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126

eRA

Pour donner aU

chanvre

les préparations dollt nous

venom de parler , il Y a difter<ntes pratiques .

T ous les ouvriers qui préparent le

chanvr<

de{liné

a

faire du til pour de la toile,

&

la plupart des Cordiers

de

I'intérieur

du royaume, pilent leur

,J;anvre,

c'en-a–

dire qu'ils le meuem dans des .fpeees de moniers de

-bois ,

&

qu'ils le banem avee de gros maillets: on pour–

rait abréger eeUe opération en emploYJnt des Illoulins

a-peu-pres femblahles :\ eeux des papeteries 'OU des pou–

drieres; cene pratique , quoique tres-bonue , n'e{l point

en ufage dans les eorderies de la marine, peut-etce a–

t-on appréhendé qu'elle

n'oeear,o'1tl~t

trop de d¿ehet;

~ar

dans quelques épreuves que

M.

D uh.mel en a fai–

tes,

iI

lui

a

paru eff<étivement que le déehet étoit eon–

fidérable.

L a feule pratique qui foit en ufage dans les l'0rts, en–

core ne l'e{l-elle pas par-tout, c'ell celle qu'on appelle

e{pader,

&

que nous allons déerire, en

commen~.nt

par donner une idée de l'anelier des

e[padwrs,

&

des

in{lrumens dont i1s fe Cervem.

L 'attelier des

e[padettrs

,

qu'on voit,

PI. l. [econde

divifion,

e{l une falle plus ou moins grande, fu ivant le

nombre des ouvriers qu'on

y

veut meme; mais il e{l

effemiel que le plancher en foit é1evé,

&

que les feoe–

tres en foient grandes, pour que la poufliere qui fort

du

c"anvre,

&

qui fatigue be.ucoup la poitrine des on–

vríers, fe puiffe diffiper .

Tout autout' de cene falle

iI

y a des chevalets fim–

pies

X,

&

quelqnefois dans le milieu il y en a une rao–

gée de uoubles

Y;

nous aliaos expliquer quelle e{l la

forme de ces chevalets,

&

quelle différenee il y a en–

tre les chevalets fimples

&

les doubles .

Pour cela il faut fe repréCeO!er une piece de bois de

quio?e

¡¡

dix-huit pouces de largeur,

&

de huir

a

neu f

d'épaiffenr;

Ii

le chevalet doit 'ttre (imple, on ne doo–

ne

¡¡

cene piece que trois piés

&

demi on quatre piés

de longueur ; mais fi le chevalet e{l double , elle doit

avoir quatre

pi~s

&

demi

a

cinq piés:

a

un de Ces bollts,

fi

le chcvalet e{l fimple, ou

¡,

ehaeun de fes bouts, s'il

el! double, on doit :lerembler ou clouer folidemenr une

planche qui :lura dou?e

a

quatone Iignes d'épaiffeur,

dix

¡¡

douze pouees de largeur , .

&

trois piés

&

dcmi

de hauteur; ces plaoehes doivent etre dans une fituation

verticale ,

&

affemblées perpendiculairemem

a

la pieee

de bois qui fert de pié; enfin elles doiveot avoir en–

h:lut une emaille demi-cireulaire

Y,

de quatre

iI

cinq

pOÚCéS d'ouverture,

&

de trois

&

lIemi

a

qualre pou–

ces de profondeur .

Un chevalet ¡imple ne peut fervir qu'. un feul ou–

v,ier,

&

deuI peuveot !ravail!er enfemble Cur UD ehe–

valet double.

L 'anelíer des

e[padeurs

n'e{l pas embarraffé de beau–

coup d'inflrumens ; avec les

cheV~llets

dont nous venons

de parler,

iI

faut Ceulemem des

eJpades

ou

e[padons

?,

qui ne fOD! autre chofe que des palenes de deux p,ós

de longueur, de quatre ou ciuq pouees de largeur,

&

de fix

a

Cept ligoes d'épaiffeur, qui forment aes cou–

teaux

iI

deux tranchans moulfes,

&

qui ont ;\ un de

leurs bouts une poignée pour les tenir commodémcnt.

