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680

ATH

le ciel ll1atérie¡ pour ¡'Etre Cuprcmc : mais ils pourroi–

em rcconn"itre le CÍel matéricl (fi mm ell qu'ils ayent

un mot dans leur langue qui réponde au mot de

ma–

tlriel ),

&

croire néanmoins qu'il y a quelqu'intelli–

gencc qui I'habite, puiCqu'ils lui demandent de la plu ie

, &.

du beau tems, la fertilité de la terre,

&

<.

1I fe

pCU! fJire aiCélOellt qu'i1s confolldeot I'intelligence avec

la matiere,

&

qu'ils n'ayem que des idées confufes de

ces deux érres, Cans mer qu'il y ait une intclligence

qui prétide dans le d el. Epicure

&

Ces diCdples om

crd quc tollt étoit corporel, puiCqu'i1s OOt di! qu'il

n'y nvoit rien qui ne fut compofé d'atomes ;

&

néan–

moins ils ne nioien! pas que les am¿s des hommes ne

fuif~m

des etreS intelligens. On Cai! 3uffi qu'avant D c–

fcartes on ne diflinguoit pas trop bien dans les écolcs

I'erpri!

&

le corps;

&

I'on oe peu! pas dire oéanmoins

que dans les écoles on niat que I'ame hl1maine fat une

nature imclligeme. Qui Cait fi les Chinois n'om pas

quelqu'opinion Ccmblable du del? ainli Ieur athéiCme

n'ell ricn moins que décidé.

Vous demandere? peut-etre commem plufieurs phi–

lof,?phes ancien.s.

&

modernes

001

po. tomber dans I'n–

thél(me : le VOICI. Pour commencer par les philoCophes

payens, ce qui les jetta dans ccn! énormc erreur, ce

furem apparemmeOl les faufrcs idées de la divinité qui

régnoiem alors ; iMes qu'ils Curent dé!ruire, fans Cavoir

éditier Cur leur ruine celle du vrai Dieu. Et quam aux

~odernes,.

ils ont été trompés par. des CophiCmes cap–

tleUK, qu'lls avoiem I'efpri! d'imaginer r.,ns avoir alfe?

de Cagacité ou de jullefre pour en découvrir le foible.

11 ne rauroit alJurément y avoir d'

athle

convaincu de

fon Cylleme, car

iI

faudroit qu'i! eut pour cela une dé–

monll.ranon de la non-exillence de Dieu, ce qui dt im–

po ffi blle

i

mais la eOllv iétion

&

la perlualioll Com deux

ehú~es

dltférentcs. 11 n'y a que la dcrniere qui eonvien–

~e

a

I'athle .

11 Ce perfuade ce qui n'ell poim: mais

rlen n'empeche qu'il ne le eroye 3u ffi fer memem en

vertu .de fes Cophifmes, que le théille eroir I'exillencc

de Dleu en Vertu des dé:nonflrations qu'i1 en a. TI ne

faut ponr cela que convertír en objeétions les prellves

de l;exlllence de Dieu,

&

les objeétions en prcuves.

11 n el! pas indífférem de commencer par un bout pi 0-

tÓt <lue par l'autre, la dircuffion de ce qu'on regarde

comm.c un prob leme: car fi vous commence7. par l'af–

nrmanve, vous la relldre? plus facilement vi&orieufe·

au lieu

qu~ .

fi vous commencC1. par la négative, vou;

rendrez touJours douteux le Cucces de I'affirmative. L cs

mcmes raiConnemens font plus ou rnoins d'impreffion

felon qu'ils Cont proporés ou comme des preuves, ou

comme des objeétiolls . Si donc un philofophe débutoit

d'abo~d

par la thefc ,

il

n'y

a point de D ieu

,

&

qu'il

raugea t en forme de preuves ce que les orthodoxes ne

fOllt venir Cur les rangs que comme de fimples dilñ–

cultés , il s'expoCeroit

a

I'é~arement ;

il

Ce

trouveroit fa–

tisfait de

Ces

preuves ,

&

n'en voudroit poim

démordr~,

quoiqu'il ne Sa t comment fe débarrafrer des objeétions;

car, diroit-il,

(j

j'affirmois le comraire, je me verrois

obligé de me fauver dans I'a(yle de I'incompréhenli bi–

lité. 1I choilir don.;:' malhcureuCemellt les incompréhcn–

libilités , qui oe devoient venir qu'apres.

