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29Z

AME

trouve

d'~borcj

une eaufe doot j'ai I'idée, une caure

qui r¡;ullit, ¡¡ui explique

toute~

ces apparences: cene

caufe, c'ell une

al'l/e

femblable

a

la mienne, Je fai que

jc fais roures ces rpernes

a~ions

el;térieures que je vois

faire au¡¡ autres homllles , par la direélion ¡I'uue

ame

qui

penr~,

<¡41

raifonne, qtll a des idejes, qui ell: unie

il

UI)

corps,. dont elle réglc eomme

il

lui platt les

mouvemens, pne

ame

raiCQnu?ble m'explique done

c1airement des

op~rations p~rcilles

que je vois faire

ii

<les eorps h\lmains qui rp'environncnt, J'en eonclus qu'

ils fom unis eomme le mien

a

des

ames

raifonnables,

Voia un pri!i<;:ipe ' dont j'ai l'idÚ, qui réunit

&

qui

eIplique av¡:e une p:;rfai¡e

c1art~

¡es

ph~nomenes

innon¡–

brables que je vols ,

La

pure poflibiliré d'une autre cauCe dont vous ne

tne

dorll)e~

poim I'íd';e, VOtre mtÍchanifme poflible,

mais ineoncc'vable,

&

qui ne m'expIlque aueun des ef–

fets que je vois, ne

m'~mp~chera jam~is

d'aflirmer l'exi–

nence d'une

ame

raifonnable qui me les explique, ni

de eroire fermement que les hommes avee qui je eom–

JIleree, ne font pas de purs

~utomates ,

Et prenez-y

garde, ma eroyance

~ll:

une eertitude parfaite, puifqu'

elle foule fur eet autre principe évidenr, qUe Dieu ne

fauroit tromper :

~

ti

ce que je prends pour des hom–

mes comme moi, n'étoient en eITet que des automates,

ji

me tromperoit;

j]

feroit

~lors

tout ce 'lui feroit né–

ccllaire pour me poulfer dans l'erreur, en me faifant

concevoir d'un c6té une

r~ifon

c1aire des phénomenes

que

j'appcl~ois,

laquelle n'áuroit pourtam pas líeu, tao–

pi~

que de I'autre il me cacheroit la

vérit~ble,

Tout ce que Je viens de dire s'applique aifémem

aux

118ions des brutes,

&

la conféquence va tonte feule .

Qu'appercevons-nous

ene?

ell~s?

des aélions fuivies,

railoll11ées , qui exprimem un fens,

&

qui repréCeotem

les idées, les delirs, les intérets, les deffeins de quel–

qu'~tre

partieu,ier,

11

eU vrai qu'elles ne parlent pas;

&.

cene dilparité cnt! e les bctes

&

I'homme, vous fer–

vir~ to~t

au plus

~

peouver qu'elles n'om poim , com–

JOe 'ui , ¡les idées

umv~rfelles;

qu'elles ne forment point

lIe

raifonllem~n~

apnraits ,

M~is

elles agilfenr

d'UD~

ma–

niere conCé'luclII(!: cela prouve qu'elles ont un femi–

menr d'elles-mcmes ,

&

un intérét propre, qui ell: le

principe

&

le but de leues aélioDs; rous leurs mouve–

m eos tendem

:l

leur milité,

ii

leur confervation,

ii

leur

bien-c2tre, Pour peu qu'on fe donne la peine d'obferver

leurs allures, il paroll manifeflement une certaine focié–

lé entre celles de mcme elpece,

&

quelquefois

m~me

entre les efpeces dilféeentes; elles paroilfent s'emendre,

agir de concen, coucourír au meme detrein: elles Ont

une correfpondance avec les hommes; témoin les che–

vaux, les chiens,

&c,

on les drelfe, ils apprennent;

