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ATH
le ciel ll1atérie¡ pour ¡'Etre Cuprcmc : mais ils pourroi–
em rcconn"itre le CÍel matéricl (fi mm ell qu'ils ayent
un mot dans leur langue qui réponde au mot de
ma–
tlriel ),
&
croire néanmoins qu'il y a quelqu'intelli–
gencc qui I'habite, puiCqu'ils lui demandent de la plu ie
, &.
du beau tems, la fertilité de la terre,
&
<.
1I fe
pCU! fJire aiCélOellt qu'i1s confolldeot I'intelligence avec
la matiere,
&
qu'ils n'ayem que des idées confufes de
ces deux érres, Cans mer qu'il y ait une intclligence
qui prétide dans le d el. Epicure
&
Ces diCdples om
crd quc tollt étoit corporel, puiCqu'i1s OOt di! qu'il
n'y nvoit rien qui ne fut compofé d'atomes ;
&
néan–
moins ils ne nioien! pas que les am¿s des hommes ne
fuif~m
des etreS intelligens. On Cai! 3uffi qu'avant D c–
fcartes on ne diflinguoit pas trop bien dans les écolcs
I'erpri!
&
le corps;
&
I'on oe peu! pas dire oéanmoins
que dans les écoles on niat que I'ame hl1maine fat une
nature imclligeme. Qui Cait fi les Chinois n'om pas
quelqu'opinion Ccmblable du del? ainli Ieur athéiCme
n'ell ricn moins que décidé.
Vous demandere? peut-etre commem plufieurs phi–
lof,?phes ancien.s.
&
modernes
001
po. tomber dans I'n–
thél(me : le VOICI. Pour commencer par les philoCophes
payens, ce qui les jetta dans ccn! énormc erreur, ce
furem apparemmeOl les faufrcs idées de la divinité qui
régnoiem alors ; iMes qu'ils Curent dé!ruire, fans Cavoir
éditier Cur leur ruine celle du vrai Dieu. Et quam aux
~odernes,.
ils ont été trompés par. des CophiCmes cap–
tleUK, qu'lls avoiem I'efpri! d'imaginer r.,ns avoir alfe?
de Cagacité ou de jullefre pour en découvrir le foible.
11 ne rauroit alJurément y avoir d'
athle
convaincu de
fon Cylleme, car
iI
faudroit qu'i! eut pour cela une dé–
monll.ranon de la non-exillence de Dieu, ce qui dt im–
po ffi blle
i
mais la eOllv iétion
&
la perlualioll Com deux
ehú~es
dltférentcs. 11 n'y a que la dcrniere qui eonvien–
~e
a
I'athle .
11 Ce perfuade ce qui n'ell poim: mais
rlen n'empeche qu'il ne le eroye 3u ffi fer memem en
vertu .de fes Cophifmes, que le théille eroir I'exillencc
de Dleu en Vertu des dé:nonflrations qu'i1 en a. TI ne
faut ponr cela que convertír en objeétions les prellves
de l;exlllence de Dieu,
&
les objeétions en prcuves.
11 n el! pas indífférem de commencer par un bout pi 0-
tÓt <lue par l'autre, la dircuffion de ce qu'on regarde
comm.c un prob leme: car fi vous commence7. par l'af–
nrmanve, vous la relldre? plus facilement vi&orieufe·
au lieu
qu~ .
fi vous commencC1. par la négative, vou;
rendrez touJours douteux le Cucces de I'affirmative. L cs
mcmes raiConnemens font plus ou rnoins d'impreffion
felon qu'ils Cont proporés ou comme des preuves, ou
comme des objeétiolls . Si donc un philofophe débutoit
d'abo~d
par la thefc ,
il
n'y
a point de D ieu
,
&
qu'il
raugea t en forme de preuves ce que les orthodoxes ne
fOllt venir Cur les rangs que comme de fimples dilñ–
cultés , il s'expoCeroit
a
I'é~arement ;
il
Ce
trouveroit fa–
tisfait de
Ces
preuves ,
&
n'en voudroit poim
démordr~,
quoiqu'il ne Sa t comment fe débarrafrer des objeétions;
car, diroit-il,
(j
j'affirmois le comraire, je me verrois
obligé de me fauver dans I'a(yle de I'incompréhenli bi–
lité. 1I choilir don.;:' malhcureuCemellt les incompréhcn–
libilités , qui oe devoient venir qu'apres.
