AMÉ
, greur
5'11 '/
ti
de la contradiél:ion
i
dice
t
la
Jlfatier.I
I
1!.tMt ¡."ftr,
&
Ii
Dieu peut communiquer la penfé'e
'; a la matiere, Mais les Thé'ologiens commencent fou–
, vent par dice que Dieu en outragé', quand on o'en
" pas de leur avis; c'en relfembler aux mauvais
j!0e–
" tes qui crioient que Defpreaux parloit mal du
~oi,
:: parce qu'it fe moquoit d'eux, Le doél:eue Stitting–
" /leer s'eCl fait une réputation de
thé'olo~ien
Dloderé,
,. pour o'avoir pas dit politivement des IOjures
a
M,
" Locke,
11
elltr3 en lice COlltre lui: mais it fut bat–
.. tu
car
it
raiConnoit en doél:eur,
&
Locke cn phi–
" 10CoJihe inClruit de la force
&
de la foib,lelfe de I'ef–
t'
prit humain ,
&
qui fe battoit avec des armes dont
" il connoiUoit la trempe .. ' C'oCl-'-dire,
Ii
l'on en
erait ce célebre écrivain, que la queflio
u
de
I~
maté–
rlalité de l'
ame,
portée au tribunal de la caiCon, fera
déddée en faveur de M, Locke,
Examinons quelles font fes raiCons: ., Je fuis corps,
" dit-il,
&
je penCe; je n'en fai
p~s
davantage , Si je
" ne conCulte que mes foibles lumieres, irai-je attribuer
" a
une caufe inconnue ce que je puis
Ii
aifé'ment at–
',' lribuer
a
la feule cauCe feconde que je connois un
" peu? Id tous les Philofophes de l'école m'arretent
" en argumentant,
&
difent ;
iI
D'y a dans le corps qtl\:
" de
l'ét~Ddue
&
de lí\ folidité,
&
¡¡ De peut
y
avoit
" que du mouvement
&
de la figure: or du mouve–
" ment, de la figure, de l'éteDdtle,
&
de la folidi–
., té, ne peuvent faire UDe penCée; done,
I"am.
De peut
" pas
~tre
matiere. T out ce gralld raifonDement répé–
" té tant de fois fe réduit uniquement
a
ceei: je ne
" connois que tres-peu de chofe de la matiere, yeD
"
d~viu~
imparfaitemem queJqoes propriérés; or
j~
oe
" fal pomt du tout
ti
ces proPfiétés peuveDt I!tre )Ol!'tes
" • la peuCte; daue, paree que je De
Cai
rien du tout, 1'ar–
.. mre potirivº¡nent que la mariere ne fauroit penfer_
t
Voild netremene la maniere de raifonner de l'ócoJe,
: M.
Lock~
diroit avec fimpliciré
a
ces M effieurs: eon-
" felfc'Z que vous eres auffi igno;ans que moi; votre
;, im3gination
&
la mieulIc ne peu,vent copeevoir com-
" ment un corps a des idées;
&
comprene'Z-vou,s mieux
" comment une fubflance telle qu'elJe fojt a des idées?
" VQUG ne concevez ni la matiere ni l'eCprit; com–
" mene oCez-vous alfilrer quelqu,e chofe? Que vous im–
" porte que l'
am~
foit un de ces
~rres
ineompréhenli–
" bies qu'Qo appelle
matf#rt:,
ou un de ces etres ineolD–
" préhenfibles qu'on
ap~lle
efpril
? Ouoi! Dieu le
" créateur de tour De peut-i1 pas éteroilh ou :méaneir
" votre
am.
•
Con
~ré,
quelle. que foit fa fubr'lance ?
" Le rupedlitieux VleDt
a
Con tour,
&
dit qu'il faut
" briller pour le bien. de leurs ames ceU! qui
foo~on" Dem qu'on peur penCer avec la feule aide du COl'ps;
" mais que diroir-il
Ii
c'étoit
lui' m~¡¡¡,e
qui filt CO)lpa–
" ble d'irréligion
?
En eaet quel eCl I'bomrne qui oCera
" l\il'drer Cans une impieté abCurde, qu'i) ea
impoffib.le" \lU Créat6ur. de donner:
a
la matiere.
