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116

CRA

C'ett par les diff6rens foos de la voix que les hom–

m es om da exprimer d'abord leurs dilféreDles

fení.~¡íons , L a nature Icur doona les

Cons

de l. voix, pour

peiodre

3

I'extérieur les femimens de douleur, de Joie ,

de

pl.il

;r dom i1s étoien! imérieuremenr .tfeaés , .infi

que les delirs

&

les bef0ins dom i1s étoiem prellés, La

formation des mots fueeéda

¡;

ce premier langase, L 'uo

fut I'ouvrage de I'inflina, I'autre fUI uue fUIte des opé–

radons de I'elprit, Tels on voit les enfans exprimer par

des fans vifs ou tcodres,

~ais

ou tri([es , les différemes

íi!U.tions de leur ame, Cette efpeee de langage, qui

di

de toUS les pays, efl aulli emendu par tous les hom–

m es, paree qu'il efl eelui de la nalUre, L orfque les en–

fans vicnneor:l exprimer leurs ftLl:adons par des

moes,

ils oc (one

emendus que des gens d'une

luéme

langue;

paree que les mots fom de eonveOlion,

&

que ehaque

foeiété ou peuple a fai¡ Cur ce poim des eoovemions

partieulieres ,

Ce

chal1e

naturel dom on vieot

de

parler, s'unit dans

tous les pays .vee les mots:

m.is

il perd alors une par–

tie de fa furec; le mot

pei~n.m

feul I'affeaion qu'on

veut exprimer, l'inBexion 8evietH par-la mdins néeeC–

f.ire,

&

il femble que Cur ce poim , eomme en benu–

eoup d'.utres , la n.!Ure fe repofe, lorfque l'3ft .gir,

On appelle ce ehanr,

occmt,

II efl plus ou moins mar–

q ué, felon les c1im1ts , II efl prefqu'infenlible dans les

tempérés ;

&

on pourroit aifémen t nOCer comme une

.ha"fon,

eelui des différens pays méridiooaux,

' 11

prend

¡ouJours la teinte, ft on pell! parler .infi , du rempéro–

m em des diverfes nation"

I/oy'"

A

e e

E N T ,

L orfque les mots furem trouvés, les hommes qui

avoieot

déJa

le

~hflnt

,

s'en Cervirent pour exprimer d'u–

ne faeon plus m3fquée le plailir

&

la joie , Ce, fenti–

m cns qui rt:muenr

&

agitent ('ame d'uoe maniere v

i–

ve, durom néeelfaircmem fe peindre dans le

chane

a–

v ee plus de vivacité que les fenfatioos ardinaires; de-lit

eeue différenee que I'on Irouve emre le

chant

du lan–

gage eommun,

&

le

chane

mulieal,

L es regles fuivirent long-tems apres,

&

on réduifit

en art ce qui avoit

~té

d'abord donné par la nature;

Ca(

rien n'cfl plus naturel

a

I'homme que le

chane,

m emo mulieal: e'cfl un foulagemem qu'une efpeee d'in,

tliua lui Cuggere pour adouerr les peines, les eonuis,

les

lravaux'

d~

la yic. L e

\loyagenr

d,ms une tongue

route, le labollreur au milieu des champs

1

le marclot

[ur In mer, le berger en gardant f\'!s troupeaux, \'arti–

fa!) dalle; ron

3uclier,

cll.lntent touS cornmt! machinale–

ment;

&

rennui, la f"'gue, fOn! Curpeudlls ou difpa–

roillem,

L e

chane

eonfaeré par la nature pour nous dillraire

de nos pt:ines, o u pour

adoude

le

fcmilncut

de nos fa–

tigues ,

&

t!,l)uvé pOllr exprilner

la

joie,

G:rvic biemÓt

apre, pour eélébrer les ,aion, de graees que les ham–

mt!S renJlrclH

a

la

Divinité;

