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ARI

de peaux, de poils, de chairs, d'os,

&

d'antres- corps

m elallgés. Le corps .mine fe

ré~out

en eau, en fable,

en rel , en terre: ma,s avec les d,lTolvaDs les plus fons,

avec le feu le plus vif, vous n'obtiendrcz poin! de ces

corps rimples de fe changer. L e fable relle fable, le

fer demeure fer, l'or épuré ne change plus; la terre

morre fera touJours terre ;

&

apres lOutes les épreuves

&

toUS

les tourmens imaginables, vous les retrouverez

encore les

m~mes.

L'expérience ne \'a pas plus loin :

les

élé~ens

fom chacun a part des ouvrages admira–

bles qUl ne peuVeDt changer, afin que le monde, qui

en ell compofé, puiOe recevoir des changemens par

lcurs melanges ,

&

foit cependant durable comme les

principes qui en fOil! la bafe .

Voyez

l'

article

C

H

t

M lE: .

Pour la forme, qui dI le fecond principe d' Ariflo–

te , il la regarde comme une fubll,nce, un principe aétif

qui conllituc les corps,

&

ailujettit pour ainfi dire la

matiere.

Il

fuit de-la qu'il doit y avoir autam de for–

mes naturelles qui naiLfcnt

&

meurem tOllr-a-tour, qu'il

y a de corps primitifs

&

élémentaires. Pour la priva–

tion, dit Arillote, elle n'ell poine une fubllancc; elle

efl meme, :\ quelques égards, une forte de néant . En

effet tout corps qui

re~oit

une telle forme , ne doit pas

!'avoir auparavallt;

iI

doit meme en avoir UDe qui' foie

abfolument contraire. Ainfi les mores fe fom des vivans,

&

les vivans des morts .

Ces trois principes étant établis, Arillote paiTe

a

l'ex–

plication des caufes, qu'il traite d'une maniere alTez di–

Ilinéte, mais prefque fans parler de

la

premiere caufe

qui ell D ieu. Quelques-uns ont pris occafion , tant de

Ja définition qu'il dOlme de la nature, que du pouvoir

¡Ilimité qu'il lui attribue, de dire qu'il mc!connoit cette

premiere caufe: mais nous le jullifierons d'athéifme dans

la fu ite de cet article. Selon lui la namre ell un prin–

cipe effeétif, une caufe pléniere , qui rend tous les corps

ou elle réride capables par eux-memes de monvemenr

&

de repos; ce qui ne peut PGint fe dire des corps on

elle ne réfide que par accident,

&

qui appartiennent

a

J'.art : ceux-13 n'ont rien que par cmprunt,

&.

ri j'ofe

llln(j

parler, que de la feconde main . Continuons: tous

les corps ayant en eux celte force , qui dans un fens

ne peut éue anéantie,

&:

celte tendance au mOllvement

qui ell touJours égale, [om des rubllances véritablemem

dignes de ce nom: la nature par cOp. lcqucnt el1 un au–

tre principe d'Ariflote; c'efl elle qui produit les formes

ou plutÓt qui fe divife

&

fe fubdiv ife en une infinité

de formes, fuivam que les befoins de la matiere le de–

mandent. Ceci mérite une attention particu tiere ,

&

don–

ne Heu

a

ce PhiloCophe d'expliquer tous les chanuemens

qui arrivem aux corps.

Il

n'y en a aucun qui foit par–

faitement en repos , parce qu'il n'y en a aucun qui ne

fa[fe effort pour fe mouvoir .

11

canelut de-la que la

nature infpirc je ne fai quelle néceffité a la matiere .