ou l,eur commande

1

i1s obéilfem; on les menace, ils

parOltrent craindre; 011 les tlate, ils carelfent

ii

leur

lour, Bien plus, ear il faut mettre ici

a

I'écart les

rnerveilles de l'inflin8, nous voyoos ces lIuimaux faire

des aélions fpontanées, on parolt une image de raiCon

(le

de liberté, d'autant plus qu'elles fom moins unifor–

mes , plus diver/ifiées, plus fingulieres, moins pré–

vues, accommodt;es fur le champ

a

l'occafioo pré–

fente ,

" Vous, Cartéfien, m'alléguez I'idée vague d'un mé–

chaniCme poffible, mais inconnu

&

inexplicable pour

vous

&

pour moi: voila, dites'vous, la fource des phé–

nomenes que vous olfrent les betes, Et moi j'ai l'iMe

clair,: d'une antre caufe; j'ai I'idéc d'uo priocipe fenfi–

t if: Je vois que ce príncipe

a

des rapports tres-dill:inél:s

il

vec tous les phéno¡nenes en quelliotl,

&

qu'il expli–

qu~

&

réunit

univerfell~ment

tous ces phénomenes, Je

VO!S qU,e mon,

"me,

en qua lité de príncipe fenfitif, pro–

dmt mllle aéllons

&

remue 1l10n corps en mille manie–

res, toutes pareillcs

ii

ceUes dont les bétes remucnt le

Ieur daus des circonll:ances

fembl~bles,

Fofez un tel

principe dans les

b~tes)

je vois la raifon

&

la caufe de

fOUS les

mou~emeps

qu'ellcs fom pour la confervation

de leur machme : Je vois pourquoi le chlen retire fa

patte quano le feu brule, pourquoi il crie quand on

le frappe,

&c,

CIte? ce principe , je

n'apper~ois

plus de

rai(on, nI de caufe unique

&

limpie de tout cela , reu

conelus qu'i1 y a

dan~

les betes un principe de fcnti–

ment, pUlfque Dieu o'efl point trompeur,

&:

qu'i1

(c–

roit tyompeur,'

a~

cas que les

b~t,es

fuirent de pures

machllles, pUlfqu 1I me repréfemerOlt une mullitude de

phénomenes ; d'ou réfulte nécelrairement

dan~

mon e–

fprit I'idée d'une cauCe qui ne Ceroit point: done les

mifons qui nous monrrcnt dircélemem I'exiflcncc d'unc

..me

intelligenre dans cha'lue homme, nous alfurcnt auffi

telle d'un principe immacériel dans les beces,

AME

Mais i! faut "outrer plus loin ce raifOllnemeot

1

peur

en mieux comprendre toute la force, Suppolons

d~ns

¡es

b~tes,

ti

vous te voulez, une difpotition de la ma–

chine d'oñ naitrem tOl1tes leues opératious furprenan–

[es; eroyons qu'il ell: digne de la fagelfe divine de pro–

duire une machine qui puilfe fe cooferver elle-meme,

&

qui ait au-dedans d'elle, en vertu de foo admirable

organiCation, le principe de tous les mouvemens qui

tendcnt

a

la conferver; Je demande 3 quoi boo cene

machine? pourquoi ce merveilleux arrangemeot de ref–

fom? pourquoi tous ces organes femblables

a

ceux de

nos Cens? pourquoi ces yeux, ces oreilles, ces narines,

ce cerveau? c'ell:, dites-vous , afin de

r~6ler

les mou–

vcrr:ens de I'automate fur les impreffions diverCes des

corps exténeurs: le but de tout cela, c'ell: la confer–

vation meme de la machine. Mais "ncore, je vous

prie ,

:t

quoi bon dans l'univers des machines qui fe

conferveot elles-memcs? Ce n'ell: point

a

naus, dites–

vous) de pénétrer les vues du Créateur,

&

d'alTigner

les tins qu'i! fe propoCe daos chacun de fes ouvra¡¡es ,

M ais s'ils oous les découvre ces vues par des indices

atrez 'parlans, n'ell:-il pas raifonnable de les reconnoi–

[re? (,luoi! n'ai-je pas raifao de dire que l'oreille ell:

