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616

AR T

quel qu'un,

&c.

Si de ces deux maniere! de s'exprimer

nous avoos choifi celle qui s'énonce par la prépolition,

c'ell que 1l0US n'avons poiot de datif.

l·.

Les Latins . diCoient auffi

¡ertilJ<re ad;

nous di–

fons de meme avec la prépoliuon

afpartenir

a.

1.•.

Notre prépofitioo

a

vient

~inh

quelquefois de la

prépofition latine

a

ou

ab

;

auferre ali'fuid aliwi

ou

ab ali,!"o,

6ter quelque choCe

ii

quelqu'un: on dit auC–

ji ,

eripere ali'fuid ali,,,i

ou

ab ah'ftto; p,eere veniam

..

Deo,

demander pardon

a

Dieu.

Tout ce que dit

M.

I'abbé Regnier pour faire voir

que nous avons des datifs, me parolt bien mal alfoní

avec tam d'obCervations judicieufes qui font répandues

dans

r.~

Grammaire. Seloll ce célebre académicien

(pag.

238.)

quand on dit

voila un ,hien 'flti s'ejl donnl a

moi, a moi

ell au datif: mais fi I'on dit

un ,hien 'f"i

s'ejl adonnl

a

moi,

cet

a

moi

ne iera plus alors un (la–

tif; c'eft, dit-il, la prépofitio

n

latine

ad.

J'avoue que

je ne Caurois recollllottre la prépofition latine dans

adon–

,,1

a,

Cans la voir auffi dans

donnl

a,

& que dans I'u–

ne & dans I'autre de ces phraCes les deux

a

me paroiC–

fent de meme eCpece, & avoir la meme origine. En

UD

mot, pui[que

ad ali'fttem

Ol)

ab ah'fuo

ne [ont point

des datifs en latin, je ne vois pas pourquoi

a 'fuel'fu'un

pourroit etre un datif en frall\ois.

] e regarde done

de

&

a

comme de fimples prépofi–

tions, 3uffi bien que

par, poltr, avee,

&c. les unes &

les autres Cervent

a

faire conno'tre en fran\ois les rap–

pons paniculiers que l'uCage les a chargés de marquer,

fauf

a

la langue latine

i

exprimer autremem ces

m~mes rappons.

A I'égard de

le, la, les,

je n'en fais pas une clalfe

paniculierc des mms fous le nom

d'article;

je les pla–

e!; avec les adjeétifs prépofitifs, qui ne [e mettem ja–

m ais que devam leurs [ubllamifs, & qui out chacun un

fervice qui leur ell propre . On pourroit les appeller

prénomJ.

Comme la [ociété civile ne

r.~uroit

employer trop

de

moy~ns

pour faire na'tre dans le cceur des hommes

des Centimens, qui d'une pan les portent

3

éviter le

mal qui ell comraire

a

cette Cociété, & de I'autre les

engagent

a

pratiquer le bien, qui fert a la maintenir &

3

la rendre ftorilfante; de meme I'art de la parole ne

fauroit nous donner trop de [ecours pour nous faire évi–

ter l'obCcurité & I'amphibologie, ni inventer un alJez '

grand nombre de mots, pOllr énoncer non-Ceulement

les diverfes idées que nOllS avons dans l'eCprit, mais en–

eore pour exprimer les différentes faces fous leCqueIJes

nous confidéruns les objcts de ces idées.

TeIJe ell la defiination des prénoms ou adjeétifs mé–

taphyfiques, qui marquent , non des qualités phyr.ques

'des objets, mais Ceulement des poims de vue de I'efprit,

ou des faces différcntes Cous lefqueIJes l'eCprit confi–

dere le meme mm; tels COnt

tout , ,ha'ftte, nul,

au–

ett", 'fuel'[ue, certa;n,

dans le fens de

'f1lidam, 1/n,

C~,

cet, cette,

CU,

le, la, les ,

auxquels

00

peut join–

dre encore les adje8ifs polJ"effifs tirés des pronorns per–

fonnels ; tels Cont

mon

,

ma, mes,

& les noms de nom–

bre cardinal,

fin, dellx, trois,

&c.

