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~56

ARI

~'ceuvrcs

de goUt

&

de Philofophie. U

C/c

leélure

affi,

due des otlvrages d'Homere lui avoit formé le juge–

¡ne/1t ,

&

donné un gp11! exquis de la belle Littératu–

re: jamais perfonoe n'a péoétré plus avam daos le cc¡,ur

hu main, ni mieux cOnou les re{forts iovilibles qui le

fom mouvoir !

iI

s'~tol!

ouver!, par la for"e de [00 gé–

nie, une route mre jufqu'aux ·fóurces du vrai beau;

&

!i

aujourd'hui 1'00 veu! dire quelque chofe de bon fur la

R hltorí'{lIr

&

fur

I~

J> oiti'l""

00 fe voit obligé de

le répéter. Nous oe craigooos poim de dire que ces

deux ouvrages fom

CCIlX

qui font le plus d'honneur

a

Ca m émoire;

voyez-cn

un jugement plus détaillé aUJ¡

deu. articles qui portcnt leuT nom. Ses trai!és de mo–

rale vienoent eufuite; I'auteur

'Y

garde uo carsaere d'hoo–

netc-homme gul pla!! iofioiment: mais par miilheur

iI

tattiédit au lieu d'ech;lUffer; on ne lui donoe qu'une ad–

¡niration fUrile; on ne rcvient point

a

ce qu'on a la .

La morale eí! feche

&

infruaueu[e quand cile n'offre

que des vaes générales

&

des propofitions métáphyfi–

ques, plus propres

a

Qrner l'efprit

&

a charger la mé–

moire , qu'a toucher le cceur

&

a

changer la volon–

té . Tel

di

en géoéral l'e[prít qui regne dans les li–

vres de moral e de ce

philoCoph~.

Voici quelques-uos

de fes préceptes, avec le tour qu'il leur doooe.

l·.

Le bonhcur de l'homme ne confií!e ni daos les

plaifirs, ni daos les riche{fes, ni daos les hooueurs, ni

dans la pui{faoce, ni dal1S la ooblelre, ni daos les fpé–

eulations de la philoCophic; mais bien pluI6t dans les

habiludes de l'ame, qui la rcndem plus OU moins par–

faite .

2·.

La vertu efl pleine de charmes

&

d'amaits;

aiori uoe vie ou les vertus s'cncha1nent les uoes avec

les autres, ne fauroit etre que tres-heureuCe.

3'.

Quoi–

que la ¡vertu fe CuBiCe

3

elle-meme , on ne peut nier

eependant qu'elle ne trouve UI1 pui{fant appui d3IJs la

fa veur, les riche{fes, les hooneurs, la noble{fe du fang,

la beauté du corps,

&

que toutes ces chofcs ne COI1-

tribuent

i

lui faire prendre un plus grand e{for ,

&

n'aug–

mentent par-la le bonheur de l'homme.

4'.

T oule ver–

tu Ce trouve placée daos le milieu entre un aae mau–

vais par exces

&

entre un aae mauvais par défaut:

\1inú le courage lÍent le milien entre la crainte

&

I'au–

dace; la libéralilé, entre I'avarice

&

la prodigalité; la

modeflie, entre l'ambition

&

le mépris fuperbe des hon–

neurs; la magnificeoee. entre le fafte trop recherehé

&

l'épa'l~ne

fordide; la douceur, entre la colere

&

l'io–

fenfi bllité; la popularité, entre la mifanrropie

&

la ba{fe

1Ialerie,

(:le .

d'ou l'on peut conclure que le nombre

des vices eí! double de celui des vertus, l'uiCque toute

verlO eí! toujours voifioe de deux vices qui lui fom

f:ontraires.

fO.

11

difliogue deux fortes de juflice; l'une

univerfelle,

&

I'autre particuliere: la jufliee univerCelle

tend

a

conCerver la fociélé civile par le refpea qu'elle

infpire pour toutes les lois: la jullice particuliere, qui

eon fifle a relldre

i

chacun ce qui lui eí! du, efl de

deux fortes; la dií!ribulive

&

la eommutative: la ju–

!lice diílributive difpenfe les eharges

&

les récompen–

fes, feloo le mérite de chaque cicoyen;

&

el le a pour

regle la proportion géométrique : la juflice commu!ative,

qui eon(jfle daos un échange de chofes, donoe a 'cha–

euo ce qui lui efl dli,

&

garde en tout une propor–

tion arithmélique.

