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AME

Z!-4-

_

j'eux comme

d,~

fqns qui frappent I'oreille;

&

tom–

me ii

ell

néceíTaire qu'on foit eonvenu avee un chinois

(jui fe repréCen,rera un erre tout parfair

a

I~

prononcia–

tion du ¡¡¡ot frans;ois

pi.",

il

fAur auffi de

m~lT)e

<ji¡'

jI Y

ait une cenaine conventiot¡ entre

le~ impreffion~

que les objets fom au fOlld (je nqs yeux

&

de notre

.efpr!r, pour fe

~epr,éfell:ter

teli ou tels óbjetS

a

'a pré–

fence de telles ou relles impreffions. Cár,

lO.

qua'1d

on

a

les yeux ouverrs, 'en penCant fortement

a

9uelque

chofe,

i1

arrive

tre~-fquvent

qu'on

n'apper~oir

pas les

objets qui font devant foi, 'quOiqu'i1s envoyent , nos

)'eux les

m~mes '

ef"eces

&

'les

m~mes

rayoÍl$,

ql/-e

Jorfqu'qn

y

fai~

plus d'alten,non '.

pe

fo'rte qu'outre tout

~e

qui fe palre

d~DS

l'q:il

&

dans l¡: cervean,

il

faut

-qu'i!

.11

ait e;tcore qnelque

c¡lOf~'

gui

confid~~e

&

q~i

~l(amme

ces Ilnpre!jions de VobJet, 'po))r le vOlr

&

ponr

le connoitre. Mais

ii'

faut

encor~

que cette cauCe qui

examine

ces

impreffions, puiíTe fe former

ii

leu'r préCen–

ce l'idée de l'objet qu'elles nous

fon~

connoltre; ear

il

Jle fauí pas s'imaginer 'que les im'preffions que produit

un 'qbjet dans notre reil

&

dan~

le cerveau, puiíTcni:

~tre

Cemblables

a

éet objet.

J

e' fai qu'il

y

a des philo–

Jophes 'lui fe repréCentedt 'ce ,qui émal1e des corps ,

&

-qu'ils nomment des

<fpe,"

,

;nt,entionneUes,

comme de

Fetits portráits de I'óbj¿t: mais je 'fai 'auffi qu'i!s ne

font en cela' rien moihs que phifoCophes. Car 'luand

je regardC un 'cheval noir, par exémp'le, fi ce 'qui é¡na–

ne'

d~

' ce chev:il étoit femblable au cheval, l'air devroit

'fJlCevoir I'in¡preffion de la noirceur, ¡>liifque cetle eCpe–

xe

doi~' ~tre

imprimée

~an~ l'~ir,

QU

dan~ l'e~tj

1

ou

cians le verre au-travers du que\'

¡:1lJ!

palfe avanr de ve–

lIir

a'

mon reil;

&

on ne 'po\)rra rendr!! ¡lucune

-r~iColI

.luffifante de cene différence qui s'y trquve, ni dirc

poú'rquoi ' Gene efpece

i¡'te¡'cionp~)1e imprímeroi~

'fa

reC–

femblance

e

dans mon ¡:;eil

&

dans les erprits du terveau,

fi

'~

J.le

" ne

leS a pos

imprirn,ée~' dan~

I'air; parge ,que les

"fpnts d\j ccrveáu fom

{X

plus lubuls

&

plus a¡;ltés ql1e

JI'en I'air, On l'eau,

~

l¡: cryqal, par le moyen def–

quels ceue efpece efl pan'enue jurqn'a moí. On ne

.peut auffi rendre raifon; p,onrquoi nOI/$ n'appercevons

pas 1es

objet~d¡lI1~

l?obf<;uriré; car quaÍld je fI¡is dans

une chambre fcrmée, proGne d'uq objet, pourq1)pi 'ne

l'aRper~ois-je

pas, s'n envoye de lui-meme des cfpeces

int'emiónnelles qui

le

repr~fer¡tent?

J'en

fui~ '

proché,

j!q!lyr~

les yeux,

~e ' fai~ '

tQUS mes ' efforts pour 1'apper–

cevoir,

&:

pourfánt' jI: ne vois rien :

Il

f'au¡ donc 'crQi–

re que je

n:apper~ois

leS' objets q'ue par la lumiere qu'

jls

r~f\<!chiíTen¡

a

'me~

yeul, qui ell diverfement déter–

:inin6e, felon la

diyerlit~

eje la figure

'&

du tTl0uvemeDt

ile

l'objef: or entre des

rayon~

'de lurriier, diverfement

détermin~s,

&

l'objet' q\je j'apperS-0is, par cxcmple,

mi

ch.eval no;r,

il

Y a fi p'eu de' proponioti'

&

dc' reíTem–

planGe, qu'il faut reconno1tre une Gaufe .

rup~rieure

'¡¡

fpuS

ces rnouvemens, q\ji ' ayant en foi b faculté de

penfer ; proouit des id4es de tel 'ou tel olijet, , la ¡>re–

(ence de telles ou de "telles

impreffio~s

que les objets

cauCe¡¡t dans' le cerveau par l'organe des YGUX, cornme

par celui de l'oreillé .'

