AME
" tle, ou par une e!'pece de. réBexioD qui cau!e une
., prelJion vers
la
parue eIténeure, toure contralre
a
la
" preffion de I'objet qui tend vers la parrie inu!rieure :
" celte repréCentation, ce
phalltafma
en, dir-il, la fen–
" úrion
m~me".
Voici comment il parle dans un aurre endroil: "
La
" cauCe de la CenCarion elt l'objer qui prelfe l'organe;
" cerre prellion pl!netre jufqu'au cerveau par le moyen
" des nerfs;
&
de-U elle elt portl!e
3U
cceur; de-li!,
" 3U
moyen de la réliltance du cceur qui s'efforce de
" renvoyer au-dehors cene preffion
&
d~
s'en délivrer;
" de'li, dir-il, nah I'image, la repréCentation,
&
c'elt
" ce qu'on appelle
ftnfaeioll" .
Mais quel rapport, je
- VOl1' prie, entre ceHe impreffion
&
le fentimem lui–
meme, c'en-a-dire la peuCée que cette impreffion eIci–
te dans
I'ame?
Il
n'y
3
pas plus de rappor! eOlre ces
deox choCes, <ju'il y en a entre un quarrl!
&
du bleu,
entre un triangle
&
un Con, entre une aiguille
&
le
fentiment de la douleur, ou entre la réftexion d'une
baile dans un jeu de I'aume
&
I'enrendement humain.
D e Corte que la d66nition que H obbes donne de la Cen–
farion, qu'il prétend
n'~tre
autre chofe que I'image qui
fe forme daos le cen'eau par I'impreffion de I'objer,
en auffi imperrinente, que Ii pour définir la couleur bleue,
il
avoit dir que c'en l'image d'un quarré,
&c.
S'iln'r.
a
poim en nous de faculté de penfer
&
de fenrir, I'cell
recevra, Ii vous voule'L, l'impreffion extérieure des
objers: mais cxcepté le mouvement des relforts, rien
l1e
Cera
apper~a ,
ricn ne fera Centi;
&
tant que la ma–
tiere fera feule, quelque déiicats que Coient les orga–
ues , queJque aaion qui fuive de leur jeu
&
de leur
harmonie, la matiere demeurera todjours aveugle
&
fourde, parce qu'elle
di
inCen(jble de
C.
n.ture,
&
que
le fentiment, quel qu'il foit,
e(l
le caraétere d'une au–
tre fubl!ance.
Hobbes puroit avoir fenti le poids de cetre
difficult~
infurmonrable; de·la il vient qu'iI atfeéte de la cacher .
a
Ces leéteurs,
&
de leur en impofer
a
la faveur de
J'ambiguiré du terme de
reprlfentation .
11
fe ménage
rneme
WI
fubterfuge;
&
en cas qu'on le pre/Te trop
"ivement, il infinue
a
tout hafard qu'il pounoit b1co
fe
faire
qu'il
y
el1t
da~s
la Cenfarion quelque choCe de
plus·,,,
11
ne Cait s'il ne doit pas dire,
a
l'exemple de
" c¡uelques philoCophes, que toure mariere a narurelle–
" ment
&
elfentiellement la f1culté de connoltre,
&
" qu'il ne lui manque que les organes
&
la mémoire
" des :¡nlmauI pOllr
ex
primer au-dehors fes fenfations.
" 11
ajol1te que
Ii
on CuppoCe un homme qui eÍlr po{:
" fédé d'aurres fens que celui de la vae, quf ait
Ces
" yeux immobiles,
&
toiljours atrachés
a
un feul
&
"
m~me
objet, lequel de fon c6té
Coit
invariable
&
" Cans le moindre changemen.t, cet homme ne yerra
" pus, a parler propremenr, mais qu'il Cera dans une
" efpece d'étonnemem
&
d'extafe incompréhenfible .
" Ainli, dil-il,
il
pOllfrolt bien fe faire que les corps
" qui no font pas organifés, eu/Tent des Cenfatians :
" mais comme faute d'orgaues,
il
oe s'y rencontre ni
" variéré, ni mémoire.
