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ATH

autres calamiu!s;

&

par conféquent on obferve les cul–

les publics de religion, tant par crainte que par expé–

cance. L'on elt tort foigueux de commencer par cet

endroit -la I'éducation dcs

enf~ns

; on leur recomman–

de la religion comme une chofe de la dcrniere impor–

tance,

&

comme la fource du bonheur,

&

du malheur,

felon qu'Qn fera diligcm ou négligeilt a rendre aux díeux

les honneurs qui leur appartiennent : de tels fentimens

qu'on fucce avcc le lait, ne s'cftacent point de I'efprit

d'une nation; ils pcuvent fe modifier en plulieurs ma–

Ilieres; je veux dire que I'on peut changer de cérémonies

ou de dOl7mes, foit

p~r

vénération pour un

nouvc~u

do·

étcur, fOlt par les menaces d'un conquérant : mais ils

De fauroicnt diCparoitre tout-a-fait; d'ailleurs les perfon–

!les qui veulent contraindre les peuples en matierc de re–

ligion, ne le fom jamais pour les porter

il

l'~théifme

:

tout fe réduit

a

[ubltituer aux formulaires de culte

&

de créance qui leur déplaifem , d'autres fonnulai–

Tes. L'obfervation que nous venons de faire a paru fi

vraie

~

quelques autellrs, qu'ils n'ont pas héfité de re–

garder I'idée d'un dicu comme une idée innée

&

na–

turelle • I'hommc:

&

de-l. ils coneluellt qu'i1 n'y a

eu jamais aucune nation, quelque féroce

&

quclque

fauvage qu'on la fuppofe, qui

n'~it

reconnu un D ieu.

Ainli, felon enx, Str,bon ne méritc aucune cré:\nce;

&

les relations de qnelq ues vovageurs modernes, qni

apportem qu'il y a dans le tiouveau monde des na·

tions qui n'om aucune teinture de religion , doivcnt

~!re tenues pour fufpeétes,

&

meme pour faulfes. En

cffet, les voyageurs touchent en palfant une c6te, ils y

trouvent des peuples inconnus: s'ils leur voyent faire

q.uelques.

c~rémonie~,

ils leur donnent u!!e illterpréta–

tlon arbltra"e;

&

h au contraire ils ne voyent

~ucuoe

cér~monie ,

i1s cooeluent qu'ils n'ont point de religion.

Mals comment peut on favoir les fentimens de gens

dom on ne voit pas la pratique,

&

dont on n'entend

•point la langue? ?i I'on en croit les voyageurs, les

peup!es .de la

Flon~e.

ne rcconnoilfoient poior de Dieu,

&

.vlvOlent

fa.ns

rellglon ;. cependam. un

a~teur

anglois

qUl a. v.écu dlx ans

p~r"!l

eux , a(lure qu'll n'y a que

I~

rellglon révélée qUl alt effacé 13 beauté de leurs prin–

clpes;. que les Socrates

&

les Platons rougiroicnt de

fe VOl[ furpalfer par des peuples d'aillcurs

Ii

ignorans .

11

el! vrai qll'ils n'ont ni idoles, ni temples, ni aucun

culte eHérieur; mais ils font vivement perfuadés d'une

vie

a

venir, d'uo bonheur futur pour récompenfer la

vertu,

&

de fouffrances éternelJes pour punir le crime .

Que favolls-nous, ajoute-t-il,

Ii

les Houentots

&

tels

auues peuples qu'on nous repréCente comme

athles,

font tels qu'i1s nous paroilfent? S'i1 n'elt pas certain

que ces derniers reconnoilfent un D ieu. du moios elt–

iI

fílr par leur conduite qu'ils recoonoilfent une équité,

&

qu'ils en font pénétrés . La

der,,;ption dI< cap de

B onne-Efp Irance

par M. Kolbe, prauve bien que les

Honentots le plus barbares n'agilT"ent pas fans raifon,

&

qu'i1s favem le droit des gens

&

de la nature. Aioli

pour juger s'il y a eu des natioos fauvages, fans aucu–

De teinture de divinité

&

de religion, auendons a en

etre mieux illformés ,que par les relations de quelques

voyageurs.

