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AME
trouve
d'~borcj
une eaufe doot j'ai I'idée, une caure
qui r¡;ullit, ¡¡ui explique
toute~
ces apparences: cene
caufe, c'ell une
al'l/e
femblable
a
la mienne, Je fai que
jc fais roures ces rpernes
a~ions
el;térieures que je vois
faire au¡¡ autres homllles , par la direélion ¡I'uue
ame
qui
penr~,
<¡41
raifonne, qtll a des idejes, qui ell: unie
il
UI)
corps,. dont elle réglc eomme
il
lui platt les
mouvemens, pne
ame
raiCQnu?ble m'explique done
c1airement des
op~rations p~rcilles
que je vois faire
ii
<les eorps h\lmains qui rp'environncnt, J'en eonclus qu'
ils fom unis eomme le mien
a
des
ames
raifonnables,
Voia un pri!i<;:ipe ' dont j'ai l'idÚ, qui réunit
&
qui
eIplique av¡:e une p:;rfai¡e
c1art~
¡es
ph~nomenes
innon¡–
brables que je vols ,
La
pure poflibiliré d'une autre cauCe dont vous ne
tne
dorll)e~
poim I'íd';e, VOtre mtÍchanifme poflible,
mais ineoncc'vable,
&
qui ne m'expIlque aueun des ef–
fets que je vois, ne
m'~mp~chera jam~is
d'aflirmer l'exi–
nence d'une
ame
raifonnable qui me les explique, ni
de eroire fermement que les hommes avee qui je eom–
JIleree, ne font pas de purs
~utomates ,
Et prenez-y
garde, ma eroyance
~ll:
une eertitude parfaite, puifqu'
elle foule fur eet autre principe évidenr, qUe Dieu ne
fauroit tromper :
~
ti
ce que je prends pour des hom–
mes comme moi, n'étoient en eITet que des automates,
ji
me tromperoit;
j]
feroit
~lors
tout ce 'lui feroit né–
ccllaire pour me poulfer dans l'erreur, en me faifant
concevoir d'un c6té une
r~ifon
c1aire des phénomenes
que
j'appcl~ois,
laquelle n'áuroit pourtam pas líeu, tao–
pi~
que de I'autre il me cacheroit la
vérit~ble,
Tout ce que Je viens de dire s'applique aifémem
aux
118ions des brutes,
&
la conféquence va tonte feule .
Qu'appercevons-nous
ene?
ell~s?
des aélions fuivies,
railoll11ées , qui exprimem un fens,
&
qui repréCeotem
les idées, les delirs, les intérets, les deffeins de quel–
qu'~tre
partieu,ier,
11
eU vrai qu'elles ne parlent pas;
&.
cene dilparité cnt! e les bctes
&
I'homme, vous fer–
vir~ to~t
au plus
~
peouver qu'elles n'om poim , com–
JOe 'ui , ¡les idées
umv~rfelles;
qu'elles ne forment point
lIe
raifonllem~n~
apnraits ,
M~is
elles agilfenr
d'UD~
ma–
niere conCé'luclII(!: cela prouve qu'elles ont un femi–
menr d'elles-mcmes ,
&
un intérét propre, qui ell: le
principe
&
le but de leues aélioDs; rous leurs mouve–
m eos tendem
:l
leur milité,
ii
leur confervation,
ii
leur
bien-c2tre, Pour peu qu'on fe donne la peine d'obferver
leurs allures, il paroll manifeflement une certaine focié–
lé entre celles de mcme elpece,
&
quelquefois
m~me
entre les efpeces dilféeentes; elles paroilfent s'emendre,
agir de concen, coucourír au meme detrein: elles Ont
une correfpondance avec les hommes; témoin les che–
vaux, les chiens,
&c,
on les drelfe, ils apprennent;
ou l,eur commande
1
i1s obéilfem; on les menace, ils
parOltrent craindre; 011 les tlate, ils carelfent
ii
leur
lour, Bien plus, ear il faut mettre ici
a
I'écart les
rnerveilles de l'inflin8, nous voyoos ces lIuimaux faire
des aélions fpontanées, on parolt une image de raiCon
(le
de liberté, d'autant plus qu'elles fom moins unifor–
mes , plus diver/ifiées, plus fingulieres, moins pré–
