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618

ART

.e, Cont diflinguées les unes des autres par quelque pro–

priét'; .íTemielle; ainli l'cCpece hUD1aine ell dillinguée de

I'eípcce des brutes par la raiCon & par

13

conformation ;

les plumes & les ailes difiinguem les oifeaux des autres

animauI ,

f:;'(.

Chaque eCpece a donc un

carlla.re

propre qui la di–

fiinglle d'yoe aurre e!pece, comme chaque iodividu

a

fon lilppllt- partieulicr mcommunicable

11

tOUt autre.

Ce caraacre difi inélif, ce rnotif, ceue raiCon qui oous

:1

donné Iien de nous former ces di vers noms d'eCpece;

efi ce qu'on appelle la

dijl"lrell".

On peor remonter de I'mdividu jufqu'au ¡enee fupre–

me,

mldor, ,hien, animal, 'tn;

c'ell la mélhode par

¡aquclle la oature nous iollcuil; car elle ne oous moo–

tre d'abord que des

~rres

particuliers.

M ais lorfque par l'uCage de la vie on

a

sequis une

fuffi Came provifion d'idées particulieres, & que ces idé–

es oous

001

doom' lieu d'en former d'abllraites & de

générales, alors comme 1'00 s'enrend

Coi-m~me,

on pem

le faire un ordre Celon lequel 00 dcCcend du plus

Vé–

néral

3U

moins général, fui vant les différences que I on

obCerve dans les divers individus compris dans les idé–

es générales. Ainfi en

commen~ant

par I'idée générale

d.e I'etre ou de la fubllance, j'obCerve que je puis dire

de chaque elre particulier qu'il exifie: enCuite les diffé–

rentes manieres d'exiller de ces

~Ires,

leurs difteremes

propriétés , me donnem !ieu de placer au-deíTous de I'e–

tee autam de clalles ou eCpeees di!férentes que j'obCer–

ve de propriétés communes Ceulement entre certains ob–

jets,

& qui ne

Ce

trouvent poim dans les autres: par

exemple, enrre les ctres ¡'en vois qui vivem, qui om

~es

CenCations,

&(.

j'en fais une c1aíTe particuliere que

Je place d'un cllté fous etre & que j'appelle

anima"" ;

& de I'autre cllté je place les ctres

inanimls;

enCorte

que

ce

mot

¿ere

ou

f"bjla/1<e

ell

comme

le chef d'un

arQre g§néalogique dont

anima"x

& etres

inanir"ts

COn!

cQmme les deCcendans placés au-delIous, les uus

ii

droi–

le

&

I~s

autres

3

gauche.

Enrui~e

[ous

anim~ux

je fais amant de c1aíTes parti–

culieTes, que j'ai obCervé de diflerences entres les ani–

maux; les uns marchem, le. autres volem, d'autres ram–

pent; le. WlS viv¡:nt [ur la terre & mourroiem dans

I'eau; les aurres au cOlUraire vivem daos I'cau & mour–

roieOl Cur la terre .

J'en filis auran¡ a I'égard des etres inanimés; je fais

une cln(fe des I'égétaux, une autre des minéraux; cha–

cune

de

ces c1aíTes en a d'autres fous elle, un les ap–

pel le les

e(peca inflriUtres,

dol1t enfin

les

dernieres ne

cOlJ1prennent plus que leurs individus, & n'om poim

d'auues eCpeces Cous elles.

Mais remarque1. bien que mus ces

",ms, ge"re,

eJ–

pece, diffiren«,

ne funt que de termes métaphyliques,

tels que les noms abllraits

huma"itl, bontl,

& une in–

Enil': d'aucees qui ne .marquem que des confidéranons

pan iculiercs de notre erprit, Cans qu'i!

y

ait hors de nous

d'obJet récl qui Coit ou

e!pece,

ou

genre,

ou

h"mani–

té,

&c.

l/ufage ou nOus Commes tous

les

jours de donner

des Iloms aux objets

des

idées qui nous repréCenrent des

érres r¿els, nous a florté

ii

en donner auffi par

imit~tion aux objets métaphyf!ques des idées abfiraites dom

nbus avons connoiíTance: ainfi nous en parlons comme

nous faiCons des objets réels; enCorte que I'ordre méta–

phyfique a auffi fes noms d'erpeces

&

fes noms d'indi–

vidus:

c~ttt

'lJlrité ,

c~lt~

vtrll(.

