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566

COM

fe voil .uJourd'hui emre Jes ég/ifes de fainle M aríe la

Libéralricc

&

de f:,im Théodorc. L es .ncieo> y Joüoi–

el1l

a

la pOllmo,

&

CalOn s'y

cxcr~oil quelquctoi~.

.

C O M 1

Q

U

E, 3dJ.

plaiJa1lt,

qui e>eile

a

rire, qui

apparticnt

:l

la

comtdie;

avantNre comi'lfl.t , propoJ co·

mltlne,

jigoTe

comiqtte,

fiyle

comit¡llt.'.

e

o

M I Q

u

E,

fublt. un

(omir" e ,

e'efl-a-dire un

attmr

comj(fllC ,

un

poe'tc

comiflftc.

Le

comil/tu,

c'dl-a-dire

le

gm"

de la comM;e

.

e'eff

I~

comil/lle de la

~ro"pc.

lV!0-

'¡ere efl le modele

del

comi'lUCJ.

L e

COYlZU¡lIt corYlge

les

mreUTS.

C O .\1

I

Q

U

E,

pris pOOl l. genre de la comédie, efl

un lerme relatif. Ce qui efl

comirllc

pour lel peuple,

pour lelle fociélé, pour lel homme, peut ne pas I'clre

pOllr lel autre. L 'ea"t du

comÍl¡lIe

réful te de la eompa–

taifon

qutan

fn¡t,

rneme fans s'en appercevoir, de fes

rn reurs avcc tes mreurs qu'an

voit tourner

en ridicule

t

&

luppo(e elltre le fpeébleur

&

le perfonnage repréfen–

lé une diff"érenee . vanrage llfe pour le premier. Ce o'efl

p"' que le meme homme ne pu ilfe rire de fa propre i-.

mage , lors meme qu'iI s'y reconnol l: cela vienr d'une

dup/ieité de earaacre qui s'obferve eneore plus fenfible–

ment dans le eombat des pamons, ou I'homme efl fans

ee(Je en oppofilion avee lui-m¿me .

00

fe juge, on fe

condamnc, on fe plaifantc, comme nn ticrs, &,!'amour

propro

y

trouve

Con

eompte .

Vo)'ez

R

A I

SO N, S

E N–

T

J

..

f

E N T ,

1])

E N T 1

T E'.

L e

comir1/'

n'élallt qu'une re\'lion, il doit perdre

~

~Ire

tran(plamé; mais il perd plus ou moins eo railo n

de Ca bomé cJlenrielle. S'i1 efl peint aveel force

&

v,,–

rilé, iI aura toujours , eomme les portraits de Vandcyk

&

de LalOur, le mérile de la peimure, lors meme qu'

on ne fera plus en état de juger de la relTemblancc ;

&

les eonnoilfcurs y .ppercevront celte ame

&

eerre vie,

qu'on ne reod jamais qu'en imilam la oatore; D',li l–

leurs fi le

eomi,!"e

porte fur des eamaeres généraux

&

fur quelque vice radical de I'humanilé, il ne Cera que

u op reffemblam dans ",us les pa)"s

&

dans 10US \es (je–

eles. L 'avocat patelill fcmblc pcim de nos jours. L 'ava–

re de Plame a (es originaux a Paris . Le miCanrrope de

M oliere eal trouvé les liens

~

Rome . Tels

(om

malheu–

reuCement chel IOUS les hommes le eonrrafle

&

le mI' lan–

ge de I'amour propre

&

de la raifon, que la Ihéorie des

bonnes mreurs

&

la pratique des mauvaiCes , fom preCque

totljours

&

P3f-lOut les memes. L 'avarice , eeue ,vidilé

in[adable qui fait qu'on fe prive de 10ut pour ne man–

quer de rien; I'env ie , ce melange d'eflime

&

de haine

pOOl les avamages qu'on n'. pas; I'hypoerifi e , ce ma–

fq ue du vice déguifé en vertu; la flauerie , ce eommeree

;nrame entre l. balfelfe

&

la vanité: tous ces vices

&

une in6nité d'autre; , exifleroot par-lOut ou il y aura des

hommes,

&

par-lOut ils ferom reg3rdés comme des vi–

ces. Chaque homme méprirera dans fon femblable eeux

donl il fe croira exempt,

&

preadra un plaifir ma/in

a

les voir humilier; ce qui .(Jilre 11 jamais le fu eees du ro–

mir'"

qui auaque les mecars générales.