1.a
penCte
&
le
" feotimen¡? '-:.oyez, je vous prie,
11
qud embarras 1(ous
" eteS réduits , vous qui borne1. aillll la puilfance da
" Créateur " ? Dans ce raifonDement je vois l'hornme
d'efprit ,
&
Dullement le qtétaphylicieo. 1.1 ne faur.
pas
s'imaginer..9ue pour réfoudJ'e cette quellion il filitle con–
noltre l'et¡ence
&
la DatWe
de
la matiere: les raifop.–
nernens que l'auteur fonde foc cene ign,orance ne fom
Ilullement cQ¡1c;lu:ms .
11
'CulEt de remarqo,er que le eujet
de la penlée doit erre UD; or UD amas de maliere n'en
pas un, c'efl une mulritUQe , Cc¡s qtots
~
ama!, aff.1fJ,–
blag" (.¡¡dl;o,,;
ne lignifient qo'un rappan ellerne
entre plulieurs choCes, uoe maniere d'cxiner dépendam–
m ent les unes des tutres . Par cette uDioD DOUS les re–
gardons comme formant UD feul tout , quoique dans la
réatité dles De foiem paso plus une ql\e
fi
elles. I!toient
féparécs. Ce ne font
Ji,
par conféquent, que des
r~r
mes ab(lraits qui au-dehors. ne fuppofent pas ullF fub–
{lance unique, mais une mllltitude de fubflanees , Or,
que notre
ame
(Joiv<l erre U1ie d'une uniré parfairc . c'efl
c~
qu'¡¡ ell airé d.e prouver. Je regardc uoe pecfp:él:ive
agréable, j'écoUlC UD beao coneen; ces deux fenllmens
lonr égalcment dans tOUle
I'ame.
Si I'on
y
fuppofoit
dc;ux parties, celte qui emendroir le concert n'auroir
pas
le Centiment de la vue agréable; puifqoe ¡'un n'éraut
pa!
l'autre , elle ne feroit pas fuCceptible des aB:eéljons
de
I'~utre ,
L'
ara.
o'á donc 'point de parties, elle com–
pare d,ivers Cenrimens (¡u'elle éprollve, Or, pour juger
que l'un efl douloureu!,
&
l'autre agréable,
iI
flot qu'
cll.e
~e!Jente
tous les deux;
&
par con(équent qu'elle
fOlt une
m~me
fubflaD.cetres-limpie. Si elle avoit feu–
lcmcn~
deux parties, l'un jugeroit de ce qo'el le fentiroil
de
Co~
¡;bté ,
&
I'autre de c'1 q\l'elle
(en~.i.(,ojt
en
~arti-
AME
235
culiee
~e
ron
c6t~,
fans qu'aueune des deux pl1t faire
la comparaiCon,
&
porter fon jugement fur les deox fen–
timens; l'
am.
en dOllc fans parties
&
fans nulle com–
pofition , Ce que je dis ici des fentimeus, je puis le
dire des idées: qU!l
A, B, O,
troiG
fubfl~nces
qui en–
trent dans la compolition dtl corps, fe partagent trais
perceptions différcntes; je demande 011 s'en fera la
COfJ\–
paraiCon , Ce De Cera
p~s
dans
A,
puiCqu'elle ne Cauroit
compofer une Ilcrception <ju'elle a avee celles qu'etle
n'a pas . Par la meme raifor¡, ce ne fera ni dans
B
ni
dans
e;
il
faudra done admettre un point de réunion,
une fubflance qui foit en ¡neme tems
IlU
fujet fimple
&
indivilil-le de ces trais pcrceptiotlS, diflillél:e par con·
féquent du corps; une
am.,
en un mor, purement fpi.
rituetle,
L'am~
érant une fubflance tres-limpie, il ne peut
y
avoir de divilion dans elle;
&
celies que nous y fup–
pofons poor conccvoir d'une maniere plus
nett~
les di–
verCes choCes qui s'y palfent, oc confiflem qu'en pures
abflraél:ioDs, L'cutendemem, c'en
l'/lme
entant qu'etle
fe repréfente limplemcm un objet; la volQnté, c'eCl l'a–
m.
eutant qu'elle fc détermine vers tel objer ou s'cn
éloign'e , C'eCl ce qu'oo a déligné du 110m de
faCl/ltt!
d~
¡'ame,
Ce font diverCes manieres d'exercer la force
unique qui conClitue I'elfence de
I'ame.
Quiconque veut
s'infiruice
a
fOlld de toutes les opérations de
l'ame ,
trou–
vera de quoi fe fatisfaire dans
plulie~cs
excelleus ou–
vr3ges dont les principaux font
la
re<h~rche
d.
la 111-
r;tt!
le
tr/l;tl
d~
fmtc,!dement humatn,
&
les deux
Phil~fophies
de M . vVolf. Ces
derniere~
fur-tout
.100t
ce qui a paro jufqu'a prérent de plus GlrconClanclé
&
de mieuJr développé fUf cet important CUJet, Apres a–
vorr érabli I'exiflence de
l'ame,
M . W olf la conlidere
par rappoJt
3
la faculté de cOnnQltre, qu'i! difliogue en
mférieure
&
fupérieure '.