lene.7. les yeux Cur les principales controverrcs des
Cathollques
&
des Protellans, vous verre? que ce qui
~alle
dans l'c Cprít des uns pour une preuve démonllra–
tlve de faufreté , ne pafre dans l'erprit des autres que
pour un fophlCme, ou tout au plus pour unc objeétion
fpéelcufe, qui fait voir qu'i! y a quelques nuages me–
me autour des vérités révélées. L es uns
&
les autres
portent le meme jugemem des objeétions dcs Sociniens:
mais ceux-ci les ayam toujours coufidérées comme leurs
preuves, les prennent pour des rairons con vaillcantes :
d'ou ils concl.uellt que les objeélions de leurs adverCai–
res peuvem blell ctre dilñciles
~
réroudre mais qu'cl –
les ne Cont pas Colides. En
g~néral,
dH'qu'on lle re–
garde une choCe que comme l'endroi t dilñcile d'une the–
fe qu'on a adoptée, o.n en fait. tres-peu de cas : on étouf–
fe tous les doutes qUI pourrolem s'¿lever
&
on ne Ce
perrnet pas d' y faire attention ; ou (j on 'les examine,
c'ell en ne les con(jdéral1t que comme de fimplcs dif ..
ticultés;
&
c'ell par-la qu'on leur 6te la force de faire
jmp'reffi~n
Cur I'efr.rit ..11 n'ell donc point Curprenant
qu 1I y alt eu
&
qu 1I yalt encore des
athleJ
de théorie
c'ell-a-dire , des
athleJ
qui par la voie du raiConnemcnr
foient parvenus
¡¡
Ce perruader qu'il n'y a point de Dieu.
Ce qUI le prouve encore, c'eU qu'il s'el} trouvé des
~thleJ qu~
!e
c~ur
n:avoit
p~s
féduits.,
&
qui n'avo–
IcOl aucun mtéret
iI
s affranchlr d'un Joug qui les in–
(:ommodoi! , QU'UD profeIfeur d'athéifme, par el emple,
ATH
lIale raflueuCemcnt tomes les preuves par leCquelles il
prétend appuyer Con fylteme impic, elles
r~lfiron t
eeuX
qui allfont I'imprudencc
d~
I'écouter,
&
les diCpofcront
a
ne point Ce rebuter des objeélion qui Cuivent .
L~s
premieres impreffions ferom comme une digue qU'lls
oppoCeront aux objeC1ions;
&
pour peo qu'i1s ayene
~e
penchant al! Itbertinage , ne craigne7. pas qu'i!s Ce lalC–
feOl entra1ncr
a
la force de ces objcélions.
Quoique I'expérience nous force
ii
eroire que plu–
lieurs philoCophes anciens
&
modernes om vécu
&
Cont
mort dans la profeffion d'athéiCme , il ne faut pourtam
pas s'imaginer qu'ils Coíen! en fi grand nombre que le
CuppoCen! certaines perConnes, ou trop 7.élées pour la
reJigion, ou mal intentionnées contre elle. Le pere
Merfenne vouloit qu'i1 n'y eo.t pas moins que
SO
mil-
. le
athéeJ
dans Paris;
iI
ell vilible que cela ell oUlté
a
I'exce:s. On attache Couvent cette note injurieuCe
¡¡
des
perConnes qui ne la mélt¡tent poim. On n'ignore pas
qu'il y a certains erprits qui Ce piquent de
raiConnem~nt,
&
qui ont beaucoup de force dans la dirpute. lis abu–
fent de leur talent,
&
Ce plaiCent
a
s'en fervir pour em–
barraffer un homme qui leur paro't convaincu de
I'ex~Ilence de Dieu. lis lui fom des objeélions Cur la relt.–
gion ; ils anaquem Ces réponfes
&
ne veulent pas aVOlr
le dcrnier; ils críent
&
s'échaufteOl, c'en leur
CO~tll
me. Leur adverCaire rort mal fatisfait,
&
les prend pour
des
athén,
quelqucs-uns des affiflans prenneOl le mc:me
Ccandale,
&
portent le
m~me
jugement; ce Cool Co.u–
vent des jugemens téméraires. Ceu x qui :time11l la
~Ir
pute
&
qui s'y Centent tres-forts, Coutieonent en mllle
rencontres le contraire
d~
ce qu'ils croyeot bien ferme–
mellt . 11 rulñra quelquefois, pour rendre quelqu'uo
~ur
peét d'athéifme, CjI.l'il ait difputé avec chaleur fur I'm–
CulñCance d'une preuve de l'exillence de Dieu ; il eourt
rifque, quelque orthodoxe qu'il
Coit,
de
Ce
voir bien–
t6t décrié comme nn
ath!e;
car, dira-t-on,
il
ne s'é–
chaufferoit_pas tant s'il ne I'étoit : quel int¿ret Cans ce–
Ja
ponrroit-il prendre dans cette diCpute? La belle de–
mande! n'y ell-il pas iotérefré pour l'honneur de Con
difeernemellt? Voudroit-on qu'il laifl1t croire qu'il prend
une mauvaiCe preuve pour un argument démon/tratit"?