DI
aucun autre moyen d'expri–
" mer ces fenCacions, ils ne nous paroi/Tent pas en a–
" voir". Quoique Hobbes ne fe déclare pas pour eette
opinion,
il
la donne pourtant comme une chofe poffi–
ble; mais il le faic d'nne maniere Ii peu alfdrlfe,
&
a–
vec
tan!
de referve, qu'il elt airé de voir que ce n'en
qu'un porte de derriere qu'il s'el! ménagée
a
tou~
éve–
nernem, en cas qu'iI fe trouvat trop preOé par les ab–
furdirés dont fourmillo la fuppolition qui envifage la
fenfaríon comme un pur réCultat de 6gure
&
de mou–
vement.
11
a raifon
dé
fe tenir fur la réCerve: ce n'en
qu'un m¡Cérable fubterfuge a IOUS égards, auffi abCurde
que I'opioion qui fait confilter la penfée dans le mou–
vement d'un certain nombre d'alOmes . Car qu'y a-r-il
au monde de plus ridicule que de s'imaginer que
la
connoi/Taoce elt auffi elfentielle
a
la. matiere que I'éten–
due? Quelle fera la
conf~quence
de cette
fuppo~tion?
11
en faudra conclure qu'll y
3
dans chaque
por~lon
de
maliere, autant d'erres penGms qu'elle a de parues; or
chaque portion de matiere
ét~nt
compofée de parties di–
"itibles
1t
l'in6ni; c'en-a-dire de parties qui malgré leur
comiguité, Com auffi dininétes que Ii elles éroiem
a
u–
ne {[es-grande di/lance les unes des aurres, elle fera
:lÍo»
compoCée d'une in6niré
d~tres
penfans . Mais c'elt
trap uous arrérer fur les abCurdités qui nailfem en fou–
Je de ceuc fuppofirion
monltru~ufe.
Quelque familiari–
fé que fdt Spinofa avec les abCúrditú , il n'en elt ce–
pel1~ant
Jarnais venu jufque-la; pour penfer, dans fon
fyneme, du moins faut-il erre organifó comme nous
le Comme, . .
T Ol11<
l.
AME
M ais pour rUuter Epicure, SpinoÍil,
&
Hobbes, qui
fOD! confiner la narure de
1'0>''',
nOR dans la faculré
de penCer, mais daos un certain alfemblage de petirs
corps délil!s, fubtils
&
fort agités, qui fe lrouvent dans
le corps humain, "oid quelque choCe de plus prl!cis.
D'abord on ne
con~oit
pas que les impreffions des objets
eltérieurs puilfem y apporter d'autte chaogement que
de nouveaux monvemens, ou de noU\'elles détcrmina–
tioos. de mouvement, de nouvelles figures ou de nou–
velles liruarions; cela
en
!!vident : or loures ces choCes
n'ont aucun rapport avec I'idée qu'elles impriment dans
I'nm.;
il faut nécelfaircment que ce foit
~e,
lignes d'in–
Ilirution qui fuppofent une cauCe qui les air établis, OU
qui les connoiJfe. Servons-nous de I'exemple de la pa–
role, pOllf faire mieux fentir la force de I'argument;
quand on entend dire
Di.",
l' Arabe
re~oit
le meme
mouvcment. d'air
a
la prononciation de ce. mot fran–
\ois; le tympan de Con oreille,
les
pelits
05
qU'Oll
nomOle
l'ellel"m,
&
le
martea",
re\qivem de ce mou–
vement d'air la meme CecoulTe
&
le
m~me
trrmble–
ment qui fe fait dan
5
I'oreille
&
dans la tete d'une per–
fonDe qui cntend le
fran~ois.
Par conféquent tous ces
petits corps qu'on fuppofe compofer I'cfprit humain,
font remul!s de la meme maniere,
&
re~oivent
les me–
mes impreffions daos la
t~te
d'un arabe que dans celle
d'un
fran~ois;
par conféquent encore un arabe attache–
roit au mot de
Di",
la mcme idée que le
fran~ois,
paree
que les petit' corps fubtil s
&
agités qui compofent
I'~
fprit humain, felon Epicure
&
1es Arhées, ne font
plI$
d'uDe nutre Dature chez lesAr.bes que chez les
Fran~ois.