,

La [econde fource d'athéifme, c'cn la débauche

&

la corruption des mreurs. On trouve des gens, qui a

force de vices

&

de déréglemens, om prefqu'éteint

l:urs lumieres mturelles

&

corrompu leur raifon: au

11eu de s'appliquer

¡\

la rechcrche de la vérité d'une

maniere impartiale,

&

de s'informer avec foin des re–

gles ou des devoirs que la nature prefcrit, i1s s'accou–

tument

:i

enfanter des objeéHons contre la religion ,

¡¡

leur

p~eter. ~Ius

de force qu'elles n'en om,

&

a

les

foutelllr 0p101atrément. lis ne font pas perfuadés qu'i1

n'y a poim de D ieu, mais ils vivem comme s'i1s I'é–

toient,

&

dchent d'effacer de leur efprir toutes les no–

tions qui tendent

¡¡

leur prouver une divinité L'exilten–

ce d'un D ieu les incommode dans la joüilf;nce de leurs

plailirs criminels; c'elt pourquoi i1s voudroient craire

<I.u'il n'y a.

p~int

de

Die~,

&

i1s s'efforcent d'y parve–

nlr. En eftet

JI

peut amver quelquefois qu'ils réuffif–

fem

a

s'étourdir

&

¡¡

endormir leur confcience· mais

elle fe révei lle de tems en tems,

&

;Is ne

peuv~nt

ar–

..facher entierement le trait qui les déchire .

II Y a divers degrés d'athéifme pratique,

&

iI

faut

(t)

ti

Y

a

bien

d1opinion.

di(féreotts (ur

l'atb~i(me !

de" gens ero¡'..

1

ent qa'il

n'1

3

poim d'athées

i

d'autres ca multíplient le nom_

bre

a

l'aces.

{.uu

égud

30

ton qp,'ils

font

a

plurU!un

holÓ..

ATH

erre

utr~metnent

círconfpea fur ce fujet. Tout hom–

me qui commet des crimes contraires a I'idée d'un

D ieu ,

&

qui perrévere

m~me

quelque tems, ne f:ruraie

Ctre déelaré au!ft-t6t

atb.!e

de pratique. David, par e–

xemple, en JOlgnant le meunre

a

I'adu ltere , ¡embla

oublier Dieu; mais on ne rauroit pour cela le ranger

au nombre des

athlcs

de pratique, ce caraaere ne COll–

vient qu'a ceux qui vivem dans I'habitude du crime,

&

dont toute la conduite ne parolt tendre qu'a oier I'e–

xi11ence de Dieu.

L'athéiúne du creur a conduit le plus fouvent

¡¡

ce–

lui de I'efprit . A force de delirer qu'une chofe foit

vraie, on viem en6n a fe perfuader qu'elle e(1 telle;

l'efprit devient la dupe du creur, les vérités les plus

é–

videntes ont toíljours un cÓt¿ ohfcur

&

ténébreux par

ou I'on peut les anaquer. 11 fuffit qu'une vérité nous

incommode

&

qu'elle contrarie nos paffions; I'efprit a–

gilrant alors de concen avec le creur, découvrira bien–

tt..t des endroits foibles auxquels

iI

s'auache: on s'ac–

courume infenfiblemem

3

regarder comme faux ce qui

avant la dépravation du creur brilloit a I'efprit de la

plus vive lumiere:

iI

ne faut pas moins que la violen–

ce des paffions pour étouffer une notion auffi évidente

que celle de la divinité. Le monde, la cour

&

les ar–

mées fourmillent de ces rortes

d'athlcr.

