonnoilfcurs y .ppercevront celte ame
&
eerre vie,
qu'on ne reod jamais qu'en imilam la oatore; D',li l–
leurs fi le
eomi,!"e
porte fur des eamaeres généraux
&
fur quelque vice radical de I'humanilé, il ne Cera que
u op reffemblam dans ",us les pa)"s
&
dans 10US \es (je–
eles. L 'avocat patelill fcmblc pcim de nos jours. L 'ava–
re de Plame a (es originaux a Paris . Le miCanrrope de
M oliere eal trouvé les liens
~
Rome . Tels
(om
malheu–
reuCement chel IOUS les hommes le eonrrafle
&
le mI' lan–
ge de I'amour propre
&
de la raifon, que la Ihéorie des
bonnes mreurs
&
la pratique des mauvaiCes , fom preCque
totljours
&
P3f-lOut les memes. L 'avarice , eeue ,vidilé
in[adable qui fait qu'on fe prive de 10ut pour ne man–
quer de rien; I'env ie , ce melange d'eflime
&
de haine
pOOl les avamages qu'on n'. pas; I'hypoerifi e , ce ma–
fq ue du vice déguifé en vertu; la flauerie , ce eommeree
;nrame entre l. balfelfe
&
la vanité: tous ces vices
&
une in6nité d'autre; , exifleroot par-lOut ou il y aura des
hommes,
&
par-lOut ils ferom reg3rdés comme des vi–
ces. Chaque homme méprirera dans fon femblable eeux
donl il fe croira exempt,
&
preadra un plaifir ma/in
a
les voir humilier; ce qui .(Jilre 11 jamais le fu eees du ro–
mir'"
qui auaque les mecars générales.
(1 n'en efl pas ainri du
comir'"
local
&
momenrnné.
JI
efl borné pour les lieux
&
pour les tems, nu eerele
du ridieule qu'iI auaque; mais il n'en efl [ouvent que
plus loüable, arrendu que c'efl lui qui empeehe le ridi–
cule de fe perpétuer
&
de fe répandre, en détruif.,1lt (es
propr-cS modeles;
&
que s'il ne re(Jemble plus
a
perCon–
oe, e'efl que perConne n'oCe plus lui re(fembler . M é–
oage qui a dil lam de mots,
&
qui en a dil li peu de
bons , avoit pounant "ifon de s'éerier
a
l. premiere re–
prélenration des préeieufes ridieules:
eo!trage M oli"c
"f)oilJ le bon comir"e .
Obfervons, a-propos de eeue
pie~
ce , qu'il y a quelquefois un graod an
:l
eharger les por–
IrailS . L a mépriCe des deuK provinciales, leur empref–
[ement poor deux valets lrav.nis, les eoups de
b~ron
qui follt
k
dénouemenr, exagerem fans doute le mépris
atlaehé auX airs
&
au ton préeieux; mais Moliere, pour
arreter
la
contagion, a ufé du plus violem remede. C'eli
ain(i que d3m un dénouemeot qui a e(Juyé tam de eri–
liques ,
&
qui mérite les plus grands éloges , il a ofé
envoyer l'hypoerite
a
la greve. Son exemple doit ap–
prendre 11 fes f1nilateurs :\ ne pos mén.ger le vice,
&
:l
lrailer un rnéchant hornmo Cur le Ihéarre eomme
il
doit
l'elre daos la fociélé. Par exemple,
iI
n'y a qu'une fa–
~on
de renvoyer de delfus la feene un feélérat qui fait
gloire de Céduire une femme pour la deshonorer: eeux
qui lui . relfemblem trouveronr mauv3is le dénouemenr;
t311t mleux pour 1'auteur
&
pour I'ouvrage .
L e g.e':lre
comir'"
Fran~ois ,
le feul dOD! nous Irai–
terons lel ,eomme étonr le plus parfait de tous
(voy,::.
C o
M E DIE)
fe diviCe en
comif{tJe noble, comir'" bOflr-
15,0ÍJ,
&
~as
comir'''.
Comme on n' a fai l qu' indi-
COM
quer eette divifion dans 1'anicle C o
M E
1'>
l.!!, on
va
la
développer dahs celui:ci. C'efl d'uoe .eoolloilfauee pro–
fonde de leurs objets , que les Ans IIreO! leurs regles,
&
les auteurs leur féeondité .
Le
com' ruc nobl,
peinr les rnceurs des grands,
&
ee!–
le -ci dift"rem des mecurs du peuple
&
de la bourgeOl–
fie moios par le fond, que par la forme. Les vices des
grands fOil! moins grcffiers, leurs ridieules moillS eho–
quans; ils fom meme, pour la plupan, fi bien eolorés
par la polilelfe, qu'ils entrellt dans le earaaere de I'hom–
me aimable: ce fom des poifons a(f.iConnés que le fpé–
culaleur déeompofe; mais peu de perCoones fom
a
por–
lée de les étudier, moins encore en élat de les Cai/ir.