Ainfi je mets

le,

Ill ,

les,

au rans de ces pronoms

ou adjeélifs métaphyfiques . Pourquol les 6ter de la claC–

fe de ces autres adjeélifs?

lls [om adjeétifs puifqu'i1s modifient leur fubllantifs,

&

qu'i1s le fout prendre dans une acception particulie·

re, individuelle,

&

perConnelle. Ce font des adjeétifs

rnétaphyfiques , puiCqu'ils marquent, non des qualirés

phyfiques, mais une limpIe vue paniculiere de l'efpriL

Prefque tous nos Grammairiens ( Regnier,

p.

141.

Reaant,

p.

64.) nous difem que

le, la, les,

fervent

a

faire connoitre le genre des noms, comme fi c'étoit

¡¡¡

une propriété qlli fUt particuliere

ii

ces petits mots.

Quand on a un adje8if

a

joindre a un Dom, on don–

ne , cet adjeélif, ou la terminaiCon mafculine, on la

féminille . Selon ce que l'uCage nous en a appris, fi

nous diCons

le foleíl

plut6t que

la falei!,

comme les

AlIemands, c'ell que nous favons qu'cn fran\ois foleil

ell du genre maCclllin, c'ell-a-dire qu'il

ea

dans la claf–

fe des noms des chofes inanimées auxquels I'ufaue a

conCaeré la terminaiCon des adjeélifs déJ3 dellinée°aux

lloms des mS les, quand

i1

s'agit des animaux. Ainfi

10rCque nous parloDs du Coleil , .naus difons

le foleíl,

plut6t que

la,

par la mcme ralCon que nous dirions

benr, {olei!, brillant foleil,

plut6t que

belle

ou

brillante.

Au relle, quelques

Gra~mairiens

menellt

le , la , les,

au rang des pronoms: mals fi le pronom ell un mot

qui Ce mene

a

la place du nom dom il rappeIJe I'i–

dée ,

le, la , lts,

ne Ceront pronoms que 10rCqu'ils fe-

ART

ront cette fonélion: alors ces mots vont tous feu1s

&:

ne fe tmuvem point avec le nom qu'ils 'repréCentent,

L a .vertu ejl

a.ima~/e;

a;mez.-Ia .

L e premier

la

~Il

ad–

Jeétlf métaphy!!que; OU comme on dit

are"le,

II pré–

cede Con fubllantif

vertu;

il perfonifie la

verts<;

iI

la

fait regarder comme un individu métaphylique: mais

le Cecond

la

qui ell apres

aimn,

rappelle la

vert",

&

c'ea pour cela qu'i1 ell pronom , & qu'il va tout feul;

alors

la

vient de

illam,

elle.

C'ea

la différence du Cervice ou emploi des mots,

& non la .différence matérielle du [on, qui les fait pla–

cer en .différentes c1alfes: c'ell ainfi que I'infinitif des

verbes ell Couvem 110m,

le boire , le mal1ger.

Mais fans quiner 110S mots, ce meme Con

la

n'ell–

il pas auffi quelquefois un adverbe qui répond aux ad–

verbes latins,

ibi, ha,

,

ifió" illa"

il demeure la ,

il

va la?

&,.

N'ell-il pas encore un nom Cubllantif quand

il fignifie une note de muliquc? Enfin n'ell-il pas aulli

une panicule explétive qui Cert

a

I'énergie?

ce

jeune

homme·lli, cette femme-Ia ,

&c.

A l'égard

d~

1m , une,

dans le Cens de

'fuel'l!"

ou

certain,

en latlll

'ftt;dam,

c'ell encore un adJeébf pré–

pofitif qui défigne un individu paniculier, tiré d'une eCpe–

ce, mais fans déterminer fingulierement quel ell

cet.in

dividu, fi c'ell Pierre ou Paul. Ce mot nous vIene

auffi du latín,

1uis eft

;1

hordo, unttI ne amator?

( Plaut.

Trllc. l.

;j.

32.)

que! ell cet homme? eH-ce

la un amoureux?

hi, ejl unus fervus violentijJimru,

( Plaot.

.

ibid.

Il.

1.

39.)

c'ell une efclave emporté;

fi't<t unllS paterfamilias,

(

Cic.

de .rat.

l .

1.9.)

com–

me un pere de tamille.

Qui

variare ,upit rem prodi–

gialiter u"am ,

( Hor.

arto poet. v .