,

fe

vj~~,

voiI3. des mots

pris par imitation dans uo Cens individuel.

L 'imtlginaeiox, /'idét ,

h

vice,

"

'lUrlll,

la

-vit,

la

morl, la malad;' , la fa nel, la jievre, la pe"r, l. cou–

Yage, la

for.ce

, /'irre, le nlant, la pr-ivation,

&c.

ce

font-lii encore des noms d'individus métaphyfiques, c'efi–

a-dire qu'il n'y

a

point hors de notre eíprit un objet ré–

el qui Coit

le vi", la mqrt, la maladie, la fantl, la

pe"T,

&c. cependant nous eo parlons par imitadon &

par analogie, commc 1I0US parloos des individus phy–

fiques.

C'c!l Ic beCoin de faire connottre 3UI autres les ob–

jets fi nguliers de nos idées ,

&

certaines viles ou ma–

nieres pacticulieres de confidérer ces objets, foit réels,

foit abClraits 0\1 mét3phyfiques; c'efi

ce

beCoin , dis-je,

qui, au

déf.~ut

des noms propres pour chaque idée par–

neu Iiere, nous a donné lieu d'inveuter, d'uo ce,té les

nom. d'cCpece, & de I'autre les adjeélifs prépofitifs,

gui eo fom des applications individuclles. Les objets

pnrticuliers dom nous voulons parler, & qui n'oOl pas

de noms propres,

Ce

[rouvem confondus avec tous les

autres individus

de

Ieur efpece. Le nom de celte eCpe–

~~

leur conviem e!¡alemem'

a

tous: chacljn de ces

~-

ART

tres innombT3bles . 'lui

na~e

dans la vane mee ,

elt

égs–

lemem appellé

poijJon :

:unfi le nom d'

e!pece

tout feul •

& par lui-m';me, l1'a qu'une valeur inaéfinic , c'dl-ñ–

~ire

une. va!eur applicable qui n'e!l adoptée :\ aucun

ob~

Jea partlcuher; comme quand on dll

vrai, bon , b..".

fans joindre ces adjcélifs o quelque é;re réel ou :\ quel–

que étre métaphyfiquc . Ce Com les prénoms qui , de

concert. av,:c les autres mots de la ,pbraíe, tircn.t I'ob–

Jet parncuher dolU 011 parle, de I IIld6tcrminSllon du

oom d'eCpece, & en font ainfi une Corte de nom pro–

pre. Par exemple, fi I'allre que nous tclaire n'avoit

pas C<?n nom propre

fol<il ,

& que nous euffioos

a

cn

parlee, nous prcodrions d'aboed le 110m d'eCpecc

ajlre

;

enCuite nous nons fervirions du prépofitif qOl convien–

droit pour filire connotrre <jue nous ne voulons parlee

que d'un individu de ¡'eCpece d'

ajlre;

sinfi nous dirons

"1

ajlre,

ou

I'aftrt,

apres quol nous auriol1s rccour¡

aUI mots qui nous paroitroiem les plus propres

a

dE–

terminer fingulieremeDl cet il1dividu

d'aJIrt;

nous dl–

rons donc

ut ajlre 'l"i

1I0"S

1,lairt; /'ajlre pere dll

jOllr; J'amt de la nattl"

, &c. Amre excmple:

livre

efi un nom d'efpece dont la valeur 11' ell poiO! appli–

quée: mais fi je dis,

mon livre,

ce

li1're, le fivrt

'1'"

j e vi<1ls d'a(h,ter, liber ille,

on

cOI1~oit

d'abord par

les prénoms ou prépolitifs,

mon,

ce,

le,

&

eníuite

par

les adjoims ou mOls ajoútés, que JC parle d'un tel

Ii–

vre, d'un tel individu de l'eCpece de livre. ObCerve"

que 10rCque nous avons :\ appliquer quelque qualifica–

rion

a

des individus d'une

eCpece;

ou nous voulons fai–

re cette applicatioll

J

,

1' .

i\

touS les individus de ceue

eCpece;

2 '.

ou feulemem

a

quelques-uns que nous ne

vouloos, ou que nous ne pouvons pas déterminer;

3'.

ou enfin

a

un feul que nous voulons fd ire con–

noirre fingulierement . Ce Com ces teois Cortes de viles

de l'efpril que

les

L ogiciens appellent

I'hend" e de

1"

propofitio" .

