AM~
41li
leS
ehaKent
&
(ont chaITées
i
leur
tQur par
d'autre~:
La réunion Jes
ames
parriculieres
a
la générale,
a
la
mon de I'animal, efi auffi prompte
&
auffi emiere que
le retour de la flamme
a
fon principe auffi-tÓt qu'elle eft
féparée de la matiere
a
laquelle elle étoit unie, L'efprit
de vie dans lequel les
ameI
con/Hlem, d'une nature en–
core plus fubtilc' que celle de la flamme, fi elle n'ell la
meme, n'efi ni !iIfceptible d'une fépararion permanente:
de la matiere dont il efi tiré, ni capable
d'~tre
mang.;,
~
ell immédiateIru!nt
&
elfentiellement wli dans l'animal
vivant avcc l'air, dont fa refpiraríon efi emreteoue, Cet
efprit efi porté fans interruption daos les poumons de
l'animal avec l'air qui eutretient leur mouvement: il ell
poullé avec lui dans les veines par le fouflle des pou–
mollS;
iI
efi répandu par celles-ci dans toutes les autres
parties du corps:
iI
fait le marcher
&
le coucher dans
les unes; le voir, I'elltendre, le raifonner dans les autres
¡
il
donne Jieu aux diverfes panions de l'animal: fes fon,
tlions fe perfeélionnent
&
s'affoiblilfent, felon I'accroif–
fement ou diminution des forces dans les organes; ellcs
celfeOl totalement,
&
cet efprit de vie s'envole
&
fe réu–
Dit au général , lorfque les difpofitions qu'il maintenoit
dans le panicuJier viennent
11
ceffer,
Avant de bien pénétrer le fyfieme de Spinofa, il faut
remonter jufqu'ií la plus haute antiquité, pour favoir ce
'lue les ancíens penfOleot de la fubllance,
11
paroit qn'ils
n'admettoient qu'une feule fubllance, naturel)e, infinie,
~
ce qui furprendra le plus, indivifible, quoique pounant
t,livifée en trois parties;
&
ce font elles, qui réunies
&
joiotes enLemble, formeOl ce que Pythagore appelloit
J.
IOllt,
hors duquel
iI
n'y a rien, La premiere parrie de
cette fubllance, inacceffible aux regareis de rous les h<,>m–
mes, efi propremen.r ce qui dé¡erminc
I'effen~e
de Dleu,
des auges
&
des génies: elle fe répand de-la fur tout le
relle de
I~
narure , La feconde partie compofe les globes
célelles, le SOleil, les étoiles
fi
xes, les plaoetes,
&
ce
qui brille d'une lumiere primitive
&
originale, L!l troifie–
me tncn compofe le corps,
&
générnlemem tout l'empire
fublu llaire, que Platon dans le Timf e I\OI)1¡ne ,.
fljo"r
Ju ,hangement,
Ja
mlr.e
&
la
nour.rh.árt
[11,¡ible:
Voi-
1:1
en gros quelle
idé~
on avoit de la fubllance
uniqu~
110m on croyoit 'lije les etres tiroient le fOJld meme de
leur nature,l. chacun fuivant le degré de perfeálon qui lui
~onvient, ~t
<lQmme cette fubllaoce paffoit pour indivi–
fible, quoiqu'elle füt divifée en trois parries, de meme
elle paIToit pour imll)uable, quoiqu'elle fe modifih de
di/teremes manieres , Mais ce¡ modifications étant de peu
de durée, on les comptoit pour rien,
me
me ou les
re~
gardoit comme non exillantos,
&
cela par rapPQrt nu
tour, qui feul exilie véritablement. Ce qu'oo doit obfer–
ver avec foin: la fubllance joüit de l'ctre,
&
fes modi–
ñcations efperent en joüir, faos ¡amais p,ouvoir y arriver,
Le trop fameu!