'

"

, ' Quelle Cera donc cette GauCc

f

Si clcn un <;orps, on

retomae dans les memes difficlllt<$s qVauparavaMt; on

ne trollvera qUe eles

In6l1v~ll1cns

&

des pguréi,'

&

rien

oe tout

c~la n~efl

la 'penCée que

'ic'

<;herehe: fera-ce

huit, dix ou dou'LC

~torpeS

q\ji compoCeront cette plen_

fée

&

cette rétlexion' ? Suppofons que ce fOD! dix ato–

~es

..je demande ce .que fait chacun

d~

' ces atol11es;

efl-ce une partie de llla penCée, 'ou ne I'ell-ce pas? li ,

ee

n'ef! pas une partie ' de ma

p~nCc;c,'

elle n'y contri–

bue ell nen;

{j

elle eh ef! i(rie partje, ce fera la dixic–

me. o.r' bien loin que je

'con~oive

la

di~iemé

partie

d'urie

pen[~e,.JC

fens

a~

contra'ir

r

c1~irement

que ma

penfée efl !ndlvloble; fOlt que Je penCe

a

tOllt un che–

val! ou <¡ue

Je

ne

~en[e

'qu'a

C~n ~il,

ma '

penC~e

efl

tOl\Jours une penfée

&

une aéboo 'de mon ame. de

m~me

patu're

&

de

~ar.ne

'

efpece: foil. q'ue je pen'fe

a

la vafle élendue de 1 uOlvers, ou que Je médite fur un

atom5i d'EpicuJC;,

&

fur \In point maihématique '; foit

gue Je

p~nf~

a I étre, ou que Je médite fur le néant'

je pe,nCe, je raiCann'e, je fais des rétlexions

&

tourc~

ces

op?ration~ ~

en rant

qri'a~ion

de

~on

'

(,11Je ,

font

abfolument femblables

&

parfaltemem uniformes. D ira–

t-on que la penff.e "ef! mi alfeinbl3ge

¡I~

ces atomes ?

Mais

¡¡

c'ef! un 'ajTeq¡blage oe dix atomes, ces ar'O–

mes, pour former la penCée, feront en mouvement on

~n

repos' s'ils '[out en' moúyement, j c demande de qui

jls ont

rc~u

ce mouvement : s'ils l'om

re~ú

de 1'ohjet

on en aura la peofée aufant de tems que durera

cett~

~rnfreffi~n

í

~f

fera

com~~

une boule

fouíT~e

par un

AME

maH, elle produlra tout le mouvement qu'elle aur. re–

yU; or c,ela ef! mallifeflel)1cnt contre

l'experie~lce.

Dan¡

roures les penfées des choCes indifférentes ou les

pa~pous du ereur n'om aucun in,téret, je penfe quand

11

me plalt ,

,&

quand il m,e pla1t je quitte ma. penlte;

je la rappelle quand je veux.

,&

j'en ehoifis

d'a~rres

'3

ma fantaifie.

¡¡

feroir enCOre plus ridicule de s'lma·

gincr que la penfée

confif!~t

dans le repos de l'alTem–

'elage de c,es peti,is corps

&

on ne' s'3rretera pas

a

r~Futer cette imagination.

[1

fam done rc:>:onnottre nécef-

1.'1irtment dans I'homme un p,iucipc, qui a eu lui-mé–

m~

&:

dans. fon eíTeuce la faculté de pen[er, de déli–

bérer', de juger

~

de vouloir , Or ce

p~incipe

que j'ap–

pelle

efpyit,

recherche, approfqndit ffs Idées ,

les

COl!!–

pare les unes a\'ee les aurres,

&

VOl! leur conformlté

ou leur dilp.Foportion. Le néant, le pur néant, quoiqu'i1

nc pllilfe

p~oduir,c

aucUJie imprcffion, ¡¡arce qu'il ne peur

:¡gir,

tie

lai/fe pas d'ttre I'objet de la pen,féc,

d~

me–

me 'que ce 'llli exifle, L'efprit, par fa propre verm

{X

par la faculté qu'il' a de

penf.er

, ,tire lé

n~ant

de l'a–

byfme pour le confronter

~vec

1

c¡re,

&

pour recon–

ooitre ¡:¡ue ces deux

idée~

du

n/an:

&

de

l'itrt

fe dé·

tru'if~nt

réciproqucmem : ..

.. .

