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xxjv
DISCOURS
PREL
TMINAIRE
prix des bienfaits qu'i1s
promett~nt
a
l'Auteur , -o ou de A l'amitié . dont ils crorent
l'honorer.
0.11
commen¡;:a
1'1
fentll'
qu~.
le beau '.
po~r
etre
e~ ~Aangue vuJ~alore,
ne perdoit nen de fes avantages;oqu
Ji
aC<l.~ér~lt me~e
celut d
~t~e ~lus
ofaclle–
ment faifi du commun des hoinmes, & qu 11 n
y
aVOlt aucun mente a dll'e des
chofes communes ou ridicules dims quelque Langue que ce fUt,
& !I
plus fOl:te
raifon dans celJes CJ.u'on devoit parler le
plu~
mal .. Les Gens de l;ettres pen!e–
rent donc
a
perfeéhonner les Langl s vulgalres ; 11s chercherent d abord a dU'e
dsns ces
Langu~~
ce que les
Anci~ns
avoient dit
~ans
les
leur~. Ceper~dant
,p,1r
nne fuite du preJugé dont on aVOIt eu tant de peme
a
fe défalre, au heu
d
en–
~ichir
la Langue
Fr.an¡;:oife, on commenp par
J~
défigurer.
ROl~[ard
en
~t
un
jargon barbare, hénflé de Grec & de Latm: malS heureu[ertlent
11
la renda af–
fez méconnoifIñble, pour qu'elle en devlnt ridicule .
Bien~ot
1'0n fentit qu'il fal–
loit
tranf~orter
dans notre Langue les beautés & non les mots des Langues an–
ciennes. Reglée & perfeélionnée par le gout elle acquit aírez promptement :u;ne
infinité de tours & d'expreffions heureufes. Enfin on ne fe borna plus
1'1
copier
les Romains & les Grecs, ou meme a les imiter; on tacha de les furpailer, s'ji
étoit poffible,
&
de penfer d'apres foi . Ainfi l'imagination des Modernes rena–
quit peu-a-peu de ceHe des Anciens;
&
ron vit éclorre prefqu'en .meme tems
tous les chefs-d'reuvre du dernier fieele, €n Eloquence, en Hiiloire, en 'Poéfie,
& dans les différens genres de littératUl"e.
MALHERBE, nourri de la leéture des excellens Poetes de I'antiquité,
&
pre–
nant comme eux la Nature pour modele, répandit le premier dans notre Poéfie
une harmonie & des beautés auparavant inconnues. B AL
Z
A
c,
aujourd 'hui trop
méprifé, donna
a
notre Profe de la nobleíre & du nombre. Les Ecrivains de
PoR. T-R o
Y..A
L continuerem ce que Balzac avoit commencé; ils
y
ajouterent cet–
te précifion, 'cet heureux choix des termes, & cette put eté qui ont coúfervé
jufqu'a préfent
a
la plupart de leurs Ouvrages un air moderne
&
qui les dillin–
guent d'un grand nombre de livres furannés, écrits dans le memé tems o
e
o R–
NEILLE, apres avoir facrifié pendant quelques années au mauvais gOla dans la car-
/ riere dramatiiue, s'en affi'anchit enfin ; découvrit par la force de fon génie, bien
plus que par a leél:ure, les lois du Théatre, & les expofa dans fes Difcours ad–
mirables fur la Tragédie , dans fes réflexions fur chacune de fes opieces, mais
principalement dans fes pieces meme . RACINE s'ouvrant une autre route, tit pa–
ro'itre fur le Théatre une pafIlon que les Anciens n'y avoient guere, connue, &
développant les reíforts c1u creur numain, joignit
a
une élégance & uneO vérité
continues quelques traits de fublime. DEsPRE'Aux dans fon 'art poétique fe ren–
di! l'égal d 'Horace en l'imitant. MOLIERE par la peinture fine des ridicules &
des mreurs de fon tems , lailTa bien
,loin~derriere
lui la Comédie ancienne. oLA
FONTAINE fit prefque oublier Eíope
&
Phedre;
&
BOSSUET oalIa fe placer
a
coté de Démoíthene.
o
~es J~eaux-Arts
font telJement ,unis
ave~
les Belles-Lettres, que le meme gQut
qUJ cultIve les unes, porte auffi a perfeétionner les autres o Dans le meme tems.
que notl'e littérature s'enrichiíroit par tant de beaux Ouvrages, Po"
s
S 1
N faifoit
[es tableaux, & PUGET fes íl:atues; LE SUEUR peignoit le eloltre des °Char–
tteux,
&
LE BRUN les batailles d'Alexandre; enfin LULLT, créateur d'un chant
propre. a. not,re Langue, rendoit par fa Mufique aux poemes de QUINAULoT l'im–
mortahte qu elle en recevoit.
1\
faut pourtant avoiler que la renaiírance de la Peinture
&
de la Sculpture
avooit étébeaucoup
1?1~s
rapide que ceHe de la Poéiie
&
de 111 Ml1fique ;
&
la
ralfon n'en eíl: pas .dlfncile
a.
appercevoir . Des qu'on commeJ?-ya
a
ét~dier
les
Ouvrag~s
des Anclens en tout genre, les chefs-d'reuvre annques qut avoient
é;happe en alfez gra1!-d nombre
a
la fuperíl:ition
&
a
la barbarie, frapperent bien–
tot les yeux des Artlíl:es écJairés; on ne pouvoit imiter les Ptaxiteles & les Phi–
d~as,
q,:'en faifant exaétement comme eux; & le talent n'avoit befoin que de
bien VOlr:
al~ffi
RAP.HAEL & MICHEL-ANGE ne furent pas long-teros fans por–
ter leur a!·t .a un pomt
~e
perfeétion, qu'on n'a point encore paflé depuis o En
général, 10bJet de. la Pemture & de la Sculpture étant plus du reírort des fen s,
cc: s
~rts
ne pouvOJent manquer de précéder la Poéiie, pa,¡;ce que les fen s ont
du etre plus promptement affeétés des beautés fenfibl@s & palpables des íl:atues
a':l~iennes,
que
.nma~il1~ti~no
n'a du appercevoir les beautés intelleétuelles
&
fu–
gl~lves,. d~s ~nciens Ecnv~ms,'
D 'ailleurs " quand elle, a commencé
a
les décou–
vnr, 11mitatlOn de ces memes beautés, imparfaite par fa fervirude & par la Lan–
gue
étrangere dont elle fe f€rvoit, n'a pu manquer de
nuire aux
progres de
l'iIna-
/