~pinofa,
en
~criY~m,
iI
Henri Olden–
bourg, fccq!taire de
I~
focié¡é
ronl~
de J..ondres, cQn,
vient que c'e(l part)li
l~s
plus
at]cien~ pl)ilofophe~
qll'ii
a puifé fon
fyll~me,
qu'il n'y a qu'une fubllancl; dans l'u–
bivers , Mais il ajoute 'qu'il a pr)s
le~
cl¡ofes p'un biais plus
favorable, foie en propofant de
nouv~l1es
preuves, foit en
leur doonant la forme obfervée par les
G~ome¡res ,
QUQi
qu'il en foit, fon fyfieme n'ell poiOl devenu plu¡ probable,
les contradiéhons n'y foot pas mieux fauvées, Les anciens
confondoient quelquefois la matiere avec la fubllance uni–
que,
&:
i1s difoient cop(éque¡pmem que rien ne lui ell ef–
femiel que d'e;i,ller;
/k
qUe fi
I'tt~ndu~
conviem ií quel–
ques-une¡
d~
res parties, ce
n'~fi
que lorfqu'ol) l¡:s
s:ontide~
re par abllraélion , Mais le plus fouvent ils bornoien¡ i'i#e
de la matiere
a
ce qu'i!s appelloient eUl-memeS
l'lm.pir!
J1th/unaire, Ja nature ,orporell. ,
L e corps, felon eux,
cfi ce qu'on
con~oit
par rappprt ií Il!i feul,
&
en le déta–
chant du tout dom il fait partÍe, L e toqt De
s'apper~oit
que par l'eOlendement,
&
le corps qui par
l'imagin~tion
aidée des fens , Ainfi les corps ne font
qu~ <l~s
mocjificj1-
rions qui P.l!uvent exifier ou non exifier Ca!)!, faire al!CUI)
tort
iI
la fubllance; ils caraélérifent
&
déterminent la ma–
tiere ou la fubitance, a-peu-prcs comme les pa!fiom 'ca–
raélérifent
&
déterll)inent un homme indilférent a etre
m(¡ ou
a
rener traóquille,
~n
conCéquence, la rnatiere
n'ell ni corporelle ni incorporel1e; fans doute paree qq'il
n'y a qu'une feule fubaauce
dan~ I'~nivers,
corporelle eQ
ce qui ell corps, incorporelle en ce qui ne l'efi point ,
lis diCoient auni, felon Proclus de
~ycie,
que la matie–
re efi animée; mais que les corps ne le font pas quoiqu'i1s
ayem un príncipe <I'organifation, un je ne fal quoi de dé–
cifif qui les dillingue l'uo
de
l'aurre; que la Illatiere cxi–
/le p,ar
elle·m~me,
mais non les c?rps, qui changent
~ommuellement
d'attirude
&
de firuatlon, D one; on peut
av~cer
bea\lcoup
d~ ~j1or~5
des corps, qui ne cPllvien-
Tome l .
AME,
28r
nent
point
a
111
matiere; par exemple, qu'ils fom déter–
minés par des figures, qu'ils fe meuvent plns ou moins
vite, qu'i1s fe corrompent
&
fe reoonvellellt ,
&"
au lieu
que la maticre ell une fubllance de tons poims inaltérablj! –
Auffi Pythagore
&
Platon conviennent-ils l'un
&
I'au- ,
tre que D ieu exilloit avant qu'il y cl1t des corps, mais
non avant qu'i1 y e(¡t de la B¡atiare, -[liMe de la ma–
tiere, ne demandant point
I~cxillen<le
aéluelle du corps,
Mais pour percer ces ténebres.
&
pour fe faire jou!'
ií-travers,
iI
faut demander
a
Spinofa ce qu'il entend par
ccue
[.,tle [ttbflance
qu'il a puifle che'/. les aociens, Car
ou cette fubllance ell réelle, exilie dans la nature
&
hor.
de notre eCprit; ou ce n'c(l qu'une (u!¡fiance idéale , mé–
taphyfique
&
abllraite , S'il s'en ticnt ao premicr fen , il
avance la plus grande abfurdité <ju monde; €ar
a
qui
perfuadcra-r-i1 que le corps
A
qui fe ment vers l'orient,
ellla
m~me
fubllance 11umérique que le corps
B
qui fe
meut vers I'occident 1 A qui
fer~-t-il
croire que Pierre
qui peofe allJ(
I'rop~iétés
d'un tri3ngle, efi précifémem le
méme que Paul qlll médlte fur le IfllX
&
reflux de la mer?
