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286

AME

la prouver. Les

~rgumens

qui lui font pUlieuliers

&.

pour lefquels il efi li fameu:, ne fom que des argu–

JTleDS métaphyliques tiré de la nature

&

des quahtés

de

I'ame,

&

qui par conféquem De prouvent que

la

permanence,

&

certainement il la croyoit; mnis i! y

11

de la différence entre la permanence de I'"me pure

&

íimplc,

&

la permanence de

I'ame

accompagnée de chi–

timem

&

de récompenfes. Les preuves morales fom les

fcules qui puinen! prouver un état fUlnr

&

proprement

nommé

d.

pe;,,,"

&

de

r/compe11Ja.

Or Platon, loin

d'infiCler fur ce genre

de

preuves, n'en allegue point

¿'autres, comme on peut le voir dans le dou1.ieme

ti–

"Vre de fes lois, que I'autorité de la trndition

&

de la

religion . 'le

ti"'J tOllt

cela

potlr "raí,

dit: j1,

taree

'lile j e I'ai oüi dire.

Par-Il

i1

fait alIh voir qu il en

abando[lne la vérité,

&

qu'i! n'en reclame que I'inuti–

lité.

1.' .

L'opinion de Platon fur la métempfycofe a

¿oopé lieu de le reg2rdcr comme le pills grand Mfcn–

feur des pcines

&

des récompenfes de I'autre vie. A 1'0-

pinion...de Pythagore quí croyoit la

tr:lDfmi~ration

des a–

mes purement nalnrelle

&

néceíTairc, il aJol1ta que cet–

te tranfmigratiori étoit deClinée

3

puri6er Ics ames qui

De pouvoient point,

a

9uf~

des fouillures qu'elles a–

"Voiem cpntmélées ici-bas, remonter au lieu d'ou

e\l~s

é¡oient defcendues , ni fe rejoindre

a

Ilj

fubClan~c

uni–

"Verfelle dont elles avoient été féparéel;

&

que par con·

féquem les ames pures

&

fan~

tache ne fubilfoicm point

lq q¡étempfycofe. Cette idée étoit auffi

(jn~liere

a

PI~ton, que la méte¡npfycofe phylique l'étOlt

ii

Pythago–

re. Elle femble renfermer quelque forte de

difpenr.~tion

morale que n'avoit point

ceH~

de fon maltrc;

&

elle

en dilféroit méme en ce qu'clle n'y alfujetti{foit

pas

lOut

le rnonde

fan~

diClinélior¡, tJi pour un tCmS ég:¡l . Majs

four faire voir néanmoins combien ces de\1x philofophes

s'accordoient pOjlr rejetter

I'fdé~

des

peipe~

&

des ré–

eompenfcs d'uue autre vie,

!1

fuffir~

de fe rappcllcr ce

que oo¡Js avon$ dit

3\)

COf!1mencement de cet aniclc,

de leur fclltimem fur I'orlgine de

I'ame.

D es gens gui

é¡oient perfuadés que

l'(lme

n'é¡oit i1llfljor¡elle que par–

ee qu'ils la croyoient une POftiop

d~

la divinité elle–

m~me,

un étre éterpel¡ tncrs!e auffi-bien qu'incorrupti–

ble; des gens qui filppofqienr que

I'ame,

apres un cer–

rain nombre de révolutions, fe réunilfoit

a

la fubClan–

ce uqiverfclle on elle étoir abCorbée, confoodue

&

pri–

vée dI! fqn exifience propre

&

perronnelle; ces gens-la,

djs-je ¡ ne croyoient pa r.1ns ·doure l'

ame

immortelle dans

le fens que nous le croyons: aurant valoit-il pour les

ames

~tle

abfolument détruites,

&

anéanties, que d'e–

.tre ainli engloutiel dans

I'ame

univerfellc

1

~ d'~tre

pri–

"Vées de rout fénrimem pro¡¡re

&

p~rlonn~l.

Or nous

-\Svons prouvé

~u

commence¡:pen¡

de

cet articlc,

qu~

la

réfulion de toutes les

am el

dans

I'ame

univerfelle, étoit

le

pogme cOIlClant des quatre priocipal¡:s icéles de

p~i­

lofophes qui tloriíloiem dans la Grece. TOllS ces phi–

fofophes nl! croyoient done pq6

I'ame

immoneHe all fens

que nous I'entendon$.