011
s'amufe
:i
reeopier le
petit-maltre
fur lequel tous les
traits do ridieule fonr épuiCés,
&
dOD! la peinture n'el!:
plus qu'une éeole pour les jeunes gens qui onr quelque
difpofirion
:i
le devenir; eependant 00 lailfe en paix
I'in–
trigante,
le
baJ orgl!.ei/lcflx,
le
prónefty de
Jui-mtmc ,
&
une infinité d'a';"es dOlll le monde efl rempli : il
ea
vrai qu'il ne faut pas moins de eourage que de talent
pOOl toueher :\ ces earaaeres;
&
les aUleurs du
fallx–
jince,.,
&
du
glorietix
001 eu befoin de I'un
&
de l'au–
tre: mais aoffi ce n'efl pas fans eff"on qu'on peut mar–
cher (ur les pas de ¡'intrépide auteur du
tal·t"f'.
Boileau
raeonlOit que M oliere, apres lui avoir la le
mifantro –
p' ,
lui avoit dit:
VOIIS verre<. bien afltre chofe.
Qu'au–
roit-iI done
f.ilfi la mon ne I'.voit furpris, eet hom–
me qoi voyoit quelque ehoCe au-dela du
miJantrope?
Ce problt:me qoi eonfondoil Boileau , devroit erre pour
les auteurs
eomiglles
un objel eominuel d'émulation
&
de reeherches;
&
oe fill-ee pour eux que la pierre phi–
It>fophale, ils feroieO! du moins en la eherehanr inutile–
menr , mille nutres déeouvenes utiles.
lndépendammenr de 1'''lude refléehie des mecurs du
grand monde , fans la'luellc on ne [auroit faire un pas
dans.!a earriere du haut
comif{'IC,
ce genre préfente Ul1
obllacle qui Iui en propre,
&
donr un auteur ea d'abord
effrayé . L a phopart des ridieules des grands font (i bien
eompofés, qu'ils font a peine viliblcs . L eurs viecs fur–
toUl
om Je ne Cai quoi d'impofant qui Ce refuCe
;l
la plaifamerie: mais les titualioos Ics meltem en Jeu_
Quoi de plus Cérieux en foi que le M iCanrrope? M olie–
re le rend 3moureux d'une coquete;
ii
en
comjqll~.
Le
T arlufe efl un ehef-d'ecuvre plus Curprenanr eoeore dan$
1'art des contranes : daos cett .. e
imriglle
Ii
comilJl",
au–
eun des prineipaux perConnages ne le Ceroit, pris fépa–
rémem; ils le deviennenr 10US par leur oppofilion. En
général , les caraaeres ne fe développent que par leur$
mélanges.
.
L es prélenrions déplacées
&
les fau! airs fOn! I'objet
principal du
comir'" boftrgeois.
L es progres de la po–
litelfe
&
du luxe I om rapproehé du
comir'" nobl"
mai!>
ne les On! point eonfondus. La vanilé gui a pris dans
la bourgeoifie uo ton plus haut qu'aU!refois, traile de grof–
/icr ¡OUt ce qui n'a pas I'air du beau monde. C 'efl un
ridieule de plus , qui ne doit pas empeeher un auteur de
peindre les bourgeois avee les mceurs bourgeoifes . Qu'il
lailfe mellre au rnog des furee s
G,orga D andin ,
le
jffa–
Inde
imagi1loire,
les
FO/~,.berjn
de Scaf!in ,
le
B oltrgeoir
gcntilhomm"
&
qu'il laehe de les imlter . L a faree eft
I'inlipide exagératiotl , ou I'illlitalion gromerc d' une oature
indigne d'elre préCeolée nu! yeux des honnetes gens. L e
ehoix des objcts
&
la vérile: do la peimure earaaériCent
la bonne comédie. Le
M alad, imaginaire ,
auquel les
Medceins doivenl plus qu'ils ne peoCeDt , efl un lableau
aum frappam
&
auffi mora l qu'il y en ail au lhéalre .
Geor.r:es D alldin ,
ou fom peinres avee tanr de Cagelfe
les mecurs Ics plus lieenricuCes, efl un ehef-d'ecuvre de
naturel
&
d'imrigue;
&
ce n'efl pas la fau te de M oliere
fi le fo! orgueil plus fon que res
le~ons,
perpétue eneo–
re I'allianee des
Dandins
avee les
Sot,nvilleJ.
Si dans
ces modeles on trouve quelques traits qui ne peuvent amu–
fer que le pellplc, en revanehe eombien de feeoes di.
gnes des cooJloilfeurs les plus deliears?
Boileau a eu ton, s'iI n'n pas rceonno I'auleur du
Mifanrrope dans I'éloquenee de
Scapin
avee le pere
de fon ma'lre; dans I'avariee de ce viei\lord; daos 111
(cene des deux peres; dans I'amour des deus lils,
ta–
bleaux
di~nes
de Téreoee; dans
la
eonfellion de
S,a–
pin
qui fe Ctoit convaineu; daos fon infolenee des qu'i(
rcm que fon maltre • beCoin de lui,
&e.
Boilcau a eu
raiCon, s'il n'a regardé eomme indigne de M oliere que
le fae ou le vieillard efl eoveloppé: eoeore eut-il mieux
fait d'eo faire la critique
a
ron ami vivanr, que d'at–
tendre qu'il fO t mon pour lui en faire le reproche.
P Oflran"gnac
eH la Ceule pieee de Moliere qu'oll
puilfe meHre nu rang des farees;
&
daos eeue
far~e
,
m~·