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296

AME

]'homme foit nourri? que

I'"me

du chevnl endure mil–

le pein,es

&

mille f3$igues durant

fi

long-tems, pour four–

Tlir

a

J'homme

I'a"anta~e

de yoyager conunoatment ?

paos ceue lPul,tirude d

pmes

qui s'ant3miffent tous les

jours p.our \.es befoins palfagers des corps ",ivans, pem–

pn

reco/lOOJtre cene équitable

&

fage fubordinanon qu'

un

Djeu pon

Cl.

ju~

doi. nécelfairement obferver? Je

rt'ponds

:1

cela que l'argumcOt feroit viéloritux, fi le$

f' mo do

br1deJ

fe rapportoient aux corps

&

fe termi–

noient

a

ce rapport; car cerrainement

10ut

étre fpirime!

efl au-dellus de

I~ m~tiere.

Mais, rel11arque1--le bien,

~~

o'efl poi

n!

311

corps, cOmme

~orps,

que fe termi–

ne I'ufage que II! Créatj:ur .ire de cClte

alIJe

fpirimelle,

c'efl au bonheur des

~tres

intelligens. Si II! cheval me

porte,

IX

fi

1"

poulet IJIe nourrir, ce font bien-B des

cffets qui fe rapponem

dirca~mcn¡

a

mon corps : mais

ils fe termine

O!

a

mon ame, parce que mon ame feule

en recucille l'ntilité . Le corp. n'dj. que pour

I'¡tme

,

les

8Vantages du corps fom des avantages proprcs

a

I'ame;

tomes les

douc~urs

dj:

la

vil' animale ne ront que pour

elle, n'y ayam qu'Clle qui puiffe remir)

&

par confé"

quem étre fufceptible de félicité. L a queflion reviendr.

donc "

f~voir

fi

I'"me

du cheval, du chien, du poulet,

ne peut pas

~tre

d'un ordre affe1- iuf¿riour

a

I'ame hu–

maine, pour que le Créateur er!lploye celle-I a

a

!,ro–

curer méme la plus petite partie du bonheur de celle–

ci, faus violer les regles <le I'ordre

&

des proporrions .

On peut dire

I~

meme chofe de la mouche

a

l' ¿gard

de I'hirnn(ielle , qui etl d'une namre plus excellente. I'our

]'anéamiflemem, ce n'efl poiur

un

mal P.9ur une créatl¡re

qui ne réHéchit point

(lu

fon exiflence, gui cfl incapa–

ble d' en prévoir la fin,

&

d~

comparer, pour qinfi

dire,

I'~trc

avec le

non'~tre,

quoique pour elle I'exillen–

¡;e loit un bien, parce qu'elle fem. La

mOr!,

:l

I'~g~rd

d'une ame fenfitive, n'efl que la fouflraélion d'uu bien

!jui n'étoit pas

da;

ce n'efl point \1n l!lal qui empoi–

fonne les dons du Créateur ,

&

qui rende la créamre

malheurcufe . Ainli , quoique ces

am~J

&

ce~

vies in–

nombrables que Dieu tire chaque jour du néam) foient

des preuves

de

I~

bonté divine, leur deflru8ion

journ~liere ne blelli: poim cet attribut: elles fe rapportent au

monde dom elles font partie;'

ell~s

doivent fervir ;\ I'uti–

l ité des Erres qui le compoCent;

i1

Cuffit que cette mi"

lité t}'elclue point la leur propre,

4

q\l'elJes foient heu–

reufes

en

quelque mefure, en comribu¡mt au bonheur

d'autrui. Vous trouvete1- ce 'fyfleme plus

~éveloppé

&

plus étendu dans le traité de I'dlili philoCophique fur

I'a–

mi ao lJétes

de

M .

Bouillet)

d'ou

ces reftqions om

été tirées.

L'

amltfem<nt

phila(ophiqllc

du P. Bougeant

J

¡!fuite ,

fur le langage des

b~tes,

a eu trop de cours dal\s le

m onde pour ne p!S mériter de trouver ici fa place. S'jJ

o'ell vrai, du moins il efl ingénicux. Les betes om-elles

pne

ame

OU n'en out-elles point? queflion épineufe

&

.<unbarralfante, fur-tom pour un philolophe chrétien. D e–

~rc3nes

fur ce principe , qu'on peut expliquer tOures les

aétions des betes par les lois de la m<:,chatlique,

a

pl'é–

tendu qu'elles n'étoiem que de limpIes machines, de purs

automates .