Tout diCcours ell compoCé de divers Cens particuliers

éooncés par des aíTemblages de mots qui formeO! des

propofitions, &

les

propo!itions fom des périodes: oc

toute propofition a,

l'.

ou une éteodue univerlelle; c'ell

le premier cas dom nous avons parlé:

2°.

ou une é–

tendue particuliere;

c'ell

le Cecond eas.

3'.

ou enñn uoe

étendue fi nguliere ; c'ellle dernier cas.

1'.

Si

cel~i.

qui

parle donne un fens !,uiverCel au CUJe!

~e f~

propoh!lon ,

c'e!l-a-dire s'iJ apphque quelque quahficatlf

a

touS les

individus d'uoe

eCpece,

alors I'¡'tendue de la propofitio!\

cíl

univerrdle, ou, ce quí ell la

m~me

chore, la pro–

po/ilion ell univerCelle:

2 °.

Si I'individu dOn! on par–

le n'ell pas déterminé etpreíTément , alors on dit que

la'propofition eCl particuliere ; elle n'a .qu'une

ét~l1due

parti(wliere c'ell-a-dire que ce qu'on dll , o'e!l dlt que

d'un Cujet qui l1'eli pas déligné expreíTément:

3°.

en–

ñn les propolilions Com fingulieres 10rCque

le

Cujet,

e'e!l-a-dire la perConue ou la

choCe

dóm on parle, dont

on juge, eJ1 un individu fingul ier déterminé: alors I'at–

tribut de la propofitioo, c'ell-o-dire

ce

qu'oo juge du

fujet n':I qu'uoe ¿tendue finguliere, ou, ce qui etl

la

meme choCe, ne doit

s'entendr~

que 4e ce fujct:

Lor,ir

xv.

a t,;omphl d. fes enllemis ; le jolúl eji ¡evl .

Dans chacun de ces trois cas, ootre lallgue nous four–

nit un prénom defiiné

a

chacune de ce viles particu–

Iieres de notre eCprit: voyoos done I'e!fet propre ou le

fervice particulier de

ces

prénoms.

1'.

7'Ol4t homme ejl ¡mimal; ,ha'lHe homme ejl

a~i­

mal:

voiU c!taque individu de

l'eCp~ce

humaine qua!lñl!

par

animal ,

qui alors Ce preod adlcélivement; car

touf

homme ejl animal,

c'cfl-a-dire

to"t homme vlgete, efl

vivant

,

fe me"e,

Q

des fenfa tions,

en un mot tout

homme a

les

qualités qui dill inguent

I'animal

de I'etre

inJcnfible;

ainli

tottt

él3m

le

prépofitif d'un nom ap–

pellatif, donlle

a

ce nom

u~e

extenlion uoiverCelle,

e'cfl-a-dire que ce que I'on dit alors du n?m., par e–

xemple

d'homme,

efi ceofé dit de chaque /Od,vldu de

reCpece, ainfi la propofitioll efi univerfelle. Nous co.m–

ptons parmi les individus d'une eCpece touS les. obJcl$

qui OOIlS paroiíTent cooformes

a

I'idé~

exempla,re que

nous avons acquiíe de I'efpece par I uCage

d~

la. v,c :

ceue

idée exemplaire n'el1 qu'une alfeéllon ,méneure

que notre cerveau a

re~ile

par I.'impre.ffi on,.qu'un obJet

extérieur a faite en nous la prem,ere

fO/s

qu

,1

a étt ap–

per~iI

&

dont

iI

efi reCle! des traces dans le cerveau.

LorCq~e

dans la fuite

de

la vie

J

nous venon,s

a

apper–

cevoir d'autees obJets ,

ti

nous tcntons que I U!' de ces

nouv~aux

objets nous a/feéle de la

m eme

maUlcre doot

oous nous reíTouvenons qu'un :1Otre noos a atfeélés,

nous difolls que cet ,?bjeL

oOll~eau

e!l de

m~me

efpc–

ce:

que tel áncíen :

s

11 noos afleéle dlfférernrneot, noull

le