ATH
<tu'~
bien mén'9:er fes
,,~rilables ínlér~[S
pendant 'Ilne
vie de peu de clurle. II Cerl donc une malueae bien
pauvre
&
bien ingralc, qui nc
p:t
'e Ces Cervices les plus
pC!uibles . d'3UCUO vtritable avantagc,
&
qui pour pdl
du dévoiiement le plus parfair, IUI arrache les plus 6al–
leuC~s
occa!Íoos d'l!reodre Cor IOUle fa vil: Ic:s plus dool
plailirs
&
les
plA.lsvifs agrtmeo¡. .
Si
I'a,h/~
VertUeuI De trouve pas daos la oa!Ure de
la verru I'tquivaleot de ¡OUI ce qu'iI Cacri6e 3 ce qu'jJ
conlider.c comme Con devoir, du moios iI le Irouvent,
direz-.,ous, dans I'ombre de la vertu, dans la répula–
tioo qui lui efl fi Itgitimemem dde. Qooiqu'¡ plulieurs
t'gards la r<!pu¡arion Coil un bien ,tel,
&
qQe I'amour
qu'on a pour elle, Coir raiCoonable; j'avouerai cepeodam
que c'efl un bien foible avanrage, quand c'el! I'uniqu,e ré–
compenCe qu'on auend d'une ilérile verlu . Ole]. les plai–
firs
~u~
111 vanilé tire de la répuralion , tour I'avantagequ'
un
ath/~
en peul eCpérer, n'aboulil qu'¡\ I'amirit, qu'aux
carefló:s,
&
qu'aul fervices de ceux qui out formé de
Con
mérile das idtes aV:lntageuCes. Mais qu'il ne s'y Irom–
pe poinl: ces douceurs de la vie ne I,OU \'COI pas une
fource abondanre dans la
rtput~tion
qu'on s'auire par
la pratique d'une elaac vertu. Dans le monde fail com–
me
ji
ell, la
répul~liQQ
la plus brillanle, la plus éreQ–
due, & la plus utile, s'accorde moins
i\
la \oraie CageC–
fe , qu'aux richelfes
le
qu'auI dignités, qu'auJ grands
talens, qu':l la Cup<!riorilt d'elPril, qU'3 In profonde
t–
rudilion . Que dls-je? un homme de biel) Ce procure–
t-jJ uoe
~I!ime
aum
va!l~
&
auffi avanlageufc, gu'ull
homme poli, complaiCanr. badin, qu'un 6n railleur,
qu'un aimable t!Ourdi, qu'un agréable débauché? QlIel–
Je ulile rtpulalion, rar exemple, la plus parfaile vertu
s'altire'l-elle, 10rCqu elJe a pour compagoe la pauvrclé
&.
la
balTelf~
l
Quaud par une cfpece de miracle, elle
peree les lénebres épailfes qui I'aceablent, Ca lumier.\!
frappe-t-elle les yeuJ de la muleiluda?
Echaufll:-t.elleles coeurs des hommes, & les 3uire-t-elle vers un mé·
rile li digne d'admiralion? Nullemenl. Ce pauvre ell un
hommc de bien; on Ce contente de lui rendre eeue
JU–
lIice en lres· peu <le mOls, & 01) le lailTe joüir tran–
quillemenr dC$ 3vantagcs foibles
&
peu enviés qu'jJ peut
tirer de fon foible & llérire mérile. 11 e!l vrai que
ceux
qu~
ont quc!'lu.e vertu. préCerveroot un lel hom–
me
~e
I affr.euCe .
Indlgel~cc;
.ils le Coutiendront par de
modlques blenfalls: l!lals IUI
d?nner~nt-ils
des marques
écl313nt~S
de leur ettlme? Ce Iteront-tls avec lui par les
nceuds d'uoe an)ilié que la vertu peul rendre féconde
en plailir¡ purs & Colides? Ce fODl·la eles phénomeoe,
qui ne frappent gllere nos yeux.
f/;rt~J
/audatur
&
a/–
g_'.
On accordc :\ la vertu quelques 10Uanges vagues;
&
prelque toGJours on la lailfe croupir daos la mifere. Si
dans les Irilles eircoollances 011 elle Ce lrouve , elle cher–
che du Ceeours daos Con propre Cein; il
f~ut
que
pa~
de5 noeuds indilfolubles
~Ile
Ce lie
;1
la religion, 'lui
f<ule peul lui ouvrir une fouree inépuiCable de Cali,fa–
a ions vjves
&
pures.