6tre raifon femble fe révol ter COlltre un tel

femiment: il y

a

meme quelque chofe en nous qui fe ipint

.. elle pour bannir

de!'

la fociété I'opinion des Defcanes.

Ce o'efl pas un limple préJugé, c'efl une perfuafion in–

time, un femimem dom voici I'origine.

II

n'efl pas pof–

fible que les hommes avec qui je vis foiem autant d'au–

tomates on de perroquets inllruits

~

moo inCu. J'apper–

yois dans leur exténenr' des tOllS

&

des mouvemens qui

paroilrent indiquer une

a",e

:

je vois régner un certain ti l

d'idées qui fuppole la raifon: je vois de la liaifoll dans

les raifonnemens qu'i1s me fom, plu ou moins d'cfprit

dans les onvrage

9u'il~

compofem. Sur ces apparenccs

aiuli raffemblées , Je prononce hatdimem qu'ils penlent

en eltet . Peut-) re que Dieu pourroit produire un autO–

mate en tom femblable au corps humain lequel par les

feules lois du méchaniline patleroir, feroit des difcours

fuivis, écriroir des livres tres-bicn raifonnés. Mais ce

q~i m~

rafsure

c~)Iltre

tome erreur, c'efl la véradré de

D17u. II

~e

fll!lit de rr?uver. dans mon

ame

le príncipe

un!que

q~ll

réuOlt

&

qUI explique tous ces phénomenes

qUl me trappem dans mes fem blables , pour me croire

bien fondé

3

foutenir qu'ils fom hommes cornme moi.

Or les betes fom par rappon

11

moi dans le

m~me

cas .

Je vois un

chi~n

aceourir quand J.c I'appelle , me caref–

fer qU3nd Je le flate, trembler

&

fUlr qunnd je le menaee

m'obéir quand jc lui eommande,

&

donner tomes le;

marques eItéricures de divers femimens de joie, de rri–

IIcffe, de douleur, de crainre) de delir, des paffions de

l'arnour

&

de la haine ; je conelus 3uffi-tOt qu'un ehien

AME

2

d20S

luj-m~me

un principe de connoilJ:lIIce

&

de fen–

timenr , quel qu'i1 foir. 11 me fuffit que

I'ame

que Je lui

fuppofe foit I'unique raifon fuffifante qui fe Iie avec tOU–

res ces apparences

&

tous ces phénomenes qui me frap–

pent les

y~ux

, pour que je fois perfuadé que c n'efl

pas une machine . D 'ailleurs UDe telle machine cntr.. lne–

roit avec elle unc tror grande compolition de rello rt<,

pour que cela puilfe s amer avec la ragelre de D iell qui

agit tolljours par les voies les plus fimples .

11 Y

a tOure

apparenée que Defcartes, ce génie fi fupérieur, n'a adopté

un

fyfli:me fi peu conforme :\ nos idées, que comme

un jeu d'efprit ,

&

dans la I'e\lle vde de contredire les

Péripnténciens , dom en elfet le 'fennmcm fur

la

con–

noilrance des

b~tes

n'cfl pas foutenable.

11

"audroit en–

core miclIx s'en tenir aux machines de Defeane ,

Ii

l'on n'avoit

iI

leur oppofer que la forme fubtlnnrieHe des

Péripatériciens , qui t¡'efl ni efprit ni maticre . ene fub–

flan ce miroyenne efl une chimerc, un ctre de raifon dont

nous n'avons ni idée ni fcmiment. EfI-ce donc que les

b~tes

auroient une

ame

fpirituelle comme I'homme? Mais

fi ccla efl ainli, leur

"m.

fera donc immoneHe

&

libre;

elles Cerom capables de méritcr ou de démériter, dignes

de rt;com?enCe ou de chatimem ;

iI

leur faudra un pa–

radis ou un enfer . Les betes ferom donc ulle efpece

d'h?mmes, ou les hommes une

efp~ce

de b2tes; tomes

cQuséqucnces infolltenables dans les principes de

la

reli–

gion.

