ATH
u,
1':1 (acuIté de raifonner qui lui er! natutelle, le fait
réBéch·ir Cur les fondemens da cette approba!Íon
&
de
cene .norreur. Il découvre qui ni I'une ni I'nutre ne
funt 'Ilrbitraires, mais qu'elles Com fondées Cur la difte–
rcnce qu'il
y
a elfentiellcment dans les aaions des
hommes . Tout cela n'impoCant poi
O[
encore une obli–
gation alfe? forte pour pratiquer le bien
&
pour éviter
1e mal, '
iI
fain nécelf.'lirement ajoater la volonté fupé–
rieure d'un Il!gislateur, qui non-feulement nous ordon–
ne cc que nous fentons
&
reconnoilfons pour bon,
mais qui propoCe en meSme tems .des récompcnfes pour
ceux qui s'y conforment,
&
des chatlmdns pour ceux
qui lui deCobéilfent. C'er! le dernier principe des pré–
ceptes de Morale; c'ell ce qui leur donne le vrai ca–
raaere de devoir: c'er! donc fur ces trois priocipes
que porte tout I'éditice de la Morale . Chacun d'eux
en fo\ltcnu par uo motif propre
&
particulier. Lorfqu'
on fe conforme
:lU
fentiment moral, on éprouve une
fenh'ltion agréable: 10rCqu'on agit cooformément
:l
la
<lifférence clfemielle des chofes, on Goncourt a I'or–
<lre
&
I'harmonie de I'univers;
&
10rCqu'on fe Coamet
:1
la volonté de Dieu, on s'alfare des récompenfes,
&
I'on évite des .peines.
De tout cela, il réCulte évidemment ces deux con–
fl!quences:
1'.
qu'un
aehle
ne fauroit avoir une con–
noitrance exaae.
&
complete de la moralité des aaions
humaines proprement nommée:
2'.
que le Centimem
moral
&
la connoilfance des différences elfcmielles qlli
fpécifient les aaions humaines, deux priucipes dollt
on connott qU'U\l
aehü
er! cnpable, ne concluent néan–
moins rien en fuveur de l'argumem de M. Bayle; par–
ee que ces deux choCes,
m~me
unies, ne fu ffiCent
pas pOllr porter
I'aehle
iI
la pratique de la vertu, com–
me
il
en Ilécclfaire pOllr le bien de la fociété, ce qui
er! le poim dom
iI
s'agit.
Voyons d'abord comment M. Bayle a prétendu prou–
ver la moralité des aaions humaines, fuivam les prin–
cipes d'un nratonicien. Il le fait raiConner de la ma–
niere fuivante:" La beauté, la fymmétrie, la régulari–
;, té,
I'o~dre
que I'on voit dans Punivers, fom I'ou–
" vrage 'o'une nature qui n'a POi)lt de .connoi(fance;
&
., encore que ce!te nature n'ait poim !ilivi . des idées,
" c!le a néanmolOs produit une in6nité d'eCpeces, dont
" cnacune a fes attrtbuts .eqentiels . Ce n'ell point en
" conféquence de nos OplOlOUS que le fea
&
I'cau dif–
" ferent d'eCpece,
&
qu'il y a une parcille différence
entre l'amour
&
la haine,
&
entre I'allirmation
&
" la négation. Cene différence Cpéci6que en fondée '
" dans la nature meme des choCes: mais commellt la
" connoiflons-nous? N 'en-ce pas en comparant les pro·
" priétés elfcnticlles de I'un de ces
~tres
aVe\: les pro–
" priétés e(fentielles de I'autre? Or nous connoiITons
" par la
m~me
voie, qu'i1 y a une différence fpl!::ifi–
" que entre le menfonge
&
la vérité, entre I'ingrati–
" tude
&
la gratitude,
& •.