vues, accommodt;es fur le champ
a
l'occafioo pré–
fente ,
" Vous, Cartéfien, m'alléguez I'idée vague d'un mé–
chaniCme poffible, mais inconnu
&
inexplicable pour
vous
&
pour moi: voila, dites'vous, la fource des phé–
nomenes que vous olfrent les betes, Et moi j'ai l'iMe
clair,: d'une antre caufe; j'ai I'idéc d'uo priocipe fenfi–
t if: Je vois que ce príncipe
a
des rapports tres-dill:inél:s
il
vec tous les phéno¡nenes en quelliotl,
&
qu'il expli–
qu~
&
réunit
univerfell~ment
tous ces phénomenes, Je
VO!S qU,e mon,
"me,
en qua lité de príncipe fenfitif, pro–
dmt mllle aéllons
&
remue 1l10n corps en mille manie–
res, toutes pareillcs
ii
ceUes dont les bétes remucnt le
Ieur daus des circonll:ances
fembl~bles,
Fofez un tel
principe dans les
b~tes)
je vois la raifon
&
la caufe de
fOUS les
mou~emeps
qu'ellcs fom pour la confervation
de leur machme : Je vois pourquoi le chlen retire fa
patte quano le feu brule, pourquoi il crie quand on
le frappe,
&c,
CIte? ce principe , je
n'apper~ois
plus de
rai(on, nI de caufe unique
&
limpie de tout cela , reu
conelus qu'i1 y a
dan~
les betes un principe de fcnti–
ment, pUlfque Dieu o'efl point trompeur,
&:
qu'i1
(c–
roit tyompeur,'
a~
cas que les
b~t,es
fuirent de pures
machllles, pUlfqu 1I me repréfemerOlt une mullitude de
phénomenes ; d'ou réfulte nécelrairement
dan~
mon e–
fprit I'idée d'une cauCe qui ne Ceroit point: done les
mifons qui nous monrrcnt dircélemem I'exiflcncc d'unc
..me
intelligenre dans cha'lue homme, nous alfurcnt auffi
telle d'un principe immacériel dans les beces,
AME
Mais i! faut "outrer plus loin ce raifOllnemeot
1
peur
en mieux comprendre toute la force, Suppolons
d~ns
¡es
b~tes,
ti
vous te voulez, une difpotition de la ma–
chine d'oñ naitrem tOl1tes leues opératious furprenan–
[es; eroyons qu'il ell: digne de la fagelfe divine de pro–
duire une machine qui puilfe fe cooferver elle-meme,
&
qui ait au-dedans d'elle, en vertu de foo admirable
organiCation, le principe de tous les mouvemens qui
tendcnt
a
la conferver; Je demande 3 quoi boo cene
machine? pourquoi ce merveilleux arrangemeot de ref–
fom? pourquoi tous ces organes femblables
a
ceux de
nos Cens? pourquoi ces yeux, ces oreilles, ces narines,
ce cerveau? c'ell:, dites-vous , afin de
r~6ler
les mou–
vcrr:ens de I'automate fur les impreffions diverCes des
corps exténeurs: le but de tout cela, c'ell: la confer–
vation meme de la machine. Mais "ncore, je vous
prie ,
:t
quoi bon dans l'univers des machines qui fe
conferveot elles-memcs? Ce n'ell: point
a
naus, dites–
vous) de pénétrer les vues du Créateur,
&
d'alTigner
les tins qu'i! fe propoCe daos chacun de fes ouvra¡¡es ,
M ais s'ils oous les découvre ces vues par des indices
atrez 'parlans, n'ell:-il pas raifonnable de les reconnoi–
[re? (,luoi! n'ai-je pas raifao de dire que l'oreille ell:
faite pour o'iiir,
&
les yeux pour voir; que les fruits
qui naitrent du fein de la terre font del1:inés
a
nourrir
I'horn'me; que I'air ell: nécelfaire
a
I'entretien de fa vie,
puifque la circulation du fang ne fe feroit poinr fans
cela? Niere?.vous que les dilféremes parties du corps
~nimal
foient faites par le Créateur pour I'ufage que
I'expéríence indique? Si vous le niez, vous dannez