Effeétivement

iI

ne dépelld poinr d'elle de recevoir tel–

le ou telle forme: elle efl ailujettie

a

recevoir tou–

tes celles qui fe préfentent

&.

qui fe fuccedem' dans un

certain ordre ,

&

dans une certaine proportion. C'efl-lit

ccne fameufe entéléchie qui a tam embarralTé les com–

memateurs ,

&

qui a fuit dire tam d'extravagances aux

Scholaaiques,

Apres avoir expliqué quelle efl la caufe cfficiente,

quel ell le principe de toute la force qui fe trouve ré–

pandue dans I'utllvers, Arifl ote entre plus avant dans fa

matiere ,

&

dche dedé velopper ce que c'ell que le mou–

vement. On voit bien qu'il fait-Ia de grands efforts de

g~nie:

mais fes effons rbouti[fent

it

une déti nition tres–

obCcure,

&

dcvenue méme fameufe par fon obfcurité.

Plus Arillote s'avance, plns il embmlTc de terrein : le

fini

&

l'infini, le vuide

&

les atomes , I'cfpace

&

le

tems , le lieu

&

les corps qui y

li)O!

conte.nus; tout fe

préfellte devant fes yeux:

il

ne confqnd rien, une pro–

pOlition le mene ;\ l'autre;

&

quoique ce roit d'une

fu,on tres-rapide, on y fem toiljours une forte de

liailo n .

La doétrine qui ell comprife dans les deux livres de

la génération

&.

de la corruptioll, tient néce{f.1irement

3 ce que nous avons déja développé de fes principes.

Avant Socrate on cr9yoit que nul étre ne périlToit ,

&.

qn'il ne s'en reproduifoit aucun; que tous les change–

l11ens qui arrivent aux corps ne font que de nouvenu"

arrangemens, qu'unc diflribution différente des parties de

matiere qui compafem ces memes corps; on n'ad mer–

toit dans I'l\nivers que des accroilTemens

&

des diml–

Ilutions, des

~éunions

&

des divifiol1s, des mclanges

&

des féparations. Arillote rejetta toutes ces iMes quol–

que ¡¡mples ,

&

par-la alTez vrailTemblables ;

&

il éta–

blit une génération

&

une corruptioo proprement dites

<

ARI

557

11

reconnut qu'il fe formoit de nouveau!

~tres

dans le

fein de la nature,

&

que ces etres périíToient :\ leur

tour. Deux chofes le conduilirent aceite penfée: l'une

qu'il s'imagina que dans touS les corps le fUlet ou la

matiere eH quelque cofe d'¿gal

&

de con(!2nt;

&.

que

ces corps, comme nous I'avolls déJa obfervé, ne dif–

feretlt que par la forme, qu'il regardoi t comme leur

e[fence: I'autre, qu'i1 prétendoit que les contraires naiC–

fcnt tous de Ieurs contraires, comme le blanc du noir ;

d'on

iI

fuit que la forme dl! blanc doit etre anéantie

aVant que celle du noir s'établirJe . Pour achever d'é–

claircir ce fyrleme , j'y ajoOterai encore deux remar–

ques. L a premiere, o'ell que la génération

&

la cor–

ruption n'ont aucun rapport avec les autres modifica–

tions des corps, comme

1

'accroirJement

&

le décroif–

fem ent, la tranfparence, la dureté, la liquidité,

& <.

dans toutes ces modifications..l la premiere forme ne s'é–

teint point, quoiqu'elle puiue fe divcrfifier a l'infini.

L'autre remarque fuit de celle-Ia; comme tout le jeu

de la nature confilte dans la génération

&

dans la cor–

ruption,

iI

n'y a que les corps fimples

&

primitifs qui

y foient fujets ; e,ux feuls re<;oivent de 110uvelles tor–

mes,

&

pa[fem par des m':tamorphofes fans nombre;

tous les autres corps ne font que des melanges,

&

pour

ainfi dire des entrelacemens de ces premiers . Quoique

rien ne foit plus chimérique que ce c6té du !ytleme

d'Arillote,

c'ea

cependant ce qui

a

le plus frappé les

Scholalliques,

&

ce qui a donné lieu

a

leurs expref–

fions barbares

&

inineclligibles : de-lil Ont pris nairJance

les formes fubllanticlles, les entités, les modalités , les

intemions reflexes,

&c.

touS termes qui . ne réveillant

aucune idée, perpétuent vainement . les difputes

&

l'eo–

vie

de

dirputer.