lene.7. les yeux Cur les principales controverrcs des

Cathollques

&

des Protellans, vous verre? que ce qui

~alle

dans l'c Cprít des uns pour une preuve démonllra–

tlve de faufreté , ne pafre dans l'erprit des autres que

pour un fophlCme, ou tout au plus pour unc objeétion

fpéelcufe, qui fait voir qu'i! y a quelques nuages me–

me autour des vérités révélées. L es uns

&

les autres

portent le meme jugemem des objeétions dcs Sociniens:

mais ceux-ci les ayam toujours coufidérées comme leurs

preuves, les prennent pour des rairons con vaillcantes :

d'ou ils concl.uellt que les objeélions de leurs adverCai–

res peuvem blell ctre dilñciles

~

réroudre mais qu'cl –

les ne Cont pas Colides. En

g~néral,

dH'qu'on lle re–

garde une choCe que comme l'endroi t dilñcile d'une the–

fe qu'on a adoptée, o.n en fait. tres-peu de cas : on étouf–

fe tous les doutes qUI pourrolem s'¿lever

&

on ne Ce

perrnet pas d' y faire attention ; ou (j on 'les examine,

c'ell en ne les con(jdéral1t que comme de fimplcs dif ..

ticultés;

&

c'ell par-la qu'on leur 6te la force de faire

jmp'reffi~n

Cur I'efr.rit ..11 n'ell donc point Curprenant

qu 1I y alt eu

&

qu 1I yalt encore des

athleJ

de théorie

c'ell-a-dire , des

athleJ

qui par la voie du raiConnemcnr

foient parvenus

¡¡

Ce perruader qu'il n'y a point de Dieu.

Ce qUI le prouve encore, c'eU qu'il s'el} trouvé des

~thleJ qu~

!e

c~ur

n:avoit

p~s

féduits.,

&

qui n'avo–

IcOl aucun mtéret

iI

s affranchlr d'un Joug qui les in–

(:ommodoi! , QU'UD profeIfeur d'athéifme, par el emple,

ATH

lIale raflueuCemcnt tomes les preuves par leCquelles il

prétend appuyer Con fylteme impic, elles

r~lfiron t

eeuX

qui allfont I'imprudencc

d~

I'écouter,

&

les diCpofcront

a

ne point Ce rebuter des objeélion qui Cuivent .

L~s

premieres impreffions ferom comme une digue qU'lls

oppoCeront aux objeC1ions;

&

pour peo qu'i1s ayene

~e

penchant al! Itbertinage , ne craigne7. pas qu'i!s Ce lalC–

feOl entra1ncr

a

la force de ces objcélions.

Quoique I'expérience nous force

ii

eroire que plu–

lieurs philoCophes anciens

&

modernes om vécu

&

Cont

mort dans la profeffion d'athéiCme , il ne faut pourtam

pas s'imaginer qu'ils Coíen! en fi grand nombre que le

CuppoCen! certaines perConnes, ou trop 7.élées pour la

reJigion, ou mal intentionnées contre elle. Le pere

Merfenne vouloit qu'i1 n'y eo.t pas moins que

SO

mil-

. le

athéeJ

dans Paris;

iI

ell vilible que cela ell oUlté

a

I'exce:s. On attache Couvent cette note injurieuCe

¡¡

des

perConnes qui ne la mélt¡tent poim. On n'ignore pas

qu'il y a certains erprits qui Ce piquent de

raiConnem~nt,

&

qui ont beaucoup de force dans la dirpute. lis abu–

fent de leur talent,

&

Ce plaiCent

a

s'en fervir pour em–

barraffer un homme qui leur paro't convaincu de

I'ex~Ilence de Dieu. lis lui fom des objeélions Cur la relt.–

gion ; ils anaquem Ces réponfes

&

ne veulent pas aVOlr

le dcrnier; ils críent

&

s'échaufteOl, c'en leur

CO~tll­

me. Leur adverCaire rort mal fatisfait,

&

les prend pour

des

athén,

quelqucs-uns des affiflans prenneOl le mc:me

Ccandale,

&

portent le

m~me

jugement; ce Cool Co.u–

vent des jugemens téméraires. Ceu x qui :time11l la

~Ir­

pute

&

qui s'y Centent tres-forts, Coutieonent en mllle

rencontres le contraire

d~

ce qu'ils croyeot bien ferme–

mellt . 11 rulñra quelquefois, pour rendre quelqu'uo

~ur­

peét d'athéifme, CjI.l'il ait difputé avec chaleur fur I'm–

CulñCance d'une preuve de l'exillence de Dieu ; il eourt

rifque, quelque orthodoxe qu'il

Coit,

de

Ce

voir bien–

t6t décrié comme nn

ath!e;