~ain
de caufe aux athées ,
Je vais plus avam: les organes de nos fens, qu'uo
art
ti
Cage, qu'une m:ún
li
indullrieufe a fayonnés, om-ils
d'autres fins dans I'intention du Créateur, que les fen–
fations
m~mes
qui s'cxcitent dans notre ame par leur
moyen? D outera-t-on que 1I0tre corps ne foit fait pour
notre ame, pour etre
a
Con
éJ:lrd un principe de fenfa–
non
&
un inllrumem d'aéHon? Et fi cela ell: vrai des
hommes, pourquoi ne le feroit-il pas des animaux? D aos
la machine des animaux, nous decouvrons un but tres–
fage, tres-digne de Dieu, but vérifié par notre exp!!–
rience dans des cas femblable¡; c'ell: de
~'unir
a
un prin–
cipe immatériel,
&
d'2tre pour lui fource de perception
&
ioll:rumem d'aélion; voila une un!té de bUt ; auquel
r~
ppporte
c~ne
combinaifo.n prodigieufe de re!lo rts qlli
'compofent le corps
or~anifé;
Otez Le but, niez
,ae
prín–
cipe immatériel,
C.
mam par la machine ,
agia:~m
fur la
machine,
&
tendam
Caos
celfe par f011 propre intéret
i
la cOllferver, je oe vois plus aucun but d'un
ti
admiFlble
ouvrage , Cene mac'line doit etre faite pour quelque fin
dif1:inéle d'elle ; car elle n'ell: point pour
el le-m~me,
non
plus que les roues de I'horloge ne fom point faites pour
I'horloge, Ne repliquez pas, que comme I'horloge efl::
conll:ruite pour 'marquer les heures,
&
qu'ainli fon ufa–
~e
ell: de faurnir aux hommes une jull:e mefure du tems,
1I en ell: de meme des bétes;
q
uc e fom les machines
que le Créateur a det1inées
il
I'utage de l'hQmme,
11
y
auroit en cela uoe graode erreur; car il faut foigneufe–
mcm dif1:inguer les ufages accelfoires,
&
pour ainli dire
étrangers des chofes, d'avec leur
fi n
naturelle
&
princi–
pale, Combien d'animaux brutes , doOt j'h-:>mmc ne tire
aucun ufage, comme les betes féroces , les infe8es, tous '
ces petits etres vivans dont I'air, I'cau,
&
pre(que taus
les corps fom peuplés! Les animaux qui Cervem I'hom–
me, ne le fom que par accidenr; c'ell: lui qui les dom–
pte, qui les apprívoife , qui les dreUe, qui les tourne
adroitemem
a
fes ufages, N ous nous fervons des chiens,
des chevaux, en les appliquant avec art
ii
nos befoius,
comme nous nous fervons du vem pour poulfer les
vailfeaux,
&
pour faire aller les moulins,
011
fe mé–
prendroit fon de croire que I'ufage nature! du vCnt
&
le but principal que D ieu fe propofe en produifam ce mé–
téore, foir de faire tourner les moulins,
&
de faciliter
la courfe des vaitreanx;
&
I'on aura beaucoup mieux
rencontré,
ti
I'on dit que les vems follt dell:inés
ii
pu–
riticr
&
a rafu7chir I'air. Appl iquons ccci
¡¡
notre fujet,
Une horloge ell: faite pour momrer les henres ,
&
l1'efl::
faite que pour cela; toutes les difterentes pieces qui la
compofent font nécctraires
a
ce but,
&
Y
concouren!
toures: mais y a-r-il quelque proportion entre la Mlica–
tetre, la variété, la mul tiplicité des organes des ani–
maux ,
&
les ufagcs que nous en tirons, que meme nous
ne t¡rons que d'UL1 pelit nombre d'efpeces,
&
enCOre de
la plus perite panie de chaque eCpece? L'horloge a uo
but diflin8 d'elle-m8me: mais regardez bien les ani–
maux , fui vez leurs mouvemens , voyez-Ies dans lenr
¡taturel, 10rfque I'illdulhie des
hornmcs ne
les contraint
en