6'.

On fe lie d'amitié avec quelqu'un

ou pour le p\3ifir qu'on relire de fon commerce, on

pour I'utilitlí qui en revient, ou pour Con mérite fon–

dé Cur

la

vertu ou d'exeellentes qualités. La dernierc

efl une amilié parfaite : la l>ienveillance o'eí! pas,

ii

pro–

prement parler, I'amilié ; mais elle y conduit,

&

eu

quelque

fa~oo

elle I'ébauche.

Ariflote

a

beaucoup mieu:.: réuffi dans fa logigue que

dans fa morule.

II Y

découvre les principales Courees

de I'art de raifonncr;

iI

perce daos le food inépuiCable

des penfées de l'homme; il démele

Ces

penféas , fait voir

la liaifon qu'ellcs om emr'elles, les fui! dans leurs écarts

& dans leurs contraríélés, les ramene enfin

a

un point

fixe . On peut a{fórcr que fi I'on pouvoit atteindre le

~erme

qe

1

e[prit, Ariflote l'auroit atte;nt. N'eí!-ee pas

uoe chofe admirable , que par différentes combinaifons

qll'il

failes de toutes les formes

qu~

I'efprit peut pren–

dre en raifonnant,

iI

I'ait telJemelll enehalué par les re–

gles qu'il lui a tracées, qll'¡¡ ne pui{fe s'en éearter, qu'

il nI! caifonne inconséquen:ment? Mais fa méthode,

quoiqlle loüée par toUS les phllofophes , o'efl poim exem–

pIe de défauts.

rO.

11

,'élcnd trop,

&

par-la

iI

rebu–

te: 00 pourroit rappeller

a

peu de pages tour foo Li–

vre des catégories,

&

celui de l'interprétalion ; le fens

y

eí! noyé dans une trop grande aboQdaoee de paro–

les.

2

0 •

11 efl obfGur

&

embarra{fti;

iI

veur qu'on le

4;ievinc;,

&

que fon

le~eur

produife

¡¡V~c

lui Ces peo-

ARl

fées. Quclque habile que l'on foir, on ne peur guere

fe tlatcr de \'a '-oir totalemem emendo; témoio fes ana–

Iytiques, ou tou.! I'art du fyllogiCme efl enCeigné .

To~s

les mcmbres qUl eompo[en! Ca L ogique

Ce

trouvent dlC–

perCés dans les difréreos anicles de ce D iaionnaire; c'efl

pourquoi, pom oe pas ennuyer le leaeur par une ré–

pétition lnu!ile des memes

choCes,

00 a .Jugé

a

propOS

de I'y renvoyer afin qu'i1 les eonCulte .

Pa{fons maimenam 3 la phyfique d'Ari(\ote;

&

daos

l'cxamen que nous en alloos faire, prenons pour guide

le célebre Louis Vises, qui a di[pofé daos I'ordre le

plus mélhodique les différeus ou vrages ou clle efl ré–

pandue. 11 commence d'abord par lcs huit Iivres de,

principes naturels, qui paroi{fent ph1r6r une eompilatioo

de différens mémoires , qu'uo ouvrage arrangé [ur un

meme plao; ces huit livres traitent en géoéral du corps

é¡eodu , ce qui fait l'objel de la. Phy(jque,

&

en par–

ticulier des príncipes,

&.

de tout

ce

qui efl lié

it

ces

f'rincipes,

eomf.ne

le mouvement, le lieu, le tems,

(:le ,

Rieo n'eí! plus embrouillé que IOUt ce long délail; les

définitions renden! moins intelligibles des chofes quí par

elJes-memes auroiem paru plus cJaires, plus évidenres.

Ariflote blame d'abord les philoCophes qui l'ont précé–

dé,

&

cela d'une maniere a{fe1. dure; les uns d'avoir

admis !rop de principes, les autres de n'en avoir ad–

mis' qu'un feul : pour lui, il eo élablit trois, qui Cont

la

matiere,

la

forme,

la

privation.