(1 n'en efl pas ainri du

comir'"

local

&

momenrnné.

JI

efl borné pour les lieux

&

pour les tems, nu eerele

du ridieule qu'iI auaque; mais il n'en efl [ouvent que

plus loüable, arrendu que c'efl lui qui empeehe le ridi–

cule de fe perpétuer

&

de fe répandre, en détruif.,1lt (es

propr-cS modeles;

&

que s'il ne re(Jemble plus

a

perCon–

oe, e'efl que perConne n'oCe plus lui re(fembler . M é–

oage qui a dil lam de mots,

&

qui en a dil li peu de

bons , avoit pounant "ifon de s'éerier

a

l. premiere re–

prélenration des préeieufes ridieules:

eo!trage M oli"c

"f)oilJ le bon comir"e .

Obfervons, a-propos de eeue

pie~

ce , qu'il y a quelquefois un graod an

:l

eharger les por–

IrailS . L a mépriCe des deuK provinciales, leur empref–

[ement poor deux valets lrav.nis, les eoups de

b~ron

qui follt

k

dénouemenr, exagerem fans doute le mépris

atlaehé auX airs

&

au ton préeieux; mais Moliere, pour

arreter

la

contagion, a ufé du plus violem remede. C'eli

ain(i que d3m un dénouemeot qui a e(Juyé tam de eri–

liques ,

&

qui mérite les plus grands éloges , il a ofé

envoyer l'hypoerite

a

la greve. Son exemple doit ap–

prendre 11 fes f1nilateurs :\ ne pos mén.ger le vice,

&

:l

lrailer un rnéchant hornmo Cur le Ihéarre eomme

il

doit

l'elre daos la fociélé. Par exemple,

iI

n'y a qu'une fa–

~on

de renvoyer de delfus la feene un feélérat qui fait

gloire de Céduire une femme pour la deshonorer: eeux

qui lui . relfemblem trouveronr mauv3is le dénouemenr;

t311t mleux pour 1'auteur

&

pour I'ouvrage .

L e g.e':lre

comir'"

Fran~ois ,

le feul dOD! nous Irai–

terons lel ,eomme étonr le plus parfait de tous

(voy,::.

C o

M E DIE)

fe diviCe en

comif{tJe noble, comir'" bOflr-

15,0ÍJ,

&

~as

comir'''.

Comme on n' a fai l qu' indi-

COM

quer eette divifion dans 1'anicle C o

M E

1'>

l.!!, on

va

la

développer dahs celui:ci. C'efl d'uoe .eoolloilfauee pro–

fonde de leurs objets , que les Ans IIreO! leurs regles,

&

les auteurs leur féeondité .

Le

com' ruc nobl,

peinr les rnceurs des grands,

&

ee!–

le -ci dift"rem des mecurs du peuple

&

de la bourgeOl–

fie moios par le fond, que par la forme. Les vices des

grands fOil! moins grcffiers, leurs ridieules moillS eho–

quans; ils fom meme, pour la plupan, fi bien eolorés

par la polilelfe, qu'ils entrellt dans le earaaere de I'hom–

me aimable: ce fom des poifons a(f.iConnés que le fpé–

culaleur déeompofe; mais peu de perCoones fom

a

por–

lée de les étudier, moins encore en élat de les Cai/ir.

011

s'amufe

:i

reeopier le

petit-maltre

fur lequel tous les

traits do ridieule fonr épuiCés,

&

dOD! la peinture n'el!:

plus qu'une éeole pour les jeunes gens qui onr quelque

difpofirion

:i

le devenir; eependant 00 lailfe en paix

I'in–

trigante,

le

baJ orgl!.ei/lcflx,

le

prónefty de

Jui-mtmc ,

&

une infinité d'a';"es dOlll le monde efl rempli : il

ea

vrai qu'il ne faut pas moins de eourage que de talent

pOOl toueher :\ ces earaaeres;

&

les aUleurs du

fallx–

jince,.,

&

du

glorietix

001 eu befoin de I'un

&

de l'au–

tre: mais aoffi ce n'efl pas fans eff"on qu'on peut mar–

cher (ur les pas de ¡'intrépide auteur du

tal·t"f'.

Boileau

raeonlOit que M oliere, apres lui avoir la le

mifantro –

p' ,

lui avoit dit:

VOIIS verre<. bien afltre chofe.