La
parti.:; inférieure compreDd
la perccption, fource des iMes, le fentirnent, I'imagi–
nation, la faculté de former des
fi~ioDs ,
la l11émoire,
l'oubli,
&
la réminifcence. La p3.rtie Cupérieure de la
faculté de cODnoltre confifle
dan~
I'atrention
~
la ré–
flexion, dans l'entendement en génécal
&
Ces trois 0-
pérarioDs en particolier
l,.
&
dal1.s les difpolitions Daturel–
les de I'entendement. La feconde faculté générale de
l'
a~e,
c'ell ceHe d'appérer ou de
Ce
porter v<:rs UD ?b–
jet, emant qu'elle le
conlid~e
comm.e un bleD; d
a.l
réfulle la détermination contraire, locfqu'etle I'envifagl:
comme un mal . Cene faculté' fe partage meme en par–
tie inférieure
&.
partie fupérieure. La premiere n'efl au- .
tre chofe que l'appétit fenlitif
&
¡'averfation Cenlitive,
ou le gout
&
I'éloignemellt que nOUG coofervons p'our
les objets en nous lailfant diriger par les idées
conf~fes
cl~
fens; de-la oailfent les palfions. L a partie (u–
périeure efi la voloJlté enta,nt qoe nous voulons ou ne
voulons pas, uniquemem parce que des ,idées dilliuél:es,
exemptes de toute impreffion machinale , nous y déter–
f,llinent . La liberté efl l'uCage qo,e DOUS faiCons de ce
ppuvoir de nous déter¡¡¡,iner . ED6n> il regne une Iiai–
fon entre les opérations d.e
I'ame
&
celt~
du corps dont
l'expéri~nce
nous apprend les
r~g!es
illv:J.riables,VojIa.
l'analyCe péychologique de
Iv.1.
VI(
olf.
L a queflioll de I'immortalité de
)'am.
en nécelfa,ire–
ment liée a,vec la fpirilu:!lité de
I'ar""
Nous, ne con–
Do~lfons
de
de~rué\ion
que
par
I'alt~
..ation ou la fépa–
rallon des pames d'un toot; or nous ne voyoDS point
d«
parti~s
'c),ans
J'ame:
bien
~los
DOUS, voyons pofi–
livement que c'eCl une fubllance parfaitc;ment une
Iic
qui n'a
poil1~
de parties. Ph,ér6:ide le Syrien en le pre–
mier
q.ui, au rappart d.e Cicéron
&
de S. Auguflin ,
répalldlt d3ns la Grece le dogIne
<te
I'immprtaliré de
I'ame .
Mais ni
I'Wl
ni I'autee oe noos détaitlent les
prellves doO! il fe fervoir:
&
de qllelles preuves pou–
voir Ce fervir un philoCophe, qui, quoiqu.e rempli de Don
fens , c;onfondoit les fubflances fpiritaetles avee. les ma–
té.rie
ti
es , ce quj ell; efprit avec ce qui eCl corps? On
falt feulcment que Pythagorc o'cntc¡ndit poim parler de
ce dogm; dans
10,US
le~
voyages, qu'il lIt en
Eg~ple. ~
e~
Alfyrlc,
&
qu'll
I~ re~ut
de Ph¿récide, ronche
~rII~clpalemenr de ce qu',1 avoit de oeuf
&
d'cxrC3ordmal–
re. L'orateur romaill ajoare que Piaron écant venu
lJ!l
ltalie pour converfer avcc les difciples dí' P)'thagor«; ,
appcouva tout ce qu'its difoicnt de I'immortaliké de l'a–
mI:,
&
ell donDa ml!me une forte de
démo~íl~ation
qui
fut alors. tres-applaudie: mais
iI
faut avoüer «tue
~ien
n'efl plus
fr~le
que cette délDpnflrarioD ,
&
qu'el1e part
d.'uo ,rincipe fufpea. En effer, pour conooitre quelle
efpece d'immortalité
iI
amibuoit
a
I'"m~,
il
ne
f.mtque
conlidéI~r
_la
n1-tu¡:e< de,s
argu~~ns
qu'lI employc; pour
. ' 7
~