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I

ATH

H obbes, quoiqu'accuCé d'a!héiCme, femble avoir pé–

nérre plus avant dans ceue ma!iere que le firatonicien

de Bayle .

II

parOl! qu'il a femi que l'idée de morale

ceofermoi! nécellairelhent celle d'obliga!ion, l'ideé d'o–

bligation celle de loi,

&

1

'idée de loi celle de legisla–

teur; c'efi pourquoi apres avoir eo quelque forte ban–

ni le législateur de l'univers,

il

a jugé

a

propos , afin

que la moralité des aaions ne refih pas Cans fonde–

ment, de faire intervenir fon grand monfire, qu'il ar–

pelle

le Uv;athan,

&

d'en faire le créateur

&

le Cou–

tien du bien

&

du mal moral . C'efi done en vain qu'

on prétendroit qu'il y auroit un bien moral

iI

agir con–

formémenr

a

la rclation des choCes, paree que par-la

on comribueroit au bonheur de ceux de Con eCpece.

Ceue caiCon ne peut érablir qu'ull bien ou un mal naturel,

&

non pas un bien ou un mal moral. D ans ce CyOcmc,

h

vertu Ceroit au memo ni"cau que les produaions de

la terre

&

que la bénignité des faiCons, le vice feroit

au

m~me

rang que la pefie

&

les tempetes, puiCque

ces dilférenres choCes om le caraaere commUll de con–

tribuer au bonhcur oa au malheur des hommes .

La

lDoralité ne fauroit réCulter limplemenr de la nature

d'une aaion ni de celle de Con elfet; car qu'une cho–

fe foit raiConnable ou ne le Coit pas, il. s'enCuit Ceule–

rnem qu'il efi convenable ou abCurde de la faire ou de

ne la point faire;

&

Ii

le bien ou le mal qui réCulte

d'une aaion, rendoit ceUe aaion morale, les brmes

doO! les a.;cions produirent ces deux effets, auroienr le

camaere d'agens moraux .

Ce qui vient d'étre expoCé fait voir que

l'nehle

ne

fauroit parvenir

¡¡

la connoilf.1nce de la mora lité des

aaions propremenr nommées . Mais quand on actorde–

roit

a

un

athle

le Centimenr moral

&

la connoillance

de

la diíférence eITentielle qú'il y a dans les qualités

des aaions humaines, cependam ce fenrimem

&

cette

cile de trotlvcr d:ms lel b(\mme.. .. cette

ohlisation •

qui {-arre

connut_

tre de plus que <elui qui obli$c foic ditl;.!rcnt de 13

la~rfonnc

obli_

gée de

{¡)~on

que la

conventtoll

ruHl~

;l\'oir

(2.

(ubfiftcnce . 11 (t!r:t

bien. pour mieux appercevoir les chofes

I

tle les ex:¡miner par

leun

principes .

L'homme a la cnnnoilbnce eJe la différcnce des chofes

&

des

adions. le

"m

Be

le

(¡ca,.

excitent

d.:UlS

(on

CQ:ur

un agr¿..

ble

(eotime~t;

& .3U

cOl}traire

le

1»<1/,

le

d{y/:lcmtnt .

la

confuJion

~on.

nene

IUI

des

Imprcffions

dou!oureu(c.s

Se

de{agr~ables .

C C3

pnnci_

pe!

{OM

la guide au:c rai(onncmcns.

8c

tout feuls (ont :lffcz pour

ejen

conduire I'homme

daos les aélions.

&

le faite vcrtucux . Mais

pnifque pour donoer tour le foíhicn

~

le poid

i

la matale.

il

faUf

que l'hommc ¡;onnoiífc non feulemcnt les \'enus

&:

les vices.

mais

il

ea encore nccetraire qu'jl fe foÍt obligé

:l

les fuivte

rc·

btivement . ou

a

les {uir: ainfi on pourra dire établie J:l morolle

&.

la vertu quand les hommes {e rronveront

cn

ceue vcrit3ble

obligation , Mais

en

voil~

comme

la

fociété

des bomme. in:jutr

cene

obligoltion,

Auro.tor que le" hommeJ ne voulurent pas vivre comme des {:lu.

