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AME
-1
l'exces (ans parler de b aucoup d'autres- vices que
uous Icur 'connoilfons. 11 faut dire de deux chofes l'u–
ne : ou que Dieu a pris plaltir
a
former les ·betes aulli
vicieu(es qu'elles Com,
&
.1
nous donner dans elles des
modelos de tour ce qu'il y a de plus homeux ; ou qu'd–
les om comme I'homrne un péché d'origine, qui a per–
vertí leur premiere namre. La premiere de ces propofi–
tions fait uue eXrreme peine a penCer,
&
efr formelle–
lDenr contraire
a
l'Ecrimre-Caime, qui dit que tout ce
qui Corrit des maiDs de D ieu
ii
la création du mODde ,
éroit bon
&
meme fort bon . Or fi les betcs éroiem relles
~Iors
qu'elles Com aujourd'hui, commem pourroit-on di–
re qu'elles fulfem bonDes
&
fort bonnes ? OU ell le bien
qu'un finge [oir fi mdfaifant, qU'UD chien [oit fi envieux,
qu'un chut [oit fi pedide? 11 faur donc reeourir
a
la fe–
conde propofition,
&
dire que la namre des beres a éré
comme cclle de l'homme corrompue par quelque pé–
ché d'origine; aurre fuppofition qui n'a aucun fondement
&
qui choque également la
r~iron
&
la religion . Quel
parti prendrd Admerre? le C)'lleme des démoDs changés
en béres, tour ell eIpliqué. L es
aY"'es
d. bi tes
fom des
cCprirs rébelles qui fe fom rendus coupables envers Dieu .
Ce péché dans les betes n'ell poiO[ un péché d'origine;
c'ell un péché perfonnel qui a corrumpu
&
perverti leur
nature dans toure fa fubllance: de-la tous les vices que
nous leur connoilfons .
Vous etes peut-erre inquier de favoir quelle ell la delli–
née des Mmons apres la mOr! des betes. Rien de plusaisé
que d'y
Catisf~ire
. Pyrhagore enfeignoir aurrefois qu'au mo–
mem de norre mort nos
ames
palfent dans un corps, foir
d'homme foit de bete, pour recommencer une nouvelle
vie,
&
touJours ainli fucceffivemenr jufqu'a Ja lin des
liecles. Ce fyfieme qui ell infoutenable par rappon aux
hommes,
&
qui efi d'ailleurs proferir par la religion ,
convienr admirablemenr bieo aux
b~res,
felon le P . Boo–
geanr
&
ne choque ni la religion, ni la raifon. L e.
démo~s
dellinés de D ieu
:1
étre des beres, furvivem né–
cecrairemenr
a
leur eorps,
&
celferoienr de remplir leur
dertinarion, fi lorfque leur premier corps ell détruir, i1s ne
pn./Toient auffi-t6¡ dans un autre pour recommencer
a
vi–
vre fous une autre forme .
Si les béres om de la connoilfance
&
du (emiment
elles doivenr cOllséquemment avoir entr'elles pour
leur~
beCoins muruels , un langage intelligible. La chofe e{l
poffible; il ne faut qu'examiner
ti
elle ell nécelfaire .
