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294-

AME

lIée

dans fon aElivité, comme elle I'efl dans fon intcl–

¡igence; elle ne réfléchir poinr; elle ne raifonne poiO[;

a

proprement parler, elle ne choi jit point non plus; elle

n'eH cnpable ni de venus ni de vices, ni de progres

nutres que

c~ux

que

produif~nt

les impreffions

&

les ha–

bitudes l)1achinales .

11

n'y a pour elle ni paffé ni ave–

pir ; elle fe conte¡ue de temir

&

d'agir;

&

fi fes aétioos

femblem lui fuppofer tomes les propriétés que je lui re–

fufe, il faut charger la pure méchanique des organes de

¡;es trompeufes apparences .

En réunilfant le méchaniCme avee l'aéHon d'uo prín–

cipe immatériel

&

[q;-moH'va1't,

des-Iors la grande dif–

ficulté s'affoiblit,

&

les aEl¡ons raifonnées aes brutes

peuvem tres-bien fe réduire

a

un principe fenotif joint

avec un corps organifé. Daus I'hypothefe de Defcartes ,

le méchani(me ne teod qu'o la conCervation de la ma–

~hinc;

mais le but

&

l'uCage de certe machine efi inex–

plicable,

l~

pure matiere ne pouvant etre fa propre tin,

&.

l'arrangemenr le plus indufirioux d'un toUt matéríel

ayant nécelrairement de fa confervation

d'autr~

raifon

que lui-meme . D'ailleurs de certe ré.Elion de la ma–

¡;hioe, je veux dire <le ces mouvemens excités chez el–

le, en conféquence de I'impreffion des corps enérieurs,

an

o'en peut donner aucuoe caufe naturelle ni tinale.

Par e:remple , pour expliquer comment les

b~tes

cher–

chent I'aliment qui leur efi propre, [utlit-il de dire,

que le picotement cauré par cerrain fuc acre aUI nerfs

de I'eflomae d'uo chieo, étant tranfmis au cerveau,

r oblige de s'ouvrir vers les endroits les plus convena–

bIes , pour faire couler les cfprits dans les mufcles des

jambes; d'ol1 fuit le tran[pon de la machine du chien

vers la viande qU'OD lui offre? Je ne vois poinr de rai–

fon phy1ique qui montre que I'ébranlement de ce nerf

tran(inis jufqu'au cerveau doit

fair~

retluer les efprits ani–

¡Daux daos les mufcles qui produifeut ce tf3nfpon uti–

le • la machine. Quelle force pouiTe

c~s

efpríts prtci–

fémem de ce cllte-Ia? Quand

00

auroit découven la

raifon phyfique qui produir un tel effet, on eo cherche–

roit inutilemem la caufe finale. La machine infentible

n'a auqlO intérct, puiCqu'elle n'efl fufceptible d'aucun

bonheur; rien,

¡¡

propremem parler, oe peut

~tre

utile

pour elle .

11

en efi tout autrernen! dans I'hypotheCe du mécha–

nifme réuni avec un príncipe fenfitif; elle efl fondée

fur une utilité réelle; je veux dire, (iJr celle du princi–

pe fenfitif, qui n'exifleroit point s'il n'y avoit poim de

machine

a

laquelle il mt uni. Ce principe étant aél:if,

il

a le pouvoir de remuer les relforts de ceue machi–

ne, le eréateur les diCpofe de maoiere qu'il les puif–

fe remuer utilemcnt pour fon bonheur, I'ayam conllruit

ave~

tam d'art', que d'un cÓté les mouvemens qui pro–

duiCenr dans I'ame des fentimens agréables tendem

ii

conCerver la machine, fource de ces fentimens;

