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ATH

" dieux immorte!s inrerviennellt eUN-memes comme ju–

n geo

&

te moins " I Voil:' le préambule

d~

la loi; car

c'dl ainli que Platon I'appelle. EnCuite viennent les lois

dont la premiere efl

con~ue

en

CeS

termes; " Que ceux

" qlli

s'ap~rochenr

des dieux Coient purs

&

chafles;

" qu'ils foient remplis de

pi~té

&

exempts de I'ollen–

" tation des richefles. Q uicollque fait autrement, D icu

"

lui·m~me

s'en fera vengeance. QU'UIl Cai,,! culte Coit

" rendu aux dieux,

11

oeux qui On! été regardés com–

" me habitans du ciel,

&

aux héros que lem mérite

" y

a placés, comme H ercule, aacchus, Eloulape,

~,

Callor, Pollux,

&

Romulus .. Que des temples foien.t

" éditiés en l'h nneur des qualités qni ont élevé des

" mortels

11

ce degn: de glo.lre, en l'honneur de la rai–

'1 fon, de la vertu, de

I.~ pié~t';

&;

de la bo!\ne foi " .

.1\

tous ces différens traits on reconnolt le

g~nie d~

l'antiquité,

&

partieulierement celui

q~s

légi,latems,

dont le foin étoi¡ d'infpirer a.u peuple les Centlmens de

religioll pour le b,ien de I'é.tat m&me.

~'établiífement

des myl}eres en en un autre exemple remarquable. Ce

fujet important

&

cndeux elt amplemem développé

dans les dilfcrtations Cur I'union de la religion , de la

morale,

&

de la politique, tiré.s par

M.

S.ilhouette d'un

ouvrage de M. Warburton.

Enfin

M.

Bayle

abandonn~

le raifonnement, qui elt

fon fOrt: fa derQiere rcífaurce

ea

d'ayoir racours

:>

I'e~périence;

&

c'eQ '\lnr,lil .qu'il pré.tend fouteoir fa the–

fe, en faifant voir qu'il y a eu des

athltJ

qui ont vé–

cu

n!l)~alemeot

bien,

&

que

m~me

iI

y

a eu des peu–

pies emiers qui fe fOtlt maintenus fan croire I'exiltenee

de D ieu. Suivant lu.i, la vie de pluueurs

athlc~

de:

J'alltiquité prouve pleinement que leor principe o'el\–

traine pas

nécelfair~mel\[

'la corruption des mreurs; il

en

allegue

pou~

exemple Diagoras, Théodore, E vhe–

mere, Nicallor

&

H ippoo, philoCophes, dont la vertu

a paru li admirable

a s,

Clément d' A.lexandric, qu'il

;1

voulu en décorer la religion

&

en faire aucaO[ de

théilles, quoique l'umiquité les

r~eonnoilfe

pour des

(1-

Ih/es

déeidés. 11 defcend enfuite

¡\

Epicure

&

a

fes 'fe–

éhteurs, dont la conduite, de I'nveu de leurs ennemis,

étoir irreprochable. II cite Auicus, Caffius,

4.

P tine

le naturaliíle. Enfil1

iI

finit eet illullre calalogue par

l'élnge de la verlu de Vanini

&

de Spinofa, Ce n'efl

pas tout;

iI

cite des natioos entieres

d'athleJ,

que des

voyageurs

mod~rnes

ont découvertes

da.ns

le

continen~

&

dans les 'les d' Afrique

&

de \'Amérique,

&

qui

pour les mreurs 1'emportent fur la pl\lpart des idola–

tres qui les environnem. II elt vrai que ces

athl"

COIl!

des,fauvages, fans. lois > fans magiltrats, Cans police ci–

vile

~

lJl:lis de ces circonlbnces

iI

en tire des raifans

d'aueant plus fortes en faveur de fon fentiment; car s'ils

vivem pailiblement hors de la fllciété civile

~

a

plus

forte raifon le feroient-ils dans. une fociélé, 011 des lois.

générales empeeheroiem les partieuliers de commettre

des injufliees.