Ariflote ne fe renferme pas dans une théorie géné–

rale: mais il defcend

a

Utl

trcs-granJ oombre d'cxpli–

cations de phylique particuliere;

&

l'on peut dire qu'il

s'y ménage, qu'il s'y obrerve plus que daos tout le re–

Ile; qu'il ne donne point tout I'e[for

a

fon imagination .

Dans les quatre Iivres fur les météores il a, fel on la

réllexion judicieufe du pere R apin, plus éclairci d'ef–

fets de la nature que touS les Philofophes modernes

joiots enfemble. Cette abondance lui doit tenir lieu de

quelque mérite,

&

certainement d'exeufe . En effet, au–

travers de toutes les erreurs qui lui fom échappées

[.1U–

te d'expérience,

&

de quelques-unes des découvertes que

le hafard a préfentées aux modernes, on s'apper<;oit qu'il

fuit alTez le

fi

I de la nature,

&

qu'il devine des cho–

fes qui certainement lui devoient etre inconnues. Par

exomple, il détaille avec beaucoup d'adrelTe tout ce qui

regarde les météores aqueux, comme la pluie , la n .

ge, la grele , la rofée ,

&c.

il donne une explicati

tres-ing-énieufe de I'arc-en-ciel ,

&

qui au fond ne s'él .

gne pas trop de celle de Defcartes; il défi nit le veR

un couram d'air,

&

il fait voir que fa direétion dépe

d'une infinité de caufes étrangeres

&

peu connues;

F

qui empeche, dit·il, d'en donner un fyaeme géllér:lJ •

On. peu!,. rapporter

a

la phyfique particuliere ce q e

ce phllofophe a publié Cur 1'hilloire des animaux. Voi–

ci le jugement avantageux qu'en a porté M. de Buf–

fon dans fon premier diCcours de I'Hilloire naturelle :

" L'hilloire des animaux d' Arillote ell

peut· ~tre

enco-

re aujourd'hui ce que no s avons de m ieux fait en ce

" genre;

&

il feroit

i

defi er qu'il nous eilt lailTé quel–

" que choCe d'aufli comp1et fur les végé!1lux

&

fur les

" minéraux : mais les deux livres de plantes que que!–

"ques-uns lui attribuent, pe relTemblent point " cee

" ouvrage,

&

ne font pas eñ effet de lui.

P'oy. le com-

me1ft. de

Scaliger.

11

ell vrai que la botanique n'é–

" toit pas fort

en

honneur

d!

fon tems : les Grecs &

les Romains memes ne la regardoiem pas comme

" une rcience qui düt exi/ler par elle-meme,

&

qui dile

" faire un objet

a

part; ils ne

la

confidéroient que re-

lativement a l'Agriculture, au ]ardinage, a la Mede–

" cine

&

aux Arrs . Et quoique Théophr3lle , difciple

... d' A tillote, connút plus ,de cinq cents genFes de plan–

" tes ,

&

que Ptine en cite plus de mille, ils n'en

" parlent que

pou~

nous en apprendre la cul ture, ou

pour nous dire que les unes entrent daos la compo–

tition des drogues ; que les autres font d'u(age pour

les Arts; que d'autres ferveO!

oroer nos Jardins,

&<.

en un mor ils ne les confiderent que par l'Utilité

" qu'on en peut tirer >

&

ils ne fe font pas anachés

a

les décrlre exaétement.

" L 'hifioire des animaux Ieur étoir mieux connuc que

cellc des plantes. Alexandre donna des ordres,

&

tit

" des dépen(es tres-con fid€rables pour ralTtmoler des

" animaul

&

en fairc venir de tous les pays,

&.

il mie

Ari-