Quand 011 pre(fe Spinofa pour favoir fi l'efprit humain cll
la
m~me
chofe que le corps, il répond que l'un
&
I'au–
tre font le
m~me
fuj.et,la ml!me matiere qui a,dilterentes
modifieations; qulelle ell efprit en tRnt qu'on la confidere
comme pent:1nte,
&
qu'elle
~Il
corps e11 tant qu'on fc
I:!.
repréfeIHe comme étendue
&
figurée, Mais je voudrois
bien favoir ce qu'auroit dit Spinofa
a
un
~omme affe~
ridieule pour afflrmer qu'un cercle ell un mangle,
&
qUt
auroit répondu
a
ceux 'luí luí amoient objeélé la différen–
ce des définitions
&
des propriétés dtl cercle
&
du trian–
gle, ponr prouver que ces
fi~ures
fom
différent~;
que
c'efi pourtam la méme figure, mais diverfement modi–
fiée; que quand 011 la confidere comme une figure qui
a tous les cótés de la circontercnce également diaans
du cen!re,
&
que cette
círeonférenc~
Be touche jamais
une ligne droite ou
UII
plan que par uo point, on la
nomme
<"ele;
mais que qu;mo on la conlldere eomme
figure coinpofée de trois angles
&
(je trois cótés, alors
on la nomme
triang/e:
cette réponfe feroit femblable
a
celle de Spinofa, Gepcndant je fuis perfuadé que 5pi–
noCa
fe
feroit moqué d'un tel homme,
&
qu'il lui au–
roit dit que ces deux figures ayam des détinitions
&
des propriétés diverfes , roin néccffairemeni différentes,
malgré Ca dillinélion imaginaire
&
fon frivole
'luattnuJ_
Vofe'/.
r
artide du
S
P I N
o
S I
S
M E ,
Ainfi,
~n
mendant
que les hommes foient faits d'une autre efpece,
&
qu'ils
raifonnent d'une autre maniere qu'i1s ne font,
&
rant
qulon croira qu'un cerele n'ell pas un triangle, qu'une
pierre n'ell pas un chevaI, parce qu'ils om des défini–
tions, des propriétés ciiverfes
&
des effets difierens; nous
conelllrons par les mt:mes raifons,
&
nous eroirons que
l'efprit humain n'ell pas corps, Mais li par
[rtbflan«
Spi–
nofa entend une fubllan ee idéalc, métaphyfiql1e
&
arbi–
traire,
il
nc dit ríen; car ce qu'il dir ne lignifie autre cho–
fe, linon qu'il ne peut y avoir dans l'univers deux elfen–
ces différeme qui ayem une meme c(fence , Qui en dou–
te ? C'ell
3
la favenr d'une équivoque au/li gromere qu'il
fontient qu'il nlo/ a qu'une feule fubllance dans l'uni–
vers, Vous nc vous imaginericz pas qu'¡¡ eut le front
de fol1teni,. que la maticre ell iudiviiible : il ne vous
vient pus feulement dans l'efprit commem il pourroit
s'y prendre pour Coutenir un tel paradoxe, M ais de la
maniere dom
il
emcnd la fubfiance, rien n'ell plus ai–
fé ,
JI
prouve donc que la ma/iere ell indivifible, par–
ce qu'il confidere métapl]yfiquement I'efrence ou
la
dé:
fioition qu'i l en donne;
&
paree que la déflnition 011
l'effence de toutes chofes, c'e(t d-¿tre précí!'ément ce
qú'on eil, fans pouvoir etre ni augmenté, ni diminué,
ni divifé; de-la il conelut que le corps ell indivifiblc_
Ce fophifme efi femblable
A
celui-ci, L 'effence d'un
triangle confifie
:1
l:tre une figure compo.Cée de
troi~
angles; on ne pellt ni en ajo(¡ter ni en diminuer : done
le triangle di un corps ou une figure indivifiblc , Ainfi,
eomme Ilefience du corps ell d'etre une fubllance éten–
due, il ea certain guc cene e!fence ell indivilible , Si
on Óte ou la ful>llance, ou l'extCflfion on dé/ruit nécef–
fa¡rement la nature du corps , A cet égard done le eorps
efi quelque chofe d'indivifible, Mais Spinofa donne grof–
fierement le
ch~ngc
ií fes leFleurs: ce n'el! pas de quoi
iI
s'agit,
On~'
prétcnd que ce corps ou cene fubllallce
étenaue, a d s partíes les unes hors des autres , quoiqu'a
parler metaph fiquement ehes foient toutes de meme na–
rure. Or c'ell du corps, tel qu'i1 exilie dalls
1:\
na¡ure,
que je fo,utiens contre SRinQfa qu'i1 n'cfi pas capablc de
penfer,
L'efprit de
l'ho~me
ell de fa nature indivifible , Cou–
pe'/.
le bras Qll la jambc d'un homme ,
VOij~
ne divire7.
'Xx
ni