Je voudrois bien qu'on me da ce q!jl p.eu.t co;tdUlre

mon cfprit

a

slapp,ercevolr des choFes qtu

Imph~uet)t

contradiEHon: on

Gon~Qit ~ue

l'errlt peut. receVOlr de;

dífférens objets, des idées qui

f~n contralfe~

&

'OPPO–

fées:

tTl~is

pour juger des

ch~fe? Impo,ffib~es?

lI faut que

l'eCprit mlle ' beaueoup plus

10m

que la ou la feule per–

c~ption

de I1'ODj',et le conduit;

il

faut pOllr crt e!fet. que

l'eCprit humain tire oe fqn propr!! fonds d'autres

Idé~.

que eelJes-U feules que les obiets p,euvent prqdUlre. Doqc

il

y

a

une caufe fllpérieure

a

rou'tes les impreffíons des

Ób¡Bts, !'lui agit

&

qui s'exerce fur

f~

iclées,'

don~

la

pltpart ne fe forment poinf

~n

lui par .Ies

Imp~e~IDll~

des

objets extérieur$,

t~l1es

que fom les Idées ul1Jverfel–

)es, métaphyfiques,

&

ab!haites) les idées des

chof~

paíTées

'&

des chofes funm:s,

les

idées de I'infini, de

I'éternité ,

d¿~

rertus ,

&,.

En un iÍlllant rnQn eCprit

raifonne (ur la diflance de la ierre au Soleil; en

WI

in–

nant il paíTe de l'idée' de I'unl,¡'ers

ii

~dl~ d'~n ~tqt¡le,

<le;

l'etre au

n~ant;

du corps a I'elpnt

¡

11

ralfonne /fu!,

des axiomes qui n

1

0nt rien de corpor¡:l. De quel corp.

ef!-il aídé dans tous c!!S

r~ifonnemen~,

pu!fque la natu–

re des c¡)rps en

en¡ie~emenf

oppofée a ces

Id~!!s?

Done,

&c."

. ,"

"

I

- Entin, I¡¡ maniere

don~

oous exeryons

I~ fac\)lt~

de

communiquei nos pellfées aux antres, ne nous permer

Raf de tTlenre norre

n"le

au rang des corps, Si ce qui

pellle -en nous étóit Ulle matiere

fubtil~,

qui produislr

la penCóe Bar fon mouvement, la commullication de

no~

penfées

Íl~

pourroit avoir li" u, qu'en meuant en

atgrui la matiere

p'et~fante

dans le mé¡pe mouvement

o~

elle ef! che? nous;

&

~

cpaque penCée que nOllS avons,

devroit répondre un

mouy~¡nent

uniforme dans celui

auquel nó'tjs voudrions la

traiiCIl)~ttre :

mais une portian

~e

matiefe ne fauroir en toucher

'un~

autre, fans la tou–

cher médiatement ou i1nrnédiurement : Ferfonne ne fou–

tiendra que ' la

maticr~

qui' penfe en nous agiíff!

immé~

diatcment fur' celle qui Renfe en' autrui . 11 faudioit donc

!iue cela 'fe fit 3 -l'aide'

d'un~

aime matiere en

moü~

vement .

~

ous avons trois rpoyens de faire pan de nos

penfées aux autres, la parole,

l~s

fignés,

&

l'écrirure.

Si l'on enmine atten'tiv'emeilt cés moyens, on yerra

qu'i! n'y en a 'aueun

''luí'

puiíTe met¡r!! la ma¡iere

pen~

fante d'autrui en m'ouvement.

11

r~fulte

ae tout ce que

nous avons dit, q'ue ce n'df 'pas l'incompréhenfibilité

feule, qui fait refufer la

pet¡'C~<!'

a

la matieee, mais que

c'en l'impoffibilitQ jntrinfe'quc de la chofe,

&

les con–

tradiélions on ' I'on

~'engagt,

elÍ faifant le principe ma–

terie)" penCan!. Dés-ll on ' n'efl plus en droit de recO'u–

rir

a

la

roittc-p,uiíTance de Dieu 1 four

ét~bfir

la matéria–

Ft~

de

l'nYt1~ :

C'efl pourtant ce qu'a fait M. Locke:

on Cait que ce philofophe a ªv¡¡ncé, que nous ne

feron~

pent-litre jalilais capables de "connoítre fi un crre pure–

ment matérie( peDfe. ' ou non. Un ' des

plu~

beaulc ef–

prjts de ce fiecle, dit dans' un de fes ouvrages, que ce

diféours 'parut une déclaration fcandaleufe, que

I'am';

en

matériel,~

&

1TI0nellc . Voici comme il en parle: ,

" Quelques •Anglois dévots

a

leur maniere

fonnere~t

" I'allarme. Les

fuper!litieu~

'fout

dan~

la lociété ce'

" que les poltrons font daos une armée, ils ont

&

don-

nent

a~~' terreur~ '

paniques: 'on cria' que

M.

Lock~

" vouloit

re~v.erfer

la religion ;, .il

' n~

,fag5íToit pourtanr

" pas ¡le

rehgl?~ da~s cet~~ a

~al.re

~

<;:

étOlt une queflion

" purcmem phllofophlque, tres-mdependante de la foí

l'

&

dé la révélation .

JI

nc fall'Oit

qu'~Iaminer

fans

ai·

"

e, .

"

"

" "gre\M"

1

... .