Nous devons donc etre
" aflurés que le vice
&
la vertu differem
fpéci6que~
" ment par leur nature,
&
indépendamment de nos
" opinions". M. Bayle en conclut, que les Stratoni–
ciens om pu connottre que le vice
&
la vertu étoient
deux efpeces de qualitl!, qui étoicnt naturellemenG fé–
parées l'une de l'autre. On le lui accorde . " Voyeas,
cominue-t-il, commem ils Ont pa favoir qu'el1es é–
" toient outre cela féparées moralemem. lis attribuoient
a la meme néceffité de la nature, l'établiUement des
" rapports que I'on voit entre les choCes,
&
celui des
" regles par lefquelles nous diflinguons ces rapports .
" 11 Y a des regles de raiConnement, indépendantes de
" la volomé de I'homme; ce n' ell poim • cauCe qu'
" iI
a plu aux hommes d'érablir les regles du fyllo–
" giline, qu'elles font ' junes
&
véritables; elles le Cont
" en
el1es-m~mes,
&
toute emrepriCe de l'eCprit hu–
" main contre leur eflence
&
leurs attribms Ceroit vai–
" ne
&
ridicule". On aecorde tout cela
a
M. llay–
,le. Il ajoate : " S'il y a de, regles certaines
&
immua–
" bIes pour les opérntions de I'entendemem,
iI
Y en a
" auffi pour les aaes de la volomé". Voili ce' qu'on
lui uie,
&
ce qu'il tache de prouver de cene inanie–
re. " Les regles de ces aaes-Ia ne font pas tomes ar–
" bltraires;
iI
Y en a qüi
é~anent
de . la.
néc~ ffi~é
de
" la nature
&
qui impoCent une obltgatlon mdlfpen-
Cable .. . . :. La plus générale de ces regles-ci, c'en
" qu'il fam que I'homme venille ce qui cll conforme
" :\ 1;1 droite raifon.
II
n'y a pas de vérité plus év!–
" dente que de elire qu'i1 en dIgne de la créature ral-
T ome
l .
(1)
Si I'on prétend que j'hornmc qaoiqne
fourni
de
l:t
c:onnoill:tnce
de chofe.
8.;
des (encimen,
(lloraN);. ,
ít
nc foit
n¿anrnoit}5
obJigé :\
ATH
683
" fonnable de fe conformer
a
la raiCon,
&
qu 'il el! in–
" digne de la créamre raiConnab/c de De fe pas confor–
" mer
a
la raifon
n .
Lc pa(fage de M. Bayle fouroir uoe dillinél:ioll
:l
la–
quelle on doit faire beaucoup d'atten tion, pour
le
for–
mer des idées nettes de morale. Cet auteur a di!lin–
gué avec Coin la différence par laquelle les qualités
des choCes ou des aaions COI1t
natl<rellemwt
Céparées
les unes des mitres,
&
celle par laquelle ces qualirés
font
moralemene
féparées; d'otl il nalt deu x fortes de
différences, I'une naturelle, I'autre moral e . D e la dif–
férence oaturelle
&
fpécitique des choCes il fuit qu'il
en raifollnable de s'y conformer ou de s'en abllenir;
&
de la difference morale il Cuit qll'on eH obllgé de
s'y conformer ou de s'en abllenir. De ces deux dif–
férence~
I'une en rpéculative ; elle fait voir le rapport
on défnut de rapport qui
Ce
trouve entre les chofes;
l'autre er! pratique. Outre le rappore des
choC~s
1
elle
érablit une obligation dans I'agent; enCorte que dlfféren–
ce morale
&
obligation de s'y conformer, fom deux
idées inCéparables: car c'er!-Ia uniquement ce que peu–
v'ent fignifier les termes de
d1flren~
•.natlLr:eUe
&
de
difflrence moral.;
autrement lIs' ne ItgnltierOlent que la
méme choCe, ou ne lignitieroiem rien du tout.
Or fi I'on prouve que de ces deux différences I'une
n'eH pus néoelTairemem une Cuite de I'autre, I'argument
de M. Bayle tombe de
lui' m~me:
c'elt ce qu'il efl
a~fe! de faire
voir.