Mais pour dire id quelque chofe

d~

plus l:'récis , lorf–

que Platon infifte en plu(icurs endrolts de fes ouvrages

fur le dogme des peil:c.

&

?es

réc~mpcn tcs d'~ne

autre

v ie comrncnt le fa lt-II? c eCl tollJours en fU I'·ant les

idé¿s groffieres du peuple ; que les

ameJ

des méchans paf–

fem dans le corps des anes

&

des pourceaux; que ceux

'lui n'out poim été ioitiés re(lem dans la

fan~e

&

dans

la

boue; qu'¡¡ y a trois juges dans les enfers

:.11

pa~lc

du

Stix du Cocyte

&

de l'Achéron,

&c.

&

II

Y

IIlfiCle

avec'tam de force, que I'on peue

&

que I'on doit me–

me croire qu'il a voulu perfuader les leéleurs auxquels

jI avoit

deClill~

les ouvrages ou

il

en parle cornme le Phé–

don, le Gorgias, fa République,

&c.

Mais qui

peu~

s'imaginer qu'il ait été 11lI-meme perfuadé de toutes ces

idées chim':riques ? Si Platon, le plus fubtil de tous les

philoCophes ,eut crll aux peines

&

aux récompenCes d'une

:lt1tre vie il I'dt au f11oios lailfé entrevoir comme il

I'a

{ait a l'¿gard de I'étcrnité de

I'a",e,

dont il étoit inrime–

IDent per[uadé ; c'ell ce qu'on voit dans fon

Epi7l~miJ,

lorfqu'¡¡ parle de la condition de I'homme de bien apres

fa mort. " ]'alfl1re, dit-il, trcs-fermement, en badiunm

comme férieufement , que lorfque la mon tcrm inera

" fa carriere il

f~ra

:1

[.1 di/Tolurion dépouillé des fens

" dont il av'oit I'ufage

.i~i-ba~ ;

c,e n'efl .qu'alors qu'!1

" articipera

a

une condmon hmple

&

ulllque ;

&

fa dl–

"

~erlité

étam réfolue dans I'unité, il fer? heureuI , fa–

"

&

fiorruné .

Ce

n'cCl pas fans de{fem que Platon

"

g~,

"

C

·1

.

l'

eft obf¡:ur dans ce

pa1fa~e.

omme

1

c!oyolt que

am:

fe réunitfoit 6nalement a la fub.llance u.llIverfelle

&

,um–

. ue de la nature dom elle :lVOlt été

~cparée,

& .

qu ell.c

¿'y

confondQit , fans conferver

une

CIIClcDCC dJll méle,

11

AME

ell alfeoz. fen(ible que Platon infioue id fecrefernent ,\ue

lorfqu'il badinoit,

i1

enfeignoit alors que I'homme de bIen

avoit dans I'autre vie une exifience diClinéle , particnlicrc,

&

per[onnellemem heureufe, conformément

ñ

I'opinion

populaire fur la vie future; mais que lorfqu' il p:lrloit

Cé–

rieufement,

il

ne croyoit

pas

que celte exifience mt par–

ticuliere

&

diClinéle:

il

croyoir

:10

contraire que c'étoit

une vie commulle, faos aucune fenC-uioo perfonllelle,

une réColution de

l'

ame

dans

la

fubClancc univerfelle .

J'aj oúterai feulement id, pour confirmer ce que je ,·iens

de dire, que Platon dans Con

7im"

s'explique plus ou–

vertement,

&

qu'il y avoue que les tourmens des enfers

font des opinions fabuleufes.

En ef!e!, les anciens les plus éclairés On! rcgardé ce

que ce philofophe dit des peine

&

des récompenfes

d'une aurre vie, comme chofes d'un genre

exot~rique,

c'efl-3- dire comme des opinions deClinécs pour le pellp\e,

&

dOn! il ne CJoyoít rien lui-meme. Lorft¡ue Chrylippe,

fameux no"icicn,

bl~me

Platon de s'erre fervi mal-a-pra–

po des terreurs d'une vie fu ture pour détourncr les hom–

mes de l'injuClice,

il

fuppore lui-mcme qtle Platon n'y

ajol1toit aucune foi; il ne le rcprend pas d'avoir cra ces

opinions, mais de

s'~tre

imaginé que ces terreurs puéri–

les pouyoient etre utiles au progres de la Ycrru. Strabon

mit voir qu'il eCl du mcme fentimenr, lorfqu'en parlant

des brachmancs des Indes, il dir qu'ils ont

It

la maniere

de PIaron inventé des fables concernant I'immortalité de

I'ame

&

le jugement fmur . Celfe avoue que ce que Pla–

ton dit d'un étae furur

&

des demeures fortunéc:s delli–

nées

:l

la veno, n'eCl qu'une allégorie.

