•
AME
reut-etre fe contentant c;!'envelopper diverremellt , fou'
¡es favames téuebres c;!e leur flyle énigmatique } ce pré–
jugé grollier, mais trop nat,I!Iel aux hommes, que la ma–
tiere efl capab1e
de
penCer, Mais quand les philofophes
;\nciens om lailT¿ eÍl paix certains préjugés populaires,
l es modemes y' tignalerit' leúr hardiefle: DeCcartes"fuivi
d'uo parti nombreu]:, 'efl le pre¡nier philofop)le qui ait
,ofé traiter le,s betes de
PN"S mllfhlnes:
car
¡¡
peioe
Gomelius pereira, quj le dir quelque 'tcms avant lui,
¡nerite+i1 qu'on parle ici de lui, puifqu'i1 tomba daos
-cctte hypothefc par un pnr llafard;
&
que feion la
JU–
diCieuCe réflexjon 'de M , Bayle, ji n
1
avoit point tiré
cétte opinion de fes véritables principes, hulli ne luj
tit-ón I'honneur, ni de )a redoutcr, ni de la Cuivrl! ,
pas mtn'Íe de $'cn Couvenir;
&
ce qui peut
~rriver
oe
plus
ttiflc
ii
un novateur,
iI
ne tit poine dc fcae,
DeCcarres ell donc le premier qU,e l.a fuite de Ces pro–
fondes m';dita¡io)1s ait conduit
a
hier l'
am. ,
des bétes ,
paradoxe
~uquel
il a dOllné dans le monde llne vogue
extraordinaire , ¡I n'auroit
jamai~
donné
d~ns
cette opi–
nion, ti 1& grande vérité de la diflináion de
l'IIm.
&
du corps, qu'iI a le premier miCe dans fon plus grand
jour, jointe au préjugé qu'on"avoit contre l'immprra–
'lité de
l'amc
des bétes ,
ne I'avoit forcé , pour ainti dire,
a
s'y jetter, L'opinion des !nachines fauvoit dcuN grao–
des objea ioos; I'une contre I'ihunortalité de
l'IIme ,
)'autre contre la bonté de D ieu, Admettez le fyfl'cme
des automates , ces deux cjifficultés diCpnroilTent ': mais
~lL1
ne s'étoit ras appers:u gu'i1 en venoit bien d'autres du
fond du Cyfleme mcme , Qn peqt obferver en palTant
que la philoCpphie de peCcane1 , quoi qu'en ayellt pÜ
dire fes covieux, tcndoit toute a
I'avant~ge
de la reli–
,gioo; Ilhypothl:Ce 'des ¡nachines en efl une preuve ,
Le CartétianiCme a toujours triomphl!, tan, qu'il n'a
eu eo tete que les
am<s
matériellc? d'Ariflore , que ces
fubllances incomplettes tirécs de la puilTance de la ma–
tiere, pour 'faire arec 'elles un ¡out fubflaotiel qui peoCe
&
qui conno't dans les betes, On a ti bien mis en dé–
roure ces belles
entité~
de l'école , que je oe peoCe pas
9u'00 s'avife de les reproduire jamais:
c~
fant6mes n'o–
feroient foutcnir la lumiere d'un fiecle cpmme le nu–
ue;
&
~'il
n'y avoit' pas de milie'1 entr'eux
&
les auto–
mates canéfiens, on feroit
oblig~
d'admettre ceux-ci,
Beureufement depuis peCcqrtes , 00 s'efl appersu q'un
troifieme parti (¡u'il y avoit
a
prenrl":e;
&
~'efl
¡:lepuis ce
tems que le fidicule du fyfleme des 'automates s'efl
¡jé–
veloppé , 00 en a ¡'obligation aux ídées plus jufles qu'on
s'efl faites , depuis quelque tems , du
inond~
intelleauel ,
On a compri que ce mOllde doit etre qeallcollp plljs
éte~du
qu'on !le croyoit,
&.