faite pour o'iiir,

&

les yeux pour voir; que les fruits

qui naitrent du fein de la terre font del1:inés

a

nourrir

I'horn'me; que I'air ell: nécelfaire

a

I'entretien de fa vie,

puifque la circulation du fang ne fe feroit poinr fans

cela? Niere?.vous que les dilféremes parties du corps

~nimal

foient faites par le Créateur pour I'ufage que

I'expéríence indique? Si vous le niez, vous dannez

~ain

de caufe aux athées ,

Je vais plus avam: les organes de nos fens, qu'uo

art

ti

Cage, qu'une m:ún

li

indullrieufe a fayonnés, om-ils

d'autres fins dans I'intention du Créateur, que les fen–

fations

m~mes

qui s'cxcitent dans notre ame par leur

moyen? D outera-t-on que 1I0tre corps ne foit fait pour

notre ame, pour etre

a

Con

éJ:lrd un principe de fenfa–

non

&

un inllrumem d'aéHon? Et fi cela ell: vrai des

hommes, pourquoi ne le feroit-il pas des animaux? D aos

la machine des animaux, nous decouvrons un but tres–

fage, tres-digne de Dieu, but vérifié par notre exp!!–

rience dans des cas femblable¡; c'ell: de

~'unir

a

un prin–

cipe immatériel,

&

d'2tre pour lui fource de perception

&

ioll:rumem d'aélion; voila une un!té de bUt ; auquel

r~

ppporte

c~ne

combinaifo.n prodigieufe de re!lo rts qlli

'compofent le corps

or~anifé;

Otez Le but, niez

,ae

prín–

cipe immatériel,

C.

mam par la machine ,

agia:~m

fur la

machine,

&

tendam

Caos

celfe par f011 propre intéret

i

la cOllferver, je oe vois plus aucun but d'un

ti

admiFlble

ouvrage , Cene mac'line doit etre faite pour quelque fin

dif1:inéle d'elle ; car elle n'ell: point pour

el le-m~me,

non

plus que les roues de I'horloge ne fom point faites pour

I'horloge, Ne repliquez pas, que comme I'horloge efl::

conll:ruite pour 'marquer les heures,

&

qu'ainli fon ufa–

~e

ell: de faurnir aux hommes une jull:e mefure du tems,

1I en ell: de meme des bétes;

q

uc e fom les machines

que le Créateur a det1inées

il

I'utage de l'hQmme,

11

y

auroit en cela uoe graode erreur; car il faut foigneufe–

mcm dif1:inguer les ufages accelfoires,

&

pour ainli dire

étrangers des chofes, d'avec leur

fi n

naturelle

&

princi–

pale, Combien d'animaux brutes , doOt j'h-:>mmc ne tire

aucun ufage, comme les betes féroces , les infe8es, tous '

ces petits etres vivans dont I'air, I'cau,

&

pre(que taus

les corps fom peuplés! Les animaux qui Cervem I'hom–

me, ne le fom que par accidenr; c'ell: lui qui les dom–

pte, qui les apprívoife , qui les dreUe, qui les tourne

adroitemem

a

fes ufages, N ous nous fervons des chiens,

des chevaux, en les appliquant avec art

ii

nos befoius,

comme nous nous fervons du vem pour poulfer les

vailfeaux,

&

pour faire aller les moulins,

011

fe mé–

prendroit fon de croire que I'ufage nature! du vCnt

&

le but principal que D ieu fe propofe en produifam ce mé–

téore, foir de faire tourner les moulins,

&

de faciliter

la courfe des vaitreanx;

&

I'on aura beaucoup mieux

rencontré,

ti

I'on dit que les vems follt dell:inés

ii

pu–

riticr

&

a rafu7chir I'air. Appl iquons ccci

¡¡

notre fujet,

Une horloge ell: faite pour momrer les henres ,

&

l1'efl::

faite que pour cela; toutes les difterentes pieces qui la

compofent font nécctraires

a

ce but,

&

Y

concouren!

toures: mais y a-r-il quelque proportion entre la Mlica–

tetre, la variété, la mul tiplicité des organes des ani–

maux ,

&

les ufagcs que nous en tirons, que meme nous

ne t¡rons que d'UL1 pelit nombre d'efpeces,

&

enCOre de

la plus perite panie de chaque eCpece? L'horloge a uo

but diflin8 d'elle-m8me: mais regardez bien les ani–

maux , fui vez leurs mouvemens , voyez-Ies dans lenr

¡taturel, 10rfque I'illdulhie des

hornmcs ne

les contraint

en