L'exemple des Pbil ofophes qui, quoique

ath/u>

00!

vécu moralement bien, ne prouve riell par rappart

i

l'inftuence que I'athéifme peut avoir fur les mreurs des

hommes en général;

&

c'en-la né.anmoins le poin(

dont

iI

efl que Ilion • En examüpnt les motifs différens .

qui engageoicnt ces philofophes

a

etre vertueux, I'on

verra que ce¡ motifs qui étoient panicllli"ers :\ leur ca–

métere .

il

leUFS circonílances,

11

leor deflein, ne peu–

vent agir fur la tata lité d'un peuple qui reroit infeaé

de leurs principes . Les uns étoient prutés

a

la vertu

par le feotiment moral

&

la díff€rence elTentielle des

chofes. capables de faire un certain effet fur un pelit

nombre d'homme5 fludieux, eootemplatifs,.

&

qui joi–

gnent

a

un heureux namrel, un efprit délicat

&

fubtil :

mai, ces motifs foru troJ> foibles pour détermiiler le

commun des hommes. · Les autres

a~i{folent.

par paffion

pallr la gloire

&

la réputation: mals quoique tous. les

hommes reífentent ceue paflion daos un

m~me

degré

de force, ils ne I'om pas touS dans un meme degré

de délicateífe: la pi upare s'emoorraffent peu de la pui–

fer dans des fources

pure~:

plus fenfibles aux marques

extérieures de rerpeét

&

de déférence qui I'accompa–

gnent, qu'au plaWr iotérieur de la mériter, ils marche–

ront par la voie la plus aifée

&

qu·i

g~nera

le moins

leurs autres paflions,

&

ceue voie n'en point cCllle de

la vertu. Le nombre de ceu); fur qui ces motifs ront

eapables d'agir el! donc lres-petit. comme Pomponace

lui-meme, qui étoir

ath/e,

en fait

I'a~eu .

" 11 ya,

" dir-il, quelques perConnes d'un naturel

Ii

heureux,

que la feule dignité de la verlu fuffit pour les enga–

:' ger

11

la pratiquer,

&

la feule difformité du vice Úlf–

.;, fit pour le leur faire éviter. Que ces difpofitioos foot

Tome l.

ATH

"

¡l~urell(es,

m ais qu'elles fo(\t rares!

Il

y a d'autres

"

~erfonn~s

dom I'efprit el! moin héroúlue , qui nI),

" 10m p01l1t infcnlibles il la qignilé de la vertu ni

a

la

balle/re du vice; mais que ce morif Ceul, Cans le Ce–

u eaues des loijanges

&

des hOllneurs, du mépris

&

" de I'int"amie , ne pourroit poinr enrrelcnir dans la pra–

tique <le la vertu

&

dans I'éloignemenr du vice.

Ceux,ci formeO! une fecande c laDe; d'.utres nc font

" f(:tenlls dl\ns I'ordre que par l'eCpérance de quclque

" bIen réel ou par

la

cr.inle de quelque punitioo cor-

po.relle. Le législateur pour les engager 3 la prati–

" que de la vertu, lem a préfemé I'appilt des rieheífes,

" des dignités, ou de quelqu'aucre chofe femblable;

&

" <I'un alltte cÓté il leur a moótré des puoitions, foit

" e!\ leur perfonne, en leur bien, ou en leur ·hoJllleur,

" pour les détouener du vice. Quelques aunes d'uo

" camétere plus féroce, plus vicieux , plus intralt:¡.bJe,

ne pcuven¡ .

~tC(:

retenus par aucuns de ces morifs.

" A I'égard de ces derniers, le législateur a iuventé le

" dogme d'nue autre vie, ou la vertu doit recevoir des

" réeompenfes éternelles,

&

011 le vice doit filbir des

" chiltimens qui n'auront point de fin ; deux motifs dont

le demier a beaucoup plus de force fur l'eCprit des

" bomrn,es, que

~e

prelllier . Plus inltruit par I'expé–

" rie,nce. de la nature des maux que de celle des biens,

" on elt plutÓt déterminé par la cralnte que par I'e-

fpéranee.

