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ANI

D ans la foule d'objcts que nOUI pré[ente ce vane

glob~ ,

(dit.

M..

de Bulto.n ,

.pag.

I.)

dans le nombre

¡u6111

d~s

d,fUrentes produébons, dom la furface eít

couvertc

&

p~upl ée,

les

a/1ima1lx

ticnnem le prcmier

rang , tam par la cOllformiré qu'i1s om avec nous, que

par la

[upériori~

que nous leur connoilfons fur les

ctres végétaux ou ioauimés . Les

anima1lx

ont par leurs

fens , plr leur forme, par leur mouvemellt, beallcoup

plus de rapports avec les chofes qui les envirouncut,

que u'en om lcs végétaux.

MaÍf

i/

/1e faue point p,,–

¿re de vAe que " nombre de al rapportl varíe

l'in–

fini, r¡u'il eft moi/1dre dmJJ le pol),pe r¡ue danI I'hu;–

l re, danI

I'hllítrc

moindrt

t¡1l( áanI

le

finge;

&

les

végétaux par leur développement, par leur figure,

par leur accroilfement

&

par leurs différelltcs parties,

ont auíli un plus grand nombre de rapports avec les

objets extéricurs , quc n'cn om les m inéraux ou les

pierres , qui n'ont aucul1c [orte dc vie ou de mou–

vement.

O~fervez

""co" , '1'" rien n'emphhe r¡ue ca

rapportl

,,.

varient allJli,

&

'lile le nomb" n'en

fOle

{ltu

U1I YAoinI grand; en ¡ ort, '1"'on p",t di"

'11/;

y

a del

mi"lr(lI!X

mo;nI TI10rtJ qlle d'tfutreJ .

Cc–

pendalH c'cfi par ce plus graod nombre de rapporrs que

¡'animal

eft réellemem au-delfus du végétal ,

&

le vé–

gétal au-delfus du minéral. N ous-memes ,

a

ne confi–

dérer que la parrie matériellc de notre ':tre , nous oe

fommes au-delfus des

animaux

que par quelques rap–

pons de plus , tels que ceux que nous ·donuent la lan–

gue

&

la main ,

la

langue fur-tout . Une langue fup–

pofe une fuite de peo[écs ,

&

c'efi par cen e raifon que

les

animame

n'om aucune langue. Q uand meme

00

l'oudeoit leur aecorder

quel~ue

chofe de femblable

¡¡

oos

premieres apprébenfions &

a

nos feofations groffi eres &

les plus machina les ,

iI

parott certain qu'ils fom inea–

pables de former cette alfocbtion d'idées, qui feule

peut produire la réftexion , dans Inquelle eependant con–

{ille I'efience de la pen(ée. C'ell, parce qu'i1s ne peu–

vellt joindre enfemble aucune idée, qu'ils ne pen(em,

lli ne parlem, c'cft par la meme raifon qu'i1s n'inven–

tem

&

ne perfeaionnent rico . S'ils étoiem doüés de la

puilfance de réHéchir , meme au plus petit degré, ils fe–

roieor capables de quelque cfpece de progres; i1s ac–

querroiem plus d'indullric; les callors d'au]ourd'hui

b~tiroiem avec plus d'art

&

de folidité que oe bhilfoiem

les premiers caftors; I'abeille perfeélionneroit encore

(ous les jours la eellule qu'elle habite: ear fi

00

fup–

pule que cene cellule ell aufli parfaite qu'elle peut

I'e–

tre,

0 11

donnc

:i

cet in(eac plus d'e(prit que uous n'eo

avons; on lui accorde 11I1e intelligence fupérieure

a

la

11Ótre , par Iaquelle il appcrcevroit tout d'un coup le

dcrn ier poinr de perfecrion auquel il doit porter fon

0\1-

vrRge , tandis que nous-mémes nous oe voyons jamais

clairement ce poim

&

qu'il nous faut beaucollp de ré–

.fIc~

iOI1. ,

de tems

&

d'habitude pour perfea ionoer le

m oindrc de nos arts . Mais d'oú pcut venir celte uni–

fot mité dans tollS les ollvrages des animaux? POllrquoi

chaque efpece ne fait - ellc jamais que la meme cho–

fe, de

la

meme

fa~on?

pourquoi chaque individu ne

la faÍl-il ni mieux ni plu mal qu'un autre individu?

