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ATH

re. N os befoins ímaginarres fom ínfinís, fans merure,

fans regle, augmenmm exaélement daos la meme pro–

ponion qu 'augmehtent les dilf€rells am. Or ces dilfé–

rens arts doivent leur origine

¡\

la fociété civile: plus

la police y eft parfait", plus ces arts fom cultivés

&

perfcélionnés , plus on a de nouvenUX befoins

&

d'ar–

deus delirs;

&

la violence de ces defirs qui om pour

objct de fatisfaire des befoins imaginaires, eft beaucoup

plus forte que celle des- defirs fondés fur les befoins

réels, non-feulement ¡>arce que les pr'emiers fom en

plus grand nombre, ce qui tournit aux pamons un e–

xerdce continuel; non-fculcment parce qu'ils font plus

déraifonnables, ce qui en rcnd la fatisfaélion plus dif–

ñeile,

&

que n'étam poim natarels , ils [onr fans me–

fure: mais principalemcm parce qu'une eo11tume vi–

cieufe

a

attaché

i\

la fatisfaélion de fes befoins, une e–

fpece d'hoDneur

&

de réputation, qui D'eft point arra–

chée

¡¡

la fatisfaélion des befoins réels. C'ell en con–

féquence de ces principes que nous difons que toutes

les précautions dont la prévoyance humaine ell capa–

ble, ne fom poim fuffifantes par

elles-m~mes

pour maiLl–

tenir I'état de la fociété,

&

qu'i\. a été néceITaire d'a–

voir reeours

á

quelqu'autre moyen

~

Mais clans I'état

de namre on 1'on i8nore les arts ordinaires, les befoins

des hommes réels 10m en perit nombre,

&

il eft aifé

de les fatisfaire: la nourriture

&

I'habillement fOil! tout

ce qui ell néceflaire au [ourien de la vie;

&

la Provi–

denee a abondamment pourvu

a

ces be[oins; enforte

qu'iI ne doit

y

avoir guere de diCpute, puifqu'il fe trou–

ve pre[que toujours une abondancc plus que fuffifante

pour [atisfaire tOut le monde.

Par-\3 on peut voir claircmell! comment iI eft po[–

fible que cette canaille

d'athln,

s'il ell permis de fe

fervir de cerre expremon, vive pailiblement dans l'état

de nature;

&

pourquoi la force des lois humaines ne

pourroir pas retenir dans I'ordre

&

le devoir une fo–

dété civile

d'athl".

Le fophifme de M. Bayle fe dé–

couvre de lui-ml!me. 11 n'a pas [outenu ni n'auroit

voulu [ourenir que ces

athleJ

,

qui vivem pailiblemem

dans leur étar 'préfent, [alls le frein des lois humaioes

vivroient de

me

me (,ns le [ecours des 10is, apres qU'ii

auroient appris les dilféreris am, qui [ont en ufage par–

mi les nations civiliCées; il ne nieroit pas fans doute

que dans la fo ciété civile, qui eft cultivée par les arts

le frein des lois el1 abColument néceITaire . Or void

les quellions qu'il ell naturel de lui faire . Si un pel1-

pie peut vivre pailiblement hors de la fociéré civile

fans le frein des lois , mais ne (,uroit Cans

ce

frein vi–

vre paitiblement dans I'émr de fociété: quelle raiColI

avel.-VOUS de prétendre que; quoiqu'¡j puiITe vivre pai–

fi blemellt hors de la fociété fans le freí

o

de la religioll,

ce freín ne devienne pas néeetTaire dans I'étar de

Co–

ciété? La réponfe

¡;

celte quellion emralne néceITaire–

ment I'examen de la force du frein qu'il faut impofer

a

I'homme qui vit en Cociété: or nous avons prouvé

qu'outre le frein des lois humaines, il

f.~lIoit

encore

, celui de la rel igion .

'

On peut obrerver qu'il r<gne un artifice uniforme dans

tous les fophifines dont M. Bayle fait ufage p_our [ou–

tenir fon paradoxe. Sa thefe étoít de prouver que

I'a–

,hliJme

n'ell pas pernicieux

i

la fociété;

&

pour le

¡lrouver, il cite des exemples. Mais quels exemples?

