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CRA
C'ett par les diff6rens foos de la voix que les hom–
m es om da exprimer d'abord leurs dilféreDles
fení.~¡íons , L a nature Icur doona les
Cons
de l. voix, pour
peiodre
3
I'extérieur les femimens de douleur, de Joie ,
de
pl.il;r dom i1s étoien! imérieuremenr .tfeaés , .infi
que les delirs
&
les bef0ins dom i1s étoiem prellés, La
formation des mots fueeéda
¡;
ce premier langase, L 'uo
fut I'ouvrage de I'inflina, I'autre fUI uue fUIte des opé–
radons de I'elprit, Tels on voit les enfans exprimer par
des fans vifs ou tcodres,
~ais
ou tri([es , les différemes
íi!U.tions de leur ame, Cette efpeee de langage, qui
di
de toUS les pays, efl aulli emendu par tous les hom–
m es, paree qu'il efl eelui de la nalUre, L orfque les en–
fans vicnneor:l exprimer leurs ftLl:adons par des
moes,
ils oc (one
emendus que des gens d'une
luéme
langue;
paree que les mots fom de eonveOlion,
&
que ehaque
foeiété ou peuple a fai¡ Cur ce poim des eoovemions
partieulieres ,
Ce
chal1e
naturel dom on vieot
de
parler, s'unit dans
tous les pays .vee les mots:
m.isil perd alors une par–
tie de fa furec; le mot
pei~n.m
feul I'affeaion qu'on
veut exprimer, l'inBexion 8evietH par-la mdins néeeC–
f.ire,
&
il femble que Cur ce poim , eomme en benu–
eoup d'.utres , la n.!Ure fe repofe, lorfque l'3ft .gir,
On appelle ce ehanr,
occmt,
II efl plus ou moins mar–
q ué, felon les c1im1ts , II efl prefqu'infenlible dans les
tempérés ;
&
on pourroit aifémen t nOCer comme une
.ha"fon,
eelui des différens pays méridiooaux,
' 11
prend
¡ouJours la teinte, ft on pell! parler .infi , du rempéro–
m em des diverfes nation"
I/oy'"
A
e e
E N T ,
L orfque les mots furem trouvés, les hommes qui
avoieot
déJa
le
~hflnt
,
s'en Cervirent pour exprimer d'u–
ne faeon plus m3fquée le plailir
&
la joie , Ce, fenti–
m cns qui rt:muenr
&
agitent ('ame d'uoe maniere v
i–
ve, durom néeelfaircmem fe peindre dans le
chane
a–
v ee plus de vivacité que les fenfatioos ardinaires; de-lit
eeue différenee que I'on Irouve emre le
chant
du lan–
gage eommun,
&
le
chane
mulieal,
L es regles fuivirent long-tems apres,
&
on réduifit
en art ce qui avoit
~té
d'abord donné par la nature;
Ca(
rien n'cfl plus naturel
a
I'homme que le
chane,
m emo mulieal: e'cfl un foulagemem qu'une efpeee d'in,
tliua lui Cuggere pour adouerr les peines, les eonuis,
les
lravaux'
d~
la yic. L e
\loyagenr
d,ms une tongue
route, le labollreur au milieu des champs
1
le marclot
[ur In mer, le berger en gardant f\'!s troupeaux, \'arti–
fa!) dalle; ron
3uclier,
cll.lntent touS cornmt! machinale–
ment;
&
rennui, la f"'gue, fOn! Curpeudlls ou difpa–
roillem,
L e
chane
eonfaeré par la nature pour nous dillraire
de nos pt:ines, o u pour
adoude
le
fcmilncut
de nos fa–
tigues ,
&
t!,l)uvé pOllr exprilner
la
joie,
G:rvic biemÓt
apre, pour eélébrer les ,aion, de graees que les ham–
mt!S renJlrclH
a
la
Divinité;
&
une fois élabli pour cec
ufa~e,
il palfa r'pidement dans les fetes publique" dans
les °triom?hes ,
&
dans les fdlins ,
&
c,
La reeonnoiC–
fanee I'avoit employé pour rendre hommage
á
l'EIre
fll preme ; la ftlucrie
k
tit fervir
a
lo loüange des chefs
des nations,
&
I'amour
a
I'exprellion de la tendrefre,
Voil:i les diffüemes fourees de la Muftque
&
de la Poé–
{je , L e nom de
Po,'ee
&
dc
Il1,<ficien
furem long-tems
c o mmuns
:1
rous ceux qui ch!llltcrem
&
a
tous ceux
qui tiren t des vers,
On trouve I'ufage du
chant
dans I'anriquité la plus
reeulée, Enos eommen,a le premier
a
ehamer les loüan–
ges de D ieu,
Genere
4,
&
L aban fe plaint
a
J oeob fon
gendre, de ce qu'il lui avoit eomme ellle,'é Ces filies,
raas lui ,"ilfer la eonColation de les oeeompagner au fon
des
chan¡om
&
des inllrumens,
Gen,
3
I.