qu'il reoferme »ien
d'¡¡ulr~s
habItan, que les anges,
&
les'
amts
humal!,!es; ample
rclTource pour les Phylicieos, par-tQpt ou le mécha–
niCme demb re court, en particulier'\loand il s'agit d'ex-
pliquer les' monvemcns des brutes ,
'
En fqiCant I'exposé du f.1mebx fyfl clne des automates,
tlchoos de ne rien omettre de ce qu'il a qe plus fpé–
cieux,
.s,
'de repréCenier
~n
qcoQrci foures les r"ifoos
direaes qui peuvenr ¿tablir' ce [yfl ctTJc , Elles [e rédui–
[em
a
ceci; c'efl
q\l~
le feul méchanífme rendam rai–
ron des mouvemcns des brutes , l'hypothcCe qui leur doo–
lle une
an¡'
efl faulfe, par cera meme qu'elJe
en
fuper–
flue , Or c'efl
c~ '
qu'il en: aisé de
p~oU\)~r,
en fuppo–
fam une fois ce '
prin~ipe;
que le corps ' animal a déJa
en lui' me¡ne,
indépenda¡nm~nt d~
I'II/"e,
le priocipe de
f.,
vic
&
de Con mouvement : c'efl 'tli: quoi l'expérience
nous fournit des preuves incónteflables,
'
l·,
11 eft ce¡tain que l'homme fait un grand nombre
d'aa ions macpinalemem,
c'efl-'a~dire
Cans s'en npperce–
voir lui-¡nume
1
&
r.1ns ayoir la volonré ele les taire ; a–
aions que 1'0\1 oe peut
~ttribller
qu'n
I'ímpreffion oes
objcts
.s,
¡,
\lne diCpofttion pri¡nitiye de la machil1\!'!
ou
¡'influence de
I'dme
n'a aucune part , pe ce nombre
[Ont les habitudes corporc1les, qui "ieonent de
la
réité–
ra¡ion
fréqu~nte
de certaines
~aions,
a
la prérence de
certains objcts ; oi! de I'union des traces que ' diverres
tenCations dnt
I~ifs¿es d~ns
1
~
cervcau
¡
ou de ' la (jaiCou
d'une longue fUlte de mOllVcme\1S , qu'on aura réitérés
[ouven~ dan~
le f11eme ordre , Coit fortuitemenr,
Cai¡
a delfeltl , A cela Ce rapportcnt toQtes les diCpolítioos
~cquíCe?
par I'art, Un lnuticien, un joüeur de lutp , un
danfellr, exécutellt les mouvemens les plus va riés
&
les
I'lus ordono-és tout eoret\lple d'une maniere tres-exaae
fans faire
la
moindre attenrion
a
e(1acnn de ces
mouve~
mens en paniculier : il li'imeryiem qu'un feul aac de la
volonté par ou il fe
d~termine
a
chamer ou joüer un
tcl
air,
.s,
donn~
le premier braule aux cCprits animaux '
tour le reae
fui~ réglllierem~¡\i r.~ns
qu'il
y
penfe ,
Rap~
AME
I'ottet
a
eela t"1nt
d'aaions [urprenante, des gens diflraits,
des fomnambules,
&c.
dans tous ces cas les hommes
fom antant d'autOmates ,
"., 11 Ya des mouvemcns naturels tellement involoo–
taires , que nous ne faurions ' les reteoir par
exempl~ ,
ce
m.échaoi(me
ad¡nir~,ble
qui tend
a
coo'ferver l'áquiliJre,
lorfque nous nous bailTons, lorfque nous marchons fuI'
uoe plancl¡e ,étroite,
&c.'
'
~.,
Les gouts
&
les antipathies narurelles pour certains
.qbJets, qr¡i
~ans
les enfans pn!cedent le difcernement
&
I~
connoilTance,
&
quj quelquefois dans les perConoes
formr!'es [urmonrent tous les effons de
la
raifon, om
)eur foodement dans le méchaoiCme,
&
fom aut3nt de
~reuves
de I'ioflucnce des
objet~
fur les mouvemens du
corps humain ,
4· ' Orj fait' combien
I~
pallions dépeoden, du degré du
mouvement du fang
&
des imprellioos réciproques que
produiíem les e[prits animaux [ur le ereur
&
fur le cer–
veau.2. dom l'union par l'entremlCe des nerfs efl
{j
étroi–
te, Un fait combieo les impreffions du dehors peuvent
exciter ces paffions, ou les fortilier, en tam qu'elJes [ont
de timples modificatioos de la machine , D efcartes, daos
fon
traitl des pafoom
,
&
le p, Malebranche, dans fa
morlll. ,
expliquent d'uoe maniere fatisfaiCante le jeu de
la machioe
a
cet égard' ;
&
cQmmem, fans le [ecours
d'aucune pensée, par la correfpolldance
&
la fympathie
merveiJleufe des nerfs
& '
des murcies ,
ch~cuoe
de ces
pallions, conlidérée comme uoe
~tllotion
tqure corpo–
relle , répand [ur le vifage un cenain air quí lui efl:
propre, efl accompagné du gefle
&
du maintien naturcl
<¡ui la caraaérife,
&
produit dans tout le corps'des mou–
yeme~s
coovenables
#
fes be[oins
&
proportionnés au.