&

une fois élabli pour cec

ufa~e,

il palfa r'pidement dans les fetes publique" dans

les °triom?hes ,

&

dans les fdlins ,

&

c,

La reeonnoiC–

fanee I'avoit employé pour rendre hommage

á

l'EIre

fll preme ; la ftlucrie

k

tit fervir

a

lo loüange des chefs

des nations,

&

I'amour

a

I'exprellion de la tendrefre,

Voil:i les diffüemes fourees de la Muftque

&

de la Poé–

{je , L e nom de

Po,'ee

&

dc

Il1,<ficien

furem long-tems

c o mmuns

:1

rous ceux qui ch!llltcrem

&

a

tous ceux

qui tiren t des vers,

On trouve I'ufage du

chant

dans I'anriquité la plus

reeulée, Enos eommen,a le premier

a

ehamer les loüan–

ges de D ieu,

Genere

4,

&

L aban fe plaint

a

J oeob fon

gendre, de ce qu'il lui avoit eomme ellle,'é Ces filies,

raas lui ,"ilfer la eonColation de les oeeompagner au fon

des

chan¡om

&

des inllrumens,

Gen,

3

I.

11

ell lIaturel de eroire que le

chane

des oifeoux , les

fons dirlcrens de lo voix des animaux, les brui" divers

excité, dans I'air por les ven", I'agitation des feuilles

des arbres, le murmure des eaux,

lervirent

de

modele

pour regler les di!féreos taos de la voix, L es fans é–

¡oiem dan; I'hom:ne:

iI

ClHendit ehanter; il fut frappé

par des bruilS; tootes Ces fenfations

&

Con inllinél: le

ponerem

:i

l'imitation. Les coneerts de voix furent done

les premiers, Ceux des inllru mens ne vinrem qu'enfui–

¡e,

&

il, furem une feeonde imitarían: ear dans tOUS

les inl1:rumens connus , c'ea la

voix

quien a voulu

imi·

ter, N ous en devons I'invention

iI

J ubal tils de La–

meeh ,

Ipfe ¡IIie pate>' canenei"m ciehará

&

organo,

G en,

4,

Des que le premier pas efl fait dans les dé–

eouvene, otiles ou . gréables, la route s'élargit

&

de–

vient aifée, Un inflrument rrol!vé une fois, a da four–

nir I'¡dée de mille autres ,

I/oya:.-", les différmI nomI

ti

cbaclln de

I~l!rs arlicl~s .

CRA'

Parmi le> Juifs, le eamiql1e ehanré p1r M oyre

&

les

eofans d'l1i-act, .pres le p./Iage

de

l. mer Rouge"

~(t

la plus

::lOcienne eOlnpOlition

en

challt

qu'on

eonnolrJe.

Vaus l'

E~yptc

&

dans la Greee, les premiers

chantJ

connus

fure~{

des

vers en l'houneur

dt.!s

dieux, cha.ntés

par les POCtes eux-memes, BiemÓt adoptés par les prc–

tres, i1s paíferem jufqu'aux peuples,

&

de-la prirent

naiífanee les eoneem

&

les ehreurs de Mufique,

I/oy,

C

H OE U R S

&

C

o

N

e

E R T ,

L es Grees n'euren! poinr de poéfte qui ne rat ehan –

tée;

13

Iyrique fe ehamoir avee un aceompagnement

d'inílrumens , ce qui la

tit

oommer

méli,!J"

,

Le

chan:

de la poélie

ép¡qu~

&

dr.m.tique étoit mOitlS ehargé

d'inflexions , 11lais

il

n'en

étoit

pas mains un vrai

chanl ;

&

larfqu'on

examine

avec

3tt<::mion

tout

ce qu'ont

é·

erit les anciens Cur leurs poélies, on ne peut pas révo–

quer en doute eeue vérité,

I/oyn

O

PE R A,

C'efl done

ou propre qu'i1 faut prendre ce qu'Homere, H él;ode,

&c,

On! dir au eommeneemem de leurs poemos, L'un io–

vite Ca mufe

ii

ehanter la fureur d' Aehille; I'autre va

ehanter les Mufes elles-memes, paree que leurs ouvra–

!

l.es

n'étoiem fai ts que pour etre ehnmés, Cene expreC–

ItOn n'efl devenue

fig"re

que ehez les L atins,

&

depuis

parmi nous ,

En effet, les L atins ne ehamerent poinr leurs poéftes;

a la réCerve de quelques odes

&

de leurs tr.géJies,

tOUt le relle fut récité, Céfar difoir

:l

un pacte de fon

tem, qui lui faifoi t la leaure de quelqu'un de fes ou–

vrages:

Vous chantez mal

fi

710US

prü~ndez

,hal1ur;

&

Ji

VOUI prltend, <. Jire , VOJlI lifez

m~J:

VOftI chan–

tez.. .