Tomes le beres ont de la
connoilfanc~,
c'ell un prin–
cipe avoüé;
&
nous ne voyons pas que I'aureur de la
nature air pu leur donner certe c.onnoilfance pour d'au–
tre fins que de les rendre capables de pourvoir
a
leurs
befoins,
a
leur con[ervation , :\ rout ce qui leur ell pro–
pre
&
cllnvenable dans leur condirion ,
&
la forme de
vie qu'il leur a prefcrire. AJourons
a
ce principe, que
beaucoup d'efpeces de betes fonr faites pour vivre en fo–
c!éré,
~
les aurres pour
vi.redu moins en ménage, pour
alllfi ¡I¡re, d'un male avec une femelle ,
&
en famille
avee 'leurs peties jufqu'a ce qu'ils foien! élevés. Or
r;
l'on fuppofe qu'elles n'onr poim enrr'elles un langage
quel qu'iJ foir, pour s'enrendre les unes les autres,
o~
ne,
con~oie
plus commenr leur fociété pourwit fubliller:
commenr les callors , par exemple, s'aideroienr-ils les
uns les aurres pour fe barir un domicile, s'ils n'avoienr
un langage rres-net
&
aoffi inrelligible pour eux que DOS
langues le fonr pour nous? La connoilfance fans une
communicarion réciproque par un lan&age fenlible
&
connu, ne fuffir pas pour encrerenir la tociéré, ni pour
exécuter une enrreprife qui demande .le l'uDion
&
de
l'inrelligenee. Commenr les loups conceneroiem-i1s en–
[emblc des rufes de guerre dans la chalfe qu'ils fonr aux
troopeaux de mourons, s'ils ne s'entendoient pas? Com–
ment en(jn des
hlTondell~s
one-elles pu fans fe parler ,
former toutes enCemble le delfein de claquemurer un moi–
neau qu'elles rrouverenr dans le nid d'une de leurs ca–
marades , voyanr qu'elles ne pouvoienr I'en chalfer? On
pourroir apponer mille aurr."s traies. fem blables
po~r
ap- '
puyer ce ralfonnemenr. Mals ce qUI ne fouffre pomt lci
de difficulré, c'e{l que
Ii
la nature les a faires aapables
. d'en!endre une tangue étrangere] commenr leur auroit–
elle refusé la f.1culré d'entendre
&
de parler une langue
narurelle
?
ear les beres nous parlent
&
nous entendenr
fon bien .
Quand on fair une fois que les beres parlene
&
s'en–
tendenr, la curiofité o'en e{l que plus avide de connoí–
tre quels fonr les enrretiens qu'elles peuvene avoir ener'
cIles. Quelque difficile qu'i1 foit d'expliquer leur langa–
ge
&
d'en donncr le !iiéHonnaire, le pere Bougeane a
ofé le
t~nter .
Ce qu'on peut alfurer , c'ell que leur lan–
gage don etre fort Dorné, puifqu'il ne S'étend pas au-
T ome
l .
'AME
297
deH des befoills dc la vie ; car la n3curc n'a donllé au¡(
ber~s
la f.lculré de parler , que pour exprimer emr'eIles
leurs delirs
&
leurs fenrimens, afín de pouvoir r.1tisfaire
par ce moyen a leurs befoins
&
a
tour ce qui
elt
né–
eelfaire pour lcur eonfervation: or tour ce qu'eIles pen–
fenr, tour ce qu'elles femen¡, (e réduit
ii
la vie anima–
le. Poinr d'idées abllraites par conféquenr, poinr de rai,
fOllncmens méraphyliques, PGint de recherches curieufes
fur !lms les obJcts qui les elwironnenr,
poi~r
d'antre [cien–
ce que ceHe de fe bien porter, de fe bien conferver,
d'évirer tour ce qui leur nuit,
&
de fe procurer du bien .
Ce principe unc fois érabli , que les connoiífances , les
defirs, les befoins des bcres,
&
par conféqucnt leurs
expreffions , fom bornées
a
ae qui ell utile ou nécelfai–
re pour leur confervation ou
l:1
mulriplication de leur
efpece ;
iI
n'y a ríen de plus aifé que d'enrendre ce qu'
elles veulenr fe dire. P13eel.-vous dans les diverfes cir–
conflances ou peut
~ere
quelqu'un qui nc conno!r
&
qui ne fait exprimer que fes befoins :
&
vous t,ouve–
rel. dans vos propres difeours I'inrerprération de ce qu'
elles fe difenr. Comme la choCe qui les touche le plus ,
ell
le defir de multiplier leur efpeee, ou du moins d'cll