De Cophiftes , op de fau vages , d'un petit nombre d'hom–

mes fpécu latifs 'fort au-de!rous de ceux ql1i dans un état

fonnent le corps des eitoyens, ou d'une troupe de bar–

bares

&

de fauvages intinirr¡ent au,deITous d'eux, dollt

les befoins bornés ne ré veillent point les pomons; des

exemples, en un mOl, dont on ne peut rien conclure

par rapport au commun des hommes

&

a ceux d'cntr:

e,ux .qui vivent e.n. [ociété.

Voyez

¡~s

difiertations de

I

unton de la rellgton, de la morale

&

de la politiqne

de

M.

Warbuton, d'ou [Oll! extraits la phlpart des rai–

fomlem~ns

.qu'on fait contre ce, paradoxe ,de

M.

Bayle.

L,fez

1

amcle du Po

L

y

T H E 1 S M E

ou I'oh examine

quelques difticultés de cet auteur.

(X)

. A T H

E

1

S

~

E.'

r.

,m ..

(Mltaphyfi'lo)

c'ell I'opi–

mon de ceux qUl ment I eÁtl1ence d'un Dleu auteur dn

monde. Ainfi

la

flmple ignorance de Dieu ne feroit

pas

I'!lehlifme .

Pour

~tre

chargé du titre odieux d',,–

tbliJme,

iI faut avoir la notion de Dieu

&

la rejet–

ter. L'état de doute n'ea pas non plus

1'~thliJme

for-

1!Iel : mais il s'en approche ou s'en éloigne,

a

propor–

tlon du nombre des domes, ou de la maniere de les

enviCage~,

<?n D'eft donc fondé

¡\

,.traiter

d',!ehleJ

que

ceux qUl déc1arent ouvertement qu tls om pns parti fur

le dogme de l'eNmenee de D ieu,

&

qu'ils fo\\tiennent

la né¡¡ative. Cette remarque ell tre"S-importanre, parce

I

.

ATH

que qURntité de grands hommes, lant

~ncieos

9ue mo–

detnes, ont fOrt légerement éré talrés

d'athliJme ,

foit

pour avoir arraqué les fauA dieux, foir pour avoir re–

Jené c!'rtains argumens

.foi~lcs,

qui ne concl ucO! point

pour I exiftence du vrat D leu . D 'ailleurs

iI

y a peu de

gens qui pcnfent toujours conféquemment

fur-tout

quand il s'agit d'un fujet aum abftrait

&

aum compo- o

lé que I'ell I'idée de la cauCe de toutes cho[es, ou le

gouvernement du monde. On ne peut regarder comme

vérilable

athle

que celui qui rejerre I'idée d'une intel–

Ii!\"ence qui gouverne avec un certain de!l'cin . Quelque

idéc qu'il [e faITe de cette intelligenec ; la

ruppoCar-i~

m"térielle, Iimitée

a

certains égards,

&

e.

rout ceh

n'ell point encore

I'athl i(me. L'athl ifme

ne fe bome

pas

a

dé/lgurer I'idée de Dieu, mais

il

la détruit ell–

tieremeDt.

J'ai ajouté ces mOls,

autellr du monde,

paree qu'il

lIe fuffit pas d'adoptcr dans fOLl fylleme le mor de

Dieu

pour

n'~tre

pas atMe. Les Epicuriens parloient

d~

díeux, ils en reconnoilToient un .grand nombre;

&

ee–

pendant ils étoient vraiement athées, pqree

qu'il~

ne

donnoient

i\

ces dieux aucune part

a

I'origine

&

a

la

confervatíon du monde,

&

qu'ils les reléguoient dans

une mollelTe de vie oilive

&

indolente. 11 en eft de me–

me du Spinolifme, dans lequel J'ufage du mot de

Di".

n'empeche point que ce fyl1eme Ji'eLl cxc\ue la norion _

L'athlifme

ell fort anclen; fclon les apparences, it

Y

a eu des athées avant Démoerite

&

Leucippe, puir–

que Platon (

de Legib. pago

888.

edito Serr.)

dit en

parlant aux athées de fOil rems .

n

Ce n'el! pas vou,

" feul, mons tils, ni vos amis (Démocrite, Leucip-

pe

&

Protagore) qui avez eu les premiers ces [enti–

n

mens touehant les dieux: mais il y a touJours eu

" plus ou merins de gens atraqués de cerre maladie ".

