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eRA
Pour donner aU
chanvre
les préparations dollt nous
venom de parler , il Y a difter<ntes pratiques .
T ous les ouvriers qui préparent le
chanvr<
de{liné
a
faire du til pour de la toile,
&
la plupart des Cordiers
de
I'intérieur
du royaume, pilent leur
,J;anvre,
c'en-a–
dire qu'ils le meuem dans des .fpeees de moniers de
-bois ,
&
qu'ils le banem avee de gros maillets: on pour–
rait abréger eeUe opération en emploYJnt des Illoulins
a-peu-pres femblahles :\ eeux des papeteries 'OU des pou–
drieres; cene pratique , quoique tres-bonue , n'e{l point
en ufage dans les eorderies de la marine, peut-etce a–
t-on appréhendé qu'elle
n'oeear,o'1tl~t
trop de d¿ehet;
~ar
dans quelques épreuves que
M.
D uh.mel en a fai–
tes,
iI
lui
a
paru eff<étivement que le déehet étoit eon–
fidérable.
L a feule pratique qui foit en ufage dans les l'0rts, en–
core ne l'e{l-elle pas par-tout, c'ell celle qu'on appelle
e{pader,
&
que nous allons déerire, en
commen~.nt
par donner une idée de l'anelier des
e[padwrs,
&
des
in{lrumens dont i1s fe Cervem.
L 'attelier des
e[padettrs
,
qu'on voit,
PI. l. [econde
divifion,
e{l une falle plus ou moins grande, fu ivant le
nombre des ouvriers qu'on
y
veut meme; mais il e{l
effemiel que le plancher en foit é1evé,
&
que les feoe–
tres en foient grandes, pour que la poufliere qui fort
du
c"anvre,
&
qui fatigue be.ucoup la poitrine des on–
vríers, fe puiffe diffiper .
Tout autout' de cene falle
iI
y a des chevalets fim–
pies
X,
&
quelqnefois dans le milieu il y en a une rao–
gée de uoubles
Y;
nous aliaos expliquer quelle e{l la
forme de ces chevalets,
&
quelle différenee il y a en–
tre les chevalets fimples
&
les doubles .
Pour cela il faut fe repréCeO!er une piece de bois de
quio?e
¡¡
dix-huit pouces de largeur,
&
de huir
a
neu f
d'épaiffenr;
Ii
le chevalet doit 'ttre (imple, on ne doo–
ne
¡¡
cene piece que trois piés
&
demi on quatre piés
de longueur ; mais fi le chevalet e{l double , elle doit
avoir quatre
pi~s
&
demi
a
cinq piés:
a
un de Ces bollts,
fi
le chcvalet e{l fimple, ou
¡,
ehaeun de fes bouts, s'il
el! double, on doit :lerembler ou clouer folidemenr une
planche qui :lura dou?e
a
quatone Iignes d'épaiffeur,
dix
¡¡
douze pouees de largeur , .
&
trois piés
&
dcmi
de hauteur; ces plaoehes doivent etre dans une fituation
verticale ,
&
affemblées perpendiculairemem
a
la pieee
de bois qui fert de pié; enfin elles doiveot avoir en–
h:lut une emaille demi-cireulaire
Y,
de quatre
iI
cinq
pOÚCéS d'ouverture,
&
de trois
&
lIemi
a
qualre pou–
ces de profondeur .
Un chevalet ¡imple ne peut fervir qu'. un feul ou–
v,ier,
&
deuI peuveot !ravail!er enfemble Cur UD ehe–
valet double.
L 'anelíer des
e[padeurs
n'e{l pas embarraffé de beau–
coup d'inflrumens ; avec les
cheV~llets
dont nous venons
de parler,
iI
faut Ceulemem des
eJpades
ou
e[padons
?,
qui ne fOD! autre chofe que des palenes de deux p,ós
de longueur, de quatre ou ciuq pouees de largeur,
&
de fix
a
Cept ligoes d'épaiffeur, qui forment aes cou–
teaux
iI
deux tranchans moulfes,
&
qui ont ;\ un de
leurs bouts une poignée pour les tenir commodémcnt.