Y

a-t-i1 de plus forte preuve que leurs opérations ne [om

que des réfultats m¿chaniques

&

puremelll matériels ?

C ar s'ils Rvoielll la moindre étincelle de la lumiere qui

110US

éclaire, on trouveroit RU moins de la variété, fi

1'011

ne voyoit pas de la perfeaion, dans leurs ouvra–

ges; chaque individu de la

m~me

efpece feroit quelque

chofe d'un peu différent de ce qu'auroit fait un autre

¡ndividu. Mais non, IOUS travaillem fur le

m~me

mo–

dele; I'ordre de leurs aaions eft tracé dalls I'efpece en–

tiere, il n'appartienr poim

a

I'individu ;

&

ti

I'on vou–

loit amibuer une ame aux al1imaux,

00

feroit obligé

a

n'en faire qu'une pour chaque efpece,

a

laquelle chaque

¡ndividu partieiperoit également . Cene ame feroit donc

nécelfaircmell l divifiblc, par conféquent elle feroit ma–

térielle

&

forte différeme de la nÓtre . Car pourquoi

m ettol1s-nuus au conteaire tam de dh'erfité

&

de varié–

té dal1s nos produaions

&

dans nos ouvrages ? Pour–

quoi I'imitatioll feevil e nous collte-t-cHe plus qu'un nou–

veau dcllein

?

C'eft parce quc notre ame ell

a

nous,

qu'el le efi indépcudame de celle d'un autre,

&

que nous

n'avons rien de commun ayee notre cfpcce que la ma–

tiere de notre corps: mais quelque diflerence qu'il y

ait entre nous

&

les animaux, on ne peut nier que

nous l1e Icur tenions de fore prcs par les dernieres de

nos facu Irés .

On peut donc dire

~ue

quoique les ouvrages d,:,

Cr~a­

teur foiem eo eux-mcmes touS égalemem parfalts,

I

a–

nima/

en, felon notre

fa~on

d'appercevoir , I'otlvrage

AN I

te plu$ complet,

&.

que I'homme en ell le cheí-d'c:eu–

vre .

En

~ffet,

.po,:,r commeocer par

l'animal

qui eft ici no–

tre ob]et pnnclpal , avam que de

p.úf

~r

l

I'hum me ,

que

de relforts, que de forces, que de machinc

&

de mou–

~emens

.fom reufermés dan

s

,cene petite p,m ie de ma–

tlere qUI compofe le corps d un

animal!

Que de rap–

ports , que d'harmollie, quc de correfpondallce eotre les

parries! Combien de combinaifons , d'arrangemcns de

caufes, d'effets, de prineipes , qui tQUS concouren; au

m eme but,

&

que nous ne conooifiollS que par des ré–

fultats

li

diffieiles

a

comprendre, qu'ils u'om eclfé d'c!–

tre des merveilles que par I'habirude que OO\lS avons

prife de n'y poim réBéchir

I

Cepcndant quelqu'admirable que cet ouvrage nous

paroilfe, ce o'eft pas dans I'inclividu qu'eft la plus gran–

de merveille: c'eft dans la fucceílion, dans le renou–

veIlement

&

dans la durée des efpcces que

la

nature

parott tout-a-fait incoocevable,

O" pl,¡tóe , en remon,a;,t

plm ha1l', dllm I'ordre inflit,,1 entre lel partiel dI<

,oue, par nne fageffe infi"ie

&

par une mai" to1fte-puiJ–

fante; car cee ordre une fuiI l11f1itul,

1"

eifetI 'luel–

'lue furprenanl '{tI'iII foi",t, fon. del f"i,e¡ nlcej]airel

&

fimplel del 'oil d" mo"vemene.

La

ma,hme eft

faite,

&

In

hef<rel fe mar'luent (UUI I' fril ,le ¡'horlo–

ger. Maj¡ entre ler fuiter d" mlcba,ú[me,

frlllt con–

venir IJue cette famltl de prorllltre fon [emblelblc '1l1i

rljide

d(1111 I tl

animallx

&

dans

Jer

vIKtta"x,

(e,t~

eJpue d'uniel eolijo"rl fubfiflfl>lte

&

'{III

par.il

ber–

nelle;

(elte

vert!, prtJcrlt,trice 'fui ,r'exercc perpltue/le–

mCHt jm1J fe

détrt!ire ¡amaiJ ,

eft

pour

nOltJ

,

t¡lto1Jd

nOlll la confid/ronI en e/fe-mi"" .

