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5 S

4-

AR.l

de bal3ille. On ajodte que Xénocl"&te itant revenu

trois mois :tprcs de fon voyage, fut fort furpris de..

Irouver Ariflote

a

la place de fon mattre; qu'il en de–

manda

I~

raifon;

&

fur ce qu'on lui répondit que Pla–

ton avoit é¡é forcé de céder le lieu de ,la prol}lena–

de; qu'il étOit alié trouver Ari(tote; qu'iI I'avoit vu

envirollné d'un grand

nombre.de

gel1~

for,t e,(timés, avec

lefquels il s'enttetenoit pai/ib lement de queflions philo–

foph iques; qu'iI I'avoit falllé' tr,es·refpe.aueufelJ'lent, Cans

lui donner aucnnc ¡narque de Con étonne¡ne,nt: ,mais

qu'ayant allemblé

fe~

compa¡;non§ d',étude.J

iI

avoit fait

a

Speutippe de grands reproches d',avoir am/i . lailCt Ari–

llote

ma¡t~e

du champ' de ,bataille ; 'qu' il avoit ana–

qué Ariflote,

&

qu'íl Pavoit obligé de céder

~

Coo ,tour

une place 40m PI;ton éto(t plus

di~ne

<J,l,le lu!,

D'autres diCent ¡¡ue Plato!) fUI vlvement piqul que

de fon, yivant

~rillote

fe fllt fait cl;1ef de

P!lrt1~

&

qu'il

cut éng,é

da~

le Lycée une Ceae entierement oppo–

fée

a

la liellne. II le comparoit

ii

ces eofaos vigou–

reux, qui

bane.ot

l.e\lrs nourÑces ap¡es sl.!tre

nourri~

de

leur bit, L'auteur de ,tous

<!~1

bruits fi

deCa,v~ntageux

¡¡

la !éput,ati,Qn d'Ariflo,t¡:,

el,!

lIn certain Ari(loxelle,

que I'efprir 4e vengeal},ce aniJ)l,a comre lui, felon le

rapporf ¡je Suidas, paree qú'jJ Jui

~voit

préféré Théo–

phralle, (¡u,'iI a,vdit défigné ppur

~tre

fon fuccelTeur.

JI

n'ell point yraiITemblab,le

I

comme le remarque fort

bien AmQ1onius, qu'Arillote ait 'ofé c)¡ai(er Pla.ton du

lieu ou jI :eI1Ceignoit, p.our ,s'én rendre le ma7tre,

&

qu'i1 3it formé de fon vivant une feé;te contralre

¡¡

la

lienne. L,e grand crédit de

C~abrias

&

de Tímo.t,hée,

qui

tou~

deux avoient ,éré

a

la lfo le des armées,

&

qui

éroiem

paren~

-de Ploton, auroit arrété uríe entreprife

Ji

audacieufe . Bien loil) qu'Ariflo,e ait lté un rébelle

qui alt oré combanre

41

doarine de }?Ia,ton pendant

qu'i1 vivoi,t, nous voyons que meme depuis fa mort iI

a toújours parLé de lui en termes (¡ui ma,quoiem com–

bien

iI

J'ejlimoi,t, 1I ell vrai que la (eae péripatéticien–

ne ell bien oPj!oCé<: ,3 13 feae acadéit¡ique;" mais qn ne

prouvera jamais qu'elle foit' née avaoi la mort de Pla–

ton:

&

fi Arillote ,a aj)andoooé Platon;

il

n'a fait que

joüir du drolt des philoCophes;

iI

a fait c,c!der I'amitié

qu'iI d.evoir

a

Con mattre,

a

I'amour qulon doit ' encore

plus

a

la verit.é. 1I peuD Ce

f.~ire

pourtant que dans I'ar–

deur de

'I~

diCpure il n'ait pas affe'l. ménagé fon mal–

tre; mais

00

le peut pardooner ' au feu de fa jeuoeffe,

& ¡¡

cette grande viva'cité' d'eCprit qui I'emportoit au-

del~

q!!S

~C?rnes

d'une diCPwe '1lodérée,

'

PI.ato,n en mOlirant laitCa¡ !e gouyerneD).ent de Paca–

démle a SpeufipV.c fon

nev~u,

C)1oqué de c,e,ne pré'fé–

renee 1 Anllote 'pm le par¡¡ d,e voyager,

&

JI

p.:lrcou–

rut les principalcs viIJes

de

la Grece, Ce fall)iliariCant

avec tous eeux de qui

iI

pOUVOlt tirer quelqiJe in(tru–

étioll; ne dédaign;¡nt

p~s m~me

cette [one de gens qui

fom de la vol upté toure leur occupation,'

&

plai[ent du

moins

1

s'ils n'inliruiCem.