Quand i1s an–

roient renverfé Dieu de delfus fon thrane, ils ne fe

donneraient pas plus de licence

&

de hardielfe ; Les

uns ne cherchant qu'a [e diltinguer par les exces dc

leurs débauches,

y

mettent le comble en fe moquant

de la religion; ils veulem faire parler d'eux,

&

leur

vanité ne feroit pas f3tisfaite s'i1s, ne joüilfoient haute–

ment

&

fans bornes de la réputation d'impies: ccuc ré–

putatíon dangereufe elt le but de leurs

~ouhaits

1

&.

il~

feroiem mécomeos áe leurs expreffions, h elles n étOlent

extraordinairement odieufes. Les railleries , les profana–

tions

&

les blafphemes de cette forte d'impies, ne font

point une ]11arque qu'en effet i1s croyent qu'il n'y a

point de divinité; i1s ne parlent de la forte que

~ou.r

faire dire qu'ils enchérilT"ent fur les débauches ordmal–

res : leur athéifme o'en rien moills que raifonné,

iI

n'elt

pas

m~me

la caufe de leurs débauches,

iI

en el! pln–

tÓt le fruit

&

I'effet

&

pour ainli dire le plus

h~l1t

de–

gré. Les autres,

tel~

que les grands, qui font .Ie plus

foup~onnés

d'athéirme, trop parclfcux pour déclder en

leur efprit que D iell. n'el! pas, fe: repofent "!ollemellt

dans le fein de. déhces. " Leur mdolence, dlt la Bru-

yere, va jufqu':l les rendre froids

&

indifférells fur

::

ce'

artiele fi capital, comme, fur la

.nmur~

.de le!-Ir

" ame

&

fUt les conféquences d une vrale

~ehgl?n ;

11$

ne niem ces choCes ni ne les accordcnt, lis

11

y pen–

:: fem poinr". Certe erpece d'athéif"!e en la plus

commune,

&

elle elt au1li connue parmI les Turcs que

parmi les Chrétiens. M. R icaut, fecrétaire de M. le

comte de Winchelfey, ambalT"adeur d'Angletcrre

a

Con–

(lantinople, rapporte que les

atbles

om formé une fe–

éte nombreufe en Turquie, qui el! compofée pour la

plupart de

cad;r

&

de perfonnes favames dam les

Ii–

vres arabes,

&

de Chrétiens renégats, qui pour éviter

les remords qu'i1s fentent de leur apoltalie, s'efforcen t

de fe perfuader qu'i1 n'y a rien

a

craindre ni

3

eCp¿rer

apres la mort. 11 ajoilte que ceue doarine contagieufe

s'elt infiouée jufque dans le férail,

&.

qu'elle a infeété

l'appanement des femmes

&

des eunuques; qn'elle s'eft

ahffi introduite che? les bachas;

&

qu'apl es les avoir

empoifot1nés, elle a répandu fon venin fur toute la

cour; que le fui tan Amurat favorifoit fort cene opi–

nion dans fa cour

&

dans foo armée.

11 Y a enfin des

..

thler

de fpéculation

&

de raifon–

nement, qui fe fondant [ur des principes de 'philofo–

phie, foutiennent que les argumens contre l'exlnence

&

les attributs de Dieu, leur paroilT"ent plus forts

&

plus

concluans que ceux qu.'on employe pour établir ces

grandes vérités . Ces fortes d'

athler

s'appellent des

a–

thle¡ thlor;'l"eJ.

Parmi les anciens on

co~pte Pro~a­

goras, Démocrite, D iagoras , Théodore, Nlcanor , H lp–

pon E vhemer. Epicure

&

fes feaateurs, Lucrece,

Plill~

le jeune,

&

c.

&

parmi les modernes, Averroes,

Calderinus, Politien, Pomponace, P!erre Be'!lbus,

Ca~dan, C:cfalpin, TaureJlus,

C~émo~m,

Béngord, Vl–

viani, Thomas Hobbe, Benolt SP!nofa,

&<.

( 1)

J~

ne penfe pas qu'on doive leur alfocler ces hommes qm

n'oot

mes iUllftre.1

8c.

(:lV~S.

C'eft in(upponable que d:O';''fr

.met~te

au nom–

bre des 3thl!e.s un C.udinaJ

Btm" ;

de cene

mlu{hce

ti

:1

éte dé–

fendu d.UlS l'ar:ticle de l'ame oll:

j'aí

faje le mEmc:. pour

VitJ;41Ji

tu,,"