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AME

ijUi

ces derniers ont tiré cerre conféquence, que

tout

~ft

Diut:

ce qui les a emralnés dans tomes les erreurs

&

les abfurdirés de notre Spinofiiinc. L es Oricmaux

d'aujourd'hui ont autli tiré origillairement leur religion

d'Eg)'pte, quoiqu'.elle foit infeétée du fpinofifine le plus

groffier: mais ils ne font tombés daos cer égarement

que par le laps de tems,

&

par I'efl"et d'upe fpécula–

[ion ratinée, nul1ement originaire d'Egypte. lis en out

conrraété le gout par la communication des Arabes–

Mahométans, grands panifans de la philofophie

d~s

Grecs,

&

en particulier de leur opinion fur la nature de

I'ame .

Ce qui le confirme, c'ell que les Druides branche qui

provenoit également des anciens fages de l'Egyprc, n'ont

jamais rien enfeigu¿ de femblable, ayant été éteillts a–

vallt que d'avoir eu le tems de fpéculer

&

de fubtilifer

fur des hypothefes

&

des fyClcmes. Je fai bien que le

dogme monClrueux de l'

ame

du monde paffa des Grecs

:IUX

E gyptiens; que ces derniers furem infeétés des mau–

vais principes des premiers : mais cela n/arriva que lorf–

que la puiClallce de l'Egypte ayant éré violcmmem é–

branlée par les Perfes,

&

elltin entieremem dérruite par

les Grecs, les fciences

&

la religion de q:tte naríou

rnmeufe fubirem une ¡évoluríon générale. Les prétres

é5yptiens commencerent alors

philofopher

la ma–

niere des Grecs;

&

i1s en contraéterent une fi grande

habitude, qu'i1s en vinrem enfin

ii

oublicr la fcience lim–

pIe de \eurs ancetres, trap négligée par eUl(. Les ré–

volutions du gouvernement conrribuerent

a

celle des

Sciences: cett¡¡, deruiere doit paroltre d'autam moins fur–

prenallte, quetoutes leurs fciences

étoi~t1t

tranfmifes de

génération, en génération, en partie par tradition ,

&

en

partie par le moyen myílérieux des hiéroglyphes, dont

la connoilIance fut bien-r6t perdue; de [orte que les

anciens qui deplIis ont prétendu les expliquer, nouS ont

appris {el1leJllent qu'jls

n'y

entendojent rjen.

.

Les peres memes ont été fort embarraffés

a

exp.liquer

ce qui regarde I'origine de

I'ame:

Tertullíen croyoit que

les

ame!

avoient été cr¿ées en Adam,

&

qu'elles ve–

nojent I'une de I'autre par uue efpeci de produétion.

Anima velut [ttr",I1tJ 'luidam ex matr;ce Adami in

¡ropaginem ded"éla,

&

genitalibuJ f.mine [oveiJ com–

modata. Pul"tlabit 1am intelleél" 'l"am

&

fen[tt.

Ter–

tul\.

de animá,

ch. xix. J'ajouterai un paffage de

Sr

Auguílin, qui renferme les diverfes opinions de fon {ems,

&

<jui démomre en meme tems la Jifficulté de cetre

queClion.

[{amm autem fententiarum 'l"atuor de ani–

má, utrtmz de propagine veniant, an in jingtdiJ 'l"i–

¡"'[I/"e nafcentib1tJ mox fian:

,

4n in corpora nafeentittm

jam Alicttbi exijhnteJ vel mittantllr divinit,)J, vel fuá

{ponte labanttir, nul/am temere atJirmari oportebat; aut

~nim

lIolldllm

;/la

I/u",ftio

..

divinoYllm

libr.mm

ea–

tholíeiJ traélatorilmJ. pro m"ito [tt'" obfturitatiJ &

¡erplexitatiJ, <vo};aa at,/Ile illuftrafa eft; aut ji jara

faél,mt

~ft,

non¡/um in manllJ noJlraJ

bllju[~emodi

li–

ter",

provenerunt.

Origene eroyoit que les

ameJ

exiI10ient

avanr qoe d'erre unies aux corps,

&

que Dieu ne les

y

envoyoit pour les animer, que pour les punir en mc–

me lemS de ce qu'elles aypi¡:nt failli pans le cíel,

&

de

ce Gu'elles s'.éroiem éeartées de I'ordre_

M .