prendra les moyens, toute lem
con~erfation
roule or–
dinaircmenr fur ce poinr. On peor dlre qoe le P . Bou–
geanr a décrir avec beaucoup de vivacité leurs amours,
&
que le diaionnaire qu'i1 donne de leurs phrafes ren–
dres
&
volupmeufes, vaur
bi~n c~lui
de l'Opéra. Voi–
la ce qui a révolré dans un
J
éfU lre, eondamné par é–
rat
3
ne jamais abandonner fon pinceauaux mams de
I'amour. La galanrerie n'efl pardonnable dans un ouvra–
ge philofophique, quc
lor[qu~
J'aureur de
I'ouv~age
ell
fiomme du monde; encore bien des perfonnes
1
y rrou–
venr-eHes déplacée. En prérendam ne donner aux raifon–
nemens qu'un tour leger
&
propre
3
incérelfer par une
forre de badinage, fouvenr on tombe dans
le
ridicule ;
&
toujours on caufe du fcandale,
Ii
I'on ell d'un état
qui ne permer pas
ii
I'imagination de fe livrer
a
fes fail–
líes. 11 paro'ir qu'on a cenfuré rrop durcmenr norre
J
é–
fuite, fur ce qu'¡¡ dir que les
b~tes
font animées par des
diables. II ell aifé de voir qu'il n'a jamais rcgardé ce
fyfleme que comme unc imaginariou bifarre
&
prefque
folle. Le ritre
d'amufement
qu'il donne a fon livre,
&
les plaifanreries done il l'égaye, font alle. voir qu'il ne
le croyoit pas appuyé fur des fondemens alfez folides
pour opérer une vraie perfuafion . Ce n'ef! pas que ce
fylteme ne réponde
a
bien des difficulrés ,
&
qu'il nc fdt
alfe? difficile de le convaincre de faux: mais cela prou–
ve feulemene qu'on peur alfez bien fontenir une opi–
nion chimérique, pour embarralfer des perfonnes d'ef–
prit, mais non pas alfe? bien pour les perfuader . II n'y
a, dir M . de Fonrcnel le dans une occafion iI-peu-prcs
femblable, que la vérité qui perfuade meme fans avoir
befoin de parolrre avec toures fes prcuves; elle enrre
fi
narurellemenr dans l'efprir, que quand OD I'apprend pour
b premiere fois ,
iI
femble qu'on ne falfe que. s'en fou–
venir. Pour moi, s'ii m'ell permis de dire mon fen–
timen!, je trouve ce petir ouvrage charmanr
&
rres-a–
gréablemenr rourné.
J
e n'l' vois que deux défaurs ; ee–
lui d'etre I'ouvrage d'un Religieux;
&
I'aatre, le bi–
farre alfor!imenr des plaifanreries qui
y
fom femées, a–
vec des objets qui rouchenr
¡¡
la religion,
&
qu'on ne
peur jamais refpeéler .
(X)
. A
M E D
l!:
S
P
L A N T E S,
(')ardinage.)
Les Phyfi–
clens onr rouJours été peu d'accord fur le lieu ou réfi–
de
I'ame
des p/antes;
les uns la plaeenr dans la plame
ou dans la graine avanr d'erre fem<'c; les autres
dan~
les pepins ou dam le noyau des fruirs.
La Quinrinic veur qu'elle conlille dans le milieu des
ar~res,
qui e{l le liége de la vie,
&
dans des raeiDes
fames qu'une chaleur eonvenable
&
I'humidiré de la fe–
ve fOD! agir. Malpighi veur qu
y
les principaux organes
des. planres foieor les fibres Iigneufes, les rrachées, les
ucncules placée¡ dans la tige des arbres . D'aurres diCent
que
I'ame del p/antel
n'elr aUrre chofe que les parries
fubdles de la rerre, lefquelles poulfées par la chaleur ,
palfent a·travers les pores des plantes, ou érant ramaf–
fées, olles formem la fubllance qui les nourrir.
VOJez
T
R AC l!E'E.
Aujourd'hui, en faifam revivre le fentimenr de Théo–
phralle, de Pline
&
de Columelle on (oúdenr que
I'a–
me
des végétaux réfide dans la
~oeIle
qui s'érend dans
toutes les
branc~es
&
les bourgeolls. Cerre moelle qui
e{l une efpece d'
ame ,
&
qui Ce trouve dans le
c~nlre
du rrone
&
des branches d'un arbre , fe ·remarque plus
niCémenr dans les plames ligncufes , relles que le rureau,
le figuier ,
&
la, vigne,
q~e dan~
les h.crbacées; cepen–
daO[ par analogic ces dermcreS
Il
en dOlvenr pas erre dé-
Z "l.
pour-
./