Je vais plus loin. Je veux bien CuppoCer les hom–
mes alfC'L f¡lges pour aceorder I'c!lime la plus mil.
a
ce qui s'..,Are
¡\
leur eCpril fOlls l'iMe de la vertu. Mais
ccne idée e!l·elle ju!le & claire chC1. la plOparl des
hommes ? Le <:ontr:)ire n'dl que Irop certain . Le graod
nom~r"
dom les Cuflrages décident d'une reprétimlstion,
ne voil les oh)cl qu' 3-travers Ces pallions & fe préJu–
gé . M¡.Ie ftllS le vice uCurpe che? lui les droils de la
"cnu; m:l le fois la
v~rtU
la plus pure s'offram :\ Con
eCpril Cous le t'auI Jour de la prtven¡ion, prend une
forme defagré1ble & trifle .
L~
vérilll
I~
vertu
CI~
reaerrée dans des bOroes ex–
rrememem c!lroiles. R icn
d~
plus délerminé & de plus
tilé qu'cllc par ks regles ql\e la raifon lui preCcrit. A
droile
& :'i
gauche de Ca roule ai"fi limilc!e, Ce décou–
ne le vice . Pur-liI elle e!l forcée de
n~gliger
mille mo–
yens de brlller & de pIaire , & de s'exporer ¡\ paro'lre
fouvenl odieuCc & mél'riCable. Elle met
:10
nombre de
fes dcyoirs
1:1
dOllccur, la polilelTe, la complaifance;
mais ces mo ens a(Júrés de gaguer les coeurS des hom–
mes, tom fu ordolJnés
a
la Jullice; ils dcvienneOt vi–
cieux de qu'ils
s'é'~h3ppenr
de I'empire de cetle vertl\
CouvcC3ine, qui Ceule etl en droil de me!lre
il
nos a–
élions
& •
n"s lenlimens le fceau de l'honnéte.
11 n'en en pas ainri d'une Faulfe venu: faite expres
pour la p. rade
&
pour Cervir le vice inl:!énieux , qui lrou–
n IOn
int~rel
:\ fe cacher lous ce \torle impo!leur, elle
peur 'arroger Ulle liberté in6niment plus élendue, au–
eu""
re~le
inalllirable ne la géne. Elle el! la ma'lrelTe
de \ arice res maximes
&
Ca conduile Celon Ces inttréls ,
&c
d 1 ndre I IlJours Caos la moindrc cootrainte vers
ATH
les rlcompeofes que la gloire lni montre.
11
oc s'agit
pas pour elle de mériler Ja r¿pulañoo, mais de
la
ga–
gner de quelque maniere que ce .foit . Rieo ne ¡'em–
peche de fe
pr~ler au~
foiblelli - de ¡'eCpril homain . Tout
lui efl boa, pourv(), qu'dle aille
a
Ces
.I1ns. E!l-il né–
eerraire pour
y
paryeuir, de reCpeaer les erreur popo–
laires, de plicr fa raiCon aux opinioos f.<,odles de la
mode, de changer 3vec elle de parti, de Ce
pr~ler
aur
drcon!lances
&
aUI prévenrions p\lbliques
?
ces
effor~
ne loi conlen! rico, elle veut étre adrnirt ;
&
POut–
yo. qu'elle rc!uffiITe, 10US les moyen, lui Com égaulC.
Mais combien ees vtrilts deviennem-elles plus fen–
tibIes, lorfqu'on
faÍl
auenríon que les richerTes & le¡
di¡:oilés procurent plus univerfcllemertt I'ellime popu–
l.alre, que la vertu
m~me ~
JI n'y a point d'infamle qu'
elles
n'eff.~cenl .&
qu'elle.s ne couvrem. Leur telat ten–
rera toQJoors fortement un \lomme que I'on CuppoCe
Cans aUlre priocipe que celui de
la
vanilé, en lui pré–
Cent~nr
I'appat flalcur de pouvoir s'enrichir aifément par
fes injullices Cecreles; app:ll
ti
amny1nt , qu'en lui don–
nant les moyens dS gagner ¡'e!lime eXlérieure du publie,
il lui procure en méme lems la facililé de farísfaire fes
:lUtres paffions, & It6iríme pour ainti dice les mnnreu–
vres (Ccreles, dom la d¿couverlc il1Cerlaine ne peul ja–
mais produire qu'un e!fel patT..ger, promplemenl o\lblic! ,
&
100JOUrs rt'paré par I'éelat des richeOes. Car qui ne
Cail que le commun des hommes (& c'en ce dOn! il
e!l uniquemeut que!lion dans cene cOlllroverf<:) Ce laiC–
r!!