Leiboilz a fur I'origine des

ameJ

un fenliment qui

Joi ell particulier , Le yoici : ¡I crait que les

ameJ

ne

fu¡;roÍj:n~

commencer que par la création, ni fiuir que

par I'annichilation;

&

comme la formation des corps

organiques animés ne lui parolt explicable daos I'ordre ,

que lorfqu'on fuppofe une préformation déJa organique,

il en infere que ce que noos appellons

g/n/rat,on ¡l'un

"",imal,

n'eft qo'une rransfoqnation

&

aug¡neDt~rjon

:

aiofi puifque le

~eme

corps étoít déja organifé,

il

eíl

a

croire, aloute-t-il, qo'il étoit déja anImé,

&

qu'iI

avoit la mcmc

(lme.

Apres avoir établi un fi bel Or–

dre,

&

des reglés fi

~énérales

I'~gard

des animaux,

il ne lui parolr pas ratfonnable qU!! I'homme en (oit ex–

clu entiererncnt,

&

que tout fe faffe eo lui par mira–

cle

p~,

rapport

i\

fon

;cme.

11

~íl

donc

p~rfuad~

que

les

ameJ

.qui feront un jour

ameJ

humaines, comme cel–

les des

aotr~

cfpeees,

Dm

éré daos les [emenees,

&

dans les aneerres jufqu'a ,Adam,

&

ont exíllé par eon–

féqoem depuis le commencemem des chofes, roujours

dans une maniere de corps organifés; doétriue qu'iI con–

firme par les obfervations mterq(copiques de

1\1.

L eu–

wenhoek,

&

d'autres boos obCervateurs.

11

ne faut pas

cependant s'imaginer qu'il eroye qu'elles ayent totljours

eXIlié comme raifonnables; ee n'eCl poi

m

13 Con femi–

mem: il veut feulement qu'elles n'ayent. alors exilIé

qu'en

Qm.~

fenfitives 00 animales, doüées de perceprion

&.

de femunent, mais deClituées de raifon;

&

qu'elles

fotem pemeurées datlS cee état ju[qu'all temi de

la

¡é-_

AME

279

nératiOl1 de I'homme

ii

qui elles devoient appanenir _

Elles ne rec;;oivenr done, dans ce fyCleme, la raifon ,

que lors de la génération de I'homme; fo;t qu'il y ait

un moyen narurel d'élever une

a»,.

fenfitive au degré

d'ame

raifonnable , ce qu'il en difficile de concevoir; foir

que P icu ait donné la raifon

a

certe

ame

par llne

0-

pératlon paniculiere, ou fi vous voulez, par une e–

fpece de tranfcréation; ce qui ell d'autant plus aifé

a

admettre, que la révélation enfeigne beaucoup d'aurres

opérations immédiotes de Dieu fur nos

ameJ ,

Cene e¡¡–

plication paroit

it

M. de Leibnirz lever

le~

embarras qui

fe préfenrem ici en Philofophie ou en Théologie: il .tll

bien plus convenable

ii

la juClice divine de donuer

a

I'ame

déj a corrompue phyfiquement ou animalemenr par

le péché d'Adam, une nouvelle perfeétion <Jui

cJ1

la

faifon, que de mettre une

am.

raifonnable, par cré:t–

tion ou autremenr, dans un corps ou elle doive erre

corrompue moralemenr.

La nature de l'

ame

n'a pas moios exercé les Philofo–

phes anciens

&

modernes, que fon origine: il

a

été

& iI

fera toujours impoffible de pénétrer commem cet erre

qui eCl en nous

&

<Jue nous regardons comme

nous-m~lPes, eCl uni

a

un certain affemblage d'efpríts animliux qui

fom daos un flux continuel. Chaque philofophe a don ué

une définition ditférente de fa nature . Plutarque rappone

les fenrímcns de plufieurs philofophes, qui 0111 IOUS été

d'avis difterens . Celu eCl bien juI1e , puiíqu'ils dtcidoient

pofitivemem fur une chofe dom ils ne favoiem rien du

tour. Voici ce paffage,tom.

[J.

pago

898.

trad.

d'Amyot.