L'idée d'obligation Cuppofe nécelfal–
rement un etre qui oblige,
&
qui doit ';trc
différ~nr
de
celui qui en obligé. SuppoCer que cclui qui obllge
&
celui qui eH obligé Cont IIne feule
&
meme-. pcrConne,
c'cn fLlppoCer qu'un homme peut faire un contrat avec
lui·mcme; ce qui en la choCe du monde la plus abfur–
de en matiere d'obl igatioll: car c'en une maxime in–
conreHable, que celui qui acquiert un droir fur quelque
choCe par I'obligation dans laquelle un autre cntre avec
lui, peut céder ce droit . Si donc celui qui oblige
&
celui qui en obligé Cont la meme perConne, tonte obli–
gation devienr nulle par cela meme; ou, pour parler
plus exaaement 11 n'y a jamais eu d'obligation . C'cfl–
l. néanmoins I';b[urdlté ou tOmbe
I'"ehl.
Ilratonicien,
lorfqu'il parle de différence morale, ou autrement
~'o
bligations; car quel
~tre
peur lui impoCer des obltga–
tions ? dlra·t-11 que c'en la droite raifoo? Mais c'en-Ia
préciCément l'abCurdité dont nous venons de parler; cae
la raiCon n'er! qu'un attribm de la perConne obligée,
&
ne fauroit par conféquem
~tre
le principe de I'obliga–
tion: fon office en d'examiner
&
de juger des obliga–
ti~ns
qui lui fom impoCées par quclqu'aurre
princ!~e.
DtrG.·t-Oll que par la raiCon on n'entend pas la rallon
de chaquc homme en particulier, mais . la rai Con en gé–
néral? Mais ceue
r~iron
gE!lIérale n'el1 qu'unc nOtioll ar–
biuaire, qui n'a poim
d'e~il\enGe
n;elle;
&
comment ce
qui n'exille pas peut-i1 obl iger ce qui oxi!\e ? c'en ce qu'
on \le comprend pas.
Tel ell le caraaere de tOUle obligation en général,
elle CuppoCe une loi qui commande
&
qui défc llde ; mais
une loi ne peur etre impoCée que par un étre intelli–
gen¡
&
fupérieur, qui ait le POUVOtr d'exiger qu'ou. s'y
conforme .
Uo
etre aveugle
&
fans intelligence o'er! ni
ne Cauroit etre législ:ueur;
&
ce qui procede néceúai–
remem d'ull pareil étre, ne [auroie ctre conlidéré Cous
I'i¡jée de loi propremem nomméc . 11 en vrai que dans
le langage ordinaire on parle de loi de raifon
&
de loi
de uécel11té ; mais ce ne font que des expreffiolls figu–
rées. Par la premiere 'on entend la regle que le légi–
slateur de la nature nous a donnée pour luger de [a
volonté ;
&
la feconde lignific Ceulement que la nécef–
fie~
a en quelque maniere une des propriété, de la loi,
celle de forcer ou de contraindre . Mals on ne
cori~ oit
pas que quelque choCe puilTe obl iger UII erre dépClldallt
&
doüé de volonté, fi ce n'ell une loi prif.: dans le
fens philofophique. Ce qui a trompé M. llayle , c'el!:
qu'ayanr appef<;:O que la différence elfentielle des cho–
fes en UII objet propre pour I'entendement, il ell a con–
elu avec précipitation que cene différellce de \'oit éga–
lemem etre le motif de la détermillatioll de la vulon–
té ; mais il
y
a cene diCparité , que I'enrendement el!:
néccffité dans fes perceptions;
&
que la volomé n'el!:
point néceffitée dans Ces décerminations. Les différen–
ees elfemielles des choCes n'étam done pas I'objet de la
, volonté, il faut que loi d'un Cupérieur interv ieone pour
former I'obligadon du cho)x ou la moraliré des attions.
. (1)
Bbbbb
2
H ob-
opecer en conformité de ceux-I l que en verra d'une
loi
par~iCQ
..
licre par lui accc:ptée .
&:
qui le contraigne ;
iJ
De
{cra
pa_
dif!.~
.llc