...ases.

&

eomme

des

b(!res . mais defirerent de {Ilivre hou de tour

(oll~on

¡'inclin;aion natureHe. qU'jls .1\'OieDt pour Jeur e(pece,

&:

de riter ¡'un de I'autee del 3\'antagcs

&:

des

commodes, ils (e joi.

gnirenr en rocién! , lis dcvoicnt p'0ur cela connostre

qu'il

étoir

oc.

celfaire de renoneer

a

)'ample liberte de nature 8t

a

la regle

de

la

ttiolencc, c'eft.a-dire

a

la

loi du plus fon

&.

(uiyre de.s :lUtres

r¿glemens, Cal'

~rant.i1s

raiConnablcs,

&.

voyant que les nvanra.

gcs de

la

(ocic!ré émienr commnns,

&

que fes defavantólges fe fai.

(oienr fenrir :\ celui auffi qui Cllt crC!. d'en cirer le feul des pro–

ties .

donoerent te nom de

bQn

3.

ce qui conrribuoir

~

la conCer.

...arion

Be

utilité de la méme focil!té;

&::

appellerent

mAl

le con_

traire.

LJ

fue necelfaire

d'~rablir

des

conventions,

Be:

des lois,par la

fubfif'tence

&

la IUrer¿ de la {ociéeé;

Be

les

ttanfsreffions furent

eftimées :aé\:ions méchantes eomme conrraires

a

l'

ordre.

ólUX

af–

fcaion¡ faciales ,

&

a

I'utilité de tous

&.

de chacun, Voila

la

différence qui paífe entre

le

Il!gislateur

&::

l'obligt.

a

la loi:

la

loi

a éré !3ite par rOUte la fociété ,

&

ch:aquc homme eft la perfoo.

nc

obhg,ée. Tou.

1~!1

hommcs donc ,toivellt résler

{es

aaloos en

conformué: des (entamens momux, des diftCrences

fpécifiqucs

des

chofes.

Be

des conventioos (:tabliel dans la

focié~é ,

La raifon {>pur.

tant ea: ceruinemeor un príncipe de CCtre obligation; elle a éclairci

Jes

ho~-:ne,

a

s'all'ocier'.

&.

elle: rculemenr peue faire

b,

mreté

Be

la

ftablhté

de

leur

focu~té,

Cclu i qui par fa raifon rée:lera

reJ

mreurs felon les ret1e.s d'!fintéretfécs de l'ordre de

la

Ju(Hc:

8c

de I'honnéteté:, Icra véritablemcnt VCrtlleux,

:k

Ibn mérite fera

récl,

Mais 1'on

~c

pourroit efpérer C)ue

lOUS

les objeéh (oient {erieu_

f:ment

exam~é~ pa~

la

r~a:e

nu(on

&

que tootes les aéHons de.

rlvene ¡etlr otlglOe Imméc.hatement

~Ie

lui.

fi

non que d:ms une

répubJique Je "raís philofophes , Alors on (uivroit la venu emane

qu'cllc

ell

venu,

Be

o~

fuiroit le .vice

Cotane

qu'il en tel. Maía

oi),

en.elle

eCHe

ri:pushquc de. phllo(ophcs'

La.

plus ft'randc

parde

des hommes par la peine que l'on trouve d.1ns la °réfJexion

&"