L 'e[padettr

prend de fa main gauche ,

&

vcrs le mi–

lieu de fa longueur, une poigoée de

chanvre

pefanr en–

viron uoe demi-livre , il ferre fortemem la maio;

&

a–

yam appuyé le milieu de ceue

poign~e

de

chanvrc

fur

l.emaillede laplancheperpendículaireduchevalct .il

frappe du trancham de

l'e[pade

fur la portioo du

chan–

'lire

qui pend le long de cene planche

M.

Quand il a

frappé pluGeurs coups,

i1

fecoue

r.~

poignée de

cbanvrc

N ,

i1

la retouroe fur l'entaille,

&

iI

continue de frap–

per jufqu'a ce que foo

chanvre

Coir bien net,

&

qu.e les

bríns paroiffent bien droi,s; alors il change le

cbanvrc

bout pour bout,

&

il travaille la poime comme il a fai,

les pattes, car on eonunenee toujours

a

e[pader

le có–

té des paues le premier : mais on ne fauroil trop reeom–

maoder aux

e[padwrs

de dODner toute leur anemion ;\

ce que le milien dt1

chanvre

foit bien

e[padé,

f.~ns

fe

comemer d'

e[pader

les deux extrémités, ce qui e{l un

grand défau, ou ils tombem communément .

Quaod une poignée e{l bien

c[padée

daos toute

f.~

longueur, l'onvrier la pofe de travers fur la piece de

bois qui forme le pié de fon chevalet

O,

&

il en prend

une autre " laquelle

i1

donne la ineme préparation; en·

fin quand i1

y

en a une trenlaine de livres

d'e[padles,

on en fait des ballots qu'on porte aux

peigne"rs. V oy.

<es b"lIots en P.

11

faut obferver que fi le

chal1vre

n'étoit p" bien or–

rangé dans lo main des

e[padcttrs ,

i1 s'en détacheroit

be.ucouS' de brins qui fe bouehonneroieut ; e'e{l pom-

eRA

quoi les (Jnvriers a(temifs om foin de bien .arranger

le

.hanvre

avant que de

I'e[pader;

malgré cela i1 ne laif–

fe pas de s'en dé tacher plulieurs brins qui tombent

i

terre, mais ils ne foot pas perdus pour eda; ear quand

iI

y

en a une certaine quantité, les

e{padertrs

les .ramaf–

f<ut, les arrangeO! le miel1x qu'i1s

peuv.em

en

pOl~né<s.,

&

les

e[padent

a

pan; en prenant cette

préca':tI~n,

ti

ne re{le plus qu'une mauvaife étoupe dont on fa,fol! ou–

trefois des

matel.ts

pour les équipages ; mais les oyaot

trouvé trop mauvais , on n'employe plus

a

pr~fel1t

ces

groffes étoupes qu'ií faire des flambeaux, des tampons

ponr les mioes, des torchons pour l'étu"e,

&c.

Le

chanvrc

e{l plus ou moins loog

ñ

e[pader,

fcl on

qu'il e{l plus ou moins l1et, fur-tout de ehenevottes,

&

k

déchet que cene préparation oceafioone dépend aufli

des memes circon{l.nccs; cependaot un bon

e[p.del/'

peut préparer foix am'i.

¡¡

quatre·viogt livre. de

chanvre

daos fa journée,

&

le ¿¿ehet fe pent éval uer

a

cioq,

fix

ou fept livres par quimal.

M .

Duhamel regarde cene préparation comme im–

portante ,

&

croir qu'il faut

c[pader

touS les

chanvres

avee le plus grand foin ;

fi

nous n'appréhel1dions pas ,

dit·il, d'oecafionl1er trop de déehet, nous voudrions ,

quand les

chanvres

font rudes, qu'on les flt p.lrer fous

des maillets avam que de les

e[pader.