11
ell lIaturel de eroire que le
chane
des oifeoux , les
fons dirlcrens de lo voix des animaux, les brui" divers
excité, dans I'air por les ven", I'agitation des feuilles
des arbres, le murmure des eaux,
lervirent
de
modele
pour regler les di!féreos taos de la voix, L es fans é–
¡oiem dan; I'hom:ne:
iI
ClHendit ehanter; il fut frappé
par des bruilS; tootes Ces fenfations
&
Con inllinél: le
ponerem
:i
l'imitation. Les coneerts de voix furent done
les premiers, Ceux des inllru mens ne vinrem qu'enfui–
¡e,
&
il, furem une feeonde imitarían: ear dans tOUS
les inl1:rumens connus , c'ea la
voix
quien a voulu
imi·
ter, N ous en devons I'invention
iI
J ubal tils de La–
meeh ,
Ipfe ¡IIie pate>' canenei"m ciehará
&
organo,
G en,
4,
Des que le premier pas efl fait dans les dé–
eouvene, otiles ou . gréables, la route s'élargit
&
de–
vient aifée, Un inflrument rrol!vé une fois, a da four–
nir I'¡dée de mille autres ,
I/oya:.-", les différmI nomI
ti
cbaclln de
I~l!rs arlicl~s .
CRA'
Parmi le> Juifs, le eamiql1e ehanré p1r M oyre
&
les
eofans d'l1i-act, .pres le p./Iage
de
l. mer Rouge"
~(t
la plus
::lOcienne eOlnpOlition
en
challt
qu'on
eonnolrJe.
Vaus l'
E~yptc
&
dans la Greee, les premiers
chantJ
connus
fure~{
des
vers en l'houneur
dt.!s
dieux, cha.ntés
par les POCtes eux-memes, BiemÓt adoptés par les prc–
tres, i1s paíferem jufqu'aux peuples,
&
de-la prirent
naiífanee les eoneem
&
les ehreurs de Mufique,
I/oy,
C
H OE U R S
&
C
o
N
e
E R T ,
L es Grees n'euren! poinr de poéfte qui ne rat ehan –
tée;
13
Iyrique fe ehamoir avee un aceompagnement
d'inílrumens , ce qui la
tit
oommer
méli,!J"
,
Le
chan:
de la poélie
ép¡qu~
&
dr.m.tique étoit mOitlS ehargé
d'inflexions , 11lais
il
n'en
étoit
pas mains un vrai
chanl ;
&
larfqu'on
examine
avec
3tt<::mion
tout
ce qu'ont
é·
erit les anciens Cur leurs poélies, on ne peut pas révo–
quer en doute eeue vérité,
I/oyn
O
PE R A,
C'efl done
ou propre qu'i1 faut prendre ce qu'Homere, H él;ode,
&c,
On! dir au eommeneemem de leurs poemos, L'un io–
vite Ca mufe
ii
ehanter la fureur d' Aehille; I'autre va
ehanter les Mufes elles-memes, paree que leurs ouvra–
!
l.esn'étoiem fai ts que pour etre ehnmés, Cene expreC–
ItOn n'efl devenue
fig"re
que ehez les L atins,
&
depuis
parmi nous ,
En effet, les L atins ne ehamerent poinr leurs poéftes;
a la réCerve de quelques odes
&
de leurs tr.géJies,
tOUt le relle fut récité, Céfar difoir
:l
un pacte de fon
tem, qui lui faifoi t la leaure de quelqu'un de fes ou–
vrages:
Vous chantez mal
fi
710US
prü~ndez
,hal1ur;
&
Ji
VOUI prltend, <. Jire , VOJlI lifez
m~J:
VOftI chan–
tez.. .