.se

que

d'un autre cÓté les deors de I'ame qui répondent

¡,

ces

femimens , produifem dans la machine des mouvemens

infenJibl~,

lefquels en vertu de I'harmonie qui y regoe,

fendem

ii

leur tOur

a

la conferver en bon état, atin

d'en tirer pour I'ame des fenCations agréables . La cau–

fe phyfique de ces mouvemens de l'animal fi

[a~emeDt

proportionnés aux impreffions des objets, c'efi

1

aél:ivi–

té de I'ame elle' meme, qui a la puilfance de mouvoir

les corps; elle dirige

&

modifie fon aél:ivité conformé–

ment aux diverfes fenfations qu'excitent en elle cenai–

nes impreffions externes, des qu'elle y efi involontairc–

ment appliquée; impreffions qui, felon qu'elles fO,m a–

gréables ou affligeames pour I'ame, Com avantageuCes

ou nuifibles o la machine. D'aulre cóté a certe force,

toute aveugle qu'elle efl , fe trouve f0\1mis un inflru–

ment fi aniflement fabriqué, que d'une telle fuite d'im–

preílions que fait (ur lui cette force avcugle, réCultem

des I!l0.uvemens égalemem réguliers

&

utiles a cet .agem.

.A I!lh tout fe \Je

&

fe

~oil~iem ;

I'ame, en tant que

prJJ1clpe (enfioE, efl foil lUlCe

a

un méchaoiCme qui lui

traufmet d'un certaine maniere I'impreffion des objets

du dehors;

eO

tam que principe aél:if elle préode elle–

m€me

a

un autre méchanifme qui

I~i

efl fubordonné

&.

qui n'étant pour elle qu'inllrument d'aElion met dan;

certe aétion toute la régularité nécelfaire.

L'~me

de

¡"

béte

étant aél:ive

&

(enlitive tout

~nCemble ré~lant

fon

aélioD fur fon femiment,

&

trouvanr daos 'la dlfpootion

de fa machine,

&

de quoi femir agr¿ablement

&

de

qRoi exécuter utilement,

&

pour elle,

&

pour 'le bien

des autres pan ie¡ de l'univers, efl le lien de ce dou–

ble méchaniCme; elle en efi la raifon

&

la caufe tinale

.Jans I'intention du Créateur.

. Mais pour mieux expliquer ma penfée, fuppoCons un

l1e ces

ch~f-d'reuvres

de la rnéchanique

011

divers poids

AME

&

divers relforts fOl'lt fi ioduílrieufernent ajuClés , qu'au

moindre mouvement qu'on lui donne,

iI

produit les ef–

fets les plus

fu:~rellans

&

les plus agréables

a

la yue;

comme vous dJflez une de ces machines hydrauhques

dom parle

M.

Regis , une de ces merveilleufes horlo–

ge<,

un de ces tableaux mouvans, une de ces perfpe–

él:ives animées : fuppofons qu'on dife

1i

un enfant de

prelfer un relfon , ou de tourner une manivelle,

&

qu'auffi-t6t on

apper~oive

des décorations fuperbes

&

des

payf.~ges

ríans; qu'on voye remuer

&

danfer plu–

tieurs tigures, qu'on emende des fons harmonieux,

&c.

cet enfalll n'efl il pas un agent aveugle par rappon a la

machine?

11

en ignore parfaitement la difpootion, il ne

fait commcnt

&

par quelles lois arrivem tous ces effcts

qui le furprenoent; cependam il efi la caufe de ces mou–

vemens ; en toucham un feul re!lon,

iI

a fait Joüer

toute la machine; il efl la force mouvante qui lui don–

ne le branle.

Le

méchanifme efi I'affaire de l'ouvrier

qui a inventé cetre machine pour le divertir ; ce mécha–

nifme que I'enfam ignore eíl fait pour lui,

&

c'el! lui

qui le fait agir fans le favoir . Voilo

I'ame dtJ bétt1:

mais l'exemple efl imparfait;

iI

faut fuppofer qu'il y ait

quelque chofe o ce relfon d'on dápend le jeu de la

machine, qui attire I'enfam, qui lui plait

&

qui I'enga–

ge o le toucher.

11

faut fuppofer que l'eDfant

~'avan~ant

dans une grote ,

a

peine a-t-il appuyé fon pié Cur un

cenain endroit

011

el1 un reflort, qu'il paroit un Nepru–

ne qui viem le menacer avec fon tridem; qu'effrayé de

certe apparition,

iI

fuit vers un endroit

011

un autre ref–

Con étant prelfé, falfe furvenir une figure plus agréable,

ou fa(fe difparo7tre la premiere . Vous voyez que I'eo–

fam contribue

a

ceci, comme un agent aveugle, dont

l'aElivité efl détcrminée par I'imprellloll agréable ou ef–

frayame que lui caufent certains objets .