~ans

la méditation,

(e

pone ,rotljours

a

la

précipitation de leurs

{~s::.e"t::,

1;:

~~~~~:ire~3 ~;gil~~d~:e ~o~:ri~:~~sadé::g~l:e~~~J~ ~o~

pour cela les fujet! intellcll-uels

&:

moraux n'ont

p:t,

aff'e:t

de

for_

ce {ur nótre efprit, C'étoit done

i

des objt.!B:s fenfibles 8t

a

des

images des corps d',1gir plus immédiatement fur les hommes, de

determiner leur e(prit,

&

de les rerenir dans le devoir ,

O n éra_

blir done de peines [tou r i:loignier les mécham:

dll

mal,

&,

des

recompcnCcs pour les ent'ollrager

3U

bien,

Be

les fortificr .Javan–

aga

dans

1:t

Tena,

r.bis s'jl

y

:lvoir cerlilinemenr befoin de la

A TH

E:onnoiílance ne feroient rien en f.weur de l'argurncnt

de

M.

Bayle, parce que ces denx choCes unies Lle fuf–

lirem poine pour poner la multitude

a

pratiquer la ver–

tu, ainli qll'il efi néceITaire pou? le maimien de la

Co–

ciéré. Pour diCcuter-.ceue que(Hon

a

fond il faut exa–

miner juCqu'iI quel point le Ccmiment mo;al Ceul peut

inHuer fur la.

condnit~

des hommes pour les porter

a

la vertu: eo Cecond lIeu, qucile nouvelle force il ac–

quiert lorCqu'il agit co,njoinrement avec la connoifT'ance

de la dilférence cfT'eLltielle des chores; difiinaion d'an–

tam plus nécefT'aire

a

obrerver, qu'encore que nous

ayoos reconnu qu'un

"ehle

peut parvenir

a

ceUe con–

noilTance,

iI

en néan moins un gence d'

athles

qui

en

font entierement incapables,

&

fur leCquels il

n'y

a par

conCéquent que le femimenr moral Ceul qui puille

a~ir:

ce COIl! les

,athles

épicuriens, qui prétendenr que lOUt

en ce monde n'eO que l'elfet du haCard.

En pofam que le Cenriment moral eO dans l'homme

un inOina, le nom de la ohoCe ne doit pas nous trom–

per,

&

nous faire imaginer que les imprellions de

l'inltina moral Com aulli fortes que celles de I'in–

nina animal dans les brutes: le cas efi dííférent. D an?

la

brute l'inflina étant le Ceul principe

d'~aioll,

a une

force inviucible; mais dans I'homme ce n'efi,

~

pro–

premenr parler, qu'un prefT'entiment officieux , dont l'n–

tilité eO de concilier la rairon avee les pa(fions , qui

toures

a

leur tour déterminem la volonté.

11

doit done

"tre d'autant plus foible, qu'il partage avec plulieurs

autres 1"'incipes le pouvoir de nons faire agir: la chore

mcme ne pouvoit erre aurrement , rans d6truire la li–

berté du choix. Le fenrimenr moral efi

Ii

délicat,

&

tdlement en trelacé dans la coofiitutiol1 de la natme

hu–

maine; il

di

d'ai)leurs

Ii

aiCémcnr

&

li fréqllemmenr

elfqcé, que quelques perronnes n'en pouvant poinr dé–

couvrir les traces dans quelqlles-ulles des aaions les plus

com-

----------.~.------------------------

crainte, 8c de ¡'cfpoir, des chi tim!ns

&.

des

rccompenfes pour COD...

traindre ies oomme$

dans

le chernin Je

l't~qui{e.

011

s'3per~Ut

que

le", loís humaioes routes (enJes

n"'~toient

ras capables

ele

le

pro–

curer: car

3.

la vérité elles pouvoient

em~cher

Jes

hommes de

pécher publiqucmenr. ma¡s non pas de mire

le

lDal

en

{écret,

POllr faire donc que les méchnns craignilTC'nc d'étre puni. Ion

m~me

qu'ils pécheroicnt fécretemc:nt".!Se: Cjl\'ils ne, feroiel1t qu':\voir

de ma.uvais dc1feins .

iI

faJJoic un

hen plus étrolt

I

&

on

le

chcr_

cboit en

vain hon de

la.

religion,

TouteJ

le"

reJiglons cepcndant De Cone

ras

honnes

pour

cela.

mais

feulemene

::t

vr:tie peur produir ces bons