1.9.)

celui qui croit

embellir un fujet,

,mam rem,

en y faiCant entrer du

merveilleux.

Forte unam adfpieio adolefcentlllam,

(Ter,

A nd. Aa.

l .

fe.

l.

v.

91 . )

j'apper~ois

par haCard une

jeune tille. D onat qui a commenté Térence dans le

tems que la langue latine étoit encore une langue

vi–

vame, dit Cur ce palfage que Térence a parlé Celon

l'uCage , & que s'il a dit

unam,

une, au lieu de

'l"am–

dam,

'c!,rtaine, c'ell que telle étoit, dit, jJ, & que

(d–

Ie ell encore la maniere de parler.

Ex ,on[r<etrtdme

dieit unam, ut dieimttI,

1111I1S

efl

ado/cIeens:

un~m

ergo

'T& itl.'T16¡.A.;;

dixit,

1J~¡

1tnam

pro

'lltamdam .

Am–

ti

ce mot n'ell en frall\ois que ce qu'll étoit en latin.

La gramn1aire générale de P. R .

pago

Q.

dit que

un

ell

article

indéfini . Ce mot ne me paron pas plus

article

indéfini que

tout,

anicle univerfel, ou

ce, cet–

te, ces,

articles définis. L'auteur ajo/he , qu'on

erais

d'ordinaire 'fue

un

n'a point de pluriel; 'fu'il

-[t

vra;

'fu'il n'en

a

point 'fui fojt forml de

I",-m¿m~:

(on

(lit pourtant, les

Ims,

quelques-uns; & les Launs on t

dit

au

plurict,

uní ,

unte,

&c.

Ex tenÍJ geminas

mihi

,onftciet nuptias.

(Ter.

And. (la.

[17.

Je.

1

v.

SI.)

A derit

">fa

in unis ",dibus.

Ter.

Eun . aa.

n.

fe. iij.

v.

7S.

& Celan

Mde

Dacier,

aa.

Il.

fe. jv. v.

74.)

Mais revenons a la Grammaire générale .

Je dis

,

pour–

fuit l'auteur ,

'ltte

uo

a

11.11

plurie' pris

d'Nn aNtre

mot,

'fr,; eft

des,

avant les fubltantifs,

des animaux ;

&

de,

, 'fuand l'adjeaif prle/de,

de beaux lits.

D e

un pluriel!

cel a ell nouveau .

Nous avons déja obCervé que

des

ell pour

de les,

& que

de

ell une

pr~por.tion,

qui par conCéquent Cup–

poCe' un mm exprimé ou CouCentendu, avec lequel elle

pllilJ"e mettre Con complément en rappon: qn'ainfi il y

a ellipCe dans ces

fa~ons

de parler; & I'analogie s'op–

pofe ,a ce que

des

ou

de

foient le nominatif pluriel d',m

ou

d'tlne .

L 'auteur de cene Grammaire générale me parolt bien

au-delfous de fa réputation quand il parle de ce mor

des

a

la page

ff:

iI

dit que cette particule' ell que l–

quefois nominatif; quelquefois accuCatif, ou génitif, ou

datif, ou entin ablatif de I'article

1m.

1I ne lui man–

que donc que de marquer le vocatif pour etre la par–

ticule de ' touS les cas. N'ell-ce pas la indiquer bien

nettement I'ufage que l'on doit faire de cette prépo–

(jtion?

Ce qu'il y a de plus Curprenant encore, c'ell que cet

aoteur Coutieut, page

ss,

'fue (omme on dit au daeif

jingulier

a

~n.,

&

a." datif pl"riel

a des,

on

de,,!r~it

dire

ar~

f"",ttif plurtel

de des;,

prú!,!l,"

des

~fl,

dlr-II,

le plurte d

un:

'lue ji on ne l apas far t, ,ejl,

pour–

Cuit·i1,

par une raifon '1"i fait la plúpart des irr!gu–

laritr!s des ¡fWgUes, 'f/u efi la eaeophonie; ainji,

dit,iJ ,

Celon la parole d'un ancien,

impetrat",n' eft a ratione

ut peecare fua'l.litñtis

CIlTlUl

licer~t;

&

cette remarque

a élé adoptte par M. Rellaut,

pago

73·

&

7S.

Au relle, Cicéron dit,

(Orator ,

fr.

XLVII.)

que

impe-