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ART
.e, Cont diflinguées les unes des autres par quelque pro–
priét'; .íTemielle; ainli l'cCpece hUD1aine ell dillinguée de
I'eípcce des brutes par la raiCon & par
13
conformation ;
les plumes & les ailes difiinguem les oifeaux des autres
animauI ,
f:;'(.
Chaque eCpece a donc un
carlla.repropre qui la di–
fiinglle d'yoe aurre e!pece, comme chaque iodividu
a
fon lilppllt- partieulicr mcommunicable
11
tOUt autre.
Ce caraacre difi inélif, ce rnotif, ceue raiCon qui oous
:1
donné Iien de nous former ces di vers noms d'eCpece;
efi ce qu'on appelle la
dijl"lrell".
On peor remonter de I'mdividu jufqu'au ¡enee fupre–
me,
mldor, ,hien, animal, 'tn;
c'ell la mélhode par
¡aquclle la oature nous iollcuil; car elle ne oous moo–
tre d'abord que des
~rres
particuliers.
M ais lorfque par l'uCage de la vie on
a
sequis une
fuffi Came provifion d'idées particulieres, & que ces idé–
es oous
001
doom' lieu d'en former d'abllraites & de
générales, alors comme 1'00 s'enrend
Coi-m~me,
on pem
le faire un ordre Celon lequel 00 dcCcend du plus
Vé–
néral
3U
moins général, fui vant les différences que I on
obCerve dans les divers individus compris dans les idé–
es générales. Ainfi en
commen~ant
par I'idée générale
d.e I'etre ou de la fubllance, j'obCerve que je puis dire
de chaque elre particulier qu'il exifie: enCuite les diffé–
rentes manieres d'exiller de ces
~Ires,
leurs difteremes
propriétés , me donnem !ieu de placer au-deíTous de I'e–
tee autam de clalles ou eCpeees di!férentes que j'obCer–
ve de propriétés communes Ceulement entre certains ob–
jets,
& qui ne
Ce
trouvent poim dans les autres: par
exemple, enrre les ctres ¡'en vois qui vivem, qui om
~es
CenCations,
&(.
j'en fais une c1aíTe particuliere que
Je place d'un cllté fous etre & que j'appelle
anima"" ;
& de I'autre cllté je place les ctres
inanimls;
enCorte
que
ce
mot
¿ere
ou
f"bjla/1<e
ell
comme
le chef d'un
arQre g§néalogique dont
anima"x
& etres
inanir"ts
COn!
cQmme les deCcendans placés au-delIous, les uus
ii
droi–
le
&
I~s
autres
3
gauche.
Enrui~e
[ous
anim~ux
je fais amant de c1aíTes parti–
culieTes, que j'ai obCervé de diflerences entres les ani–
maux; les uns marchem, le. autres volem, d'autres ram–
pent; le. WlS viv¡:nt [ur la terre & mourroiem dans
I'eau; les aurres au cOlUraire vivem daos I'cau & mour–
roieOl Cur la terre .
J'en filis auran¡ a I'égard des etres inanimés; je fais
une cln(fe des I'égétaux, une autre des minéraux; cha–
cune
de
ces c1aíTes en a d'autres fous elle, un les ap–
pel le les
e(peca inflriUtres,
dol1t enfin
les
dernieres ne
cOlJ1prennent plus que leurs individus, & n'om poim
d'auues eCpeces Cous elles.
Mais remarque1. bien que mus ces
",ms, ge"re,
eJ–
pece, diffiren«,
ne funt que de termes métaphyliques,
tels que les noms abllraits
huma"itl, bontl,
& une in–
Enil': d'aucees qui ne .marquem que des confidéranons
pan iculiercs de notre erprit, Cans qu'i!
y
ait hors de nous
d'obJet récl qui Coit ou
e!pece,
ou
genre,
ou
h"mani–
té,
&c.
l/ufage ou nOus Commes tous
les
jours de donner
des Iloms aux objets
des
idées qui nous repréCenrent des
érres r¿els, nous a florté
ii
en donner auffi par
imit~tion aux objets métaphyf!ques des idées abfiraites dom
nbus avons connoiíTance: ainfi nous en parlons comme
nous faiCons des objets réels; enCorte que I'ordre méta–
phyfique a auffi fes noms d'erpeces
&
fes noms d'indi–
vidus:
c~ttt
'lJlrité ,
c~lt~
vtrll(.