L es inHexions de la voi. des animauA font un vrai

chan:

formé de tom divers, d'in!ervalles,

&c,

&

il e([

plus o u moins' mélodieux, felon le plus ou le m oins

d'.grémem que

la

nature a donn':

a

leur organe, Au

rappon de Juan Chrilloval Calvete ( qui

n

fai, une re–

lation du voyage de Philippc

11.

roi d'Efp3gne, de Ma–

drid

3

Bruxelles, qu'on va traduire ici mor

3

mot ) ,

dans une proeeillon folennelle qui fe tit

d.ns

eetre ea–

pitale de Pays-Bas en I'année

'5'49,

pendam I'oél:.ve

de l'Afeenlion , fur les pas de I'arehange

S,

Miehel ,

cuuvert

d'arrnes brillames,

pon:lOt

d'une

main

une

é–

pée,

&

une balonee de I'autre, marchoi, un ehariot , fUt

lequel on voyoit un ours qui touehoit un orgue:

iI

n'é–

toit

polnt

comporé

de

tuyaux

camme

toos

les flutres,

mais de p1ufteurs eh,,, enfermés féparemén, dans des

eailfes étroites, dans 1efquelles i1s ne pouvoien! fe re–

múer: leurs queues Cortoien! en haut, olles étoie", liéc$

par des eordons attaehés au regillre; ainft

3

mefure que

I'ours prelfoit les touehes, il faifoit le "er ce, eordons

tiroit les queues des ehots,

&

leur faifoit m iauler

de~

tnitles, des de(Jus,

&

des bilfes, felo\1 les airs qu'il

VOU!OÍ[

exécuccr. L 'armngement éroit

f.Jit

de

maniere

qu'il n'y eur point un faux ton dans I'exéeurion:

y

ha–

z-;en

couflts o/ti/idos altos

y

bllXOS rlna

mllfica be'J

en–

tonada, che era cofa

nue71a

y

mucho de ver.

D es fin ..

ges, des ours, des loups, des eerfs,

&

c,

danfoielH fu r

un théatre poné daos un ehar au fon de eet orgue bi–

Carre:

tIna

gratiofa dan{a

de

monOJ')

offos,

lobol

,ier-

7101,

Y otros a1Jimales [al7Ja;es danfandIJ

d~/aftt/

y

de–

tras de una granjaula che

en un

carro eirava

un fuar–

tago , I/.ye<.

D

E\

N S E,

00

a emendu de nos jours UII ehreur tres-harmo–

nieu x , qui peint le eroalfement des grenouilles ,

&

une

imitarion des ditférens eris des oiCeaux a I'afpea de I'oi–

Ceau de proie, qui forme dans

P Jatée

un mOreeau de

mu!ique du plus graod genre,

l/o)"

B

AL L E T

&

0-

PE R A,

Le

chane

naturel varianr dans ehaque nation Celan les

divers earaél:eres des peuples

&

la température di!féren–

te des c1imats, il étoit indifpenfable que le

chane

mu–

!ieal, dom

00

a fai t un an long-tems apres que les

lallgues Ont' été trouvées, fuiv7t ces

memes

dilférenees'

d'alltant mieux que

I~s

mots qui formem ces méme;

langues n'étant que I'exprellion des Cenfations, Ot1l dll

néeenairemeO[ étre plus ou m oins fans, doux, lourds,

légers,

&c,

felon que les peuples qui les

0111

formés

om été diverfement a!feaés ,

&

que leurs organes ont

eté plus ou moins déliés, roides, ou flexibles, EII par–

tant de ce poim, qui parolt ineonteflable,

iI

ell aifé de

eoncilier les différeoees qu'oo trouve dans la Muftque

vaco le des diverfes nations, Ainfi difputcr Cur eet ani–

c1e,

&

préteodre par exemple que le

chane

ltalieo n'eft

poiO! dans la oature, paree que plufteurs traits de ce

chane

paroiífem étrangers

a

I'oreille, e'efl eomme

fi

I'od diCoit que

I~

langue Italieone n'ell poiot dans

J~

na-