Iyranniler par l'opioion ou I'ellime popu,lairc?
&
'luí
ignore que I'cl!ime populaire e!l InCt!parablemenl atta–
chée aux richelfes & au pouvoir? 11 di vrai qu'une alaC–
fe peu l)o¡nbreuCe de perfonnes que leurs "ertus & leun
lumieres tireot de la foule, oCeronl lui marquer tuut le
mépris dOl1t il e!l digne; mais il Cuit noblemenl fes prill–
cipes, I'idé¡: qu'elles auron¡
de
fon caraacre nc IFOuble–
ro ni fon repo. ni
Ces
plailirs! ce Co01 de pelils génies .
indignes de Con auemion . D'ailleurs le mépris de ce
pelil nombre de fages & de venueUI peuvem-ils ba–
lancer les reCpeqs & les foOmiffions dom iI Cera envi–
ronné, les marques
extérieure~
d'une el!ime vtrilable
~ue
la ¡nultitude lui prodiguera
P
11 arrivera meme qu'
un uCago un peu généreux qu'il fera <le (ts IhrtCors mal
acquis, les lui fera adjuger pu le
vulgair~,
& Cur-!Out
par eeux avee qui
iI
partager¡¡ II! revenu de Ces fourbe–
rie•.
Apres bIen des Mlours,
M.
13ayle el! comme forcé
de convenir que
l'athliJm.
tetld par fa nature
¡\
la de–
flruél ion de la Cociétf; mais achaque pas qu'j( cede,
11 fe fait un nouvC3U retranchemclH . 11 prc!t<nd done
qu'encore que les principes de
I'a,hl;fm~
puilreól lendre:
~u
bouleverfement de la Coeiélé, ils ne la ruineroient
cependant pa , parce
'lu~
le. hommes n'agilTent pas con–
Ctquemmenl :\ lenrs principes.
&
ne réglenl pas leur vie:
Cur leurs opinions. 11
avo~e
q\le la cnofe e!l étrange;
mais iI Coulient qu'elle n'en
~ll
pas moios vrae ,
&
jJ
en appelle pour le fait aux obfervaliQns du genre hu–
main . " Si cela n'étoíl pas, dil-iI , comm6nt Ceroit-il
" pollillle que les Chréliens, 'luí conlloilfent
(j
claire–
" ment par une révélalÍQn Cotltenue de lam de mira–
" eles, qu'iI fllUI renoncer :lU "ice pour etre tternel–
" lemel1l heureux & pour n'dlre pas c!'lernellemenr mal–
" heurcux; qui om taor d'exeellens prédicareurs, lant
" de direifreors de aonCcienae, lant do livres de dévo-
tion; comlllel1l feroil-jJ poffible parmi tout cela que
les Chréliens véculfeOl, comme irs fOI1l, dans les plus
" énormes déréglemens du vice,,? Dans un
aUlr~
en–
droil, en parlant de ce cODlralle. void ce qu'il dil:"
" Cicéron l'a
relllarqu~
3 I'égard de plolieurs Epicu–
" riens qui étoient bOlls amis,
honn~les
geus ,
&
d'une
" conduile aceotnmod6e, non pas lIUX detirs de la vo–
" lupt<!, rnais 8UX regles de la raiCon".
1"
'IJ;'IJmt
m;",.."
dit-il,
,/u';"
lit
par/.,,';
a~
¡itu
,/,1<
¡u
QU–
tru par/ent
m;tl!X '1u';"
n~
'IJi'IJmt .
On a fail une
Cemblable remarque fur la eonduile des S!O'iciens; Icurs
principes étoiene que loules choCes arrivellt par une fa–
lalilé fi intvilable, que Dieu
Ini-f!1~me
ne peut ni n'a
jamais pll I'éviler. " Nalurcllemenl cela devoit les con–
" duire
a
ne s'elciler
iI
rien,
ii
n'u(cr jamais ni d'ex–
" hOrtalions, ni de menllces, ni de
G~nfures,
ni
d~
" promelfes; cependam il n'y a jamais eu de philoCo–
" phcs qui Ce Coient fervis de tout celll plus qu'eux. &
" toure leur conduile faiCoil voir qu'ils re croyoiellt en,
" rierement les ma'eres de leur del!in6e" .
De
ces dif–
", férens. eI,emplcs M . Da)'le conelul
qu~
la
r~ligion
n e!l polOt auffi Ulile pour réprlmer le Vice qu on, le
prélend, & que l'
atbl;fm~
ne caufe roint le mal que
1'on s'ima¡¡ioe. par I'ellcoura¡emeor qu',1 doqne
a
!a pra.
tique