-

Durant le courS de fes

YOfag~s,

Pbilippe roi

de

Ma–

cl!doine,

&

jqlle appréeiateur

,f¡¡

mérice des hommes,

lui manda que fon ' deITein érQir de le charger de I'édu–

catioú' de Con

fil~.

,;]e rends l)loins

grª~¡!s

i1ux dieux,

" lui écrivoir-il, de me I'avoir dqnnG, que de

I~avoir

" fait

n~¡tre

pendant votre vie; je

comp.te

que par vos

" conCeils il devien<lra digne de vous

&

de moi " .

4u/,

~ell,

lip, IX.

Quel

honn~ur

pour un philofophe,

que de voir ron nom lié avee celui' d'uo héros tel que

celui d' Alexandre le Grand !

&

quelle récompenfe

plus flattcu[e de Ces foins, cjue d'entendre ce jeune hé–

rQ~ r~Re,ter C~u"en¡!

" Je dois le

~our

¡¡

mon pére,

" mals Je dOlS

a

ITlqn précFpteur I'an de me conduire;

" fi

je

r~gne

avee

~uelque

gloire

I

je lui eo ai toute

,~

I'obligation " .

11

Y

a apparence qu'Arillote demeura

a

la cour d' A–

lex~ndr'e,

&

Y,

jotiit de tOjltes les prérogatives qui lui

étolen~

dues, JuCq\!" ce que ce prince de(tiné

¡¡

con–

quérir la plus

b~lIe

par!ie du monde,' pona la guerre

~n

Afie , Le phllofophe fe fcntant inutile repril alors

I~ ~be~!n '

d'

Ath~nes

'. La"

iI

fut

re~tl

aye¿ une grande

dl(tlllébon,

&

on 1m donna le Lycée

~our

Y

Tonder

une

nouvell~

école dl! phiJoCophie, QUOlque lé foin de

fes élUdes

l'oc~upíit

et trememeot, iI ne lailfoit pas d'en–

trer dans tous les mouvemens

&

dans toutes les gue–

relles qui agitoiept alors

r~s div~rs

etáts dl! In Grece ,

On le

foup~onn~ ~eme,

de ,l1'avflif point ignoré la

l'!1alpeureuCe

co~Cplrat10n

d Antlpatef, qui !it empoiCon–

ner

Alcxandr~

a la !leur de fon

~ge,

&

au milieu des

plus jufles eCpérances de' s'aITujettir le monde emier,

Cependant Xl(nocrate qui avoit fuccédé

¡¡

Spculip–

p~

~DCei,hoit

dans l'acadéWie

l~ ¡Io~rine

de Platon .

ARI

Arillote qui avoit én! fon diCciple pendant qu'il vivoit,

e!, devint le rival apr,i:s fa mort, C¡!t efpr(t d'émula–

!lon le pona :\ prcndre une route diÉféreQte vers la re–

nommée,

7\1

s'erapar3m d'un dillrié;t' que perCoone en–

core n'avOlt oc.cupé,

Q~oiqu'il

n'3it poim prétenc;l,u al1

c~raé;t,erc

de légls!a,teur, 11 écrivir cependant de?

Iivr~5

de ¡OIS

&

de poHnque, par pure oppolition • Con

m,~l­

tre ,

~I

obCerva

¡¡

la veNté

I'~neieuoe

mérhode de la

d~ub,le

doa,rin.e, qui

é~oit

1)

fon en vogue dans I'aca–

d"mlc,

m31~

avec m01l1s de réCerve

fi.

de d,fcrétion

q1;le ceux qui I'avoient précédé, L éS Pyrhagoriciens

&

les PlatQoiciens fairoient de cene métbode méme un

fecre~

de leurs écoles; mais iI femble qu' Arillote ait

eu en..vie de la faire conno1tre

a

¡OUt le monde en

indill~ailt

publiquement la dillinéOoo que I',on doit

~faire

de ces cjeux gen¡-es de doarines: aum s',explique-t-il

tans <létour

&

de la maniere la plus dogmatique contre

les peil)es

&

les récompenCes d'un autre vie. La mort,

di~-il c;lan~

fon

traiel de

1"

Morale,

ell de tOlltes les

cho[es

I~

plus t,l!rrible; c'ell la fin de notre exillence,

&

apres elle I'bomme o' a ni bien

¡¡

eCpérer ni mal

a

craindre :

'

..

Daos f?> vieille,lTe Ari(tote fut attaqué par l,ln pr€tre

de Ceres, qui I'aceu[a d'impiété

&

le traduilit <levant

les juges. (jomrn.e cene accuCitioo pouvoit avo!r des

[uires fil.cbeufes, le philQrophe jugea a propos c;le [e re–

tirer Cecr¡:tement

a

Chal~is,

Env:¡.in (es al]\is vonlurent–

ils

1'3rr,~ter:

E,,!pichqm,

!.e,\jr cria+iI en partant,

em–

pichom,/u'oí?