car, dira-t-on,

il

ne s'é–

chaufferoit_pas tant s'il ne I'étoit : quel int¿ret Cans ce–

Ja

ponrroit-il prendre dans cette diCpute? La belle de–

mande! n'y ell-il pas iotérefré pour l'honneur de Con

difeernemellt? Voudroit-on qu'il laifl1t croire qu'il prend

une mauvaiCe preuve pour un argument démon/tratit"?

La parallele de I'athéifme

&

du paganifme Ce pré–

fente ici fort naturellement .

0"

fe partage bcaucoup

Cur ce probleme, fi I'irrel igion ell pire que la

~uperll~tion: on convienr que ce font les deux extrémlté VI–

eieufes au milieu defquelles la véri!é elt fituée : mais il

y

a des perronnes qui penrent avec Plut:lrque , que la

fuperflition ell un plus grand mal que l'alhéifme:

iI

y

en a d'autres qui n'ofent décider,

&

plufieurs enfi n qui

déclarent que I'athéiline efl pire que la Cupcrftition.

J u/te L ipfe prend ce dernier parti: mais en mtme tems

il

avoue que la Cuperllition ell plus ordinaire que I'ir–

rdigioo; qu'elle s'infinue Cous le maCque de la piété;

&

que n'étant qu'une image de la reJigion, elle Céduit

de· relle Cone l'eCprit de I'homme qu'elle le rend Con

joüet. PerConnc n'ignore combien ce Cujet a occupé

Bayle,

&

comment

il

s'cll tourné de tous c6tés,

&

a

employé tomes les rubtilités du raironnemellt pour CoO–

tenir ce qu'il avoit une fois avancé. I1 s'ell appliqué

a

pénétrer jurque daos les replis les plus cachés de la na–

ture humaine: allffi remarqllable par la- force

&

la clar–

té du raifonnemcnt, que par l'enjollemem, la vi vacité

&

la dé'licatelJe de I'efprit, il ne s'ell égaré que par

I'envie demefurée des paradoxes . Quoique familiariCé

avec

la

plus Caine philoCophie, fon elprit toúJonrs aélif

&

extrcmement vigoureu! n'a po. Ce renfermer dans la

earriere ordinaire;

il

en a franchi les bornes. II s'ell

plo.

a

jetter des doutes Cur les chofes qU! fon! les plus

généralement

re

~o.es

,

&

a

trou ver des raiCons de pro–

babili!é pour celles qui rom les plus généralement rejet–

tées. Les par:¡doxes, entre les mains d'un amenr de ce

caraélere, produirem too.jours quelque choCe d'mile

&

de curieux;

&

Ol! en a la preave dans la qncflion pré–

Ceme: car r on trouve dans les penfées diver[es de i\lT.

Bayle, un grand nombre d'excel leotcs obfervations Cur

la nature

&

le génie de I'anden po!irhéiCme. Comme

i.1 ne s'ell proporé d'autre méthode que d'écrire Celon

que les chofes Ce préfentcroient

ii

fa penr¿e, Ces argu–

ll1ens Ce trouvent COl1fllCémem épars dans rOl! OllVra¡;c .

1I

eH

nécerTaire de les analyCer

&

de les rapprocher.

. On les exporera dans un ordre oii ils viendront

it

I'ap–

pui les uns des autres;

&

loin de les aftoiblir, on ta–

chera de leur preler tome la force dont ils peuvellt

ctre fuCceptibles.

Dans Ces penCées diverres, M. Bayle poCa Ca theCe

de ceHe maniere générale,

'111<

l'

athlifme

11'

ejl paJ un

plfU

grilnd mal

'lfle

I'idlllntri

e .

C'el!

I'argument d'un

de