Arinore dans [a Métaphyfique aITure que plutieurs da

ceux qni ont les premier's philofophé, n'ont reeonnn

que la matiere pour la premiere caufe de I'univers, fans

aucune cáufe effi cieme

&

intel1igenre . La raifon qu'i1s

en avoient, eotnme ce philofophe le remarque

(lib. l.

e.

iij.),

c'eCl qu'ils a!ruroient qu'il n'y

a

aucune fub–

Ilance

~ue

la matiere,

&

que tout le refte o'en

ea

que

des acetdens, qui fOn! engendrés

&

corruptibles; au lien

que la matiere qui ell toujours la

m~me,

n'ell ni en–

gendrée , ni [ujelte :\ etre dérruire, mais érernelle, Le¡

Mat('rialil1es étoiem de vt'ritables athées , non pas tant

parce qu'i1s n'érablilToient que des corps, que parce

qu'i\s ne rceonnoilToient aucune imelligence qui les mut

&

[es

gouvernat , Car d'autres philofophes, comme

H éraclite,

Zel~on,

&e.

en croyam que toue eft ma-

, tériel, n'om pas lailfé d'admettre une imelligenee natu–

rellcment attachée :\ la matiere,

&

qui animoit toue

I'univcrs , ce qui leur faifoit dire que c'ell un animal :

ceux-ci ne peuvent étre regardés comme athées.

L'on trouve diverfes efpeces

d'athliJme

chez les an–

ciclls. L es principales fom

1'lternit'1 dtl monde I'"to–

miJme

ou le

eoneOurJ f ortttie; l'hylopathianiJ/ne

&

l'h)'lo:J;.olfme,

qu'i\ faut chercher [ous °leurs titres

p~rti­

Clllicrs dans ce Diélionnaire. 1I fau t remar.quer que I'é–

ternité dn monde n'cft une cfpece

d'"thliJme

que dans

le [ens atlquel Aril1ote .

&

[es Ceébtcurs l'établilToien r'

car ce n'ell pas

~tre

alhée que de croire le monde

co~

éternel

¡\

D ieu,

&

de le regarder comme un eltet in–

féparable de fa cau[e o Pour I'éternité de la matiere

je n'ai garde de la ranger Rarmi les fyftetnes des athées

~

IIs l'ont tous foutenue

a

la vérité, mais des philofo–

phes théil1es l'ont pareillement admiCe ,

&

I'époque du

dogme de la création n'ell pas bien aIT\Irée.

Voyez

C

R E'A T ION .

Parmi les modernes ,

iI

n'y a

d'atb/if–

me

Cyllématique que eeluí de SpinoCa, doO[ noUs fai–

[ons auJIi un anicle féparé. Nous nous bornous ici

:mx

rematques générales fuivantes.

1·0

C'eCl

:l

I'athée :\ prouver que la nation de Dieu

ell contradiéloire,

&

qu'il eft impotlible qu'un tel ':ere

exifte; quand meme nous ne pourrions pas démolltrer

la pombilité de I'étre [ouverainelnent parfair, nous

le–

rions en droit de demander

a

l'athée les preuves du

contraire; ear étant per[uadés

:1I'CC

rai[on que cerré idée

ne renferme point de contradiéCion, c'ell :\ lui

a

nous

montrer le contraire; e'ell le óevoir de celui qui nie

d'alléguer [es raifons . Ainfi tou t le poids du travail re–

tombe fur I'athée;

&

celuí .qui admet un D ieu, peut

tranquillement y acquiefcer, laia:' Dt a ron aDtagoniae

le foin d'en démontrer la eontradiélion. Or, ajoutons–

nous, c'eft ce dont

il

ne viendra jamais

a

bouc . En

elfet, l'aITemblage de toutes les réalités , de toutes les

perfeélions dans un feul érre, ne renferme point de

colltradiélion, il ell done pomble;

&

de~-Ia

qu'il ea

po[-