L'ame

de

la

bite

efl de meme ,

&

de-la ce merveilleux concert entre I'im–

preffion des objets

&

les mouvemens qu'elle fait a leur

occatioo. Tour ce que ces mouvemens om de [age

&

de régulier efl fur le compte de I'imelligence Cuprcme.

qui a produit la machine , par des viles dignes de fa fa–

gelfe

&

de fa bonté . L'ame en le but de la machine;

elle en efl la force mouvame: réglée par le méchanif–

me, elle le régle a fon tour.

II

en efl aino de I'hom–

me a cenains égards, dans toutes les aElions, ou d'ha–

bitude, ou d'inlfinél :

il

n'agit que comme principe fen–

fitif,

il

n'efi que force mouvante bruCquemelu détermi–

née par la [enCatioD: ce que I'homme el1

a

certains é–

gards , les betes le Com en tout:

&.

peut-~tre

que li dans

I'homme le principe imelligem

&.

raifonnable étoit éteiot

00

n'y verroit pas moins de mouvemens ralfonné>, pour

ce qui regarde les biens du corps, ou, ce qui revient

a

la meme chofe, pour l'utilité du priocipe fenlirif qui

refieroit feul, que

1'00

n'eD remarque dan¡ les brutes .

Si

I'ame des bétes

eíl iJnmatérielle, dit-on, li c'ell un

eCprit comme nÓtre hypdthefe le fuppofe, elle efl done

immonelle,

&

vous devez Décelfairemeot lui accorder

le privilege de I'immonalité, comme un apanage infé–

parable de la fpiritUalité de Ca nature. Soit que vous ad–

metti~z

eeue conCéquence , Coit que vous preniez le par–

ti de la nier, vous

vous

jettez dalls un terrible embar–

ras. L 'immortalité de

l'

ame des bétes

eil une opinion

trop ehoquante

&

trop ridicule aUI yeux de la raiion

meme, quand elle De feroit pa¡ proCcrite par une auto–

rité fupérieure, pour I'ofer foutenir

férieul~mem.

Vous

voila donc réduit

¡,

nier la conCéquence,

&

ii

Coilreoir

que tout erre immatériel n'ell, pas immonel: mais des–

lors vous auéantilfez une des plus grandes preuves que

la raifon fournilTe pour l'llnmon alir¿ de I'ame. Voici

comme I'on a coiltume de prouver ce dogmc; I'ame

ne meun pas avec le corps, paree qu'elle n'eH pas corps,

parce qu'elle n'efi pas divifible comme lui, parce qu'el–

le n'efi pas un tour tel que le corps humain, qui puiiTe

périr par le dérangement ou

la

féparation des partie qui

le compofent . Cet argumem n'efl Colide , qu'au cas 'lue

le principe fur lequel il roule le (oit au!li ; favOlr ,

que tour ce qui el1 immatériel efl immortel,

&

qu'au–

cune fubfiaoce n'efl anéamie: mais ce príncipe fera ré–

futé par I'exemple des bétes; done la Cpiritunlité de

1'".

me

des bites

ruine les preaves de l' immonalité de l'a–

me hllmaine. Cela feroit bon fi de ce raifollnemem nous

coocluions I'immortalité de l'ame hllmaine: mais

il

n'en efi pas ainli . L a parfaite certitude que nOlls avons

de I'immonalité de DOS ames ne fe fonde que fur ce

que Dieu l'a révéléc : Or la mome révélation qui DOU$

apprend que I'ame humnine en immortelle., nous apprend

auffi que celle des

b~tes

n'a pas le meme privilége.

Aiofi quoiqlle

l'nmc

des bites

(oit fpirituelle,

&

qu'elle

rneme avec le eorps, cela n'ob[curcit

nullemenr

le do-

¡,¡me