L 'e[padettr
prend de fa main gauche ,
&
vcrs le mi–
lieu de fa longueur, une poigoée de
chanvre
pefanr en–
viron uoe demi-livre , il ferre fortemem la maio;
&
a–
yam appuyé le milieu de ceue
poign~e
de
chanvrc
fur
l.emaillede laplancheperpendículaireduchevalct .il
frappe du trancham de
l'e[pade
fur la portioo du
chan–
'lire
qui pend le long de cene planche
M.
Quand il a
frappé pluGeurs coups,
i1
fecoue
r.~
poignée de
cbanvrc
N ,
i1
la retouroe fur l'entaille,
&
iI
continue de frap–
per jufqu'a ce que foo
chanvre
Coir bien net,
&
qu.e les
bríns paroiffent bien droi,s; alors il change le
cbanvrc
bout pour bout,
&
il travaille la poime comme il a fai,
les pattes, car on eonunenee toujours
a
e[pader
le có–
té des paues le premier : mais on ne fauroil trop reeom–
maoder aux
e[padwrs
de dODner toute leur anemion ;\
ce que le milien dt1
chanvre
foit bien
e[padé,
f.~ns
fe
comemer d'
e[pader
les deux extrémités, ce qui e{l un
grand défau, ou ils tombem communément .
Quaod une poignée e{l bien
c[padée
daos toute
f.~
longueur, l'onvrier la pofe de travers fur la piece de
bois qui forme le pié de fon chevalet
O,
&
il en prend
une autre " laquelle
i1
donne la ineme préparation; en·
fin quand i1
y
en a une trenlaine de livres
d'e[padles,
on en fait des ballots qu'on porte aux
peigne"rs. V oy.
<es b"lIots en P.
11
faut obferver que fi le
chal1vre
n'étoit p" bien or–
rangé dans lo main des
e[padcttrs ,
i1 s'en détacheroit
be.ucouS' de brins qui fe bouehonneroieut ; e'e{l pom-
eRA
quoi les (Jnvriers a(temifs om foin de bien .arranger
le
.hanvre
avant que de
I'e[pader;
malgré cela i1 ne laif–
fe pas de s'en dé tacher plulieurs brins qui tombent
i
terre, mais ils ne foot pas perdus pour eda; ear quand
iI
y
en a une certaine quantité, les
e{padertrs
les .ramaf–
f<ut, les arrangeO! le miel1x qu'i1s
peuv.emen
pOl~né<s.,
&
les
e[padent
a
pan; en prenant cette
préca':tI~n,
ti
ne re{le plus qu'une mauvaife étoupe dont on fa,fol! ou–
trefois des
matel.tspour les équipages ; mais les oyaot
trouvé trop mauvais , on n'employe plus
a
pr~fel1t
ces
groffes étoupes qu'ií faire des flambeaux, des tampons
ponr les mioes, des torchons pour l'étu"e,
&c.
Le
chanvrc
e{l plus ou moins loog
ñ
e[pader,
fcl on
qu'il e{l plus ou moins l1et, fur-tout de ehenevottes,
&
k
déchet que cene préparation oceafioone dépend aufli
des memes circon{l.nccs; cependaot un bon
e[p.del/'
peut préparer foix am'i.
¡¡
quatre·viogt livre. de
chanvre
daos fa journée,
&
le ¿¿ehet fe pent éval uer
a
cioq,
fix
ou fept livres par quimal.
M .
Duhamel regarde cene préparation comme im–
portante ,
&
croir qu'il faut
c[pader
touS les
chanvres
avee le plus grand foin ;
fi
nous n'appréhel1dions pas ,
dit·il, d'oecafionl1er trop de déehet, nous voudrions ,
quand les
chanvres
font rudes, qu'on les flt p.lrer fous
des maillets avam que de les
e[pader.