11

rédui¡ le femi–

ment de ce philoCophe fur la nature des peines

&

des

réeompenfes d'une autre vie,

¡¡

I'idée de la m¿tempCy–

cofe qui fervoit

ii

la purification des

am

el;

&

la

m~[em­

pfycofe

elle-m~me

fe réduifoit finalemell!

a

la r¿union

de

I'ame

~vec

la nature divinc, lorfque

l'am,

, pour me

fervir de fes

~xpreffions ,

éroi! dcvcnqe arre·¿ forte pour

pénétrer dans les haures régions.

Les Péripatéticiens

&

les Sto"iciens ayanr

renonc~

au

caraélere de législateurs, p1rIoient plus ouvertemcnt con–

tre les peines

&

les récompenfes d'une autre vic . Auffi

voyons-nous qu'

A

rinote s'explique fani détour

&

dc la

maniere la plus dogmatique, contre les peioes

&

les ré–

compenfes d'une autre vie:"

La

more, dit-il , ea de

" toures les chofes la plus terrible, c'eCl la fin de notre

" exiftence;

&

apres elle, ghomme n'a ni bien

a

efpérer,

" ni mal

a

craindre".

EpitRete, vrai fto"icien s'il

y

en

e~t

jatmis, dit en par–

lant de

la

more : " Vous n'alle7. point dans un !ieu de

" pcines: vous retournez

a

la fource dont vous

et~s

for–

" tis, a une douce réunion avec vos élémclls primitifg;

" il n'y a ni enfer, ni Achéron, ni Cocyte, ni Ph légé–

" ton" . Séneque dans fa confolation :\ M arcia, fi-Ile

du fameux ftoi"den Crémutius Cordus , reconuoit

&

a–

voue les memés principes avec aum peu de tOur qu'Epi–

élete: " Songez que les morts ne re{felltcllt aucun mal;

la

terreur des enfers eCl une fable; les morts n'om

a

" craindre ni ténebres, ni prifon, ni tor.rCnt de feu

I

llL

" fleuve d'oubli;

iI

n'y

a

~pr1:s

la mort ni tribunaux, ni

" coupables; il regne une liberté vague

f.~ns

ryrans. Les

poctes donnanr carricre :\ leur imagination, Qm

VQU

In

" nous épouvanter par de vaines frayeurs : mals la morr

l'

eft la fln de tOute doulcur, le terme de tous lés

" maux; elle nous remet dans la meme

tranquillit~

od

" nous étions avanr que de naitre".

Cicéron daos fes épitres familiercs ou il fair conno?–

tre les véritables Centimens de fon creur, dans

f~s

Offi–

ces meme, fe déelare exprelfément contre ce dogme:

" La confolation, dit-il, dans une lettre

a

l'orquams ,

" qui m'eft commune avec vous, c'ea qu'en quittRllt In

" vie, je quitterai une république dOIl! je ne regretterai

" point d'etre cnlevé; d'autant plus que la mOr! exclut

" tout fentiment ". Et il dit

i

ron ami T ércmiantls: "

" Lorfque les confeils

ne

fervent plus de rien, on doit

" néanmoins, quelque chofe qu'il puine arriver, les fup–

" porter avee modération , puifque In mort eCl la

!in

" de toures chofes " .

11

en cerrain que Cicéron déclare

id fes véritables fenrimens. Ce fom dcs lelrres qu'í

é–

crivoit

a

fes amis pour les confoler, 10rfqu'iI avoit be–

foin

lui-m~me

de confol:\tion,

iI

caufe de la trille

&

mauvaife lituarion des af!aires publiques: circonClance

ou

les hommes- font peu fufcepribles de déguiCemens

&

d'artifices,

&

on ils fOil! portés

a

décl:uer leurs fentimens

les plus fecrets . Les palfagcs que 1'011 eXlmit de Cicé–

ron pour prouver qu'¡¡ croyoit \'immortalíté" de l'

am~

II~

détruifent point

c~.

qu'on

v~ent d'a~:¡n<;er !

car

I'opi~

ilion des Par.ens fur l Immol1tahté de

lame ,

bien-Ioin

de

prouver qu'll

y

eat apres cetle ...ie un étal de peines

&.

de