" Thales a été le premier qui

a

défini

I'ame

une nalllre

" fe mouvant toujours en foi-méme: Pythagore, que

" c'ell: un nombre fe mouvant

[oi-tncme;

&

ce nonlbre–

" \:l,

ji le prend

pour

I'entendcmem: Platon, que c'ell

" une fubClancc fpiriruelle fe mouvant foi-meme,

&

par

" un nombre harmoniquc: Arillote, que c'ell I'aéle pre-

mier d'un corps organique, ayam vie en puiffance:

" Dicéarchus, que c'en I'h,rmonie

&

concordance des

" quatre élémens: Afc1épiade le M edecin, que c'ell un

" exerdce commun de touS les femimens enfemble.

" Tous ces philofophes- ¡a, cominue-t-il, que nous "von5

" mis ci-devaur, fuppofem que

I'nme

eCl incorporelle,

" qu'elle fe meut elle-m€me, que c'eCl une fubllance

" fpirituclle". Mais ce que les aneiens nommoient

i~eorporel ,

ce n'éroit point notre fpirituel, c'éroit fimple–

ment ce qui eCl compofé de parties rres-fubtiles. En voi–

ci une preuve fans réplique. AriClote rapportant le femi–

ment d'Héraclite fur l'

ame ,

dit qu'i1 la regardoit comme

une exhalai[on;

& iI

ajoilte que felon ce philofophe elle

étoit incorporelle. Qu'eíl-ce que cerre incorporéiré, li–

non une eXtreme ténuiré qui rend

I'ara e

impalpable

&

im–

perceptible

11

tous nos fens? C'cCl

ii

cela qu'i1 faut rap –

poner romes les opinions Cuivanres . Pythagore difoir que

I'ame

étoít nn dérachcment de I'air; Empedoele

¡:u

fai–

foit un compofé de

~ous

les

~Iér¡lens:

D émocriee, Leu–

cippe, Parménide,

&e. (Diog . L aért. lib. Vll/. fig·

1.7·)

foutenoiem qu'elle élOit de feu: Epirhorme ¡ivau<;:oit que

les

ameJ

étoiem tirées du Soleil . Plurarque rappone ainfi

I'opinion d'Epicure. "Epicure crait que

I'ame

~Il

un

me–

" ¡ange.

un~

température de quatre chofes; de je ne [ai

" quoi de feu, de je nc fai quoi d'air, dé je tle fai quol

" de vem,

&

d'un aUlre quatrieme qui n'a poim de nom_

"

(ubi [ttpr;')".

Anaxagore, Anaximene,

Arch~laüs,

&e.

om cru que c'éroit un ílir Cubtil_ H ippon alTura

qu'elle étoit d'eau, parce que, Celon lui, I'huIpide t'roit

le príncipe de toutes chofes . Xenophane la compofoit

d'eau

&

'de terre; Parmenide, de feu

&

de terre; Boece.

d'air

&

de feu . Cririus fo¡1tinr que

I'ame

n'éroit que le

fang; B ippocrate, que c'¡!roit un efprit délié rt'pandu

par tout le corps. Marc Amonin , qui

~roit

Srokien,

éloit perfuadé que c'éroit quelque chofe de femblable an

vem . Crirolaüs imagina que fon effence élOit une cinquie–

me fubClance . Encore aujourd'hui il y a peu d'hommcs

en Orient ¡¡ui ayem une connoiffance parfaite de la fpici–

tualiré .

11 Y

a lit-deffus un paitage de M. de Laloubere

(Voyage dtl rOyAtlme de Siara, t. l . p.

;361.) ¡¡ui vient

ici

tOrt

a

propos . " Nulle opinion, dir-II, n'a ét¿ fi gé–

"

néralem~m r~~úe

parqti les hommes, que celle de I'im–

" monalité de

l'ame:

mais que

I'nme

foir jmrnarérielle.

" c'eCl une vériré dont la ¡:onnoiffance ne s'eíl p,as tant

" étendue; auffi eíl ce une difficullé tres-grande oc don–

l'

ner .

~

un Siafllois ridée d'un

pUI

efprit

i

&

c'~Cl

le té–

" motgoage qu'en rendeur les Miffionnalres qut om été

"

j~

plus long-tems parml eux . Tous les payens de

" l'Oriem

~royem

3

la verité qu'il rene qnelque chofe

" de I'homme apres fa more qui fubfiíle féparemenr

&

l'

indépeodam~en[

de fon

c~rps:

mais ils donnent de

" l'ctclldue

&

de la figure

a

ce qui relle,

&

¡ts lui attri-

.

..

" puent