Le

législateur prudent

&

atrel1lif au bien

" public, ayant obfervé d'une .pare le pencham de I'hom–

Ine vers le mal,

&

de I'autre cÓté, combien I'idée

d'uoe autte vie peut etre utile

¡¡

touS les hommes.

de quelque condit'on qu'ils foient, a établi le ddg-

" me de. I'imm\lrtalilé de I'ame, moins occupé du

" veai que de l'utile,

&

de ce qui pouvoit conduire les

" hommes

¡¡

la

pratiQ.ue

d~

la vertu:

&

1'0\1 ne doit

pas le blamer de

c~tte

politiql1e; cae de meme qu'un

medecin trompe un C1;lalade afin de luí" rendre la fan–

" té, de meme I'homme

d'éta~

ill\:enta des apoJogues

" ou des fiétions utiles pour fervir

a

la correétion

de~

" mreurs. Si touS les hommes

¡¡

la vt'rité étoient de

la premiere clalTe, quoiqu'ils cruITent l¡;ur ame mor–

" telle,

iI,

rempliroient tOuS léurs delloirs : mais com–

" me

iI

n'y t:n a prefque pas. de ce caraaere, il a été

" néce(faire

d'avoi~

recours

a

q.uelqu'autre expédient ".

Les antres motif

S

étoient borDés

a

leur feae;. c'é–

toit I'envie d'eu foutenir I'honu¡;ur

&

le crédit •

&

de

deber de l'anoblir par ce faux lu!\re.

l\

efl étonn:mt

jufqu'1I quel poiet ils étoie\lt prc!occupés

&

poífédés do

ce defic. L'hiltoire de la con ver[ation de Pompée

&

de

Poflidoniu~

le flo't'que, ,qui en rapportée dans les

Tufculan~s.

de

Ck~ron,

en ea un

~xemple

bien remar–

quable: 6

doulettr ..

difolt ce philofophe malade

&

Couf~

fraot!

tes tfforts font 'Va;»!; tu

ftUX

Etr~ ;lI,ommod~,.

jama;s

;e

n'av o1ura;

'fue tu

}oís

un

mt1/ .

Si

1:1

crain–

te de fe rendre ri.dieule en defavoüant fes prineipes,

peut engager des hommes

a

fe faire une

fi

grande vio–

lence, la crainee de Ce rendre

généralemen~

odie.u:x o'a

pas été un motif moios puiffant pour les engager

11

la

pratiqlle de la vertu. Cardan lui-meme reconnolt que

l'athéiCme tend malhellreufernem

¡¡

rendre ceux qui en

font les partifaos , I'objet de I'cxécradon publique. De

plus le foin de leur propre confervatioo les

y

engageoit·

le magillrat avoit beaucoup d'indulgence pour les Cpé:

culations philofopbiques: mais l'athéifme étane en gé–

néral regardé comme lendant

ii

renverfer la fociété

fouvem

iI

déployoit (oute fa vigueur cOlme ceux qui

vouioieor I'établir; enCone qu' ils n'avoient d'auere mo–

yeQ de défarmer fa veng,eaoce, que de perfuader par

une vie exemplaire, que ce principe n'avoit pOÍht en

lui·méme une inftuence 1; funefle. Mais ces mot;[s

é–

tant pareiculiers aux feétes des philofophes, qu'ont-i1s

de commun avec le relle des hommes?

A I'ég.ard des natlons d. iauvages

ath/n,

qui vivent

dans I'él:at de la mture fans fOGiété civile, avec plus

de vertu que les idolatres qui les environnem; fans vou,

loir révoquer ce fait en douce>

iI

fu flira d'obferver la

nalUre d'une telle fociété, ponr démafquer le fophifme

de cet argument.

11 en certain que dans I'état de la fociété , les hom–

mes foO! conllamment portés

ii

enfraindre les lois_

Pour y remédier, la fociété en cannamrnent occupée

a

foutenir & :\ au¡:memer la force & la vigueur de fes

ordollnanees. Si 1on cherche la cauCe de cene perver–

lité, on trou.vera qu'il n'y en a poi!!t d'.amre que le

nombfe

&

la vialence des defirs qUI nalaenc de nos

befoios réels

&

imaginaires. Nas befoins réels foO[ né–

ceífairemem

&

invariablement les memes, extreme–

meot bornés en nombre, eltremement ,

aif~i.

a

fatisfai"

Ccccc

2.

re.