L e
cba1Jvre
a commencé
iI
étr. un peu neuoyé, d,,–
melé,
&
affiné daos l'anelier des
e[padettrs;
les coups
de maillet ou
d'e[pade
qu'il y
a
re~us,
en out fait for–
tir beaucoup de poumere, de petites chenevottes,
&
en
Ollt féparé quamité de mauvais brins de
chanvre:
de
plus, les fibres longitudinales ont commeneé
~
fe de–
fun ir; mais elles ne fe font pas entieremem féparécs,
la ptupart tiennem encare les
unes aux alHres,
ce Cont
les detus des peignes-
qui
doivenr achever
eCHe fépara–
tion; elles doivent, comme
,'on
dir, refendrc le
chan.
'Vrc;
Jnais elles feront plus, elles détaclterollt encore
beaucoup de perites chenevottes qui y Cont rerlées , el –
les acheveroIU de féparer toUS les corps étrangers qui
feram melés avec le
chanvre,
&
les brins trop coun!
ou bouehonnés qui ne peuvent donner que de l'étou–
pe; e06n elles arracherom prefque tomes les panes, qui
fom toujours ép.iffes, dures ,
&
ligneufes. Ainli les
peignmrs
doi"em perfeétiooner ce que les
e[padeurs
ont
ébauehé. Pareourons donc leur anelier; eonooif1ons les
iunrumens dom i1s fe fcrvem; voyons travailler les
pei–
gneHrs;
examinans les différens états du
chan7Jre
a
me–
fure qu'on le
peigne .
L 'auelier des
peig>1etlrs,
qu'on voit
PI.
l .
troifieme
divifion
,
e{l une grande falle dol1t le plaocher doit
e–
tre élevé,
&
qui doit, aiofi que eelui des
e[padettrs,
etre percé de plufieurs grandes fenetres, afio que la
poumere qui fon du
chanvre
fatigue moins la poitrioe
des ouvriers;
car
elle el! prefque aum abondame daus
cet auelier que dans c.lui des
ej'padeltrs.
Mais les fe–
netres doivent etre garnies de bons cootrevcllts, pour
meme les ouvriers ií I'abrí du vem
&
de la pluie,
&
meme du foleil quaod
iI
e{l trop ardem.
L e tour de cene falle doit étre garni de fortes tables
R ,
folidement anachées fur de bons treteaux de deux
piés
&
demi de hauteur, qui do;veilt étre fcellé. par
un bout dans le mur,
&
fofitenus
a
l'autre bOl\[ par des
m ootatls bien folides .
L es
pcignes
rom les feuls outils qn'on tronve dans
l'anelier dont nous parlons; on les appelle dans qu<l–
ques endroits des
[erans.
l is font compofés de fix ou fept rangs de dents de
fer, a-pen-pres femblahles
iI
eclles d'un roteau; ces
dents font fonemem enfoncées dans une "paiO" planche
de chene: il
y
a des corderíes ou OA ne le fert que de
peign"
de deux groffeurs; dans d'nutres il y en
a
de
trois ,
&
dans quelques-uoes de quatre.
L es dems des plus graods
S,
011t
t
2
a
13
pouees de
longueur; elles font quarrées, groeres par le bas de
fix
a
fept ligoes,
&
éeartées les unes des nutres par la poin–
te , ou eo comptant du milieu d'une des dents au mi–
lieu d' uoe nutre, de deux pouees.
Ces
peignes
ne font pas de{l inés a
peig¡¡er
le
chan–
'Vrc
pourV'at?ncr, ils ne Cervcm qu'a former les
pei–
gnol1I
ouJ celOtures; c'efl·
a-dice 3
réunir
enfemble
ce
qu'i1 rout de
chanvre
peigné
&
nffiné puur faire un pn–
quet fuffifammem gros, pour que les fileurs puiffent le
mettre autour d'eux fans en etre iocommodés,
&
qu'il
y eo ait affe? pour faire un
ti
1
de la
longu.urde la
eorderie ; nous appellerons ce grand peigne le
peigne
poftr les peigno1JS.
.
Le
pergnc
de la feeonde grandeur
T,
que nous ap–
pelIerons le
peign.
J
dlgroffir,
doit avoir le, dems de
fepl