effcéb, Une

faufl'e

reJj~jon

&:

la.

fuperftition peuvent t:tte plus dangereurc5 que

1'3_

tb61(me

meme

cn

ce que I'athéifrue pelle bien retenir t'hommc

daos le mal, mai, ne lui faira prendre pour raior

&:

pollr bon.

ce qui

e~

co foi horrible

&

dt':tdt:able, L'expericnce

8c

l'hif'toin.:

DOUS apprennent qu'il n'y a poiot

d'

errenrs, PQint d'abominations

qui

ne puiCfeot étre

~mbraaes

corome

de

chofe, excellc:ntes.

10u::I.–

b!es

&:

{alotes.

li

quelqnc eolre

dépr~vé

quelque mauv3ife reli_

glon les onlonne.

e'el.

clone fculement

c.

13

véritable religion de

P?uvoir

~lVee

la crainte

des

eharimen~ .

Be

l'efpoir des recompenfes

ajoCher

des

morif.s

a

la

force

de la

raifon pour produirc de bon.

eAea, daD.! la loei6té,

.

. Mais eelui rera véritablement VertUellX: par c:tr3él::t:re

Se

p:1r prin-.

~~pes

lequel rar de,s

exam~ns,

&

des réRe,xiolls s'érant acquifc:

IIJée nene

&

préa(e

du

bien

&

du

mal, almc

la

vertu par ron

excellence ,

&

la fu it, Cet amoQr defintéreC ..é peut fe::ul donner

tOUt le prix

Be

le \'érirable mériee

01

(es

aaions, Quclque cho..

re

I~uable

que

1'00

ait

procur~e,

1:: motif fcul fait

le

mérirc.

<;elul qui ne tuc. qui

ne

\'ole p3r 13 crainre d'ctre pendu al!

brulé Sec

011

par ¡'envíe de quelque recompence il 2rrivera

a

f.ai_

re, quelqne bien

J

qu'il

haYt .

il {ern méchanr au rond .

&:

de man..

V,11S ,c,1f:ld'ere,

&

fa mor......

c

appuyée fue des fondemens vils

&

~érflrablcs ,

LCJ

hommes fe:: font bien

du

tort

de

cberchl.!r des

blen.s moraux p3r des moyens

bar!

de

Lellr

railon. favoit pdr de..

rocm~s

bolS

&.

Communs entre

les

bruts .anim:mx: Car la norion

,

du bien

&

du mol1.

du

drojr

&: tic

la injuf'tice pent mouvo;..

no_

tre efprit

~

I'opération indépendamment de tOUt fentiment de re_

compence

8c

de chleiment,

L:\

yerro par {oí méme n aíftt

des

chólr_

mes

pour l'homme raifonnable: eUe 3mene avec foi de bien

que

n6tre ame doit neceAairement goatCr , Pour ceJa elle peur loute

(cale,

procluire le véritable bonheur dans le Ctrur de I'homme;

&

It!

VIC,?

nu eomrnire (er3

~

n6lre erprit h:l'l{f3ble neceR'hire-menr.

Je crOl que on trouvcra tOUt cela démontré polr

(c:.s

príncipes

d.lOS

un

~on

ouvtage non pas encare

ólcbev~.

oa ¡'on

VOIt

que

J'hoD1_

me:

tndépend:amment de toute chofe éerangere

&

f.'tns préter hon,

de

.r0i

de& morifs non·fenlement peue devenír honn€re

&:

lou.lblc .

m31!

qu~ :lu~a.n~

que :lcs ,regles dt:s fes

~aions

{e

repcrent de fon

~fprtt ,

e

eft.a.dlre

qUl

dOlvent lear orlgme de

la

méditaeion,

d::s

jugemeos , favoir de

la

rene ni(on,

il

fen

honnete hom

mc de

food , s{\r dans la

fod~t~ ~

venl1eux par príncipes

&

pólf caraacre.

J

e avone que ces prtnctpes font trop pbilofophique'l par avoir

de

la

force pour la plClpart

~es

hómmes. qui étólnt toujon rs

(u_

bordonn!!s

~

leurs panchans, ptéClpitenr leuu adions

fnns ex:\men

& .

f."1ns réflexion,

11 eft

done néceff3ire pour

rett~nir

dans

leu~

de_

vOlr les hommes en fociété el'avolr des morifs plus fenúbl"s

(3

v~ir

de la crninte des p,eines.

8c,

~e

I'clpoir des rccompence;,

'C'é:

tOIl

a

la bonne

Be

v~ntable

rehglon de nous aidcr en cel,·

eUe

donne ain6

a

la vertu

& i\

hl

mor:l1c

des

rém:uqu:,ólc.s

rec~uu

"lu'il

fcroh filperRu de le. auendre de l'a,héifm,e ,

(G)