Vdil"

des difficultés " étonner les elprits les plus

hardis) mais don¡ on trouve le Mnoüemem dans le fy–

f1err¡e de nOtre Jt'fuite . En elfet , pourvú que I'on fe

prt'!tc

:l

cctte fuppolition, que D ieu a logé des démons

'dans les corps des betes, on con<;oir Cans peine com–

mem les

b~tes

pellVeUt penfcr, conno'tre, femir,

&

avoir

une

ame

fpirimelle) fans illtéreffer les dogmcs de la re–

ligion . Cette fuppofition n'a rien d'abfurde; elle eoule

m~me

des princlpes de la religion. Car enfin , puifqu'il

efl prouvé par pluueurs paffages de l'Eeriture, que les

d6ínons ne fultrent poim encare les peines de ¡'enfer,

&

qu'ils D'y ferom livrés qu'au jour du jugemenr der–

nier, quel meilleur ufage la juflice diviDe pouvoit-elle

faire de tam de légions d'efprits reprouvés, que d'en

faire Cervir une panie

a

animer des millions de be¡es de

toute

efpece~

lerquelles rempliffent l'Univers,

&

font

admirer la

la~elfe

&

la toute-puilrance du Créateur?

M ais pourquol les bctes, dom

I'"me

vrailfemblablement

~f1

plus parfaite oue la nÓtre, n'ont-elles pas tam d'c–

fprit que nous ? Oh, dit le P. Bougeanr, c'efl que dans

les

b~tes

I

comme dans nous, les opérations de I'efprir

fom alrVJctries aux organes matériels de la machine ,

i

¡aquelle il cfl uni;

&

ces organes étant dans les

b~tes

plus groffiers

&

mojns parfaits

qu~

dans nous, il s'enfuit

que la connoiffance, les pensées,

&

tOmes les opérations

fpirin¡ellcs des beres, doivem etre a\llfi moins l'arfuites

que les nÓtres.

U

De dégradation fi honteufe pour ces

efprits fuperbes ', puifqu'elle les réduit

a

n'~tre

que des

bétes, el! pour eux un premier effet de la vengeance di–

vine, qui \l'attend q\le le demier jour pour fe déployer

fur eux d'une maniere bien plus terrible.

Une autre miron qlli erouve que les beres ne follt que

des démons métamorphost's en elles, ce fom les mallX

exceffi.fs

auxquels la plupan d'entr'elles fom expost'es ,

&

qu'elles fouffrem réellemen!. Que les chevaux font

i

plaiudre, difons-nous,

a

la vae d'uD cheval qu'un impi–

tOY2ble charreuier accable de coups? qu'un chien qll'on

clreffe

a

la chalfe efl miférable! \jue le Con des bctes qui

vivent dans les bois efl trille! Or

Ii

les

b~tes

ne fonr

pas des démons, qu'on m'explique quel crime elles

on~

commis pour nairre fujenes

ii

des maux fi crnels? Cee

oxces de maux efl dans tout 3mre fyflcme un myflcre

incompréhenfible; au Iieu que dans le femimem du pere

Bougeam . rien de plus aisé " comprendre. Les efprits

rébelle, méritent un Chltimem encore plus rigoureux:

trop heureux que leur fupplice foit différé; en un mot,

la bomé de D ieu efl juflifiée; I'homme

Iui-m~me

el!:

juflifié . Car quel droil auroie-il de donner la mort f.1ns

néceffité,

&

fouvel)[ par pur divertilremenr) "des mil–

lions de bctes, li D ieu ne I'avoit autOrisé?

&

un Dieu

bon

&:

jufle auroit-i! pd donner ce droit

:i

I'homme,

puifqu'aprcs toue) les bl!tcs Com aum fen fibles que no05-

memes,

:l

la douleur

&

a

la mort,

fi

ce n't'roiem au–

tam de coupables vi8imes de la vengeance divine?

Mais écoute1-, cO\1tinue nÓtre phiJofophe, quelque

choCe de plus fore

&

de plus imérelfane. Les betes Com

naturellement vicieufes : les bétes camacieres

&

les oi–

feaux de proie fom crucis; beaucoup d'infeétes de la

meme efpece fe dévorent les uns les autres; les chalS

fom pertides

&

ingrats; les finges fom rnalfaifans, les

chicos Cone envieux; tOutes Can! jaloufes

&

vindicatives

a

I'ex-