Qu'au–

roit-iI done

f.il

fi la mon ne I'.voit furpris, eet hom–

me qoi voyoit quelque ehoCe au-dela du

miJantrope?

Ce problt:me qoi eonfondoil Boileau , devroit erre pour

les auteurs

eomiglles

un objel eominuel d'émulation

&

de reeherches;

&

oe fill-ee pour eux que la pierre phi–

It>fophale, ils feroieO! du moins en la eherehanr inutile–

menr , mille nutres déeouvenes utiles.

lndépendammenr de 1'''lude refléehie des mecurs du

grand monde , fans la'luellc on ne [auroit faire un pas

dans.!a earriere du haut

comif{'IC,

ce genre préfente Ul1

obllacle qui Iui en propre,

&

donr un auteur ea d'abord

effrayé . L a phopart des ridieules des grands font (i bien

eompofés, qu'ils font a peine viliblcs . L eurs viecs fur–

toUl

om Je ne Cai quoi d'impofant qui Ce refuCe

;l

la plaifamerie: mais les titualioos Ics meltem en Jeu_

Quoi de plus Cérieux en foi que le M iCanrrope? M olie–

re le rend 3moureux d'une coquete;

ii

en

comjqll~.

Le

T arlufe efl un ehef-d'ecuvre plus Curprenanr eoeore dan$

1'art des contranes : daos cett .. e

imriglle

Ii

comilJl",

au–

eun des prineipaux perConnages ne le Ceroit, pris fépa–

rémem; ils le deviennenr 10US par leur oppofilion. En

général , les caraaeres ne fe développent que par leur$

mélanges.

.

L es prélenrions déplacées

&

les fau! airs fOn! I'objet

principal du

comir'" boftrgeois.

L es progres de la po–

litelfe

&

du luxe I om rapproehé du

comir'" nobl"

mai!>

ne les On! point eonfondus. La vanilé gui a pris dans

la bourgeoifie uo ton plus haut qu'aU!refois, traile de grof–

/icr ¡OUt ce qui n'a pas I'air du beau monde. C 'efl un

ridieule de plus , qui ne doit pas empeeher un auteur de

peindre les bourgeois avee les mceurs bourgeoifes . Qu'il

lailfe mellre au rnog des furee s

G,orga D andin ,

le

jffa–

Inde

imagi1loire,

les

FO/~,.berjn

de Scaf!in ,

le

B oltrgeoir

gcntilhomm"

&

qu'il laehe de les imlter . L a faree eft

I'inlipide exagératiotl , ou I'illlitalion gromerc d' une oature

indigne d'elre préCeolée nu! yeux des honnetes gens. L e

ehoix des objcts

&

la vérile: do la peimure earaaériCent

la bonne comédie. Le

M alad, imaginaire ,

auquel les

Medceins doivenl plus qu'ils ne peoCeDt , efl un lableau

aum frappam

&

auffi mora l qu'il y en ail au lhéalre .

Geor.r:es D alldin ,

ou fom peinres avee tanr de Cagelfe

les mecurs Ics plus lieenricuCes, efl un ehef-d'ecuvre de

naturel

&

d'imrigue;

&

ce n'efl pas la fau te de M oliere

fi le fo! orgueil plus fon que res

le~ons,

perpétue eneo–

re I'allianee des

Dandins

avee les

Sot,nvilleJ.

Si dans

ces modeles on trouve quelques traits qui ne peuvent amu–

fer que le pellplc, en revanehe eombien de feeoes di.

gnes des cooJloilfeurs les plus deliears?

Boileau a eu ton, s'iI n'n pas rceonno I'auleur du

Mifanrrope dans I'éloquenee de

Scapin

avee le pere

de fon ma'lre; dans I'avariee de ce viei\lord; daos 111

(cene des deux peres; dans I'amour des deus lils,

ta–

bleaux

di~nes

de Téreoee; dans

la

eonfellion de

S,a–

pin

qui fe Ctoit convaineu; daos fon infolenee des qu'i(

rcm que fon maltre • beCoin de lui,

&e.

Boilcau a eu

raiCon, s'il n'a regardé eomme indigne de M oliere que

le fae ou le vieillard efl eoveloppé: eoeore eut-il mieux

fait d'eo faire la critique

a

ron ami vivanr, que d'at–

tendre qu'il fO t mon pour lui en faire le reproche.

P Oflran"gnac

eH la Ceule pieee de Moliere qu'oll

puilfe meHre nu rang des farees;

&

daos eeue

far~e

,

m~·