pbJets ,
11
ea
aisé de voir ou doivent aboutir toures ces ré–
flexions fur le corps humaio, conlid¿ré comme uo au–
tomate exiflant indépendamment d'une
ame
ou d'uo prin–
cipe de [eotiment
&
d'illlelligence: c'efl que ti nous ne
:voyoos faire aux brutes que ce qu'un tel antomate pour–
roit exercer en vertu de ron organiCation, il n'y a, ce
[emble, aucune rai[on qui nous porte
a
Cuppoíer un
prin~
cipe intelligent dans les prutes, ,
&:
a
les regarder autre–
mem
qu~
comme de pures machines, n'y ayam alors que
le préjugé qui nous falfe attacher au mouvement des
be–
tes les meme,
pe~sées
qui accompagnem en nous
dc~
mouvemens femblables,
R ien nc donne u'ne plus jufle
idé~
des automates car–
téticos, que la comparaiCon employée par M, Regis,
de quelques machines hydrauliques que I'on voit daos
les grottes
&
dans les fontaines de certaioes maiCons de.
graods \ ou la [eule force de l'cau déterminée par la difpo–
lition <les tuyaux,
&
par quelque prellion extérieure, re–
mue diverfcs machines , 11 compare les tuyaux des fon–
taines, aux nerfs; les mufcles, les teodoos
1
&
e,
Cont les
autres relTortS qui appartienneot
a
la machioe; les erprit.
font l'eau qui les remue ; le cceur efl comme la fource,
&.
les cavités du cervcau [om les regard" Les o¡'jets ex–
térieurs, qui par Icur pr!!Cence agilfeur [ur les '
organ~
des feus
d~
betes, font comme les étraogers qui eorrant
dans la grone, felon qu'i1s mettent le pié Cur certaios
carreaux difposés pour cela. font remuer certaines 6-
g\lrcs; s'ils s'approchent d'une Diane, elle füit
&
fe
¡ilonge dans la fontaine; s'i1s s'avanceot davanlage, un
N
eptune s'approche,
&
vient les menacer avec [00 tri–
dem , On peut encore comparer les betes, dans ce fy–
fleme,
a
ces orgues qui jouent difterens airs par le
[CU!
mouvemen des eaux: il y aura de meme , difent les
Cartélieo~
, une
organif~tion
particuJiere dans les betes
<¡ue le Créa¡eur y aura produite,
&
qu'il aura diver[e–
mém réglée
dan~
les <jiver[es e[peces d'animauI,
mai~
toj\jours Pfoportionnémeot aux objets, toujours par rap–
port al1 !Q:and but de
la
confervation de I'individu
&.
de
l'eCpece,
~iet:t
o'eft plus aisé que cela au fupreme ou–
vrier,
a
celu: qui conl'loit parfaitemént la difpolition
&
la nature de tous ces objets qu'il a créés, L'¿tabliífemeot
<1'
une
fi
jufle correCpoodance ne doit rico couter
a
r.i
puilTance
&
a
Ca fagelfe, L'idée d'uoe telle harmonie pa–
rOIr grande
&
disne de D,ieu : cela feui', difem les Car–
tétiens, doit famlliariCer un philofophe avec ces parado–
xes ti choquans pour le préjugé vulgaire,
&
qui don–
nen! un ridicule
fi
~pparent
al! Cart¿fianiCme fur ce
point,
, Une autre contidération en faveur du Cartétianifme.
qui parolt avoJr quelque chofe d'ébloüilTant, efl ' prife
des produaions de I'art. On fait jufqu'ou efl allée l'io–
duflrie des hommes dans cectains machines: leurs effets
[om joconcevables,
&
paroilfenr tenir du miracle dans
t'efprir de ceUI qui ne font pas "erfés dans la mc!cha-
,
'
Il{-