L e

cba1Jvre

a commencé

iI

étr. un peu neuoyé, d,,–

melé,

&

affiné daos l'anelier des

e[padettrs;

les coups

de maillet ou

d'e[pade

qu'il y

a

re~us,

en out fait for–

tir beaucoup de poumere, de petites chenevottes,

&

en

Ollt féparé quamité de mauvais brins de

chanvre:

de

plus, les fibres longitudinales ont commeneé

~

fe de–

fun ir; mais elles ne fe font pas entieremem féparécs,

la ptupart tiennem encare les

unes aux alHres,

ce Cont

les detus des peignes-

qui

doivenr achever

eCHe fépara–

tion; elles doivent, comme

,'on

dir, refendrc le

chan.

'Vrc;

Jnais elles feront plus, elles détaclterollt encore

beaucoup de perites chenevottes qui y Cont rerlées , el –

les acheveroIU de féparer toUS les corps étrangers qui

feram melés avec le

chanvre,

&

les brins trop coun!

ou bouehonnés qui ne peuvent donner que de l'étou–

pe; e06n elles arracherom prefque tomes les panes, qui

fom toujours ép.iffes, dures ,

&

ligneufes. Ainli les

peignmrs

doi"em perfeétiooner ce que les

e[padeurs

ont

ébauehé. Pareourons donc leur anelier; eonooif1ons les

iunrumens dom i1s fe fcrvem; voyons travailler les

pei–

gneHrs;

examinans les différens états du

chan7Jre

a

me–

fure qu'on le

peigne .

L 'auelier des

peig>1etlrs,

qu'on voit

PI.

l .

troifieme

divifion

,

e{l une grande falle dol1t le plaocher doit

e–

tre élevé,

&

qui doit, aiofi que eelui des

e[padettrs,

etre percé de plufieurs grandes fenetres, afio que la

poumere qui fon du

chanvre

fatigue moins la poitrioe

des ouvriers;

car

elle el! prefque aum abondame daus

cet auelier que dans c.lui des

ej'padeltrs.

Mais les fe–

netres doivent etre garnies de bons cootrevcllts, pour

meme les ouvriers ií I'abrí du vem

&

de la pluie,

&

meme du foleil quaod

iI

e{l trop ardem.

L e tour de cene falle doit étre garni de fortes tables

R ,

folidement anachées fur de bons treteaux de deux

piés

&

demi de hauteur, qui do;veilt étre fcellé. par

un bout dans le mur,

&

fofitenus

a

l'autre bOl\[ par des

m ootatls bien folides .

L es

pcignes

rom les feuls outils qn'on tronve dans

l'anelier dont nous parlons; on les appelle dans qu<l–

ques endroits des

[erans.

l is font compofés de fix ou fept rangs de dents de

fer, a-pen-pres femblahles

iI

eclles d'un roteau; ces

dents font fonemem enfoncées dans une "paiO" planche

de chene: il

y

a des corderíes ou OA ne le fert que de

peign"

de deux groffeurs; dans d'nutres il y en

a

de

trois ,

&

dans quelques-uoes de quatre.

L es dems des plus graods

S,

011t

t

2

a

13

pouees de

longueur; elles font quarrées, groeres par le bas de

fix

a

fept ligoes,

&

éeartées les unes des nutres par la poin–

te , ou eo comptant du milieu d'une des dents au mi–

lieu d' uoe nutre, de deux pouees.

Ces

peignes

ne font pas de{l inés a

peig¡¡er

le

chan–

'Vrc

pourV'at?ncr, ils ne Cervcm qu'a former les

pei–

gnol1I

ouJ celOtures; c'efl·

a-dice 3

réunir

enfemble

ce

qu'i1 rout de

chanvre

peigné

&

nffiné puur faire un pn–

quet fuffifammem gros, pour que les fileurs puiffent le

mettre autour d'eux fans en etre iocommodés,

&

qu'il

y eo ait affe? pour faire un

ti

1

de la

longu.ur

de la

eorderie ; nous appellerons ce grand peigne le

peigne

poftr les peigno1JS.

.

Le

pergnc

de la feeonde grandeur

T,

que nous ap–

pelIerons le

peign.

J

dlgroffir,

doit avoir le, dems de

fepl