L es inHexions de la voi. des animauA font un vrai
chan:
formé de tom divers, d'in!ervalles,
&c,
&
il e([
plus o u moins' mélodieux, felon le plus ou le m oins
d'.grémem que
la
nature a donn':
a
leur organe, Au
rappon de Juan Chrilloval Calvete ( qui
n
fai, une re–
lation du voyage de Philippc
11.
roi d'Efp3gne, de Ma–
drid
3
Bruxelles, qu'on va traduire ici mor
3
mot ) ,
dans une proeeillon folennelle qui fe tit
d.nseetre ea–
pitale de Pays-Bas en I'année
'5'49,
pendam I'oél:.ve
de l'Afeenlion , fur les pas de I'arehange
S,
Miehel ,
cuuvert
d'arrnes brillames,
pon:lOt
d'une
main
une
é–
pée,
&
une balonee de I'autre, marchoi, un ehariot , fUt
lequel on voyoit un ours qui touehoit un orgue:
iI
n'é–
toit
polnt
comporé
de
tuyaux
camme
toos
les flutres,
mais de p1ufteurs eh,,, enfermés féparemén, dans des
eailfes étroites, dans 1efquelles i1s ne pouvoien! fe re–
múer: leurs queues Cortoien! en haut, olles étoie", liéc$
par des eordons attaehés au regillre; ainft
3
mefure que
I'ours prelfoit les touehes, il faifoit le "er ce, eordons
tiroit les queues des ehots,
&
leur faifoit m iauler
de~
tnitles, des de(Jus,
&
des bilfes, felo\1 les airs qu'il
VOU!OÍ[
exécuccr. L 'armngement éroit
f.Jit
de
maniere
qu'il n'y eur point un faux ton dans I'exéeurion:
y
ha–
z-;en
couflts o/ti/idos altos
y
bllXOS rlna
mllfica be'J
en–
tonada, che era cofa
nue71a
y
mucho de ver.
D es fin ..
ges, des ours, des loups, des eerfs,
&
c,
danfoielH fu r
un théatre poné daos un ehar au fon de eet orgue bi–
Carre:
tIna
gratiofa dan{a
de
monOJ')
offos,
lobol
,ier-
7101,
Y otros a1Jimales [al7Ja;es danfandIJ
d~/aftt/
y
de–
tras de una granjaula che
en un
carro eirava
un fuar–
tago , I/.ye<.
D
E\
N S E,
00
a emendu de nos jours UII ehreur tres-harmo–
nieu x , qui peint le eroalfement des grenouilles ,
&
une
imitarion des ditférens eris des oiCeaux a I'afpea de I'oi–
Ceau de proie, qui forme dans
P Jatée
un mOreeau de
mu!ique du plus graod genre,
l/o)"
B
AL L E T
&
0-
PE R A,
Le
chane
naturel varianr dans ehaque nation Celan les
divers earaél:eres des peuples
&
la température di!féren–
te des c1imats, il étoit indifpenfable que le
chane
mu–
!ieal, dom
00
a fai t un an long-tems apres que les
lallgues Ont' été trouvées, fuiv7t ces
memes
dilférenees'
d'alltant mieux que
I~s
mots qui formem ces méme;
langues n'étant que I'exprellion des Cenfations, Ot1l dll
néeenairemeO[ étre plus ou m oins fans, doux, lourds,
légers,
&c,
felon que les peuples qui les
0111
formés
om été diverfement a!feaés ,
&
que leurs organes ont
eté plus ou moins déliés, roides, ou flexibles, EII par–
tant de ce poim, qui parolt ineonteflable,
iI
ell aifé de
eoncilier les différeoees qu'oo trouve dans la Muftque
vaco le des diverfes nations, Ainfi difputcr Cur eet ani–
c1e,
&
préteodre par exemple que le
chane
ltalieo n'eft
poiO! dans la oature, paree que plufteurs traits de ce
chane
paroiífem étrangers
a
I'oreille, e'efl eomme
fi
I'od diCoit que
I~
langue Italieone n'ell poiot dans
J~
na-