Pourquoi donc l'eCprit de l'arabe ne fe fbrme-r-il
ii
la pro–
nODciarion du mot
Di""
aucune autre idée que cello
d'un fon,
&
que l'eCprit d'un
fran~ois
jolnl
a
l'idée
de ce fon celle d'un erre tout parfait, créateur dó del
&
de la terre? Voici un délroit pour les Athées
&
pour
ceux qui nien! la rpiritualité de l'
ame,
d'ou ils !le pour-.
rOnt fe rirer, puifque
~ais
ils ne pourront rendre mi·
fon de
cett~
différence qui fe rencontre entre l'eCpn't
de l'acabe
&
celui du
fmn~ois .
Ce.1 argurnent en
fenlib.le, quoiqu'oo n'y falfe pas
a/Toz de réftexlon; car chaeun Cait que cette différence
v,iem de l'l!tablilfement des langues, fuivan! lequel on
el! convenu de joindre
3U
Con de ce
mat
DiNt,
I'idée
d'un etre tout parfait;
&
comme I'arabe qui
De
fait
pas la langue
fran~o1fe
ignore cette conventiorr, il ne
re\oir que la fcule iMe du fon, faDs
y
en joindre al!–
cune aurre. Cette vérité el! confu!Dte,
&
il n'en faut
pas davantage pour détruire les principes d'Epicure,
d'Hobbes,
&
de SpinoCa; car je voudrois bien favoir
quelle feroit la partie contraétante
dans
cerre conven–
ríon;
a
ce mot
Dim
je joindrai I'idée d'un etre tout
parfair; ce ne Cera pas ce corps I1!Dfible
&
palpable,
chacun en convient ; ce ne fera pas auffi cet amas
de
corps fublils
&
agirés, qtli font I'efprit humain, Celon
le lemimem de ces philoCophes , parce que ces eCprils
re~oiveD!
lOutes les impreffions de I'objet, fans pouvoir
rien faire au-dela: 01' ces impreffioDS étoienr les memes,
&
parfairemenr femblables, lorrque I'arabe emendoit pro–
,nancer ce mot
D jert,
fans favoir l'0urtant ce qu'il
Ii–
gni6oir.
11
faut donc nécelfairement qu'il
y
~it
quelqu'
aurre cauCe que ces petirs corps avec laquelle on con–
vienne qu'!i ce mot
Di.,. , I'ame'
fe repréCentera
I'~tre
lOut paú"ait; de la rnéme maniere qu'on pcut convenir
avec le gOllverneur d'une place affiégée, qu'iI
In
dé–
charge de víngt ou trente volées de canon, il doit af–
fiJrer les habitans qu'ils feront bien-tta fecourus . Mais
comme ces fignaux Ceroienr inuriles,
ti
on ne fuppofoit
dan
5
la place un gouveroeur rage
&
mtelligent,
pOllr
raifonner
&
pour tirer de ces lignaux les conféqoences
dOn! on feroit convenu avec lui ; de meme auffi il
el!
néet/Taire de concevoir dan
5
I'homme un princlpe
c~pable de formor telles ou relles iMes,
a
telle ou telle
détermination,
ii
tel ou tel mouvement de
ces
petits
corps qui
re~oivent·
quelque impreffion de la pr01101l–
ciation des mots, comme I'idée d'un I!tre tout parfaic
a
la prononciarion
du
mo~
Di",.
Ainfi il el! elair
&
cerrain qu'¡¡ doir y avoir dans I'homme- une cauCe dont
I'elfence foit de penfer, avec laquelle on convient
de
la IigRificatl'on des molS.
II
elt encore elair
&
certaiu
que eette caufe ne peur
~tte
une fubl!aDce rnarérielle,
paree que I'on eonvient avec· elle qu'au mouvement de
la matiere ·ou de ces petits corps, elle fe .farmera telle
ou telle idée.
11
en donc elair
&
certam que
1'"".,
de I'homme n'el! pas UD corps, mais que c'elt une
fubnance dininguée du corps, de laquelle I'elfence
el!
de penfer c'elt-a-dire d'avoir la facul té de penfll!.
11
en
eel
de ¡'iMe dei
ol>je!S
quí-Ce préfenteRt
3.
nos
Xx
2.
yeuI,