,
fe
vj~~,
voiI3. des mots
pris par imitation dans uo Cens individuel.
L 'imtlginaeiox, /'idét ,
h
vice,
"
'lUrlll,
la
-vit,
la
morl, la malad;' , la fa nel, la jievre, la pe"r, l. cou–
Yage, la
for.ce, /'irre, le nlant, la pr-ivation,
&c.
ce
font-lii encore des noms d'individus métaphyfiques, c'efi–
a-dire qu'il n'y
a
point hors de notre eíprit un objet ré–
el qui Coit
le vi", la mqrt, la maladie, la fantl, la
pe"T,
&c. cependant nous eo parlons par imitadon &
par analogie, commc 1I0US parloos des individus phy–
fiques.
C'c!l Ic beCoin de faire connottre 3UI autres les ob–
jets fi nguliers de nos idées ,
&
certaines viles ou ma–
nieres pacticulieres de confidérer ces objets, foit réels,
foit abClraits 0\1 mét3phyfiques; c'efi
ce
beCoin , dis-je,
qui, au
déf.~ut
des noms propres pour chaque idée par–
neu Iiere, nous a donné lieu d'inveuter, d'uo ce,té les
nom. d'cCpece, & de I'autre les adjeélifs prépofitifs,
gui eo fom des applications individuclles. Les objets
pnrticuliers dom nous voulons parler, & qui n'oOl pas
de noms propres,
Ce
[rouvem confondus avec tous les
autres individus
de
Ieur efpece. Le nom de celte eCpe–
~~
leur conviem e!¡alemem'
a
tous: chacljn de ces
~-
ART
tres innombT3bles . 'lui
na~e
dans la vane mee ,
elt
égs–
lemem appellé
poijJon :
:unfi le nom d'
e!pece
tout feul •
& par lui-m';me, l1'a qu'une valeur inaéfinic , c'dl-ñ–
~ire
une. va!eur applicable qui n'e!l adoptée :\ aucun
ob~
Jea partlcuher; comme quand on dll
vrai, bon , b..".
fans joindre ces adjcélifs o quelque é;re réel ou :\ quel–
que étre métaphyfiquc . Ce Com les prénoms qui , de
concert. av,:c les autres mots de la ,pbraíe, tircn.t I'ob–
Jet parncuher dolU 011 parle, de I IIld6tcrminSllon du
oom d'eCpece, & en font ainfi une Corte de nom pro–
pre. Par exemple, fi I'allre que nous tclaire n'avoit
pas C<?n nom propre
fol<il ,
& que nous euffioos
a
cn
parlee, nous prcodrions d'aboed le 110m d'eCpecc
ajlre
;
enCuite nous nons fervirions du prépofitif qOl convien–
droit pour filire connotrre <jue nous ne voulons parlee
que d'un individu de ¡'eCpece d'
ajlre;
sinfi nous dirons
"1
ajlre,
ou
I'aftrt,
apres quol nous auriol1s rccour¡
aUI mots qui nous paroitroiem les plus propres
a
dE–
terminer fingulieremeDl cet il1dividu
d'aJIrt;
nous dl–
rons donc
ut ajlre 'l"i
1I0"S
1,lairt; /'ajlre pere dll
jOllr; J'amt de la nattl"
, &c. Amre excmple:
livre
efi un nom d'efpece dont la valeur 11' ell poiO! appli–
quée: mais fi je dis,
mon livre,
ce
li1're, le fivrt
'1'"
j e vi<1ls d'a(h,ter, liber ille,
on
cOI1~oit
d'abord par
les prénoms ou prépolitifs,
mon,
ce,
le,
&
eníuite
par
les adjoims ou mOls ajoútés, que JC parle d'un tel
Ii–
vre, d'un tel individu de l'eCpece de livre. ObCerve"
que 10rCque nous avons :\ appliquer quelque qualifica–
rion
a
des individus d'une
eCpece;
ou nous voulons fai–
re cette applicatioll
J
,
1' .
i\
touS les individus de ceue
eCpece;
2 '.
ou feulemem
a
quelques-uns que nous ne
vouloos, ou que nous ne pouvons pas déterminer;
3'.
ou enfin
a
un feul que nous voulons fd ire con–
noirre fingulierement . Ce Com ces teois Cortes de viles
de l'efpril que
les
L ogiciens appellent
I'hend" e de
1"
propofitio" .