La matiere efl,

~e­

Ion lui, le fujet général Cm lequel la naturc Iravall–

le; Cujct éternel on meme tems ,

&

qui oe celle ra Ja–

mais d'exifler; c'eí! la merc de toutes choCes, 5jui Cou–

pire apres le mOllvemenr,

&

qui fouhaile avec ardeur

que la forme vienne S'unir a elle . On De fait pas trop

ce qu'Ariflote a entcodu par cetrc matiere l'remiere qu:

il défin!t, .

'e

t{lú

n'~ft,

ni 9u:", ni

com~ien

$rand

~

,ni

'{uel,

nt

"en

de

re

par

'{"Ol

I et re eft determmé ..

N

a–

t-jl parlé ainfi de la matiere que parce qu'il étotl ,\c–

coútomé

¡¡

mertre un certain ordre dans Ces penfées.

&

qu'il

eommen~oit

par enviCager les chofes d'une vac

générale, avant de de[eendre au particulier? S'il n'a vou–

lu dire que cela, c'efl-a·dire fi daos Con eCpri! la ma–

~lere

premiere n'avoit d'aUlre fondemem que celte mé–

thode d' arranger des idées ou de concevoir les ch,!"

Ces,

il n'a ricn dit qu'on ne pui{fe lui accorder: mals

auffi cetre mariere n'efl plus qu'un etre d'imaginalion;

une idée purcment abflraite; elle n'exifle pas plus que

la lIeur en général, que l'homme en géoéral,

(:le.

Ce

n'efl pourtanr pas qu'on ne voye des philofophcs . au–

jourd'hui, qui, tenant d' Ariflote la maniere de confl dé–

rer les chofes en général avant que de venir

iI

leur$

cCpeces,

&

de pa{fer de leurs ofpeces

i\

leurs individllS,

ne Coutiennent de Ceos froid,

&

meme avec une

cfp~ce d'opiniitreré, que I'univerfel e(t dans chaque obJet

particulier : que la tleur eo géoéral, par exemplc, en

une réalité vralmeot exiflante dans chaque jonquil/e

&

dans chaque violette.

11

par01t

a

d'autres que, par

mtf–

t iere premiae,

Ariflote n'a pas emeodu feulement le

corps en général, mais une pale uniforme dom tout

dcvoit elre coní!ruit; uoe cire obéi{fame <ju'il regardoi!

comme le fond commlln des corps , comme

\e

da–

nier terme ou revenoit chaque corps en Ce délruiCam ;

c'ótoil le magnifique bloc du Slatoaire de la Fonraille;

Un bloc de marbre

él.ít

ji

be,," ,

Q¿t'un

Statrlaire

en

fit

/'

cmplette:

flu' en [era,

dá-il,

mon cífealt?

Sera-t-íl dieu , table ou C1Ivette?

BriCez ce dicu de marbre, que vous refle-t-iI en main?

des morceaux de marbre . Ca{fez la table ou la cuvet–

te , c'efl encore du marbre; c'eí! le meme fond pnr–

tOut; ces chofes ne differ-ent que par une forme eXlé–

rieure .

1I

en efl de méme de touS les corps; leur mafle

eí! e{fentielJement la meme: ils oe dificrent que par la

figure, par la quantit¿, par le repos , ou par le mou–

vement, qul foot tomes

choCes

accidentelles . Ceue idée

qu'on do!t

a

Ariflote , a paru (j Cpécieufe

a

tous les Phi-

10Cophes, tant anciens que modernes , qu'i1s I'onr gé–

uéralement adopté

e :

ma!s eeue ¡dée d'une matiere gé–

nérale dans laquel le s'en recournent tOllS les corps en

deroiere décompofition, efl démenrie par I'expéríence;

fi cl le étoit vf3ie, voici ce qui eo devroit arrivcr. Com–

me

le

mouvemenr fait Corrir de certe oire un animal,

uo morceau de bois, une marre d'or; le mouvement,

en leur

Ótan~

une forme

~a{fagere,

devroit les ramener

ii

leur cire primordial e . Empedocle, Platon , Ariftoce

&

les Scholafliques le difenr : mais la chofe n'arrive

poinr . Le corps organiCé fe dilfout en différentes

ma(fe~

de