La parallele de I'athéifme
&
du paganifme Ce pré–
fente ici fort naturellement .
0"
fe partage bcaucoup
Cur ce probleme, fi I'irrel igion ell pire que la
~uperll~tion: on convienr que ce font les deux extrémlté VI–
eieufes au milieu defquelles la véri!é elt fituée : mais il
y
a des perronnes qui penrent avec Plut:lrque , que la
fuperflition ell un plus grand mal que l'alhéifme:
iI
y
en a d'autres qui n'ofent décider,
&
plufieurs enfi n qui
déclarent que I'athéiline efl pire que la Cupcrftition.
J u/te L ipfe prend ce dernier parti: mais en mtme tems
il
avoue que la Cuperllition ell plus ordinaire que I'ir–
rdigioo; qu'elle s'infinue Cous le maCque de la piété;
&
que n'étant qu'une image de la reJigion, elle Céduit
de· relle Cone l'eCprit de I'homme qu'elle le rend Con
joüet. PerConnc n'ignore combien ce Cujet a occupé
Bayle,
&
comment
il
s'cll tourné de tous c6tés,
&
a
employé tomes les rubtilités du raironnemellt pour CoO–
tenir ce qu'il avoit une fois avancé. I1 s'ell appliqué
a
pénétrer jurque daos les replis les plus cachés de la na–
ture humaine: allffi remarqllable par la- force
&
la clar–
té du raifonnemcnt, que par l'enjollemem, la vi vacité
&
la dé'licatelJe de I'efprit, il ne s'ell égaré que par
I'envie demefurée des paradoxes . Quoique familiariCé
avec
la
plus Caine philoCophie, fon elprit toúJonrs aélif
&
extrcmement vigoureu! n'a po. Ce renfermer dans la
earriere ordinaire;
il
en a franchi les bornes. II s'ell
plo.
a
jetter des doutes Cur les chofes qU! fon! les plus
généralement
re
~o.es,
&
a
trou ver des raiCons de pro–
babili!é pour celles qui rom les plus généralement rejet–
tées. Les par:¡doxes, entre les mains d'un amenr de ce
caraélere, produirem too.jours quelque choCe d'mile
&
de curieux;
&
Ol! en a la preave dans la qncflion pré–
Ceme: car r on trouve dans les penfées diver[es de i\lT.
Bayle, un grand nombre d'excel leotcs obfervations Cur
la nature
&
le génie de I'anden po!irhéiCme. Comme
i.1 ne s'ell proporé d'autre méthode que d'écrire Celon
que les chofes Ce préfentcroient
ii
fa penr¿e, Ces argu–
ll1ens Ce trouvent COl1fllCémem épars dans rOl! OllVra¡;c .
1I
eH
nécerTaire de les analyCer
&
de les rapprocher.
. On les exporera dans un ordre oii ils viendront
it
I'ap–
pui les uns des autres;
&
loin de les aftoiblir, on ta–
chera de leur preler tome la force dont ils peuvellt
ctre fuCceptibles.
Dans Ces penCées diverres, M. Bayle poCa Ca theCe
de ceHe maniere générale,
'111<
l'
athlifme
11'
ejl paJ un
plfU
grilnd mal
'lfle
I'idlllntri
e .
C'el!
I'argument d'un
de