Tout diCcours ell compoCé de divers Cens particuliers
éooncés par des aíTemblages de mots qui formeO! des
propofitions, &
les
propo!itions fom des périodes: oc
toute propofition a,
l'.
ou une éteodue univerlelle; c'ell
le premier cas dom nous avons parlé:
2°.
ou une é–
tendue particuliere;
c'ell
le Cecond eas.
3'.
ou enñn uoe
étendue fi nguliere ; c'ellle dernier cas.
1'.
Si
cel~i.
qui
parle donne un fens !,uiverCel au CUJe!
~e f~
propoh!lon ,
c'e!l-a-dire s'iJ apphque quelque quahficatlf
a
touS les
individus d'uoe
eCpece,
alors I'¡'tendue de la propofitio!\
cíl
univerrdle, ou, ce quí ell la
m~me
chore, la pro–
po/ilion ell univerCelle:
2 °.
Si I'individu dOn! on par–
le n'ell pas déterminé etpreíTément , alors on dit que
la'propofition eCl particuliere ; elle n'a .qu'une
ét~l1due
parti(wliere c'ell-a-dire que ce qu'on dll , o'e!l dlt que
d'un Cujet qui l1'eli pas déligné expreíTément:
3°.
en–
ñn les propolilions Com fingulieres 10rCque
le
Cujet,
e'e!l-a-dire la perConue ou la
choCe
dóm on parle, dont
on juge, eJ1 un individu fingul ier déterminé: alors I'at–
tribut de la propofitioo, c'ell-o-dire
ce
qu'oo juge du
fujet n':I qu'uoe ¿tendue finguliere, ou, ce qui etl
la
meme choCe, ne doit
s'entendr~
que 4e ce fujct:
Lor,ir
xv.
a t,;omphl d. fes enllemis ; le jolúl eji ¡evl .
Dans chacun de ces trois cas, ootre lallgue nous four–
nit un prénom defiiné
a
chacune de ce viles particu–
Iieres de notre eCprit: voyoos done I'e!fet propre ou le
fervice particulier de
ces
prénoms.
1'.
7'Ol4t homme ejl ¡mimal; ,ha'lHe homme ejl
a~i
mal:
voiU c!taque individu de
l'eCp~ce
humaine qua!lñl!
par
animal ,
qui alors Ce preod adlcélivement; car
touf
homme ejl animal,
c'cfl-a-dire
to"t homme vlgete, efl
vivant
,
fe me"e,
Q
des fenfa tions,
en un mot tout
homme a
les
qualités qui dill inguent
I'animal
de I'etre
inJcnfible;
ainli
tottt
él3m
le
prépofitif d'un nom ap–
pellatif, donlle
a
ce nom
u~e
extenlion uoiverCelle,
e'cfl-a-dire que ce que I'on dit alors du n?m., par e–
xemple
d'homme,
efi ceofé dit de chaque /Od,vldu de
reCpece, ainfi la propofitioll efi univerfelle. Nous co.m–
ptons parmi les individus d'une eCpece touS les. obJcl$
qui OOIlS paroiíTent cooformes
a
I'idé~
exempla,re que
nous avons acquiíe de I'efpece par I uCage
d~
la. v,c :
ceue
idée exemplaire n'el1 qu'une alfeéllon ,méneure
que notre cerveau a
re~ile
par I.'impre.ffi on,.qu'un obJet
extérieur a faite en nous la prem,ere
fO/s
qu
,1
a étt ap–
per~iI
&
dont
iI
efi reCle! des traces dans le cerveau.
LorCq~e
dans la fuite
de
la vie
J
nous venon,s
a
apper–
cevoir d'autees obJets ,
ti
nous tcntons que I U!' de ces
nouv~aux
objets nous a/feéle de la
m eme
maUlcre doot
oous nous reíTouvenons qu'un :1Otre noos a atfeélés,
nous difolls que cet ,?bjeL
oOll~eau
e!l de
m~me
efpc–
ce:
que tel áncíen :
s
11 noos afleéle dlfférernrneot, noull
le