&

[anl flllCl</1 rap–

pore

"ordre inflitluf far le T Ollt-pllij]ant , Iln m)y1e–

re done il femble r¡ll'

i

ne n&,,1

efl

pal permÍ! d. fon –

dt:r la profondellr.

L~

mariere inanimée , cen e pierre, eeHe argiJ le qui

eft fous nos piés a bien quelque propriét¿s: Ion exi–

Ilence feule en fuppofe un tres-grand nombre;

&

la

ma–

tiere la moins organifée ue laille pas que d'avoir ,

en

vertu de fon exi(Jenee, une intinité de rappnrts avec

mUtes les autres parties de I'univers . Nous ne dirons pa.,

avec quelques Philofophes , que la matiere fou s que l–

que forme qu'elle foit, connoit fon exiftence

&

[es

fa–

.cultés relatives: cene opinion tiem

a

une queftion de:

métaphytique, qu'ou peut voir difcutée ,¡

{'areicle

AM E_

11 nous fl1ffira de

f~ire

femir que, n'ayam pas

nous-m~mes la connoifiance de tol1S les rappons que nous pon–

vons avoir avec mus les objets extérieurs , nous ue de–

vons pas douter que la matiere inanimée n'ait inlíni–

ment moins de cene connoilfance,

&

que d'ailleurs nos

fenfations ne reLrcmblant en aucune

fa~on

aux ob]ets

qui les caufent, oous devons conclurre par

anah~ie ,

que la matiere inanimée n'a ni femimem , ni fen[atlon,

ni confcience d'exi(Jence ;

&

que 111i attribuer quelques–

unes de ces faeul tés, ce feroit lui donner ceJle de pen–

fer, d'agir

&

de fentir ñ-peu-prcs dans le meme ordre

&

de la meme

f.~~01l

que nOl1S penfons ,

a~ilfons

&

femons, ce qui répl1glle aurallt

iI

la raif011 qll"

la

reli–

gion .

MlliJ

Itne

conjidlratiol1

'1" ;

s'

accordc

avec

l'

Itne

& {'

alitre

,

&

'{fti /101l1 efl [Ilggérle paY leJj>,,'lacfe

d~

la nature danJ les individlt!

1

c'efl 'Itte

t itile

de celte

faculel de p""fer, ¿'agir, de {eneir, rljidc d<nl 'l"el–

'Iuu hommes dlln! ten degré Imil1ent, danJ fin

d(grl

yaoin! ImiY/cnt en

d'llutres

hommes,

Va

en J'l1ffoiblif ..

¡"ne

mefure '1u'on fllil la chaÍ>" del brel en defeen–

dane,

&

1'!tei"t "pparemrnene danl '1'tel'l'" point de

la ch" íne erel-éloigné: piad entre le reg ne animal

E!I

le regl1e vlgltr'¡, point dunt nOlll approchero/11 de ¡llIl

en plf<I par lel obfervationI, maÍ! 'l"i nOlll Ichapper..

ti

¡ama;J; leJ expcfrienceJ refteront

tol;

'our!

en

de;t. ,

&

/el ./jftemel iront tolÍ ,olln a/t-dela; {'explrien«

marchant lié

pié.,

& {'

eJj>rie de ./jfteme allant t OI!–

jOllr

j

par falltl

&

par bondl .

Nous dirons donc qu'étam formés de terre,

&

com–

pofés de poulliere , nous avons en effet avee la terre

&

la pouíliere, des rapportS communs qui nous liem

a

la

matiere ell général ; tels fom I'étendue , I'impéné¡rabi–

lité la pef:imeur ,

&c.

Mais comme nous n'apperce–

voo~

paS c:es rapports purement matériels ; comme ils

oe fom aUClllle impreaion au-dedans de

nous-m~mes;

comlDe ils lubfiftem fans notre participation ,

&

qu'a–

pres la mon ou ayallt la vie, ils exillem

&

ne nous

affecrent poim du tout,

00

ne peut pas dire qu'ils fa[–

fem panie de notre ctre : c'ell donc I'orgaoifation , la

vie, I'ame, qui fait propremem notre exifienct!. L a ma–

tiere conódérée fous ce poim de vue, el! eft moins le

fu]et que I'acce!foire; c'efi

une

enveloppe étrangerc. doot

,'umoD