'"

{n.U"

une feconde i"jure

a

la Phi}o–

f9phie,

La premiere faos doute étoit le Cuppl ice de So–

eraJe, qui' pourroit étre regardé comffie un martyr de

l'uni,ré pe Diel,l dans la

101

de .uature, s'il n'a,voit pas

eu la fóiblelTe, pour cOll!plaire

~

Ces

concitoyens, d'or–

donner en mourant qu'on facrifih un coq

a

ECculape.

Qn raconte diverCellJent la mon d'

Ari~ote.

Les uns

diCem que derefpéré de ne pouvoir deviner

I~

caufe du

flux

&

reflux qui fe fait timtir dans I'Euripe , il s'y

précipita

a

la fin, en diCam ces mots:

puifr"'Arijfoee

n'a jamai, pI< cO>l?prendre

r

Eurip.e, '{fle

I

Euripe

fe

comfrmne done lu,-mi",e,

D'autres rapportent qu'apres

¡lvolr quel'lU!!' tetl)s foutenu fon infortune,

&

luné,

pour ainfi dire, contre la calomn;e, il s'empoifonna

pour tinir coml}le

Socr~te

<,voir fini, p'autres enlill

veulent qu'il foit mort de fa mort naturelle , exténul

p3r les trop grandes veilles,

&

con[ul11é par un travail

trop opinihre : tel ell le

fentimen~

d' Apollodore , de

Den~~

d'Halicarna1Ie, de CenCorin, de Laerce. Ce

derpier, pour prouve, fon infutigable aaivité dans le

travail, rapporte que lor[qu'il Ce

mettoi~

en devoir de

repaCer, il tenoit dans la main une fpherc d'airain ap–

puyéefur les I¡ords d'up bamn, afio que le bruit qu'el–

le feroir en tombam dans le bamn, püt le réveiller.

11 rendir I'ame eo' invoquam la cauCe univcrfelle, l'Etre

fupre'1le

a

qui iI alloit Ce rejQindre . Le$ Sta&iriens de–

voient trop

il

Arillote, pour ne pas rendre a Ca mé–

moire de grands bonneurs, lis tranfporterent foo corps

a

Stagire,

&

fUF fon tombeau ils

~Ieverem

un autel,

&

une eCpec¡: <le temple qn'i!s appellerenf de ron nom,

alin qp'il fút un monument éternel de la

Iib~rté

&

des

autres

privil ég~s

qu'Ari(tote leur avoit

obtenu~

foit do

PhiJippe, Coit d'Alexandre, Si I'on en croit urigene,

lib,

l .

contra

e

elf

Arillote avoit donné lieu aux re–

proches' d'impiéré qui lui firent abandonner Atbenes pour

s'exiler

¡¡

Chalcis. Uans les converrations particulieres

iI

ne 'fe ' ménageoit ras alfez:

iI

ofoit foutenir que les

offrandes

&

les facnlices font tout-'efait inutiles; que

les aicuK fqnt peu d'aneqtion

'¡'

la pompe extérieure qui

brille dans leurs temples , C'étQit un,e luite de I'opinion

ou il étoit, que la providenae ne s'étend poinr juCqu';!UX

chofes Cublunaires, Le principe fur !equel

iI

s'apPllyoir

PQur foutenir

Q

[ylleme

{j

fuvor3ble

a

I'impiéré, re–

yient

¡¡

ceci: D ieu ne yoit

&

ne connolt que ce qu'il

a tolljours vu

&

connu: les choCes con¡ingentes ne

Cqnt dqnc

NS

de Con re/Cotl: la terre

e~

le pays des

cbangemens, de la génération

&

de la corruption; Diel1

n'y a done aucun pQuvoir :

il

fe borne aU

Fª YS

<le I'im–

morialité, a ' ce qui ell de

f.'l

na¡ure incorruptible , Ari–

llote, p,our alftirer l¡l libene!' de I'homme, croyóit ne

pouvoir mieux faire que de nier la provídence : en fal–

loit·i1 davantage pour

~rm{!r

coqtre lui les

pr~tr~

in–

térelfés du' PaganiCme?

II~'

pardonnoiem rarel1lent,

&

fUr-lOllt

a

ceux qui vouloient dimin!ler

de

leurs· droits

&

de leurs prérogatives .

'

Quoique la ,';e

dlArillot~

ait toujours été fort tumuI–

tueure, foir au Lycée, Coit

ii

la cour de Philippe, le

nombre de [es ouvrages ell cependant prodigieux: on

em

I

peut vok les ti¡¡-es dans Diogene

Laerc~, ~

plus cqr-

,

rc~e-